Quand je cause d'un film, je fais souvent des articles plutôt longs, et pas toujours en phase avec l'actualité du moment. Dans cette page d'avis vite dits je me propose de faire exactement l'opposé : quelques mots rapides pour donner un avis sur ce que je viens de voir. Certains films feront peut-être par la suite l'objet d'articles plus complets, ou pas. Cette page est donc mise à jour en même temps que l'encart "Vu récemment" qui pointe vers elle...
Orange Is The New Black saison 5 : Chaque année vers le mois de mai-juin Netflix nous propose un rendez-vous fort agréable avec les héroïnes de sa série carcérale, Orange Is The New Black. C'est déjà la cinquième saison et avec le temps cet univers de prison pour femmes m'est devenu familier. Les personnages sont évidemment le point fort de ce récit en huis-clos, et si on commence à bien toutes les connaître on a encore ici ou là de jolies surprises avec des personnages secondaires mis en avant le temps d'un épisode truffé des flashbacks qui nous permettent de mieux les découvrir avant qu'elles ne finissent sous les verrous. Cette année j'ai particulièrement apprécié le segment consacré à Frieda et son passé de petite fille entraînée à la survie par son père un peu frappadingue. Évidemment avec le temps les recettes de la série sont un peu connues et peuvent même apparaître comme répétitives, et il faut bien avouer que cette cinquième saison manque un peu de souffle. Le parti pris d'étaler sur 13 épisodes entiers l'émeute qui démarre à la fin de la quatrième saison fait que le rythme n'est pas des plus soutenus et qu'on a un peu l'impression de diluer l'intrigue (et en même temps de réduire son impact émotionnel). Cependant il reste de belles choses dans cette saison, en particulier les réflexions sur l'état de l'univers carcéral aux USA, la gestion des prisons et la façon dont sont traitées les détenues. On rit un peu moins, la tension souffre un peu de la dilution de l'intrigue, la multiplication des personnages est à double-tranchant : certains épisodes sont clairement plus intéressants que d'autres. Mais dans l'ensemble Orange Is The New Black reste une série très agréable à suivre. J'espère seulement que la sixième saison saura rebondir et proposer du neuf et retrouver du rythme pour ne pas qu'on se lasse trop vite de nos détenues en orange préférées...
The Leftovers saison 3 : Voici donc la troisième saison tant attendue de cette série hors-norme qu'est The Leftovers. Et avec elle la conclusion à l'histoire qui m'aura tenu en haleine par ses mystères et ses rebondissements. Conclusion que je craignais autant que je l'attendais, par peur de la déception justement, le fameux syndrome Lost... Et donc en seulement 8 épisodes, on a une fin absolument parfaite de maîtrise, de tenue, d'efficacité, de justesse et d'impact émotionnel. On passe du rire aux larmes, de la légèreté à la gravité, du réalisme à la folie, de la tristesse mortifère au souffle de vie enthousiasmant. C'est vraiment du très grand art, et mes craintes, pourtant présentes jusqu'à l'avant-dernier épisode ont volé en éclat à la vision de l'épisode conclusif. Je ne m'attendais honnêtement pas à ce que j'ai vu, mais j'ai été totalement et positivement convaincu par cette fin inattendue. The Leftovers aura su pendant 3 saisons entières me surprendre de la première à la dernière minute. Et pas seulement à me surprendre d'ailleurs, elle a éveillé en moi une foule d'émotions intenses, mais aussi de réflexions sur la vie, la mort, l'amour, les croyances, les certitudes, le deuil, et ce qui reste de nous chez les autres quand on n'est plus là. À ce titre je classe cette série parmi les plus intenses que j'ai pu voir, toute proche du niveau de celle qui a mes yeux reste insurclassable, à savoir Six Feet Under. C'est dire le niveau de The Leftovers. Cette série est non seulement à voir absolument, mais à revoir, à méditer, à digresser, à discuter, à savourer, à partager. C'est le top du top de ce qu'on peut voir depuis les 10 dernières années à la télévision. Et c'est un amateur de série de qualité qui vous le dit : si ce n'est déjà fait, regardez d'urgence The Leftovers !!!
Wonder Woman : Dans le genre super-héros, Marvel / Disney a pris une très grosse avance sur son concurrent direct, DC Comics / Warner. C'est pourquoi on voit arriver de très grosses licences de chez DC avec Batman, Superman, la JLA bientôt et ici Wonder Woman. Logique de la voir dans son propre film puisque c'est un des plus importants personnages de DC, mais c'est aussi risqué et un sacré pari car jusqu'ici personne n'avait osé faire un film de cette envergure avec pour héroïne principale une femme qui porte tout le film à bout de bras. Qui plus est avec Gal Gadot comme interprète, une ex-mannequin qui commence doucement à étoffer sa filmographie mais reste une relative inconnue aux yeux du grand public. Et cette fois on peut dire que le pari est gagnant puisqu'à l'arrivée le film tient à la fois ses promesses et son rang de locomotive pour DC / Warner. Si ce film fait moins dans la noirceur qu'on a vue jusqu'à présent dans les adaptation de l'univers DC Comics, il reste dans les canons de la firme. Les râleurs diront que DC a un peu copié Marvel en ajoutant une touche d'humour aux tribulations de sa super-héroïne, et que le contexte de la première guerre mondiale n'est pas sans rappeler visuellement à l'écran ce qu'a été le premier Captain America, mais si les points communs sont là et indiscutables, Wonder Woman tire son épingle du jeu en proposant en plus de cela une identité propre au film. Le simple fait que le héros soit une héroïne, c'est peut-être bête à dire, mais ça change déjà beaucoup de choses dans l'approche et l'ambiance générale du film et de la narration. Après on reste dans un film de super-héros grand public, certains codes sont respectés et il ne faut pas croire que parce que c'est une femme à l'écran que tout absolument tout va en être bouleversé pour autant. Mais les différences sont notables et le résultat plutôt bon. Ce qui va avoir pour répercussion à coup sûr l'arrivée sur le grand écran de super-héroïnes qui vont elles aussi pouvoir tenir le premier rôle, puisque la preuve est faite, et bien faite, qu'un film de ce type peut lui aussi cartonner en salles.
Barbecue : Les films avec Lambert Wilson se suivent mais ne se ressemblent pas du tout, et c'est tout à l'honneur de ce comédien caméléon de se confronter à des genres et des personnages très différents les uns des autres. Ici on est dans un film de potes assez classique, si ce n'est que la génération concernée dans Barbecue est celle qui aborde la cinquantaine. Bref, ceux qui vieillissent ostensiblement mais ne veulent pas l'accepter car ils se sentent encore jeunes. Comédie à la française comme on sait bien les faire, ce film n'échappe pas à la règle : on a tous les ingrédients du genre avec des personnalités diverses et très marquées, les histoires de coeur inévitables, les vacances entre amis qui sont l'occasion de rires et d'engueulades, et puis surtout le personnage principal qui pète un câble et change du tout au tout. Ici c'est le personnage de Wilson qui suit ce chemin : sportif assidu et maniaque de la santé il fait un infarctus à l'aube de ces 50 ans. Il décide alors que tous les efforts et les privations qu'il s'est imposées toute sa vie croyant ainsi se garantir une santé de fer étaient une erreur et prend le contre-pied de ses habitudes : il se lâche, profite de la vie et de ses excès sur tous les plans. Il redevient dans son comportement l'adolescent qu'il n'a jamais été, avec le recul et la réflexion de l'adulte de 50 ans qu'il est devenu. Ce qui est l'occasion de très beaux échanges, de dialogues savoureux et de situations drôles et qui donnent à penser en même temps. Certes le film navigue un peu en terrain connu, ou tout du moins voit-on arriver certains événements sans trop de surprise, mais c'est fait avec un humour qui m'a plu, un discours général plutôt intéressant, et pas trop de manichéisme dans la façon d'aborder les choses de la vie. Au total on a donc un chouette film de potes, une bonne comédie comme on les aime et surtout une belle brochette d'interprètes qui ont l'air de bien s'amuser à tenir leurs rôles. Très agréable !
