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13 janvier 2020 1 13 /01 /janvier /2020 08:40

Ce roman est le second de la franchise The Walking Dead, par ailleurs bien connue des fans de comics et de séries télévisées. Faisant suite à L’ascension du Gouverneur, dont j’avais dit le bien que j’en pensais ici, au départ de La route de Woodbury on commence par faire la connaissance d’un nouveau groupe de survivants. Exercice délicat pour le duo d’auteurs (Robert Kirkman qui est le créateur du comics d’origine et Jay Bonansinga, auteur de roman qui lui est associé sur cette version de l’univers de The Walking Dead), en effet il leur faut nous faire découvrir de tous nouveaux personnages jusqu’alors jamais vu dans les matériaux d’origine. Il y a donc une première partie de ce roman qui est consacrée à cela et c’est normal : il faut poser les personnages, les définir un minimum, nous faire entrer en empathie avec eux si on veut pouvoir s’inquiéter de ce qui va leur arriver. On découvre donc Lilly Caul, une jeune femme un peu introvertie et peu sûre d’elle. Elle suit comme son ombre le colosse afro-américain Josh, un peu parce qu’elle se sent en sécurité avec lui, un peu parce qu’elle a des sentiments pour lui, elle ne sait plus trop, mais quelque chose de fort les lie ces deux-là. Il y a aussi Bob, un ancien infirmier vétéran d’Afghanistan, alcoolique notoire, paumé mais avec un bon fond, pour lequel Lily a une grande tendresse. Et puis Megan, l’amie nymphomane de Lily, et son boyfriend du moment Scott. Ces cinq-là vont être confrontés à la survie en territoire zombie, et comme on peut s’y attendre, les choses ne vont pas se passer au mieux. Ils vont donc partir sur les routes à la recherche d’un refuge.

Ce lieu providentiel va se présenter à eux quand ils tombent sur la communauté de survivants de la petite ville de Woodbury. Une ville et une communauté dirigées par un homme, Philip Blake, que tout le monde appelle, entre crainte et admiration, le Gouverneur. Il va falloir que le petit groupe de Lily et Josh parvienne à s’intégrer à Woodbury qui a tout du havre de paix tant recherché. Tout ? Pas si sûr, car le Gouverneur semble cacher des choses et a des idées bien à lui quant à la manière de gérer la communauté de survivants…

 

Voilà grosso-modo ce dont parle ce roman. On a donc d’une part des nouveaux personnages, et puis quelques vieilles connaissances avec le Gouverneur et Martinez (son bras droit, en charge de la sécurité du camp en quelque sorte), des personnages phares de l’univers de The Walking Dead. Le mix se fait plutôt bien il faut dire, une fois familiarisé avec les nouveaux, le retour en territoire connu avec les habitants de Woodbury se fait tout naturellement. C’est un peu comme de voir les « scènes coupées » en bonus d’un dvd, on découvre l’arrière du décor qu’on croit connaître quand on est lecteur des comics ou fan de la série. C’est plutôt pas mal, car on se sent en terrain connu et pourtant on se fait parfois gentiment balader quand même par les auteurs (voir à ce sujet la fin du tome précédent).

 

Le style n’a rien de révolutionnaire, le roman se lit vite et agréablement, sans grosses figures de style ni originalité, mais comme on colle à l’ambiance Walking Dead, on n’en demande pas plus.

 

Après, ce genre bien spécial de survival dans un monde infesté de zombies a les défauts de ses qualités : très codifié, dès lors qu’on en a un peu l’habitude, on voit venir certaines choses de loin. Souvent on parie sur qui va mourir et qui va survivre, et souvent on voit juste. Histoire que les ficelles du drame se nouent comme il faut pour le meilleur résultat. On sent bien que Lily est le personnage le plus développé, et donc aussi celui que les auteurs ne vont pas sacrifier, car ils prévoient de la faire évoluer. Et pour qu’elle évolue, il faudra élaguer parmi ses proches… je dis ça, je ne dis rien, mais c’est quand même assez limpide dès le départ. Mais comme je le disais, c’est presque le genre qui veut ça. On ne peut pas vraiment reprocher cela aux auteurs. Limite on est complice du truc.

 

En tout cas le roman réussit son pari d’introduire de nouveaux personnages qui donnent envie de les suivre, de plus en plus au fur et à mesure de la lecture d’ailleurs, et propose qui plus est un nouveau personnage féminin principal, ce qui n’est pas si souvent le cas. On se doute bien que ce roman n’est qu’une transition vers quelque chose qui se prépare et qui ne va pas être de tout repos pour les protagonistes, mais en soi il se tient déjà bien et permet de passer un agréable moment de lecture.

 

Après un premier opus réussi et même surprenant à plus d’un égard, ce second volet confirme que la qualité est là et que la série de romans tirés de The Walking Dead n’est pas forcément le parent pauvre de l’univers post-apocalyptique zombie de Kirkman.

 

Évidemment si les zombies vous gonflent et que vous n’aimez pas The Walking Dead à la base, inutile de vous attarder sur ce roman, il ne changera rien à votre jugement. Pour les autres, c’est un chouette complément à l’univers développé en comics et à la télévision.

 

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10 janvier 2020 5 10 /01 /janvier /2020 15:17

Non, il n’est pas encore trop tard, je me joins donc à Walter Sobchak pour vous faire part de tous mes vœux pour 2020.

 

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23 décembre 2019 1 23 /12 /décembre /2019 18:37

La lecture de ce livre, La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget, m’a à ce point effaré, estomaqué, désespéré, tourneboulé, secoué, que j’ai dû faire une entorse à mes habitudes de publication d’articles.

J’ai un petit côté psychorigide sur ce point. Sur mon blog, j’essaie de mettre en ligne assez régulièrement (dans l’idéal une fois par semaine, parfois - comme très prochainement la fréquence s’avère un peu plus espacée) des chroniques au sujet des bouquins que je lis. Et j’ai pris le pli de publier mes articles dans l’ordre de mes lectures. Vu le retard de publication que j’ai accumulé, c’est ce qui explique qu’actuellement je parle hebdomadairement de livres que j’ai lus il y a déjà 4-5 ans ; à ce rythme mon retard se comble lentement. Cela a pour principales conséquences que je ne suis pas du tout en phase avec l’actualité littéraire du moment, et que ce dont je parle n’a souvent rien à voir avec ce que je suis en train de lire.

 

Mais avec La fabrique du crétin digital que je viens de lire en novembre dernier, je ne me sens pas d’attendre si longtemps pour en parler ici. Non seulement le sujet est passionnant, les enjeux d’une importance folle, mais ce que Michel Desmurget nous y explique mérite d’être répété et diffusé au plus grand nombre et ne peut se permettre d’être relégué à plus tard, comme dirait maître Yoda : urgence il y a ! Et puis ce thème me tient tout particulièrement à cœur, c’est pourquoi j’ai donc décidé d’insérer cette chronique en estropiant ma ligne éditoriale chronologique (rien que ça !!).

 

J’ai beau travailler dans le milieu informatique, avoir grandi en regardant quotidiennement la télévision, avoir suivi en mon temps l’évolution technologique des divertissements depuis l’Amstrad CPC 6128 de ma jeunesse jusqu’aux jeux sur tablette, en passant par la Game Boy monochrome, la Super Nes, la Playstation ou encore les jeux PC en réseau, je ne me suis jamais considéré comme un geek pur et dur. Tout cela a fait partie de ma culture et je ne renie pas le temps passé sur ces supports, mais ça n’a jamais été central pour moi. La lecture, la musique, la BD et le cinéma ont toujours eu bien plus d’importance à mes yeux, et ont toujours aussi monopolisé la majeure partie de mon temps de loisir.

