Le lundi 15 mai 2023, à la Défense Arena, avait lieu le second concert parisien de la tournée mondiale 2023 de Bruce Springsteen and The E Street Band.
Ok, je suis un peu en retard pour en parler. Je vous prie de bien vouloir m’en excuser. Mais mieux vaut tard que jamais, non ?
D’autant que même avec un petit décalage temporel, fallait que je vous en touche un mot. Parce que ça n’est pas courant, ça n’est jamais une chose anodine, ou banale, de voir Bruce Springsteen en concert.
J’en ai déjà parlé sur ce blog, puisque ce n’est pas la première fois que j’ai la chance de le voir sur scène, et de ce point de vue vais-je peut-être, certainement, me répéter un peu.
Un spectacle de Bruce Springsteen, c’est à chaque fois un événement. Une fête. Et une fichue piquouze sonore d’un cocktail survitaminé à base d’endorphines, de dopamine et de sérotonine. D’une certaine façon, on pourrait comparer Springsteen à un chimiste fou qui aurait trouvé la formule la plus pure du plaisir et en ferait profiter son public par musicothérapie, à travers des séances de trois heures (minimum).
Bien plus efficace qu’une séance chez le psy, un concert du Boss on en ressort avec la banane, la pêche, la frite (selon que vous soyez des DOM-TOM, de métropole, ou belge). Il y a une énergie difficilement descriptible avec précision, une aura positive, un enthousiasme qui vous chopent et ne vous lâchent plus, vous plongeant dans un espace-temps à part pendant tout le temps du concert.
Et sachez qu’un concert de Springsteen commence bien avant que le premier « A one, two, a one, two, three, four ! » ne retentisse, et bien après que les lumières ne se rallument dans la salle. Un concert de Springsteen, ça commence quand il s’agit de trouver des tickets déjà… (et un immense merci à ma frangine pour s’être sacrifiée à la recherche des précieux sésames), puis dans l’attente que passent les mois qui nous séparent de la date quand on écoute fiévreusement le nouvel album et qu’on réécoute pour la millième fois au moins les précédents, puis dans la foule immense qui s’amasse le jour-dit à l’entrée de la salle, faisant monter doucement l’excitation en voyant qu’on est entouré, que dis-je, cerné de toutes parts par une marée humaine de gens exactement comme vous : fans du Boss. Ça me fait toujours bizarre de constater le nombre hallucinant de gens de tous âges et de toutes origines qui se retrouvent avec cette passion commune. Depuis le temps que j’arpente les allées de salles de concert, rarement j’ai pu voir une telle diversité dans le public, hommes comme femmes, jeunes comme anciens.
Comme pour ma première découverte en live de Bruce Springsteen, on a eu droit à une bonne pluie pendant l’attente en rangs d’oignons avant d’entrer dans la salle… histoire de se rafraîchir les idées avant que la température ne vire au brasier pendant le concert.
Dans ces moments-là, quand tu attends sagement que ça commence, que tu te cherches de quoi t’hydrater avant les hostilités, que tu fais la queue pour un t-shirt de la tournée… tu ne peux pas t’empêcher d’écouter ce qui se passe, se dit autour de toi. Et tu reconnais vite les « vieux de la vieille », ceux qui ont plusieurs dizaines de concerts du Boss au compteur, voire ceux qui ont dépassé la centaine pour les plus passionnés. Ça cause entre connaisseurs, les anecdotes s’échangent, les souvenirs heureux se partagent, et tout ça se raconte entre deux larges sourires, souvent les yeux mouillés de larmes aussi. Le public de Springsteen forme une communauté assez surprenante de ce côté-là. Le Boss n’est pas encore là qu’il fédère déjà des kilotonnes de bonnes ondes. On parie sur la future setlist, on espère que notre morceau préféré en soit, on évoque les concerts précédents, on compare les expériences… C’est ça aussi, un concert de Springsteen.
Et puis l’heure du début approche, le public commence à s’impatienter, fait du bruit pour le faire savoir, pour appeler l’artiste sur scène. «Hurry up Bruce, come on, on est là nous ! »
Enfin la lumière s’éteint dans la salle, le groupe arrive et s’installe : entre les cordes, les percussions, les claviers, les cuivres et les choristes, ils sont nombreux ! Bruce entre. La folie commence. C’est parti pour trois heures non-stop de pur bonheur.
Je ne vais pas vous raconter le concert dans ses moindres détails : déjà j’en oublierai à coup sûr la moitié, et puis surtout je ne parviendrai pas à en retranscrire l’énergie, la teneur, la symbolique et la qualité de l’échange qui s’opère entre l’artiste et son public. C’est de l’ordre du charnel, du psychologique, du sentiment amoureux, de l’extase, de la communion, presque du religieux. Tout ça à la fois, et bien plus encore. C’est pour ça : impossible à raconter avec fidélité. Un concert du Boss, ça se vit. Faut en avoir connu pour comprendre. Je peux difficilement en dire plus sur le contenu du spectacle, sinon qu’il vous emporte vite, fort et loin avec lui.
Et comme je le disais plus haut, ce qui est bien avec un concert de Springsteen, c’est que ça ne s’arrête pas quand l’obscurité de la salle disparaît après le dernier aurevoir du chanteur à son public. Ça continue avec la marée humaine de spectateurs qui se déverse hors de la salle et envahit l’esplanade de la Défense, ça reste en tête quand on va manger, quand on se couche, quand on se réveille et qu’on prend le train pour rentrer chez soi. Ça ne s’arrête jamais vraiment en fait. C’est gravé et on s’en souvient avec ferveur longtemps après.
Il n’y a plus qu’à espérer que j’aie la chance de revivre ça encore à l’avenir. Parce que mine de rien, il a beau être éternel le Boss, il ne rajeunit pas. Et moi non plus...
PS : Encore et toujours un immense merci pour toutes les si chouettes photos fournies par ma petite sœur, toutes celles qui illustrent l'article sont d'elles, sauf la photo vue de scène qui est une photo officielle de la soirée récupérée sur le site www.brucespringsteen.net, et celle vue de l'arrière de la salle postée sur internet par un illustre inconnu qui n'a pas laissé de nom...