L'Odyssée : Le Commandant Cousteau, c'est toute une part de ma jeunesse. La part qui touche au rêve, à la découverte, à la curiosité. Le type à l'air de prof qui vous montre des choses incroyables à la télé, des lieux insoupçonnés, des profondeurs abyssales jusqu'à la mer arctique. Des types qui nagent avec des requins, chantent avec des baleines, jouent avec des dauphins, filment des poissons et poursuivent des pieuvres à travers un nuage d'encre... Quand on est môme certaines images vous marquent, vous surprennent et vous impressionnent. Pourtant depuis lors on en a vu des choses, bien plus fortes et impressionnantes, mais les images vues enfants ont cette puissance supplémentaire qui les font s'imposer aux autres dans nos souvenirs. Bref tout ça pour dire que le sujet ne me laissait pas indifférent à la base. Ce qui marque surtout, c'est que le Commandant Cousteau est abordé par son côté humain, pas par l'image qu'il voulait donner et a laissée dans l'inconscient collectif. C'est un homme pas le type de la télé qu'on voit dans ce film, et c'est ce qui rend le film très intéressant. Son rôle de père en particulier est montré sans ambages ni concession, et il n'a pas été le meilleur père qui soit c'est le moins qu'on puisse dire. On y comprend aussi l'ambition qui l'habitait, ses motivations qui ont évolué avec le temps pour radicalement changer sur la fin de son existence et grâce à la confrontation d'idées qu'il a eu avec son fils justement. C'est un beau film qui montre l'envers du décor, sans enluminures mais sans accuser non plus, un film qui met en scène un homme hors du commun dans ses rêves et son impact sur la société française mais aussi un type normal au quotidien, et à ce titre complexe. J'ai vraiment beaucoup apprécié la prestation de Lambert Wilson qui film après film démontre s'il en avait encore besoin qu'il est un comédien de tout premier ordre capable de vraiment tout jouer. Beau film, sans grand suspens (puisqu'on connaît tous la fin) mais qui ménage tout de même de très belles surprises. À voir !
USS Indianapolis : Men of Courage : Voici un film assez étrange, mélange de film de guerre, de requins et même de tribunal sur sa fin... Et comme il n'est plus à cela près, c'est Nicolas Cage qui vient y cabotiner et y trainer sa moue de type sérieux (ça fait partie de son registre d'acteur, ça tombe bien !). Mis en scène par un autre trublion inclassable du cinéma américain, Mario Van Peebles, ce film est un peu fouilli, voire brouillon par moments, et nous perd un peu tant il essaie de jouer sur plusieurs tableaux. Le côté reconstitution historique est plutôt bien fait, ça manque un peu de moyens et ça se sent dans certains plans à effets spéciaux, mais ça reste digne dans l'exécution. C'est le mélange avec l'aspect "journal intime" du commandant de bord interprété par Cage qui donne un résultat hybride quelque peu déconcertant... La partie durant laquelle on assiste aux attaques de requins est finalement relativement sobre, je pensais que ça allait souligner l'aspect nanar du film mais pas tant que ça somme toute. Puis cela se termine par l'introspection du commandant et la partie procès d'après guerre, qui a l'air d'être un morceau séparé avec une ambiance toute différente, encore une fois c'est déconcertant. Cela donne une succession de scènes très différentes de styles et de genres très différents, sorte de patchwork hétéroclite qui peine à faire un film complet et unique. On y détecte très souvent des plans ou des scènes types qu'on retrouve dans les films connus et emblématiques des différents genres approchés, parfois cela fait l'impression d'être plus qu'une simple inspiration d'ailleurs...
Le film à l'arrivée n'est pas mauvais, il est juste tellement hybride qu'il en devient bizarre, mais c'est aussi ce qui le sort de l'ordinaire : plutôt qu'un cliché de film d'un genre bien précis, c'est un enchainement de clichés de films de tas de genres différents, et de genres qu'on aurait pas forcément vus se côtoyer du reste. Bref, expérience bizarre mais pas déplaisante, une curiosité.
Une Histoire Vraie : Cela faisait des années que je voulais voir ce film de David Lynch, oeuvre qui dénote complètement du reste de sa filmographie tant on est dans le réel et le concret les plus absolus contrairement à son habitude. J'ai donc profité des nombreuses heures de vol durant mon tour du monde pour le regarder sur mon ordinateur... Et je n'ai pas du tout été déçu, bien au contraire ! J'ai adoré cette histoire toute simple d'un vieil homme qui sent que la fin de son existence approche et qui décide d'aller voir par ses propres moyens son frère éloigné de plusieurs centaines de kilomètres de chez lui et avec lequel il n'a plus de contact depuis des années et la fâcherie qui les a séparés... Mais le temps est compté, les deux frères ont la santé qui flanche de plus en plus... On va ainsi partir sur la route avec ce vieux bourru qui vit là le voyage certainement le plus important de sa vie. On ne va rien voir d'incroyable, d'extraordinaire ou de phénoménal, juste un morceau de vie au contact direct de la terre et des gens. Pas larmoyant pour un sou, pas donneur de leçons non plus, Lynch semble même essayer de faire tout ce qu'il peut pour fuir les bons sentiments (auxquels on se surprend pourtant à se trouver enclin au fur et à mesure du film) et se borner à raconter une histoire simple, mais vraie. Vraie dans le sens profondément humaine. J'ai beaucoup aimé ce film, comme je peux aimer dans un registre très différent certaines de ses oeuvres plus délirantes et oniriques (Mulholland Drive en tête). David Lynch prouve ainsi qu'il n'est pas l'homme d'un genre unique, et que son talent de narrateur peut aussi bien se mettre au service d'une histoire très simple et directe, avec autant de réussite que lorsqu'il met en scène des scénarios plus complexes et conceptuels. Une Histoire Vraie est un vrai beau film !
Swiss Army Man : Encore un film complètement hors-normes !! Hank, naufragé au bout du rouleau tente de se suicider. C'est alors qu'il découvre un cadavre sur la plage de son île. Cadavre mais pas si mort que ça pour autant : répondant au nom de Manny il se révèle très utile pour tout un tas d'activités, et Hank s'en sert comme d'un couteau suisse tant il y a d'applications insoupçonnées auxquelles le corps de Manny se prête. Oui c'est barré déjà rien qu'à l'écrire, alors le voir... Première utilisation du cadavre : en jet ski, mû par la puissance de ses gaz sans fin. Mais aussi en fontaine à eau (si), en boussole (si-si) et même en mitraillette (si-si-si). Vraiment ce Manny, un vrai cadavre à tout faire, faut juste le porter partout parce qu'il ne marche pas ce feignant. Bon, c'est vraiment très original comme concept, et par certains côtés très osé. Mais faut vraiment accepter beaucoup de choses pour regarder ce film en entier. On peut y deviner une sorte d'allégorie, de métaphore et de réflexion sur le monde moderne et les relations humaines, c'est même assez évident en fait. Mais c'est quand même un drôle de biais pour en parler faut avouer. Ce n'est pas complètement ridicule même si ça en frôle régulièrement les limites (et ça empiète même un peu dessus pour tout dire), mais une chose est sûre et certaine : c'est méchamment gonflé. Alors si vous voulez voir un truc que vous n'avez encore jamais vu, et qu'à mon avis vous ne verrez plus jamais, laissez vous tenter par la curiosité et jetez un oeil à ce Swiss Army Man. Si au premier pet ravageur de Manny vous tenez le coup, vous arriverez jusqu'à la fin du film, sinon laissez tomber. Mais vous le saurez rapidement, c'est déjà ça de gagné. Un OFNI un vrai.
Willy 1er : Que voilà un petit film inattendu et qui sort des sentiers battus ! L'histoire de Willy, dont le frère jumeau se suicide en le laissant seul alors qu'on devine qu'ils avaient toujours vécu en vase relativement clos. Mais Willy du haut de sa cinquantaine bien entamée le dit tout net à ses parents et à sa tutrice qui l'aide à gérer son budget : "À Caudebec, j’irai. Un appartement, j’en aurai un. Des copains, j’en aurai. Et j’vous emmerde !" Bon ce ne sera pas aussi facile à faire qu'à dire, mais Willy a de la suite dans les idées. Ce petit film m'a un peu fait penser à ce que réalisent des mecs du Groland, genre Delépine et Kervern : c'est rugueux, c'est cash, c'est dérangeant, mais c'est surtout très vrai et ça montre ce qu'on ne montre jamais d'habitude : la pauvreté, aussi bien financière qu'intellectuelle ou culturelle. Alors certes ça ne se regarde pas du tout comme une grosse comédie qui tâche, bien au contraire, on rit moins souvent qu'on n'est ému ou dérangé par les protagonistes, bien souvent même on a surtout pitié de Willy et de son entourage. N'empêche qu'il y a un parfum d'authenticité qui fait qu'on ne peut pas ne pas regarder... En tout cas avec moi ça a fonctionné. Après je n'en ferai pas un film culte ou de chevet, mais c'est bien aussi de laisser de la place pour des oeuvres différentes de ce genre-ci. Et j'en suis encore à me poser la question : Daniel Vannet dans le rôle titre est-il filmé au naturel ou alors un sacré bon comédien ? À découvrir si vous n'êtes pas trop frileux...