 

Et plus le temps a passé, plus j’ai vieilli, plus je me suis éloigné naturellement du tout digital, exception faite du minimum requis par mon boulot. Je suis par exemple depuis toujours réticent aux smartphones, et j’ai tenu bon très longtemps sans une de ces petites bestioles dans ma poche. Et honnêtement, quiconque voit ce qui me tient lieu actuellement de téléphone portable, un Acer Liquid mini E310 de seconde main, ne pourra m’accuser d’être un esclave de la technologie de pointe. J’ai bien passé quelques soirées, collé à une tablette à faire des jeux à la con, mais ça doit faire déjà plusieurs années qu’elle prend inutilement la poussière sur une étagère chez moi. Même la télévision, je ne l’allume que pour regarder ce que j’ai choisi et quand je l’ai décidé : une série la plupart du temps, un film de temps en temps, de moins en moins de diffusions en direct mais sur un support, physique ou dématérialisé, que j’apporte moi-même. J’essaie de mon mieux de reléguer le zapping aux habitudes passées et révolues. Idem pour mon utilisation d’internet : je surfe oui, je consacre d’ailleurs aussi du temps à tenir ce blog, mais je n’en fais pas un « passe-temps » sans réel but ni limitation dans le temps. Et de plus en plus souvent, quand il m’arrive de prendre conscience que ce que je suis en train de lire ou regarder sur internet est sans grand intérêt, je ne zappe pas de vidéo youtube en vidéo youtube : j’éteins en me disant que j’ai certainement mieux à faire de mon temps en l’employant à autre chose. À lire par exemple, le million de livres et BD que j’ai en attente de lecture chez moi. Car de plus en plus fréquemment j’ai cette sensation qu’internet me vampirise beaucoup trop de temps, et souvent pour par grand-chose à en retenir d’important à l’arrivée. Bref, je me détache de plus en plus du virtuel, et je ne m’en porte pas plus mal, au contraire.

 

Ce qui ne veut pas dire que je ne passe pas beaucoup de temps devant un écran. Au boulot déjà, nécessité fait loi. En divertissement ensuite : je suis un gros consommateur de séries télé, je regarde une moyenne de deux épisodes de séries chaque soir, parfois plus. Mais c’est moi qui décide de mon programme, je garde le contrôle, je décide de ce que je regarde, quand, quelle quantité et quelle fréquence. Et je ne sacrifie jamais une sortie ou l’occasion de voir des gens pour m’isoler devant une série. Je me plais (m'illusionne ??) à croire que je garde une certaine autonomie et liberté face aux écrans de tous types…

 

Cette méfiance envers le tout-écran s’est grandement développée en moi depuis ces dernières années. Et pour en avoir eu quelques échos négatifs ici ou là, j’ai toujours pensé que l’omniprésence des écrans (que ce soit par l’intermédiaire des smartphones, tablettes, télévisions, consoles de jeux) pouvait être malsaine, pour tout un chacun mais surtout pour les enfants. Malsains, voire même carrément néfastes. J’avoue d’ailleurs que cela tenait plus de l’intuition, disons même presque de l’a priori, plutôt que de certitudes basées sur des faits concrets et scientifiquement vérifiés.

 

Cependant cet a priori ne reposait pas sur rien non plus. Si je me suis forgé cette opinion négative, c’est d’abord par l’observation de ce qui m’entoure, et par ma propre pratique des outils numériques. Quand on passe plus de temps que de raison sur des forums internet, ou sur des jeux en ligne par exemple, comme ça a pu être mon cas il y a quelques années, qu’on en arrive à ne plus avoir assez de temps pour d’autres choses qu’on fait habituellement, voire qu’on commence à rogner sur son temps de sommeil (qui pourtant chez moi est déjà réduit à son strict minimum), c’est que quelque chose cloche. C’est le signe d’une exagération, d’un déséquilibre.

 

J’ai eu une période par exemple où sur ma tablette je participais à un jeu de connaissances générales en ligne, sanctionné par un classement national des joueurs où j’étais parvenu à monter très haut. Mais pour se maintenir à ce haut niveau, il fallait y consacrer de plus en plus de temps, j’en étais arrivé à un point où je me disais « ah ben non, j’ai mis tant de temps à arriver là, je ne peux pas me permettre de le laisser de côté ne serait-ce qu’un jour, sinon je perdrai ma place au classement si durement acquise ». Résultat, je dormais moins, je ne lisais plus : plus le temps. Je profitais du moindre instant libre pour y jouer. Et puis au bout de quelques semaines je me suis demandé à quoi ça rimait ? Qu’est-ce que ça m’apportait vraiment, et surtout quel en était le coût réel pour moi ? Et je me suis rendu compte du temps que j’y consacrais, un temps bien trop long et totalement déraisonnable qui m’interdisait de plus en plus de choses à côté. J’ai donc décidé d’arrêter purement et simplement. Un peu compliqué au départ car le côté addictif de la chose avait déjà fait son effet sur moi, l’envie d’y retourner était bien présente. Et puis ça m’a passé, et j’ai consacré du temps à faire d’autres choses que j’aime, et après très peu de temps au final je me suis senti libéré. Oui, libéré, carrément ! Je parle pourtant d’un bête jeu en ligne de rien du tout, mais c’est bien l’effet que ça m’a fait ! Quelques années auparavant j’avais ressenti la même chose en me tenant à l’écart de forums internet que je visitais bien trop assidûment, ce qui avait fini par avoir le même type d’effets négatifs sur ma vie quotidienne. Voilà pour ce qui concerne ma propre expérience.

 

Mais il y a aussi ce que j’ai pu observer autour de moi depuis quelques années déjà. À midi au resto, ou en terrasse pour boire un verre ou siroter un café, je suis régulièrement surpris de ce que je vois. Un très grand nombre de gens mangent avec leur smartphone comme interlocuteur principal. Qu’il y ait quelqu’un d’assis en face d’eux ou non, qu’ils soient avec un groupe entier ou tout seul, peu importe : les yeux et l’attention sont principalement rivés sur leurs téléphones. Au point de ne pas se parler du tout s’ils sont à plusieurs, ou de ne même pas regarder le serveur quand il s’affaire à vous apporter votre plat ou à vous débarrasser votre table. Qu’il s’agisse de couples d’amoureux, de groupes de potes ou de repas en famille, de jeunes blanc-becs ou de vieux croûtons, le téléphone s’invite, s’impose et devient le centre d’intérêt principal. Moi qui suis souvent seul à table, je passe pour un dinosaure, ou un hurluberlu, avec mon bouquin en main. Vous savez ce truc en papier, si dépassé, ringard au dernier degré. Tout cela se passe aujourd’hui en France. Vous savez, le pays de la gastronomie, où il paraît qu’on aime passer un temps fou à table à échanger autour d’un bon repas.

 

Mais là je parle d’adultes, majeurs et vaccinés. Là où c’est encore plus marquant, c’est avec les mômes. Vous avez déjà observé des gamins qui ne connaissent plus rien d’autre que leur téléphone ou leur tablette pour passer leur temps ? À quel point ils sont absorbés par leurs engins électroniques ? Qu’ils n’en supportent même plus de ne plus avoir de batterie ou de se trouver dans un endroit sans réseau plus de cinq minutes d’affilée ? Et souvent, plus ils sont jeunes, moins ils supportent cette frustration tant l’addiction aux écrans est devenue grande, envahissante, plus importante que tout le reste. J’ai en mémoire l’image d’un petit garçon de 3 ou 4 ans qui était maintenu au calme à table par le téléphone maternel sur lequel il s’affairait à je ne sais quel jeu coloré et bruyant, et qui tout à coup, a balancé avec rage l’appareil par terre en hurlant sans pouvoir se clamer. La batterie avait rendu l’âme. Il en a coûté un téléphone à ses parents. Et je pense aussi les services d’un pédopsychiatre pendant de longues années à venir. Ou de cet autre petit garçon de même pas dix ans, complètement drogué à sa tablette et qui sans elle ne tenait pas une seconde en place, devenant totalement ingérable et proprement insupportable, ruinant la santé et la patience de toute personne normalement constituée se trouvant à moins de dix mètres de lui… Il m’en vient plein des exemples comme ça, des situations dont j’ai été le témoin. Je crois qu’on en a tous croisé des enfants qui ressemblent plus ou moins à cette description. Et qu’on en rencontre de plus en plus.