Legion saison 1 : Plutôt étonnant le choix du personnage de David Haller, alias Legion comme héros de la nouvelle série estampillée Marvel (mais chez FX cette fois, pas chez Netflix). Étonnant car ce personnage n'est pas très connu, et même pas utilisé couramment dans les comics (il a eu récemment sa mini-série et a été à l'origine du fameux Age of Apocalyps il y a une vingtaine d'années déjà, mais reste un personnage avec lequel les scénaristes ne sont pas totalement à l'aise : trop puissant, trop complexe et trop fou tout simplement). Pourtant David est intéressant à la base puisque son pouvoir mental est immense et surtout il est atteint de schizophrénie et soumis à de multiples personnalités qui prennent tour à tour le contrôle de son esprit. Et c'est bien dans cette direction (qui peut vite devenir casse-gueule, il faut donc souligner le courage des scénaristes de l'aborder sous cet angle) que va la série FX : toujours aux limites de la folie, voire même bien dedans comme il faut d'ailleurs, ce qui donne des épisodes étranges, hors du commun et totalement imprévisibles ! C'est à double-tranchant cependant : on peut se permettre des choses superbes aussi bien visuellement que narrativement, mais on peut aussi sombrer dans trop de complexité et de faux-semblants au risque de perdre le spectateur... Certains épisodes souffrent d'ailleurs de ce double syndrôme : hypnotisants mais parfois trop conceptuels pour pouvoir se raccrocher à un fil cohérent et évident de narration. Il ne faut pas s'endormir si on veut suivre, et la durée et le rythme de certains épisodes n'aident pas il faut bien le dire ! Mais dans l'ensemble cette série est une belle surprise, complètement à part dans l'univers des séries de super-héros, même si David Haller en tant que fils caché de Charles Xavier devrait être raccroché à l'univers des mutants des films X-Men... J'ai été surpris par le ton et le rythme, content de voir quelque chose qui sort des sentiers battus mais parfois un peu perdu me demandant où les showrunners voulaient vraiment en venir. La seconde moitié de la série est à ce titre plus réussie car on commence à comprendre les enjeux et les motivations des uns et des autres. Je suis curieux de voir la seconde saison et le chemin que va prendre la série pour sa suite...
The Walking Dead saison 7 : La toute fin de la saison 6 nous avait laissés sur un suspens insoutenable : on savait que Negan s'était défoulé à la batte sur un des membres du groupe de Rick, mais on ne savait pas sur lequel. Le premier épisode de la septième saison a répondu à la question et de bien belle manière !! J'avais pour ma part très peur que la production choisisse la facilité en s'attaquant à un personnage secondaire, et au final j'ai été plus que positivement surpris de voir que non, que l'impact de Negan dans l'histoire allait être au moins à la hauteur de ce qu'il représente dans les comics d'origine, mémorable. Jeffrey Dean Morgan n'a certes pas le physique de déménageur du Negan en papier, mais il a un fichu charisme et ce regard de dingue qui prend son pied à pousser le sadisme toujours plus loin. Premier épisode donc tout à fait réussi, dépassant même mes attentes. La suite est un peu moins palpitante : on se perd dans pas mal de sous-intrigues liées à différents personnages (un épisode entier centré sur Tara par exemple, pas inintéressant mais quand même ça dilue beaucoup l'action), on sent que les scénaristes tentent de faire monter la sauce et la tension pour déboucher sur une inévitable confrontation qui fera très mal de part et d'autre. L'ensemble reste cohérent, mais parfois on aurait envie d'appuyer un peu sur l'accélérateur. L'évolution qui m'a bien plu, c'est celle de Eugène qui varie du comic book et qui pousse la logique du personnage plus à fond, de manière dérangeante mais crédible. D'autres digressions par rapport à la BD m'ont paru beaucoup moins utiles, la communauté de femmes qui vivent retirées par exemple a l'aspect d'une idée sympa mais n'apporte rien finalement. Idem pour le groupe vivant dans la décharge. Bref, après un redémarrage sur les chapeaux de roue, cette saison propose plusieurs épisodes nimbés d'un certain flottement narratif étonnant et qui tranche avec le premier épisode. Du bon et du moins bon tout du long de la saison donc. Mais à n'en pas douter, l'affrontement final entre les Sauveurs et les différents groupes alliés autour de Rick promet un début de saison 8 certainement très mouvementé, à ne pas rater donc !
Iron Fist saison 1 : Dernier super-héros en date dans l'univers Marvel chez Netflix, j'avoue que Iron Fist m'intriguait pas mal. D'abord parce que tel quel, le personnage me semblait un peu difficile à adapter sans rapidement tomber dans le ridicule, car Iron Fist c'est quand même un peu Bruce Lee mixé avec Bruce Wayne et à qui on colle un collant jaune et vert bien flashy, tout droit sorti des années 70. Et bien en fait, j'aurais préféré que ce soit ça à vrai dire ! À la place on a droit à un beatnik qui fait au choix penser à un clodo métrosexuel ou à un bobo hipster qui serait passé sous le bus. Non vraiment, côté casting, on aurait pu trouver mieux pour l'interprète de Danny Rand. Et puis il lui manque quand même deux-trois trucs un tout petit peu indispensables pour le rôle : un physique athlétique (on lui demande pas d'être un bodybuilder boosté aux amphétanimes mais quand même un petit peu mieux dessiné qu'une biscotte ça l'aurait fait) et une maîtrise des arts martiaux (là encore au moins être ceinture jaune de judo quoi). Ça aurait pu ainsi faire oublier les manques qui se révèlent ailleurs, genre dans le domaine de l'art dramatique. Bon là, pour relativiser la chose, faut dire aussi que les acteurs n'ont pas été aidés par les scénaristes qui ont réussi à pondre quelques dialogues absolument affligeants de banalité, de naïveté et d'indigence. Bref, il y a un certain cumul de points faibles dans cette série qui m'a plus d'une fois fait tomber les paupières et sombrer dans un profond sommeil. Allez, on va sauver au moins le personnage de Colleen Wing qui ne brille pas par sa finesse mais qui au moins donne le change physiquement. Et puis Rosario Dawson, pas parce que son personnage de Claire Temple serait au-dessus du lot dans le traitement réservé par les scénaristes, mais parce que c'est Rosario Dawson et que c'est déjà beaucoup. Ça fait pas bézef hein. Après je ne vais pas non plus crier à la catastrophe, j'ai vu pire, mais franchement je m'attendais à beaucoup mieux de la part de Netflix au regard de ce qu'ils nous ont déjà servi dans le Marvel universe. J'ose espérer que la série consacrée à mon très cher Punisher sera d'un autre niveau. Et je suis curieux (mais circonspect) de voir ce que l'addition des héros de toutes les séries Marvel de Netflix va donner dans The Defenders. Le meilleur comme avec Daredevil ou le pire comme avec Iron Fist ? En tout cas cette série-ci aurait bien gagné à troquer une dose de niaiserie contre une dose de baston, quitte à paraître plus bourrine. Parce que là ce n'est pas convaincant du tout, et c'est très dommage, il y avait malgré tout des ingrédients intéressants et un potentiel à surprendre.
The Fall saison 3 : Dernière saison de The Fall qui aurait très bien pu selon moi se terminer lors de la seconde saison (volonté de rallonger la sauce face au succès ou développement prévu depuis le début par la production ?), cette troisième saison reprend à l'endroit même ou la seconde s'arrêtait. Un peu lente à redémarrer cependant, j'ai trouvé que dans sa première moitié la saison 3 aura souffert d'un manque de rythme. Et d'une vraie perte d'intensité dans ses enjeux également, par rapport aux saisons précédentes en tout les cas. Jamie Dornan reste un tueur d'une froideur et d'une intelligence aussi impressionnantes qu'il est séducteur et détraqué. Il donne un vrai cachet par son charisme au personnage qu'on peut presque apprécier lors de certaines scènes tant il sait faire preuve d'un double-jeu bluffant. Gillian Anderson en commissaire teigneuse est un peu moins impressionnante car elle a déjà montré tout ce dont elle était capable dans les deux premières saisons et son personnage étant assez monolithique elle ne surprendra plus guère dans cette dernière saison. Mais elle reste solide dans son rôle, rien à redire de ce côté. Même les personnages secondaires sont moins mis en avant et du coup on perd un peu sur le radar certains comédiens qui s'étaient fait remarquer positivement lors des précédentes saisons. Bref, malgré les seulement 6 épisodes que dure cette saison, on s'enlise un peu, on se répète aussi parfois, mais surtout on a du mal à y trouver autant d'adrénaline que précédemment, ce qui est un peu dommage. L'aspect psychologique quant à lui reste bien là et continue d'être bien développé, mais ça ne suffit pas à maintenir l'ensemble au niveau des premières saisons. Moins de suspense, une action beaucoup plus diluée, il n'y a que dans le dernier tiers que les choses bougent vraiment et évoluent suffisamment pour vraiment être dignes d'un intérêt à 100% du spectateur. La saison de trop ? Oui et non : au moins The Fall ne sera pas tombée dans le piège du toujours plus (on aurait pu craindre que le tueur s'échappe à nouveau et soit insaisissable une fois de plus, ce qui aurait manqué de crédibilité au regard de tout ce qui s'était passé auparavant et qui jouait beaucoup sur un côté très analytique et réaliste de la situation), mais aura au contraire tenté de rester dans une certaine cohérence et de parler de l'après arrestation en restant posée et objective, sans jouer l'exagération et la surenchère (alors que la personnalité du tueur s'y serait prêtée si les scénaristes avaient voulu emprunter les voies de la facilité). Malgré tout en comparaison avec les 2 premières saison, cette dernière volée d'épisodes reste en retrait du point de vue le l'intensité narrative, ce qui me semble préjudiciable. Pour autant ça se laisse tout à fait regarder, ça n'est pas mauvais du tout et la toute fin est plutôt bien menée. Mais ça reste un peu en demi-teinte, dommage.
The Booth at the End saison 2 : L'homme au livre couvert de cuir a changé de restaurant, mais il occupe toujours la banquette du fond, et il est toujours partant pour offrir la réalisation d'un voeu contre une mission à remplir. Dans cette seconde saison, on croise un gamin d'une dizaine d'années avec son copain qui veut faire revenir son père, parti en le laissant avec sa mère. Il devra pour cela retrouver une personne disparue et la ramener à sa famille. Il y a une jolie hispanique qui veut rendre heureuse sa mère et qui devra pour ça faire pleurer 5 personnes de son choix. Il y a un jeune homme qui veut ne jamais vieillir ni mourir et sa mission est de marquer 3 personnes de son choix. Il y a une mère qui veut guérir sa fille atteinte d'une maladie génétique et qui devra pour cela capturer et torturer une femme. Il y a un vieil homme qui veut d'abord protéger ses petits-enfants d'une communauté religieuse puis carrément éradiquer tous les croyants de cette religion, il devra pour cela commettre un massacre et tuer en public 22 personnes. Il y a une jeune fille qui veut échanger sa place avec une autre jeune femme morte à sa place, elle devra pour cela trouver une raison valable de vivre. Il y a un homme marié depuis 20 ans qui veut effacer cette période sa vie et la remplacer par un autre mariage avec une autre femme, il devra pour cela trouver et servir sincèrement une puissance supérieure. Il y a une femme banale dont le rêve est d'être aimée, elle devra approcher et faire des avances sexuelles à un certain nombre d'hommes qu'elle ne connaît pas. Et enfin il y a l'homme du restaurant lui-même qui désire comprendre ce qui motive profondément les gens qui viennent le voir et qui passe un marché pour lui-même, il devra pour cela aider une des personnes qui vient le voir alors qu'il ne s'implique jamais en temps normal. Le concept de cette série me plaît toujours autant, et de plus il permet des variations quasiment à l'infini, ce dont la série ne se prive pas. La variété de personnages et de voeux est vraiment très intéressante et le traitement en scènes courtes (et qui font rapidement évoluer les positions et les situations de chaque personnage) est un vrai plaisir à regarder puisqu'encore une fois, les voeux et missions s'entremêlent de façon parfois assez inattendue. Cette petite série reste une pépite en terme d'idées à mes yeux, et il est très dommage qu'elle n'aura duré que si peu de temps (la seconde saison est aussi la dernière), car si le huis-clos et le format court dénotent un certain manque de moyens, la qualité des idées, de l'écriture et de l'interprétation montrent qu'on peut être ambitieux même avec trois bouts de ficelles et un bon scénario derrière. On sent avec The Booth at the End toute la puissance d'un concept original et bien écrit, et le potentiel énorme qu'il restait à découvrir encore là-dedans. Très clairement, l'idée ferait également un très bon roman ou même une franchise littéraire à défaut de série télévisuelle, dommage que personne ne l'ait reprise au bond. En tout cas moi ça m'affole l'imagination et me donne plein de pistes d'idées à développer, Excellente petite série !!
Chacun sa Vie : Je suis un inconditionnel de Lelouch. J'essaie de ne pas rater ses nouveaux films à leur sortie, aussi je suis allé très vite voir celui-ci car je sais d'expérience qu'ils ne restent pas toujours très longtemps à l'affiche. Avec Chacun sa vie on retrouve un des exercices favoris de Lelouch, le film choral qui brasse un très grand nombre de personnages. On aborde chaque personnage par l'intermédiaire de tranches de vie, qui parfois se croisent, se séparent ou s'entrechoquent le temps d'un moment les uns les autres. Ce qui fait la force du film c'est avant tout son casting pléthorique. Le talent des comédiens également. La relative liberté d'interprétation qu'ils ont toujours chez Lelouch aussi, cela donne souvent de très bonnes voire d'excellentes choses. Habituellement une des forces de Lelouch c'est aussi son scénario. Ici j'ai été moins conquis que d'habitude sur l'ensemble. Il y a de très bonnes scènes, de chouettes idées, et plusieurs fois je n'ai pas pu m'empêcher de m'esclaffer de rire. Mais je n'ai pas retrouvé avec autant de force que de coutume le liant entre tous les personnages et toutes les différentes situations qui donne d'habitude une énergie folle et un esprit de cohérence au film. Par moment je l'ai trouvé décousu, en tout cas certaines scènes et certains personnages m'ont beaucoup moins touché et intéressé que d'autres. Et j'ai trouvé les divers liens reliant les personnages parfois moins clairs et parlants qu'à l'accoutumée, presque un peu artificiels quelques fois. Il y a comme toujours de jolies réflexions sur ce qu'est l'amour et au-delà, sur ce qu'est une relation entre un homme et une femme (mais aussi entre deux femmes ou deux hommes pour une fois, la manif pour tous a dû passer par là et inspirer Lelouch sur ce coup). J'ai vraiment adoré tout ce qui tourne autour du sosie de Johnny Hallyday, et j'ai trouvé l'idée de faire jouer à Johnny lui-même le rôle d'un de ses sosies absolument géniale, les situations provoquées par ce truchement m'ont beaucoup fait marrer. J'ai aussi été bluffé par la prestation de l'avocat Éric Dupond-Moretti qui s'essaie avec brio à la comédie dans ce film. J'ai adoré revoir Nadia Farès qui est décidément gravement sous-employée dans le cinéma français (mais bon j'ai toujours été sous le charme de cette nana, ça influe peut-être aussi un peu mon jugement...). Béatrice Dalle m'a beaucoup surpris et Philippe Lellouche m'a bien fait rire le temps d'une scène-gag. Stéphane De Groodt et Marianne Denicourt promènent leur classe dans leurs quelques scènes respectives. Bigard fait du Bigard et Christophe Lambert reste un peu abonné aux rôles dramatiques qu'il assume toujours avec un acharnement qui force le respect, certainement histoire de prouver qu'il est un vrai comédien avant tout et qu'il peut tout jouer lui qui a été tant décrié par le passé. Dujardin et Duléry ont des rôles un peu trop en retrait, leurs personnages ne sont pas du tout développés mais c'est très sympa de les retrouver au détour des scènes liées à Johnny. Malgré la différence de temps de présence à l'écran, on sent bien que tous les comédiens sans exception participent avec bonheur et se font plaisir dans leurs scènes, c'est une constante du cinéma de Claude Lelouch. Alors dans son ensemble j'ai apprécié le moment passé en compagnie de cette joyeuse bande, moment qui passe vite ce qui témoigne du fait qu'on ne s'ennuie pas du tout, mais pour autant ce film est loin d'être parmi les meilleurs et les plus touchants de son réalisateur star. Mais quoi qu'il en soit, un Lelouch, je prends toujours ça positivement, celui-ci n'échappe pas à la règle.