 

C’était donc là-dessus entre autres, que je m’étais forgé la conviction que les écrans consommés de manière déraisonnable, pouvaient devenir très vite, très nocifs, d’autant plus que l’utilisateur s’avère par ailleurs jeune.

 

C’est aussi pour cela que depuis que je suis moi-même devenu parent, j’ai toujours prêté attention à l’usage des outils numériques de mes enfants. Ils n’ont pas de tablette, pas de console de jeux, et évidemment pas de smartphone. J’ai du reste passé la consigne ferme et définitive à la famille : pas de cadeau empoisonné de ce type pour Noël ou à l’occasion d’un anniversaire. Je sais que là-dessus j’ai pu passer pour un intransigeant mal-léché, voire un intolérant anti-numérique primaire. Que certains pensent peut-être que mes enfants sont bien malchanceux de devoir se plier à ces règles, et qu’ils doivent être bien malheureux à vivre ainsi dans leur bagne coupé du réseau 4G. Attention, je ne suis pas non plus complètement fermé et rigide : ils ont accès à l’ordinateur familial et la télévision du salon. Mais pas n’importe comment, pas n’importe quand. À certaines heures et pour y regarder un certain type de contenu. Et si possible, pas seuls, en la compagnie d’un adulte. Mais ce qui pour moi semble du bon sens le plus évident, apparaît pour d’autres comme de la tyrannie parentale, presque de la maltraitance à enfants… J’ai toujours, cependant, pensé être dans le vrai, plus qu’une intuition : une conviction naturelle.

 

Et la lecture de La fabrique du crétin digital m’a conforté dans mon opinion, le livre m’a même ouvert les yeux sur des choses que je ne soupçonnais pas du tout, et qui me font dire que la gravité de la situation que je supposais sans pouvoir la prouver était encore bien plus profonde que ce que je l’imaginais.

 

Enfin donc, j’en arrive au livre à proprement parler, désolé pour cette très longue introduction.

 

D’abord l’auteur : Michel Desmurget est docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale). Pas un blaireau de base, et encore moins un expert généraliste qui donne son avis sur tout (et au final n’a de véritable expertise sur rien) comme on en voit polluer les plateaux d’émissions à la BFM TV. Le bonhomme l’ouvre quand il s’agit de son domaine de compétences parce qu’il maîtrise son sujet, la ferme quand le sujet n’est pas de son ressort, et a l’honnêteté de le dire quand il ne sait pas répondre à une question précise. Rien que ça déjà, ça donne une bonne idée du sérieux du gars, de son éthique et de la crédibilité qu’on peut accorder à sa parole de scientifique. Non seulement c’est éminemment respectable, mais moi quand un type comme ça parle, je me tais et j’écoute, et j’essaie de comprendre ce qu’on me dit.

 

Le livre de Michel Desmurget aborde la consommation numérique actuelle (sous toutes ses formes) par les jeunes générations et dresse un bilan clair, net, précis et surtout abondamment et rigoureusement documenté sur les conséquences connues et avérées des outils numériques et de leur utilisation sur le développement mental, intellectuel, physique et psychologique des plus jeunes.

 

Il plante d’abord le décor en tordant le cou de certaines idées préconçues sur les apports supposément bénéfiques (pour ne pas dire révolutionnaires) des écrans de toutes sortes sur les aptitudes de nos enfants. Pour ce faire, il n’hésite pas à entrer dans le dur quand il dénonce des paroles « d’experts » qui se veulent rassurants, quitte à en égratigner certains au passage (il ne fait pas dans la bête dénonciation et évite de citer des noms directement dans son bouquin, mais chacune de ses affirmations est systématiquement renvoyée à des sources clairement identifiées et vérifiables, qui elles permettent aux plus curieux de trouver sans peine les noms des personnes dont la probité ou la parole est mise en cause). Dans la première partie de son livre, il démonte d’ailleurs sans vergogne et avec une précision impeccable les quelques rares études allant à contre-courant de la multitude d’études existantes qui démontrent toutes la nocivité de l’excès d’écrans pour nos gamins. Il le fait méthodiquement, avec la rigueur toute scientifique qui le caractérise, et ne laisse absolument rien au hasard : avec Michel Desmurget il n’y a pas de zone d’ombre qui persiste, rien ne reste flou, il entre dans le détail et explique tout, jusqu’aux aspects les plus techniques parfois, mais nécessaires à la fois pour bien tout comprendre de ce qui est dit, et pour être ainsi convaincu de l’éthique, la probité et la valeur de l’analyse qu’il fait et des conclusions qu’il en tire. J’avoue, par moment on entre à ce point dans des détails que cela peut paraître fastidieux au premier abord : il n’en est pourtant rien, car si le sujet vous intéresse, alors chaque détail a son importance et mérite d’être précisé pour être correctement compris par un lectorat non-spécialiste des matières scientifiques exposées.

 

Michel Desmurget se montre ainsi impitoyable avec ceux qui désinforment (scientifiques, pseudo-experts, intellectuels ou journalistes), volontairement ou non, le grand public sur l’impact réel des écrans et de leur usage sur nos enfants. Il fait parfois dans l’ironie, se laisse aller au cynisme envers ceux qui par leurs déclarations fausses ou trompeuses le méritent vraiment, et ne prend pas de gants pour dénoncer lorsqu’ils existent, les conflits d’intérêts (il y a des choses assez révoltantes par exemple sur certains propos de certains membres du CSA au sujet des publicités qui visent, principalement à la télévision, les enfants, propos mis en parallèle avec les liens parfois très resserrés de ces mêmes personnes avec les milieux industriels et commerciaux des produits sujets des dites publicités autorisées). Il y a dans ce bouquin quelques révélations qui à mes yeux devraient être considérées comme de véritables scandales sanitaires et sociétaux, dignes des pires arnaques légalisées.

 

Après avoir mis en pièces sans la moindre pitié et sans laisser le moindre doute possible à ce sujet toutes les études boiteuses et affirmations fumeuses qui laissent croire que le tout numérique est plus que bénéfique pour les enfants, Michel Desmurget aborde dans la seconde partie de son livre la réalité des faits. Il nous plonge dans la multitude d’études qui existent, et pour certaines qui concernent par exemple la télévision et dont les conclusions sont connues et reconnues par le corpus scientifique depuis des décennies, et qui toutes, en dehors des rares exceptions qu’il a traitées en première partie, démontrent sans l’ombre d’un doute l’effet délétère des écrans sur le développement des enfants.

 

Il décrit tout d’abord l’usage réel et quantifié du temps consacré par nos enfants aux activités numériques : c’est proprement vertigineux. Il pourfend l’idée selon laquelle tout cela est inéluctable et va de soi avec « la marche du temps et du progrès » en expliquant quelles règles simples peuvent s’avérer très efficaces pour préserver les enfants des ravages du tout numérique au quotidien.

 

Le scientifique aborde alors point par point tous les effets négatifs connus, reconnus et démontrés des écrans sur nos têtes blondes, et le moins qu’on puisse dire c’est que tout y passe au menu des conséquences néfastes : le développement cognitif tout d’abord est grandement impacté et altéré par la profusion d’écrans, c’est très clair et sans appel, toutes les études le démontrent catégoriquement. Et l’effet est d’autant plus grave qu’il se voit multiplié par le fait que tout le temps consacré aux activités numériques augmente les dégâts cognitifs à long terme mais qu’il faut en plus de cela y ajouter que c’est autant de temps qui devrait en temps normal être consacré aux activités propres à un développement sain et correct du cerveau de l’enfant et qui est définitivement perdu. Car c’est au cours de sa jeunesse que le cerveau connaît une plasticité optimale, celle qui justement est primordiale pour son développement et lui permet de se former par l’apprentissage, plasticité qui se réduit avec l’âge. Il en va pour le cerveau comme pour bien des choses : le temps perdu ne se rattrape jamais.