The Booth at the End saison 1 : Repérée depuis longtemps, je me suis enfin lancé dans cette toute petite série (5 épisodes d'une vingtaine de minutes par saison). Le pitch de départ : au fond d'un petit restaurant routier américain, un homme occupe toujours la même table, à toute heure de la journée. Cet homme peut exaucer tous vos souhaits. Il passe simplement un marché avec vous : après consultation de son mystérieux livre à la couverture de cuir, il vous assigne une mission, dès que vous l'aurez remplie votre voeu sera exaucé. Pas de négociation, la mission ne peut pas être modifiée ou échangée. Vous pouvez arrêter à tout moment, aucune obligation ne vous tient, aucune représaille ni aucune menace sur vous. La seule contrainte : venir régulièrement voir l'homme et lui raconter l'avancée de votre mission, ce que vous faites et ce que vous ressentez. Évidemment ça a l'air simple dit comme ça. Mais ça ne l'est pas tant que cela, et surtout les missions, inéluctablement, s'entrelacent et se croisent. Un père veut guérir son fils de sa leucémie. Il doit pour cela tuer un enfant de son choix. Une jeune femme veut devenir très belle, elle devra voler une grosse somme d'argent en braquant une banque. Une nonne a perdu sa connexion avec Dieu, pour l'entendre à nouveau au quotidien elle devra tomber enceinte. Un flic veut retrouver son fils délinquant avant que ce dernier ne finisse mal, il devra tuer quelqu'un. Un type pas très beau veut sortir avec la pin-up de ses rêves dont il a découpé la photo dans un magazine, il devra approcher et protéger une enfant désigné par l'homme. Une jeune femme veut venir en aide à son père endetté, elle devra choisir un reclus solitaire maladif et parvenir à le faire sortir de chez lui. Une vieille femme veut libérer son mari de la maladie d'Alzheimer, elle devra fabriquer et utiliser une bombe dans un lieu public... L'homme du restaurant ne prend jamais position sur ce qui est bien ou mal, il n'encourage pas, ne décourage pas, il laisse toujours le choix et le rappelle constamment. Les différents protagonistes sont placés face à des choix parfois très difficiles, et doivent se poser la question de ce qui compte réellement pour eux à tout moment, leurs positions pouvant évoluer... La série est un huis-clos dans le restaurant, les scènes se succèdent avec uniquement chaque personnage qui vient raconter où il en est de sa mission et comment les choses évoluent pour lui. Malin et très astucieux, le scénario pose des règles simples et qui donnent lieu à de très beaux développements de personnages et enchaînements d'événements. Évidemment dans cet exercice, l'interprétation compte aussi énormément, et le jeu d'acteur est au rendez-vous. Xander Berkeley qui incarne l'homme du restaurant, énigmatique au possible est vraiment très bon dans son rôle. Est-ce le Diable tentateur ? Un génie facétieux échappé d'une lampe magique qu'on aurait trop frottée ? Un être aux pouvoirs immenses qui fait une étude psychologique des désirs humains ? On ne sait pas, on ne saura pas. Une chose est certaine : réalisez votre mission et votre désir sera réalisé dans la seconde...
The Affair saison 3 : The Affair c'est simple depuis la première saison j'ai adoré. Pourtant on ne fait pas plus bateau et banal comme pitch de départ : un homme et une femme se rencontrent et s'aiment, alors qu'ils sont déjà chacun en couple. Oui une histoire d'amour et de cul en somme. Sentiments, sexe, tromperies, passions, familles, enfants, devoirs, envies, engagements, choix. Des ingrédients classiques et utilisés des millions de fois dans à peu près toutes les histoires qui mettent en scène un homme et une femme que ce soit en littérature, au cinéma ou dans une série. Pas de quoi se relever la nuit, au contraire, dit comme ça, ça aurait même plutôt tendance à endormir d'ennui que l'inverse. Et pourtant il n'en est rien. La forme comme le fond de cette série me plaisent et m'enchaînent à cette série tant j'ai envie de savoir ce qui va se passer et de comprendre les différents protagonistes dont aucun, vraiment aucun, ne saura me laisser indifférent. C'est juste une histoire humaine mais racontée avec intelligence et astuce (le coup des épisodes scindés en deux parties qui racontent chacune la version d'un personnage des mêmes événements reste d'actualité et ne s'essouffle pas au contraire), on parle de sentiments profonds et qui vont bien au-delà de la tocade ou de l'aventure d'un moment, on entrevoit ni plus ni moins que l'âme des personnages au travers de leurs failles et de leurs défauts qui mettent paradoxalement d'autant plus en lumière leurs qualités. Pas de gentils ou de méchants, juste des gens aux multiples facettes, complexes mais sincères, compliqués mais vrais. Dans cette troisième saison on part un peu dans une direction différente que les deux premières puisqu'il y a l'introduction de nouveaux personnages (dont un Brendan Fraser méconnaissable !) qui vont diversifier l'intrigue et l'emmener un peu ailleurs. Mais attention, si on pense parfois que les relations de départ entre les protagonistes ont bien changé par rapport au début de la série, on a régulièrement la preuve que rien n'est aussi simple et que les sentiments et les attirances sont beaucoup plus complexes que ce qu'on croit. Et c'est bien de cela qu'il s'agit dans cette série, apprendre à connaître l'âme humaine, le jeu des sentiments, l'interaction perpétuelle entre hommes et femmes à des niveaux qui parfois échappent simplement à toute logique. Moi qui ne suis pas du tout attiré par les histoires à l'eau de rose, les histoires d'amour qui ne se veulent que cela (dans le bonheur comme dans le drame peu importe), je dois dire que The Affair m'a cueilli comme je n'aurais pas cru. C'est intelligent, malin, fin, sans concession. Bref, j'attends de pied ferme la suite.
Logan : Gros coup de coeur 2017 ! Annoncé comme la dernière apparition de Hugh Jackman dans le rôle de Wolverine, Logan a promis dès sa mise en oeuvre qu'on aurait enfin droit à un mutant griffu plus proche de ce qu'il est dans le fond et tel qu'il est dans les comics. Sombre, violent, asocial, dur, badass. Et c'est exactement ce qu'il est dans le film, pour une fois (et contrairement aux deux précédents films qui lui ont été consacrés) les promesses ont été parfaitement respectées. On va même un poil plus loin qu'on aurait pu l'espérer, puisqu'on a droit une véritable atmosphère de désespoir et de noirceur tout au long du film qui prend place en 2029, dans un futur quasiment post-apocalyptique aux forts accents mad-maxiens et présentant des personnages en mode de survie désespérée qui ne croient plus en grand chose et qui fuient leur passé autant qu'ils se cachent dans leur présent (à ce titre on se rapproche du comic book Old Man Logan dont le film s'inspire en partie- mais en partie seulement). Logan n'est plus que l'ombre de lui-même, ses pouvoirs déconnent plein pot et il ne guérit plus aussi facilement qu'avant. Mais surtout c'est Charles Xavier qui présente un visage absolument inédit et très marquant, nonagénaire dépressif atteint de dégénérescence mentale, ses pouvoirs sont toujours aussi grands mais il en perd complètement le contrôle (quand alzheimer, parkinson et télépathie se partagent le même cerveau surpuissant ça peut vite mener au désastre) et sans que le passé soit raconté en détail en comprend à demi-mots que c'est Xavier lui-même qui est à l'origine de la destruction de son rêve et de la fin des X-Men. Dans cette fuite en avant vers une fin triste et inéluctable, Logan et Xavier vont rencontrer sur leur chemin la jeune Laura, gamine tout droit échappée d'un labo d'expérimentation sur les mutants, aux pouvoirs étrangement proches de ceux de Logan et prise en chasse par les reavers (des mercenaires cyborgs). Cela fait longtemps que Logan ne se considère plus comme un héros, mais Laura et Charles ne vont pas lui laisser le choix, il va devoir reprendre du service et empêcher que le pire n'arrive à la gamine et au vieillard qui l'accompagnent... Alors c'est bien simple, tout, absolument tout dans ce film m'a plu. L'image surexposée, le ton sombre, violent et désespéré, le traitement inédit des personnages (Logan est au bout du rouleau, mais c'est surtout un Xavier sénile et jurant qui m'a marqué !), l'action débridée, la bande son mémorable (la voix de Johnny Cash emballe une bande-annonce envoûtante et tout le métrage est de ce tonneau-là), l'histoire simple (on a à faire à une course-poursuite ni plus ni moins) mais jusqu'au-boutiste, le déroulement implacable de la narration et puis surtout l'interprétation qui est vraiment exceptionnelle qu'il s'agisse de Hugh Jackman et Patrick Stewart qui signent là des adieux déchirants à leurs personnages mais aussi de la petite Dafne Keen dans le rôle de Laura qui passe de l'innocence à la sauvagerie avec une belle aisance. De Wolverine au cinéma il me restera deux images iconiques : sa première apparition à l'écran au cours d'un combat dans une cage dans le premier X-Men et le Logan vieux et résigné de ce dernier film. Entre les deux 17 ans auront passé et le visage de Jackman restera à jamais associé au personnage qu'il aura incarné avec force et charisme tout du long. Vive Jackman, vive Stewart, vive Logan !!