 

Évidemment, les conséquences scolaires sont elles aussi investiguées. Là encore les chiffres parlent et ne mentent pas : plus il y a d’écrans dits récréatifs plus les résultats scolaires diminuent. Quant aux écrans à usages scolaires, c’est la désillusion la plus totale : plus on les utilise au détriment des méthodes classiques pour l’apprentissage, plus les résultats baissent. Michel Desmurget entre ainsi dans le lard des politiques éducatives supposément modernes et progressistes : l’intérêt de dématérialiser l’enseignement réside avant tout dans un aspect financier, les résultats scolaires eux ne s’en trouvent absolument pas améliorés, bien au contraire. Un écran, une tablette, aussi performants soient-ils, ne pourront jamais être aussi efficaces pour un élève ou un étudiant, qu’un véritable enseignant en face de soi. En revanche, une politique qui se veut imposer l’usage d’une tablette par exemple, s’avérera bien moins coûteuse à terme que l’investissement dans l’enseignement humain direct. On pourra alors remplacer l’enseignant bien formé et coûteux, par un ersatz d’enseignant, juste bon à passer des programmes tout faits sur un outil numérique. Bien entendu, cela se veut moins cher sauf pour ceux qui paient la véritable note de l’opération : les enfants et les étudiants.

 

Mais d’une manière plus générale et pour sortir du seul contexte scolaire, les effets délétères ne s’arrêtent malheureusement pas là. Le directeur de recherche à l’Inserm le montre en s’intéressant à ce qu’il nomme les « trois piliers les plus essentiels du développement de l’enfant ». En premier lieu les interactions humaines, Plus l’enfant passe de temps devant un écran, moins il le passe face à d’autres personnes. Or c’est dans l’interaction humaine que l’humain se développe avec le plus d’efficacité et de rapidité. L’écran en comparaison n’apporte quasiment rien comme « nourriture cérébrale », et au mieux de manière très très dégradée. En second lieu, c’est le langage qui s’avère gravement impacté. Les écrans altèrent le volume et la qualité des échanges verbaux précoces, ainsi que l’accès au monde de l’écrit. On apprend infiniment plus et plus vite dans la « vraie vie » que par les contenus dits « éducatifs » sur support numérique. Le développement du langage est ainsi un des premiers à être touché. Le troisième point concerne la capacité de concentration. Contrairement à ce qui a pu être dit, les jeux vidéos qui nécessitent que le joueur soit attentif et réactif au moindre signal visuel ou sonore par exemple, agissent à l’inverse de ce qu’il faudrait pour développer le pouvoir de concentration. On entraîne alors son cerveau à percevoir la moindre sollicitation exogène, à être continuellement en alerte prêt à réagir à la moindre distraction, usant même son énergie à épier le moindre signal potentiel. C’est ce qu’on appelle une attention distribuée, ouverte à toutes les effervescences du monde qui nous entoure. Ce qui est l’exact contraire de la concentration, qui elle est la conséquence d’une attention focalisée, maintenue et imperméable aux pensées parasites et signaux extérieurs de toutes sortes. C’est bien entendu cette concentration focalisée qui est indispensable à un bon apprentissage efficace sur la durée, alors que c’est l’attention distribuée qui est développée par l’usage des écrans. Le cerveau humain n’est pas conçu pour ce genre de sur-sollicitations, il en souffre et se construit mal. En ce sens c’est l’un des effets les plus graves sur le cerveau des écrans : le multitasking est tout simplement dévastateur.

 

Viennent pour finir des considérations plus en rapport direct avec la santé de l’enfant. La consommation d’écran a des conséquences directes et très négatives sur le sommeil, sur l’aspect quantitatif comme sur l’aspect qualitatif du sommeil. Or le sommeil est un des piliers de la bonne santé et du bon développement du corps et de l’esprit. La sédentarité est elle aussi l’une des principales conséquences de la consommation d’écrans, avec ses effets secondaires sur l’organisme, aussi bien pour sa construction physique (l’exercice physique construit, la position assise prolongée induite par les écrans détruit!) que pour le fonctionnement émotionnel (la proportion de schémas mentaux dépressifs voire suicidaires augmente drastiquement avec le temps d’écrans ingurgité chez les jeunes générations). Il en va d’ailleurs de même pour les contenus dits « à risques » (qu’ils soient à caractères sexuels, tabagiques, alcooliques, alimentaires ou violents) : plus l’esprit est jeune et en formation, plus leurs effets sont nocifs et quantitativement mesurables.

 

Alors heureusement, Michel Desmurget ne s’arrête pas là. Il aurait pu se contenter de dresser ce constat absolument sombre et déprimant, mais il a voulu terminer son ouvrage sur un ton plus positif et moins catastrophique qu’il ne l’a entamé.

Il engage à ne pas se résigner, à ne pas croire que tout cela est inéluctable. Il rappelle qu’on garde le choix, en tant que parents, de livrer nos enfants à moins d’outils numériques et à les confronter à plus d’humain. Qu’il ne faut pas céder à la peur entretenue par l’idée qu’un enfant maintenu du mieux possible hors du champ du tout numérique va être malheureux et se trouver isolé socialement des autres. Il pousse même le raisonnement à ce sujet : à ce jour, aucune étude n’a indiqué qu’une privation d’écrans récréatifs puisse avoir des conséquences négatives sur le développement d’un enfant ni sur son intégration émotionnelle et sociale au monde (et ce n’est pas parce qu’aucune étude ne s’est intéressée au sujet !). En revanche il existe de nombreuses études qui démontrent l’impact préjudiciable sur bien des plans, y-compris sur des symptômes dépressifs et anxieux de ces outils sur nos enfants. Ça permet d’inverser la charge et de faire réfléchir les parents qui culpabiliseraient à ce sujet n’est-ce pas ?

 

Michel Desmurget tente de promouvoir l’action éducative des parents en contre-feu. En énumérant de grandes règles à appliquer sur l’usage des écrans par les enfants (il ne s’agit donc pas de tout interdire doctement sans autre forme de procès). Par exemple : pas d’écran dans la chambre, pas de contenu inadapté, pas d’écran le matin avant l’école ni le soir avant de dormir, pas de multitasking mais une chose à la fois ! Plus compliqué à tenir cependant : pas d’écran avant 6 ans, pas plus d’une heure par jour après 6 ans.

Certaines peuvent paraître contraignantes, mais comme le souligne le scientifique : moins d’écrans c’est plus de vie ! Il faut impérativement proposer d’autres activités pour compenser l’arrêt des écrans : parler, échanger, dormir (!!), faire du sport, jouer, faire de la musique, dessiner, danser, chanter, pratiquer toutes formes d’arts, et surtout, surtout : lire.

J’ai été étonné, mais très agréablement surpris, à la lecture d’études avancées par l’auteur, qui concernent justement l’utilisation du temps par les enfants et adolescents qui se trouvent dans l’impossibilité de se coller devant un écran : ils finissent, et ce dans un délai bien plus court que je n’aurais cru, par s’occuper de façon « naturelle » et spontanée avec ce qu’ils trouvent dans leur environnement direct : on retombe alors sur la liste d’activités énumérées plus haut. Et chose inattendue : même ceux qui déclarent ne pas aimer lire, se mettent tous seuls à lire pour s’occuper !! Ça peut paraître peu de chose, mais moi ça m’a réjoui d’apprendre cela.

 

J’aurais aimé que le livre s’étende aussi sur les effets des écrans chez l’adulte, ne serait-ce qu’en point de comparaison avec les impacts sur les plus jeunes. Il aborde le sujet de très loin, en expliquant que les effets sur un cerveau en construction sont nombreux et particulièrement délétères en raison de l’hyper-plasticité de l’organe dans sa prime jeunesse. Cette plasticité diminue fortement (sans disparaître pour autant) chez l’adulte, d’où des effets bien moins graves à égale exposition. Mais le livre est cependant suffisamment dense et complet en se contentant de traiter le sujet des enfants, vous pouvez me croire ! Je retiendrais cependant une formule qui m'a marqué et qui résume à elle seule beaucoup de choses : plus nos smartphones sont intelligents (et font les choses à notre place), plus nous devenons bêtes. À méditer...