The Driver : Mini-série britannique en trois épisodes, The Driver nous entraîne dans la vie rangée et un peu morne d'un chauffeur de taxi qui arrive dans la cinquantaine et mène une existence terne et de plus en plus dépourvue d'intérêt. Problèmes de famille, de couple, boulot merdique, reconnaissance nulle, il galère pour joindre les deux bouts et ne retire plus rien de positif de la vie. La sortie de prison d'un de ses anciens amis va le mener à glisser doucement dans un monde parallèle, celui de la petite pègre de sa ville en devenant le chauffeur attitré du parrain local et de son organisation. Au départ il ne s'agit que de conduire une belle berline allemande, mais bien entendu très vite ça dérape, et il va devoir s'investir au-delà de son simple rôle de chauffeur. Sauf qu'il n'est pas fait pour ça du tout, il n'est ni un criminel ni un tueur, et ses valeurs d'homme vont le mettre en porte-à-faux vis-à-vis de son employeur illégal. Malheureusement l'engrenage est enclenché, car on ne sort pas comme on veut de l'organisation criminelle, si ce n'est les pieds devant... On a ici une série comme savent en faire les anglais, du polar du quotidien, qui pioche à la fois dans la misère sociale et ouvrière d'un pays dont la couche populaire ne s'est toujours pas vraiment remise de la désindustrialisation mais aussi dans les promesses d'une vie meilleure pour un pauvre bougre moyennant quelques petits accommodements avec la légalité qui à première vue ne portent pas à conséquence. Pour se sentir revivre, pour regagner un peu de dignité et de reconnaissance auprès des siens et de la société, on peut facilement se laisser entraîner sur des pentes glissantes sans même s'en rendre compte avant qu'il ne soit trop tard pour cela... L'histoire n'est pas des plus réjouissantes, l'image est conforme à la réalité qui y est décrite, c'est-à-dire plutôt grise et morose, les personnages sont des gens normaux et de tous les jours (des gueules cassées, des visages où l'on peut lire l'usure du temps, pas de canons de beauté irréels ni de modèles inatteignables), le quotidien est tristement banal, mais l'ensemble donne un sentiment de réalité et de crédibilité convaincant, et facilite de ce fait l'identification au personnage. On sait confusément où tout cela va mener et on redoute autant qu'on devance ce qui va arriver, pourtant l'engrenage est là et le piège, inévitablement, va se refermer sur les protagonistes malgré leurs efforts pour s'en dépêtrer. Pas très joyeux donc mais plutôt bien mené et construit, la relative courte durée de la série fait que les événements s'enchainent sans temps mort et avec cohérence, on suit certes sans passion débordante ce qui arrive au anti-héros chauffeur mais avec un réel intérêt tout de même. Simple et plutôt bien interprété, sans prétention, c'est donc une très honnête mini-série de genre qu'on a là.
The Deleted : Très déroutant que cet objet télévisuel ! Huit épisodes d'une douzaine de minutes chacun, qui met en scène pas mal de personnages aux interactions pas très claires au départ (et même à la fin on n'est pas tout à fait sûr d'avoir tout parfaitement intégré). Écrite et réalisée par Bret Easton Ellis, cette mini-série est peu banale. Images souvent très belles, personnages tous jeunes et beaux, sexe omniprésent qui se veut dérangeant (et parvient à l'être par moment) bien qu'on devine quand même que sur certains points il y a eu des freins. Exemple frappant : toutes les actrices sont dignes de sortir des pages centrales d'un Playboy ou Hustler de luxe et se pavanent en petites tenues hyper sexe tout du long de la série, mais une seule d'entre elles a visiblement accepté de se foutre à poil entièrement puisqu'elle hérite de toutes les scènes de cul où on voit un nichon... Ou encore le personnage de la nana-robot qui pète un câble : c'est juste une bombe atomique et elle se promène toute la série avec des fringues qui ne laisse aucun doute sur le fait qu'elle ne porte aucun sous-vêtement (elle est suffisamment customisée pour que tout tienne seul en place !!), mais quand elle va se laver dans la piscine après une petite scène bien sanguinolente elle le fait... en soutif ! Alors pour un produit de base américain, il n'y a aucune surprise, c'est juste leur puritanisme bien hypocrite qui gagne encore et toujours du terrain à l'écran, mais de la part du sulfureux Bret Easton Ellis ça met très clairement en lumière un problème. Oui je sais, vous allez croire que je n'ai fait attention qu'à ça quand on voit les exemples que je prends, cela dit : 1- la série est suffisamment courte pour que ce genre de "détails" ne passent pas du tout inaperçus et soient très révélateurs, 2- c'est quand même un peu le fond de commerce du produit faut pas me raconter d'histoire et 3- c'est Bret Easton Ellis quand même quoi ! Quant à l'histoire... ça manque franchement d'approfondissement pour s'avérer intéressant et marquant. En fait, on ne sait pas grand-chose sur le fin mot de l'histoire au bout de la série, c'est assez nébuleux comme développement, et pourtant ça ne m'a pas touché plus que ça de rester sur ma faim. Paradoxal. En gros je n'ai pas envie plus que ça d'en savoir plus, c'est pourtant pas mon genre. De là à dire qu'à la fin on s'en fout un peu il n'y a qu'un pas, que je me vois bien obligé de franchir si je veux rester un minimum honnête avec moi-même. Alors bel objet sur un plan purement esthétique oui, pourquoi pas (et encore pas de quoi en faire un fromage non plus hein, restons calmes !), mais très très dispensable sur le fond et dans son ensemble. Limite j'aurais été en rogne si toute la série ne m'avait pas pris à peine 1h30 à regarder...
Childhood's End : Adaptation pour Syfy d'un roman de SF d'Arthur C. Clarke, cette mini-série en 3 épisodes possède qualités et défauts. La qualité principale c'est un certain luxe de production qui se voit à l'écran, les images sont belles et sans en connaître exactement le budget on a l'impression qu'on a à faire à un produit de luxe qui a les moyens. Mais cela est presque à double tranchant, car on pourrait s'attendre à voir une débauche d'effets spéciaux, à des scènes d'action d'envergure, bref quelque chose de très marquant visuellement, un peu comme si on allait voir du Michael Bay. Or, ce n'est absolument pas le cas du tout, et la série pâtit un peu de cela, je n'ai personnellement pas pu m'empêcher de me faire une réflexion du style "tout ça pour ça ?" arrivé à la fin de la série, tant j'ai eu cette impression de pas assez, de promesse non-tenue (promesse pas forcément clairement énoncée mais induite par les images et le thème abordé). Et ça, qu'on le veuille ou non, ce n'est généralement pas bon signe pour l'oeuvre en question, quelle qu'elle soit. Car c'est la dernière impression qu'on en a qui compte beaucoup, peut-être plus (que ce soit juste et mérité ou non) que tout le reste de ce qu'on a pu voir au cours de la série. L'idée principale de cette histoire se situe dans le dévoilement de l'apparence du visiteur de l'espace, qui a lieu au second épisode, et qui laisse flotter un suspense qui ne sait pas décoller plus que ça par la suite, qui ne sait pas prendre l'ampleur qu'il lui aurait fallu pour en faire quelque chose de très marquant. Et du coup la fin arrive sans que les scénaristes aient su faire monter suffisamment la sauce, et qui plus est la fin manque elle aussi d'envergure, de sens dramatique, d'enjeu monté en épingle... Bref, je me suis senti frustré par ce que j'ai vu et c'est très nettement parce que je m'attendais à quelque chose d'autre, de plus, de mieux, ... difficile à expliquer clairement. Pourtant je sens le potentiel de l'histoire, l'idée assez gonflée au centre de l'intrigue, mais la série n'aura jamais su en faire quelque chose d'excitant, ce qui lui donne un parfum un peu fadasse qui m'interdit de conseiller cette mini-série. En revanche je suis quasiment certain que le roman d'origine doit lui être d'une toute autre trempe et posséder une envergure bien plus proche des intentions qu'on devine mais qui restent à l'état d'embryon dans la série. Dommage.
The Girlfriend Experience saison 1 : Développée à partir du film du même nom de Steven Soderbergh (que je n'ai pas vu mais que je vais tâcher de rattraper), cette série au format d'épisodes courts (une vingtaine de minutes par épisode) plonge dans l'univers de l'escorting de luxe avec une certaine classe et s'avère même à mes yeux une plutôt belle réussite. Avant toute chose c'est l'interprète principale, Riley Keough, qui vampirise complètement l'écran, elle fait preuve d'une présence qui va bien plus loin et dépasse allègrement la seule beauté plastique (faut dire qu'elle frise la perfection de ce point de vue). Car oui, bien entendu la demoiselle est belle à tomber, mais elle est bien plus que cela, elle capte toute la lumière sans pour autant en faire des tonnes et c'est justement parce qu'elle n'incarne pas qu'une jolie poupée qu'elle impressionne le plus. Il y a du caractère, un feu dans les yeux, une classe très froide qui émane d'elle, une justesse dans tout son jeu, une posture naturellement impressionnante, un contrôle parfait des émotions (dans la retenue comme dans le débordement), et encore bien d'autres qualités de pure comédienne (alors qu'à la base elle est top model) qui prouve qu'elle a quelque chose de spécial (et qu'elle est absolument parfaite pour ce rôle par la même occasion). Elle déclenche ce phénomène rare qui fait qu'on ne peut pas s'empêcher de la regarder, que notre regard est irrémédiablement attiré par elle alors même qu'elle ne réveille pas pour autant forcément de sympathie ou d'empathie envers elle. On la sait, on la sent dangereuse, nébuleuse, compliquée, et pourtant on accroche à cette fille, c'est assez incompréhensible, et c'est surtout du pur bénéfice pour cette série car le rôle qu'elle interprète n'est pas des plus simples et qu'un autre type d'interprétation aurait pu tomber complètement à plat et faire foirer l'ensemble. Car l'histoire en elle-même n'a rien de révolutionnaire ou d'exceptionnellement bien écrit. Mais les scénaristes et la comédienne ont su s'accorder pour donner une direction claire et cohérente à l'histoire et au personnage, et cela se ressent très nettement à l'écran. Pas de facilités ni de spectateur caressé dans le sens du poil, on ne cherche pas du tout à attirer la sympathie envers l'héroïne, ni l'antipathie du reste, on pose simplement et honnêtement le personnage qui se suffit à elle-même. Ce qui d'ailleurs est valable pour l'ensemble des personnages secondaires aussi, même s'ils ne bénéficient pas d'autant de développement en profondeur que l'héroïne principale. Vraiment très bonne surprise que cette série au sujet pas vraiment convenu mais dont on pourrait croire qu'on sait à l'avance ce qui va y être raconté et vers où ça va nous mener, à tort. Et grosse performance d'actrice donc !
Banished saison 1 : J'aime bien les séries qui ont un fond historique, même si l'intrigue est romancée voire complètement fictive, l'enracinement dans une période bien spécifique de l'Histoire apporte souvent un plus que j'apprécie beaucoup (cf. Peaky Blinders ou The Knick par exemple). Le contexte de celle-ci m'attirait puisqu'il s'agit des premiers "colons" occidentaux en Australie, autrement dit une colonie de bagnards expatriés à l'autre bout du monde le temps de leur peine par l'Angleterre victorienne. Dans ce bagne il y a les prisonniers mais aussi les gardes armés chargés de les surveiller, le tout sous le commandement du gouverneur local, représentant de sa Majesté. Et c'est assez intéressant de découvrir les règles de vie de cette colonie, les rapports de force, la place de la religion, celle du devoir mais aussi des privilèges de certains, l'idée d'apporter la "civilisation" sur un nouveau continent par l'intermédiaire de ceux qui sont considérés comme les "déchets" de la civilisation en Angleterre... Le contexte historique donc est dépaysant et de ce fait intriguant et intéressant, les personnages quant à eux sont peut-être un chouïa caricaturaux mais pas dénués d'intérêt pour autant. Ce qui plombe un peu l'ensemble c'est une fâcheuse tendance à ajouter des bluettes et triangles amoureux dans tous les sens qui viennent un peu peindre d'un rose trop voyant le reste de l'intrigue. Sorti de ce trop plein de romance dans un lieu qui ne prête pourtant pas tant que ça à compter fleurette, la série avance un peu trop mollement malgré le peu d'épisodes mais on devine que c'est dû à la volonté de bien poser les personnages d'abord (ce qui est louable). Le problème c'est que cette saison qui ne se voulait que la première et appelait clairement à une suite (puisque bon nombre d'intrigues en cours se voient laissées sans réponses définitives après le huitième et dernier épisode) restera l'unique de cette série qui a été annulée après diffusion de la première saison. Du coup on se retrouve avec une fin qui n'en est pas une du tout, l'ébauche de nouvelles pistes pour la saison suivante qui ne verra pas le jour, et c'est un brin frustrant car la série aurait certainement gagné en ampleur narrative en bénéficiant d'une suite. Bref, cette série n'est pas déplaisante mais à force de ne pas forcément aller à l'essentiel frustre à l'arrivée car elle n'aura pas eu le temps d'aller au bout de son propos...
Elle : Enfin le grand retour de Paul Verhoeven derrière la caméra !!! Et dans un film français qui plus est, adapté d'un roman de Philippe Djian (Oh...), qui l'eut cru ?! Pour moi qui considère le hollandais fou comme un des plus grands cinéastes de sa génération, cette nouvelle était à la fois excitante et un brin inquiétante (après tant de temps revenir dans un style si différent de ses plus grands succès, c'était dangereux !). Mais j'ai été plus que rassuré et satisfait par ce retour. On retrouve le grand Paul Verhoeven qui sait s'effacer en donnant toute son expérience et son savoir-faire dans l'art de raconter une histoire pour mettre justement l'histoire et rien qu'elle au premier plan. Enfin non, pas tout à fait "rien que l'histoire" car il n'y a pas à en douter, celle qui vampirise l'écran c'est aussi Isabelle Huppert, qui impose son jeu et sa classe dans un rôle a priori pas vraiment évident à interpréter tant il donne lieu à l'ambiguité et l'ambivalence des sentiments. L'autre grand gagnant dans l'histoire, c'est Laurent Lafitte qui sort de sa zone de confort habituelle des films d'auteurs et comédies françaises à succès pour aller dans un registre tout nouveau pour lui, où il s'avère exceller !! Bref, on a là un drôle d'objet cinématographique à la croisée des chemins, entre le talent pur des comédiens français et la science de la narration d'un grand metteur en scène habitué aux blockbusters internationaux qui vient là où lui non plus, on ne l'attendait pas du tout. Et le tout est d'une cohérence, d'une qualité et d'une efficacité rares et impressionnantes ! J'ai aimé retrouver cette ambiance décalée que peu de réalisateurs savent imposer comme Verhoeven, j'ai adoré voir un film français s'aventurer dans des secteurs du cinéma où on n'a pas l'habitude de le rencontrer, j'ai apprécié que le film reste de bout en bout fidèle à sa nature hybride et difficilement cernable, cette rigueur toute verhoevienne quand il s'agit de s'atteler à un style précis et ne pas en dévier d'un pouce tout du long. Vraiment une excellente surprise, un excellent film qui je l'espère moissonnera encore quelques récompenses (Oscar et César attention à vous !!) et signera durablement le retour du hollandais dans les salles de cinéma !!
Vikings saison 4 : Déjà la quatrième saison de Vikings !! Cette fois-ci on prend double ration car cette dernière se décompose en 20 épisodes, durant lesquels la situation va beaucoup évoluer puisque au tournant de la mi-saison on fait un bond en avant dans le temps de plusieurs années. Ce qui donne une saison à deux vitesses, compressée sur un temps court pour la première partie et qui perd en densité narrative sur la seconde partie qui s'étale sur une plus longue période. Tous les personnages évoluent, certains radicalement même ! On a droit aux confrontations qu'on nous promet, sur ce point pas de déception ou de promesse non tenue. Le coup d'accélérateur est tel même sur la fin, qu'on se demande vers où la série va nous mener pour la suite (car moi qui était persuadé que la série s'arrêtait avec sa quatrième saison, j'ai été surpris -mais heureux- de constater qu'il n'en est rien). Les relations entre les différents personnages se compliquent méchamment aux trois quarts de la saison, et tout cela ressemble fort au début de la fin tant certaines situations s'annoncent sans issue aisée... À voir aussi si la série va survivre au "grand ménage" fait au sein du casting, car sans vouloir trop en dévoiler, si certains personnages disparaissent et avec eux tout le poids dramatique qu'ils ont apporté à l'histoire, de nouveaux apparaissent sans pour autant qu'on s'attache autant à eux qu'à leurs prédécesseurs, ce qui risque de s'avérer ardu pour les scénaristes en termes d'enjeux narratifs à venir... En tout cas ma curiosité reste éveillée par la suite possible des événements, et l'apparition d'un personnage bien particulier en toute fin de saison annonce une évolution pas inintéressante si elle est bien amenée... Wait & See !