 

Les conclusions de Michel Desmurget sont intéressantes et donnent de l’espoir. Mais il faut aussi mesurer tout cela à l’aune de la vie réelle, en dehors des livres. J’ai pu m’en rendre compte il y a peu. Il se trouve que par coïncidence, le sujet des écrans pour les enfants a été abordé il y a quelques jours au cours d’une petite discussion informelle avec des gens de mon entourage.

Une maman de trois enfants de 8, 11 et 15 ans, disait que l’école de son benjamin avait lancé un challenge « une semaine sans écran ». Son fils de 8 ans n’a pas supporté et n’a pas tenu une seule matinée entière. Le commentaire de la maman m’a stupéfié : « c’est une idée complètement idiote, l’école ferait mieux de se soucier de ce qui se passe entre ses murs que chez les enfants, et de toute manière une semaine sans écran c’est juste impossible à faire ». Je précise alors un peu le portrait pour mieux appréhender la chose : milieu socio-culturel « profession intermédiaire », peu ou prou mon âge, mariée, végétarienne convaincue, de caractère elle est plutôt douce et gentille, avec une légère tendance à se plaindre mais rien de bien méchant, plutôt sympathique, diplomate, intelligente, mesurée et agréable au demeurant. En revanche, ses enfants ont tous des smartphones, le plus petit en est à son troisième (forcément, il n’en prend pas autant soin qu’un plus grand, ça casse donc plus vite), elle-même ne quitte quasiment jamais le sien des mains. Ses enfants, comme quasiment tous les enfants, ne parlent que de consoles de jeux, les deux garçons -les plus jeunes- jouent quotidiennement à Fortnite. Points de détails, mais qui moi me font tiquer quand on me tient un discours convaincu sur les bienfaits d’être végétarien et de préserver notre planète : elle fume comme un pompier et vient d'acheter un diesel.

 

Je n’en tire aucune conclusion hâtive, et je ne me permets pas de juger (tant qu’on ne me juge pas), mais je ne peux m’empêcher de me demander si un gamin risque plus à passer sa vie sur des écrans dès son plus jeune âge ou à ingérer un morceau de viande de temps en temps ? En tout cas c’est le type de témoignage qui permet de mettre les choses en perspective je trouve.

 

Une chose est certaine cependant et ne souffre d’aucune contestation sérieuse : moins d’écran pour les enfants, c’est à terme moins de problèmes d’attention, de langage, d’impulsivité, de mémoire, d’agressivité, de sommeil, de réussite scolaire. Liste non-exhaustive.

 

Quant à moi je conclus enfin ce très, trop, long article (et j’aurais eu pourtant encore des tas de choses à dire et à développer !!) en vous conseillant très vivement la lecture de La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget. N’ayez crainte : ce n’est pas un ouvrage accusateur à l’encontre des parents, c’est un livre qui informe, qui décortique et qui aide à comprendre. Desmurget ne juge personne d’autre que ceux qui font passer de fausses informations.

 

Un très court extrait pour finir : « La morale de l’histoire, la voilà. Livrez vos enfants aux écrans, les fabricants d’écrans continueront de livrer leurs enfants aux livres. »

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12 décembre 2019 4 12 /12 /décembre /2019 08:37

Samedi 7 décembre, sur la scène du Noumatrouff à Mulhouse, se sont produits les Innocents ! Tout discret qu’il soit, voilà bien un groupe français qui figure dans mon panthéon musical personnel, et depuis bien longtemps. Depuis 1992 précisément, date de sortie de leur deuxième album, Fous à lier.

Fous à lier, album phare des Innocents

Ah ce que cet album a pu tourner dans mon lecteur !! Je le connais par cœur jusque dans les moindres arrangements, les moindres paroles, les moindres respirations. Bientôt 28 ans que je l’écoute avec toujours autant de bonheur, 28 ans que jamais, malgré son omniprésence dans mon environnement musical, je ne m’en lasse.

Bien entendu, j’ai été là également, impatient, à la sortie de chacun des albums qui ont suivi (Post-partum en 1995, Les Innocents en 1999, Mandarine en 2015 et cette année), et j’ai également été de la partie pour les deux albums solo de JP Nataf (Plus de sucre en 2004 et Clair en 2009). Et c’est bien simple, jamais je n’ai été déçu.

Le duo JP Nataf et Jean-Christophe Urbain, l'âme des Innocents a deux têtes !

Les Innocents ce sont avant tout un duo d’artistes, auteurs, compositeurs et interprètes : JP Nataf et Jean-Christophe Urbain. Un doux-dingue et un dingue doux. Des mecs qui ont la musique joyeuse, maline, précise, mélodieuse et sophistiquée. Des mecs avec un univers qui n’appartient qu’à eux, et dans lequel ils nous invitent à plonger avec allégresse. On ne peut pas nier leurs influences pop anglo-saxonne bien qu’ils chantent en français, et c’est d’ailleurs une autre de leurs particularités : leurs textes sont très travaillés, la sonorité des mots est essentielle, le sens et le son ont une égale importance. Combien de fois ai-je été frappé et marqué par un de leurs vers, leurs paroles mélangeant poésie et musicalité avec autant de classe que de talent. Les Innocents, c'est deux plumes, celle de Jean-Chri et celle de JP, et elles connaissent des fulgurances textuelles qui me parlent...

JP Nataf, un homme extraordinaire

J’avais été très heureux de leur reformation pour la sortie de l’album Mandarine, et j’avais à cette occasion pu les applaudir pour la première fois à Colmar, pendant leur tournée acoustique en duo. Mais cette fois c’est en formation complète qu’ils tournent pour la promotion de leur dernier album en date, .

 

Et sur scène c’est du bonheur : joyeux, entraînants, souriants, proches de leur public, sûrs de leur musique, les Innocents sont comme chez eux. Ils maîtrisent, ils s’amusent, ils déconnent, et ils font passer une énergie et une positivité dingues !

Jean-Christophe Urbain, la classe de Danny Wilde

Impossible de ne pas avoir la banane après leur concert ! D’autant que les deux potes sur scène enchaînent avec autant de bonheur leurs vieux tubes que tout le monde connaît par cœur, que leurs nouveaux morceaux, qui possèdent tous ce petit truc en plus, la « recette Innocents » qui rend leurs chansons belles et accessibles. Qu’elles soient douces ou plus dynamiques, elles ont ce charme à part qui nous font nous sentir bien, tout simplement. Et ce talent-là, n’est pas donné à tout le monde. Bien sûr j’ai chanté en chœur avec toute la salle pour les tubes comme Un Monde Parfait, L’ Autre Finistère, Colore, Un Homme Extraordinaire ou Fous à Lier. Mais j’ai été tout aussi transporté quand ils ont chanté certains titres certes moins connus mais que je classe parmi mes tous préférés, comme Les Cailloux que j’adule, les Philharmonies Martiennes qui a marqué leur renaissance, Dentelle qui me file des frissons ou Danny Wilde qui est juste magnifique.

La scène, c'est chez eux !

D’ailleurs je me suis fait cette réflexion pendant le concert, alors que les chansons s’enchaînaient : en dehors de quelques couplets d’une ou deux nouvelles chansons, je crois bien connaître l’intégralité de leur répertoire par cœur. Pas si courant que ça, il n’y a guère que Leonard Cohen, Bernard Lavilliers ou Fred Blondin dont je puisse dire la même chose. Pour dire si leur musique fait partie de moi.

 

Alors voilà, samedi soir les Innocents étaient là et l’espace d’un temps, celui qu’a duré leur concert, rien d’autre n’a existé. Ils m’ont emmené avec eux dans leur univers, et qu’est-ce que c’était bien ! Vivement la prochaine fois...

L'affiche de la tournée 6½

PS : Comme à chaque fois, un énorme merci à ma petite sœur pour les photos du concert !!

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9 décembre 2019 1 09 /12 /décembre /2019 08:08

Pas banal.