Mars saison 1 : Première série de fiction produite par National Geographic que je regarde, et pour une première c'est plutôt réussi ! Le concept est original : on a un mélange de fiction avec une projection dans les années 2030 et au-delà, et de documentaire avec des commentaires, interviews et points de vue des acteurs actuels réels de la recherche sur les voyages dans l'espace et la possibilité un jour de se rendre sur Mars. On a donc un aller-retour incessant entre la fiction d'anticipation du premier voyage habité sur Mars et les théories expliquées avec les connaissances scientifiques d'aujourd'hui par les plus grands scientifiques et techniciens de la recherche spatiale (de la Nasa jusqu'aux équipes privées d'Elon Musk en passant par l'auteur de Seul sur Mars !). C'est à la fois passionnant pour qui s'intéresse à ce domaine, rigoureux et enthousiaste, et intelligemment développé en fiction pour donner corps aux théories d'aujourd'hui... Quand la science-fiction colle à ce point à la science tout court, moi ça me séduit énormément, et j'aime quand je peux apprendre en même temps que je me divertis, j'ai toujours adoré ça d'ailleurs. Mars remplit très bien cette double mission, et le fait qu'elle tienne en 6 épisodes d'une cinquantaine de minutes rajoute à son attractivité ! Je suis curieux de voir la suite (si suite il y aura ?) car plus la série avance plus la projection dans l'avenir est lointaine, et donc de moins en moins scientifiquement précise, ce qui d'ailleurs risque d'être le principal risque pour une éventuelle suite. Car jusqu'à présent la rigueur scientifique est vraiment au coeur de la fiction et fait toute la force de conviction de la série. À suivre donc pour tous ceux qui n'ont pas peur d'un peu de science au milieu de l'imaginaire !!
Luke Cage saison 1 : Netflix continue sa plongée dans le monde des héros urbains de Marvel, après deux saisons de Daredevil et la sympathique Jessica Jones, voici l'indestructible Luke Cage. J'avais trouvé Mike Colter très en phase avec le personnage dans Jessica Jones, et il continue à être d'un charisme dingue dans sa propre série. Ce type crève l'écran et en impose, ce qui est juste parfait pour le rôle ! En face c'est un peu plus aléatoire cependant, et j'ai eu du mal à prendre au sérieux les menaces potentielles des 3 protagonistes principaux auxquels Luke va se confronter durant cette saison. Non pas que les personnages soient mal interprétés, simplement pour s'en prendre vraiment à Cage, faut être sérieusement équipé en conséquence, sinon c'est peine perdue ! J'ai également été étonné par la bluette entre Luke et l'un des personnages de cette saison, je ne m'y attendais pas vraiment et pas sûr que ça apporte grand-chose (surtout pas en ce qui concerne la clarté des relations entre personnages), en tout cas j'ai trouvé que c'était assez en contradiction avec tout ce qu'on a pu voir pour l'instant du Marvel Universe chez Netflix. Un peu peur qu'on tombe trop dans le drama à l'eau de rose pour la suite des événements qui verra l'ensemble des séries individuelles se croiser dans les Defenders... Mais bon, nul n'est parfait et pour l'instant Netflix se défend bien dans ses adaptations, je ne vais donc pas préjuger de la suite. Reste encore deux séries, Iron Fist très prochainement et Punisher en tournage avant de voir débarquer les Defenders au grand complet, ce qui risque de s'avérer très intéressant si on reste dans la veine actuelle explorée par Netflix (un courant un peu plus adulte et dark que ce qu'on a l'habitude de voir sur les super héros). Luke Cage, sans être une série exceptionnelle aura su conserver l'essentiel de la touche Marvel chez Netflix, espérons que ça va durer.
The Young Pope saison 1 : Idée surprenante et très intéressante que de faire d'un homme jeune et plutôt beau le nouveau pape dans cette fiction des Studio Canal ! Encore plus intéressant : en faire un pape vieux jeu, rétrograde, pour ne pas dire intégriste, en parfait contrepied de l'image jeune et moderne qu'il dégage. Dans ces temps troublés où le fait religieux revient sur le devant de la scène alors qu'on croyait en être enfin sorti, et où les croyances et l'obscurantisme l'emportent trop souvent sur les lumières de la science et l'humanisme athée, cette série tape juste, fort et là où ça fait réfléchir. Bien sûr on pourrait reprocher aux scénaristes de s'attaquer encore une fois au catholicisme pour critiquer la religion, et que ce choix est un peu convenu voire facile et même un peu lâche (critiquez la religion en tapant sur l'Islam à la place du Christianisme et on aurait plus volontiers parlé de courage pour le coup). Mais en même temps le Christianisme offre une telle devanture au travers de son clergé et de son organisation étatique, ainsi qu'une entrée si aisément symbolique aux yeux de tous (non-chrétiens compris), qu'on comprend le choix des scénaristes et qu'il est parfaitement sensé et logique. Jude Law se fait très clairement plaisir ici, et pour cause, ce genre de rôle ne doit pas se présenter tous les jours. Il joue autant de son image que de son charisme, son talent pur n'étant bien entendu pas en reste. On passe donc en revue tous les grands thèmes qui opposent ou ont un jour opposé les conservateurs religieux aux progressistes de tous poils. Et c'est fait avec une certaine finesse, tous les points de vue étant exposés et défendus avec brio. Le tout en ne négligent pas pour autant l'une ou l'autre touche d'humour de temps à autres ! La mise en scène quant à elle est léchée et assez originale à défaut d'être révolutionnaire, si je devais lui faire un reproche ce serait celui du rythme, un chouïa trop lent. Des épisodes raccourcis de 5 à 10 minutes auraient gagné en impact narratif à mon sens. Mais dans l'ensemble, du scénario au casting, j'ai été conquis par cette série. À voir si parler de religion n'est pas un thème rébarbatif pour vous.
Leonard Cohen : Portrait Intime : De son vivant, je m'imprégnais quasiment quotidiennement de ses chansons. Maintenant que l'immense Leonard Cohen est parti ailleurs, j'ai l'envie et le besoin de m'imprégner de plus que ses chansons, j'ai envie d'en connaître encore un peu plus sur lui, de le voir dans des situations où il ne chante pas forcément, moi qui ai eu la chance de le voir plusieurs fois en live sur scène. J'ai envie de voir le Leonard plus intime, celui qui parle de ses chansons mais aussi tout bonnement de la vie. J'ai envie de mieux le connaître encore. Car si l'artiste et son oeuvre habitent ma vie de mélomane depuis longtemps, l'homme discret et réservé qu'il était m'est en partie resté un inconnu. Je recherche donc et regarde avidement toutes les images du canadien que je trouve. Dans ce documentaire datant de la période où il était engagé dans la vie monastique bouddhiste (avec quelques aménagements cependant comme on peut le voir dans le film), je l'ai découvert sous un aspect inédit : en moine certes, mais aussi en homme d'intérieur qui fait son ménage, sa popote et la vaisselle entre deux séances d'enregistrements de nouveaux sons sur son synthé. Ce type était donc aussi surprenant et unique dans la vie que sur scène, dans son style bien à lui malgré tout, dont il ne se départit jamais vraiment, même en habit de moine. Que le type à la voix la plus incroyable que je connaisse soit surnommé au sein de sa communauté monastique "le silencieux" c'est quand même étonnant ! Le documentaire est assez brut, les images et l'éclairage très peu travaillés font presque amateur, le montage surprend aussi parfois. Mais ce qui est évidemment infiniment intéressant c'est le petit bonhomme qui promène tranquillement sa classe à l'écran sans toutefois rechercher un quelconque effet de ce type, juste parce que c'est en lui, que c'est ça nature profonde. C'est ce qui m'a le plus frappé en l'observant dans ce film, Leonard ne se cache pas, il ne cache rien, ni ce qui plaît ni ce qui pourrait surprendre, déplaire ou casser son image. Il se fiche de comment on le regarde et ça transparaît à l'écran, ce qui compte à ses yeux est au-delà de l'image. Il est comme il est et sans en faire une revendication il assume, il réfléchit à la question et il sait ce qu'il recherche et ce qui lui importe. Non ce ne sont pas de "belles images", non ce ne sont pas des situations attendues ni des interviews au sens classique du terme, c'est juste un type qui vit sa vie, qui accepte qu'une caméra le suive quelques temps et qui lui livre de temps en temps le fil de ses pensées. Et surtout, c'est quelqu'un de complètement imprégné de sa musique, des mots qui ont un sens si précis dans sa bouche et sous sa plume, et de la poésie qu'il en retire. C'est enfin, on le comprend dans ses commentaires, une personne qui réfléchit beaucoup à notre condition d'être humain, au sens de la vie, aux besoins et envies de chacun. Un homme avec énormément de recul sur lui-même et sur la vie. Ne serait-ce que pour cela, le documentaire mérite d'être vu.