C’est la première idée qui me vient pour vous parler de Tous mes vœux de Philippe Sebbagh.

Pas banal, et à plus d’un titre.

Bon, par où commencer ? Sachez d’abord que ce bouquin est le premier édité au format papier par Bookly, qui fonctionne sur le concept du crowdfunding. Rendez-vous compte : c’est grâce à 43 investisseurs, 43 personnes sur internet qui ont cru au talent de Philippe Sebbagh, que ce livre a vu le jour. Eh bien, ça en valait vraiment la peine, croyez-moi. Ça vaut ce que ça vaut, mais à sa sortie fin 2012, Tous mes vœux s’est classé parmi les meilleures ventes de livres sur Amazon. Oui je sais, acheter des livres sur Amazon, à la base c’est pas bien, faut défendre et faire vivre nos libraires. N’empêche, ça laisse songeur pour un livre quasiment auto-édité.

 

Pas banal aussi par son contenu. Une histoire d’amour. Oui, mais une histoire d’amour vraiment pas banale. Amour pour une femme, pour une amie, mais bien au-delà, déclaration d’amour à la vie de la part de son auteur. Vous me connaissez, le romantisme n’est pas la qualité que je recherche en premier lieu dans ce que je lis, ou regarde, ou écoute. Pourtant, avec ce livre, c’est cette qualité-là qui m’a conquis. Parce que c’est une belle histoire, avec de beaux sentiments, et bien racontée qui plus est.

 

Pas banal dans sa forme non plus. Pas très épais, ce roman ressemble presque à une pièce de théâtre. C’est extrêmement fluide, rapide, majoritairement fait de dialogues (j’écris cela de mémoire, j’ai quand même lu ce livre il y a 4 ou 5 ans déjà). C’est donc vif, vivant, dynamique. Inattendu aussi, déroutant parfois. Surprenant, dans le bon sens du terme.

 

Pas banal car… roulement de tambour : car c’est original ! Bonjour la lapalissade n’est-ce pas ? Et pourtant, moi j’ai été scotché par l’idée qui sert de fil rouge à cette histoire. Si simple, mais si bien vue. L’originalité, pas besoin de la chercher dans l’extravagance, parfois elle est juste là, devant soi, et elle apparaît de manière flagrante dès lors qu’on accepte d’ouvrir ses yeux. C’est un peu l’effet que m’a fait la lecture de ce petit livre. Si simple, si évident, et pourtant j’ai si rarement vu pareil roman.

 

Mais, ça me fait penser que je ne vous ai même pas encore dit de quoi ça cause !

Ben vous verrez c’est pas très compliqué. Philippe veut écrire, mais vivre de sa plume ça n’est pas évident. Elle est jeune, belle, et se lance dans le journalisme. Philippe est amoureux d’elle. Mais cette femme c’est aussi sa meilleure amie : problème. Un jour, Philippe sauve un homme d’un accident de la circulation. Héros ordinaire. Mais cet homme n’est pas n’importe qui, et pour le remercier il lui propose d’exaucer dix de ses vœux, si tant est qu’ils soient humainement réalisables et réalistes. Tel le premier Aladin venu, je suis certain que vous sauriez quoi demander à la place de Philippe. Et je suis persuadé aussi que vous ne vous attendrez pas à ce qu’il va demander, lui…

 

Alors là, vous allez me dire « mais attends, on nage en pleine comédie sentimentale ou je rêve ? ». Oui, c’est carrément ça. Pourtant j’ai trouvé ce bouquin si décalé, à la fois tendre sans être mièvre, plein d’humour et de finesse, et si peu en rapport avec ce qu’on range habituellement sous l’étiquette « comédie romantique », que je me suis dit « Au diable ma réputation d’amateur de super-héros et de belles poitrines, faut que je vous en parle ! ».

 

Alors voilà, c’est fait.

Tous mes vœux de Philippe Sebbagh c’est vachement bien, lisez-le.

 

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5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 08:35

Jeudi 28 octobre, est sorti dans une poignée de salles de cinéma à travers la France, un film à séance unique : Western Stars de Bruce Springsteen et Thom Zimny 1.

 

Comme tout un aréopage de fans du working class hero, j’étais évidemment au rendez-vous, puisque ô miracle, le Kinépolis de Mulhouse avait programmé le film.

 

Western Stars est le pendant cinématographique du 19ème album (du même nom) du Boss, sorti en juin 2019. C’est aussi aux yeux de Springsteen la dernière partie de la trilogie autobiographique du chanteur, composée de ses mémoires parues en 2016 (Born to Run, dont je parlerai ici un jour promis, puisque je l’ai lu et déjà chroniqué pour une future publication sur le blog…) et de son show intimiste à Broadway où il était seul sur scène. Pour les fans on peut également considérer le film comme un agréable palliatif à l’absence de tournée suite à l’album Western Stars 2.

De la guitare, des violons, une grange.

Car Western Stars c’est avant tout un concert filmé, durant lequel le Boss chante l’intégralité de l’album éponyme, en respectant l’ordre exact des chansons telles qu’elles s’enchaînent sur le disque. Mais c’est plus qu’un concert filmé, c’est aussi une forme de documentaire sur le chanteur, sur les pensées profondes qui le hantent depuis toujours et de plus en plus avec l’âge. Au cours du film, chaque chanson est introduite par de petites scènes iconiques, où le chanteur apparaît et s’interroge en voix off sur le conflit existentiel qui l’a de tout temps animé : le conflit entre liberté individuelle et vie en communauté auprès de ceux qu’il aime. Il a à ce sujet plusieurs réflexions qui peuvent paraître peut-être un peu sombres, voire cryptiques pour qui n’a pas lu son autobiographie dans laquelle il développe beaucoup plus ses pensées et les conclusions qu’il a tirées de sa maintenant longue expérience. « Il est facile de se perdre. Ou de ne jamais se trouver. Je sais bien écrire sur le fait d’être perdu. » lance-t-il entre deux morceaux, au volant de son vieux quatre-quatre en plein milieu du désert californien. « Plus vous vieillissez, plus les bagages du passé s’alourdissent », c’est une idée qui est déjà très présente dans son livre et qu’il répète aussi au cours du film.

Se retourner sur son passé mais aller de l'avant...

La partie musicale, qui est aussi en durée la plus longue du film, est filmée dans un endroit assez incroyable : une vieille et immense grange, plus que centenaire, sur la propriété du chanteur. Elle donne un cachet d’authenticité à la musique qui mêle à la perfection le groupe restreint de musiciens habituels autour du Boss, la trentaine de musiciens d’un orchestre symphonique qui l’accompagne et le style de pure Americana qui compose les morceaux de l’album Western Stars. C’est ainsi que devant un public d’amis et d’invités, le chanteur du New Jersey égrène les treize chansons de l’album avant de terminer sur la plus classique Rhinestone Cowboy composée par Larry Weiss et popularisée par Glen Campbell dans les années 1970. L’endroit magnifie les chansons qui s’inscrivent entre la folk contemporaine et le classique instantané…

La musique au centre de tout.

L’effet de proximité et d’intimité est encore accru, lorsque se mêlent au documentaire et à la musique quelques images d’archives privées de Bruce enfant, de sa famille, de son voyage de noces, de sa vie de couple avec Patti Scialfa, son épouse depuis près de trente ans. Elle est d’ailleurs là, à ses côtés durant tout le concert, chantant tantôt avec les chœurs, tantôt en duo avec Springsteen. L’alchimie entre les deux est palpable, dans les mots comme dans les regards.

Patti et Bruce, duo à la ville et sur scène...

La partie documentaire faite de courts métrages où l’on voit errer dans un paysage de Far West le leader du E Street Band, est quant à elle vraiment paradoxale. Springsteen y apparaît comme à la fois le cliché absolu de l’Amérique rêvée comme dans les films, et pourtant il a l’air d’être totalement au naturel, noyé dans un paysage désertique de sable et de cactus, au volant d’un vieux pick-up, avec en fond des chevaux sauvages au galop et des plans qui pourraient être tout droit sortis de vieux classiques américains. Avec sa gueule de pistolero échappé d’un film de John Ford, mixe de la mâchoire d’un Clint Eastwood et de la voix d’italien éraillée d’un Marlon Brando dans le Parrain, le Boss apparaît en vieux jean usé, chapeau de cowboy vissé sur la tête. On est en plein Western, John Wayne pourrait débouler et commander un whisky au bar que ça continuerait à paraître normal à tout le monde. Charles Bronson pourrait jouer de l’harmonica en arrière plan que ça paraîtrait évident. On est pendant tout le film dans une ambiance de rêve, d’absolu américain, on nage en plein cliché et parfois on déborde en plein kitsch, et pourtant : rien n’est choquant, tout passe, on se prend juste la force des images en pleine poire et on n’a rien à redire.

Un cheval, des étendues infinies : un symbole de la liberté pour le Boss.

Si tout paraît comme dans un conte moderne à l’écran, c’est je crois tout simplement parce que Springsteen lui-même est à présent devenu un mythe américain. Il est donc normal de le trouver dans un tel décor de carte postale. À 70 ans passés, dont près de 50 ans à faire de sa musique une des voix officielle de l’Amérique, il est une légende. Et une légende ça n’est pas cliché, il n’y a que ceux qui tentent de l’imiter qui le sont.

I'm a poor lonesome cowboy...

Et c’est donc ainsi que Bruce Springsteen peut tout faire, tout dire, tout chanter dans ce film. Tout roule. Tout passe. Tout fonctionne. On lui pardonne tout. Que n’importe quel zozo vienne me prêcher la bonne parole du Seigneur que je m’en irais au plus vite en courant, mais que le Boss ponctue son discours d’un « God bless you all » que je ne dirais rien d’autre que « Amen ». Parce que c’est le Boss et qu’il ne pense pas à mal, il a le droit.

1 Thom Zimny a déjà signé un certain nombre de clips de Springsteen, ainsi que son spectacle autobiographique à Broadway en 2018.

2 Springsteen a confié être dans une période de créativité très fertile, il est déjà en plein travail d’enregistrement sur le prochain album qu’il sortira en compagnie du E Street Band, son groupe mythique, et qui cette fois-ci sera suivi d’une nouvelle tournée.

L'affiche du film

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2 décembre 2019 1 02 /12 /décembre /2019 08:34

Votre attention amateurs de page-turners, ce livre est fait pour vous. Vous fonctionnez au suspense haletant ? Au rythme effréné des révélations et rebondissements ? Au jeu du chat et de la souris des intrigues malignes et des fausses pistes disséminées ici et là ? Aux mystères mâtinés d’Histoire, de politique mais aussi de Science et de découvertes ? Aux récits qui vous mènent à travers le monde et sautent d’un continent à l’autre ? Alors ne cherchez pas plus loin : c’est exactement tout ce que vous trouverez dans Les Larmes d’Aral de Jérôme Delafosse. Tout cela et bien d’autres choses encore…

 

Le roman plante son action en automne 1994, en Irlande, en plein contexte du conflit nord-irlandais. Sinead McKeown, grand reporter de guerre, échappe à un attentat à la bombe qui visait son domicile. Mais elle y perd son mari, lui-même journaliste, ainsi que l’enfant qu’elle porte. Ses liens passés avec l’IRA la mettent sur la sellette et la police dirige ses soupçons vers elle. Sinead devient à la fois fugitive et enquêtrice, bien décidée à découvrir les véritables responsables.

Au même moment à Paris, Raphaël Zeck, flic de la Brigade Criminelle, se voit confier l’enquête sur le cas d’un homme dont le corps quasi-nu a été repêché dans la Seine, marqué d’étranges plaies nécrosées. L’homme, visiblement désorienté et terrorisé avait été pris en chasse par une patrouille nocturne de la BAC avant de se jeter dans le fleuve. L’affaire se complique quand les policiers qui ont manipulé le cadavre ressentent de graves malaises. En remontant la piste on découvre que l’homme mystérieux était en possession d’une mallette contenant du Césium 137, hautement dangereuse car mortellement radioactive…

À ce stade Sinead et Raphaël ne le savent pas encore, mais leurs enquêtes vont bientôt se croiser…

 

Je disais en introduction que ce bouquin est un véritable page-turner et c’est vrai : quand on s’embarque dans sa lecture on a du mal à le lâcher. Ce qui en soi est déjà très bon signe vous en conviendrez.

Mais allons un peu plus loin et essayons de comprendre ce qui fait l’attrait de ce livre. Je crois que l’explication tient avant tout à la personnalité de son auteur, dont les qualités se retrouvent directement dans son ouvrage. L’auteur est Jérôme Delafosse. Journaliste de son état, il est l’un des « Nouveaux Explorateurs », l’émission de Canal + qui a connu une belle renommée au cours de sa diffusion entre 2006 et 2014. Et le parallèle se fait vite avec Les Larmes d’Aral : le roman est en effet érudit et visiblement très documenté, que ce soit du point de vue géopolitique, historique ou scientifique, ce qu’on doit à coup sûr à l’habitude du journaliste de travailler en amont et en profondeur ses sujets. De même, le livre de Jérôme Delafosse nous fait voyager et voir du pays, au plus près de la réalité du terrain, des habitants, des contextes politico-historiques. Exactement ce que fait l’auteur lors de ses reportages en immersion pour son émission télévisée. Et puis cette capacité à vous faire tourner les pages sans même que vous vous en rendiez compte, plongé que vous êtes dans l’histoire, révèle bien entendu un vrai talent de conteur, ce qu’on peut là encore vérifier sur chacun de ses reportages télévisés. Le bonhomme sait nous entraîner avec lui dans le monde qu’il nous expose.

Il n’est donc pas du tout étonnant de retrouver toutes ces qualités dans son roman. Et d’expliquer ainsi l’attractivité de cette histoire dès lors qu’on y met un pied…

 

Et puis il y a ce suspense, ce mystère maîtrisé de bout en bout et qui ne dévoile sa vérité qu’en toute fin du roman, qui vous ballade bien tout du long et vous attrape bien comme il faut dans sa conclusion.

 

Pour toutes ces raisons, et surtout pour le plaisir que vous prendrez à sa lecture, je vous conseille vivement ce thriller français de haute volée. Sous ses aspects de polar saupoudré de complotisme et d’éléments hétéroclites invraisemblables, qui ressemble dis comme ça à une recette toute faite de best-seller qu’on aurait déjà pu voir mille fois par ailleurs, je suis certain que Les Larmes d’Aral saura vous surprendre et vous mener là où vous ne vous y attendiez pas !

 

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28 novembre 2019 4 28 /11 /novembre /2019 08:21

La MJC de notre petite ville est du genre très active, foisonnante d’idées et ouvertes à tous les types de passions. Petits et grands peuvent y trouver leur bonheur, que ce soit pour y faire du tricot, y suivre des cours de cuisine, apprendre la danse ou faire du judo, la liste des activités proposées est vraiment impressionnante.

 

Associée au centre périscolaire local où Nathan et Tom se rendent après l’école, elle leur propose donc à chaque rentrée une série d’activités selon leurs tranches d’âge. C’est ainsi que Nathan a pu par exemple s’essayer au tennis de table, à l’origami ou encore au travail du bois. Tom quant à lui s’est trouvé une vraie passion pour les arts du cirque, il s’y éclate depuis deux ans tous les lundis soir.

 

Mais ce qui m’a interpelé sur la petite brochure qui récapitule un peu tout ça, c’est la page consacrée aux « Activités Baby », où il est proposé de s’inscrire au Baby Self Defense, qui est en fait une « découverte » du Krav-Maga destinée aux enfants de 4 à 6 ans !!

 

Pour ceux qui ne connaissent pas forcément, le Krav-Maga ce n’est pas exactement une discipline à classer dans les arts martiaux du type judo par exemple. C’est comme qui dirait un poil plus féroce.

 

Je reprends ici ce que vous trouverez facilement sur n’importe quel site qui parle de cette discipline, en l’occurrence je fais un copier-coller depuis wikipédia :

 

L’objectif du Krav-Maga est l’apprentissage de la défense en un minimum de temps de formation et de s'adresser à un large public. Le Krav-Maga n’est pas conçu comme un art mais comme une méthode de combat rapproché. [...] Tout comme le close combat, le Krav-Maga se caractérise par différentes techniques incapacitantes ou létales. Ces méthodes sont très faciles à apprendre et très efficaces. Elles visent à mettre hors d’état de nuire un ennemi : le plus vite possible, le plus efficacement possible et par tous les moyens possibles (aucune limite de combat). Les techniques de combat à mains nues employées sont typiquement les plus dangereuses, les plus efficaces, et les plus simples que puisse générer le corps humain comme peut en témoigner la devise de cette pratique : simplicité, rapidité, efficacité et maîtrise de soi. Ces techniques sont choisies et adaptées pour fonctionner dans des conditions de stress maximum, et sur quelqu’un qui ne se laissera pas faire. Dans un combat pour assurer sa survie (donc de type non sportif), le seul but est d’éliminer la menace avant que celle-ci n'élimine l'individu concerné. [...]

 

Bon, certes, il y a une différence entre le Krav-Maga enseigné en club civil et celui qu’on dispense aux forces spéciales de l’armée ou de la police : en club on n’apprend théoriquement pas les techniques létales.

 

Cependant le principe de base du Krav-Maga, c’est d’apprendre à se défendre. Par tous les moyens ainsi qu’il est précisé : Le Krav-Maga doit enseigner à « frapper les zones sensibles », comme les yeux, la gorge ou les parties génitales, afin de mettre hors d’état de nuire notre opposant.

 

Les clubs de Krav-Maga mettent en avant que l’enseignement de ces techniques doit s’inscrire dans le cadre très strict de la légitime défense telle qu’elle est définie juridiquement et moralement.

 

N’empêche que c’est là qu’on apprend à se bastonner et à faire mal. À se défendre, à se méfier des autres. À se confronter par la violence à autrui.

 

Je ne dis pas que cela n’a aucun intérêt. Savoir se défendre, c’est bien. Si cela peut un jour vous sauver la mise dans une situation dangereuse, tant mieux. Si cela peut vous permettre de vous défouler une ou deux fois par semaine en club, et que vous en retirez maîtrise de vous, confiance et sérénité dans votre vie quotidienne, ce sera parfait et grand bien vous fasse.

 

Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’à des gamins de 4 à 6 ans, il y a peut-être d’autres choses à enseigner, d’autres activités physiques à montrer, d’autres arts à faire découvrir, d’autres exemples à donner, d’autres philosophies de la vie à inculquer que l’autodéfense.

Ils auront encore bien le temps de découvrir ce qu’est la violence et la confrontation. Le combat, la défiance, la loi du plus fort.

Sous couvert de les initier à la découverte de leur corps et de leur faire découvrir les différentes interactions avec le monde extérieur, on leur montre surtout une voie, qui finit par mener, qu’on le veuille ou non, à la violence.

 

Loin de vouloir jeter la pierre à la MJC de mes gamins, je me suis rendu compte que cette pratique d’initier à l’autodéfense les tous petits est en fait plutôt répandue et de nombreux clubs de Krav-Maga proposent des sections « kids » qui accueillent les enfants à partir de 4 ans.

 

Que l’offre existe, soit.

 

Moi, ce qui m’interpelle vraiment, c’est le côté de la demande. C’est le point de vue des parents qui inscrivent leurs mômes au Krav-Maga à un âge où ils ont encore du mal à taper correctement dans un ballon. C’est quoi le but dans l’esprit d’un papa qui emmène son petit au club de Krav-Maga ?

 

Ça n’engage que moi, mais tant qu’à taper sur quelque chose, j’opterais plutôt pour l’inscrire à des cours de batterie. Et tant pis pour mes oreilles...

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25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 08:44

Ce livre est la retranscription par écrit de morceaux choisis de l’émission du même nom qui est diffusée sur France Inter (tous les samedis matins de 11h à midi).

Son auteur est aussi l’animateur de l’émission radiophonique, Jean-Claude Ameisen, médecin, immunologiste et chercheur en biologie, il dirige le Centre d’études du vivant à l’institut des humanités de l’université Paris Diderot. Il a également été président du Comité consultatif national d’éthique.

Autant dire que le bonhomme est une pointure dans son domaine.

 

Mais ses talents ne se limitent pas aux sciences. Car Jean-Claude Ameisen est un conteur né. Sa voix si particulière, et son phrasé reconnaissable entre mille, lui apportent une aura supplémentaire. Non seulement il a accès à la connaissance, mais il sait la partager avec ses auditeurs. Mieux que ça : il sait la rendre accessible et séduisante, ce qui en matière de science parfois très pointue, n’est pas chose si aisée.

C’est simple, quand je l’écoute à la radio, ce type n’a pas son pareil pour capter mon attention, quel que soit le sujet dont il parle d’ailleurs.

 

Un des secrets qui rend son émission si attractive à mon sens, c’est le subtil mélange des genres qu’il y pratique. Évidemment il y est question de science, mais cela ne se limite pas à ça. On aborde quasi-systématiquement d’autres sujets tels que la philosophie, les arts, la littérature, la poésie. Et dans la bouche de Jean-Claude Ameisen tout semble inextricablement lié. L’un ne va pas sans les autres. Aussi a-t-on le sentiment d’une réflexion pleine, qui ne laisse aucun aspect de côté. Et j’aime aussi tout particulièrement son recours très régulier aux questions. Il explique avec brio ce que l’on sait, il décrit souvent des expériences et recherches très récentes, ce qui permet de comprendre où en sont les scientifiques dans l’avancée de leurs connaissances. Mais aussi et surtout, cela permet de mieux se rendre compte des limites de la connaissance. De la somme des choses qui nous échappent encore. Car si l’on en sait peu, on comprend cependant vite que chaque réponse amène dix autres questions. Et ça c’est formidablement bien exprimé. C’est la grandeur de la science à mes yeux : sa capacité à poser toujours d’autres questions, chercher à repousser encore et encore ses propres limites tout en ayant conscience d’elles. La force de la science c’est de savoir dire « je ne sais pas, mais je cherche à savoir ». C’est très justement cette spécificité qu’on a là et qui donne toute sa force à cette émission.

 

Et on retrouve parfaitement tout cela à la lecture de ce premier tome de Sur les épaules de Darwin. Pour peu qu’on soit auditeur de l’émission radio, quand on lit les différents chapitres, c’est la voix de Jean-Claude Ameisen qu’on entend résonner dans nos esprits avec une clarté impressionnante ! Il faut dire que la retranscription est vraiment fidèle à la version orale, l’auteur va jusqu’à respecter les répétitions et les silences* si chers au conteur et qui donnent toute sa personnalité au ton qu’il emploie.

 

Quant aux thèmes abordés, ils tournent principalement autour du temps, comme le sous-titre du livre l’indique. Qu’est-ce que le présent ? Existe-t-il ? Nos perceptions nous permettent-elles seulement de l’appréhender correctement ? La distance implique le décalage temporel… vivons-nous entre un éternel passé perçu et l’anticipation vaine d’un futur toujours fuyant  ?

 

Mais la temporalité n’est pas la seule question déclinée dans cet ouvrage : il y a aussi des passages absolument passionnants sur les oiseaux par exemple.

 

Pour conclure vous l’aurez sans doute compris, je conseille chaleureusement la lecture de ce livre, et j’ai envie de conseiller également très vivement l’écoute de l’émission radio du même nom. L’un comme l’autre sont passionnants.

* si, si, même les silences ! :-)

 

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21 novembre 2019 4 21 /11 /novembre /2019 08:34

 

« Les femmes ont une tuyauterie interne très compliquée qui me fascine. »

 

Sam Peckinpah, réalisateur à l’âme de plombier romantique.

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