La période se prête à l’exercice, aussi vais-je me lancer dans un modeste bilan de l’année 2019 passée. L’occasion de faire un petit point sur ce qui mérite d’être retenu selon moi.
Je vais faire ça par domaine, histoire de ne pas partir dans tous les sens n’importe comment. En revanche j’ai dû me contraindre à ne garder que 5 sélections par thème, sinon je partais une fois de plus pour des articles à rallonge dont j’ai le secret et qui m’assureraient de décourager même mes plus opiniâtres lecteurs avant la fin. Déjà comme ça, ça va être long… Parce que mine de rien, pour les séries ou les albums musicaux, me limiter à seulement 5 items a été une véritable gageure, et ne s’est pas fait sans douleur. Il a fallu que je taille dans le vif, et que j’élimine des œuvres ou des artistes pourtant essentiels à mes yeux…
Bon allez, commençons doucement par les films que j’ai pu voir en 2019. Je dis « commencer doucement » car cette année je suis très peu allé au cinéma (par rapport à mes habitudes passées) et que finalement je n’ai pas vu tant de choses à ce point indispensables que cela. Donc la sélection a été moins compliquée à faire…
Movies
Tout d’abord l’un des films les plus intrigants et inattendus qui avaient été annoncés pour 2019 : Le Joker. Intrigant parce qu’a priori déconnecté du reste de l’univers cinématographique du DCverse, inattendu parce que mettant dans le rôle titre un acteur-phénomène : Joaquin Phoenix. Le résultat est bluffant, scotchant, ébouriffant.

Joker, le couronnement du roi Arthur !
Ensuite l’autre film, peut-être le plus attendu de tous par moi cette année, Avengers : Endgame qui apporte une conclusion à l’ensemble des films Marvel depuis le premier opus d’Iron Man et qui forment une continuité et un univers partagé comme jamais cela n’avait existé sur grand écran auparavant. Un film qui m’a dérouté au premier abord, que j’ai trouvé plein de bonnes idées comme de défauts, mais qui gagne en qualité à mes yeux à chaque fois que je le revois (et avec la passion de mes gamins pour les super-héros, je le revois régulièrement !!).

Vengeurs, rassemblement !
À propos de super-héros, le film que j’ai le plus apprécié cette année (je ne considère pas Joker comme un film de super-héros, je le précise) c’est le film d’animation Spider-Man : New Generation. En partie inspiré du story-arc « Spiderverse » des comics récents du tisseur, ce dessin-animé a tout pour lui : scénario malin, humour qui fait mouche, originalité, rythme parfait, bande son moderne et parfaitement adaptée… Bref, un animé qui a une vraie identité propre et qui sort très largement du lot.

Weeeeesh les gars...
D’ailleurs en parlant de dessin-animé à forte personnalité, l’autre gros morceau de l’année c’est Toy Story 4 : un must absolu pour les amateurs de films d’animations qui peuvent plaire autant aux petits qu’aux grands enfants (qu’on reste tous un peu dans l’âme, n’est-ce pas ?). C’est d’une classe folle, d’une intelligence et d’un recul sur soi rares, c’est drôle et triste à la fois, c’est beau, c’est la maîtrise à l’état pur.

Un dernier tour de piste pour Woody et ses amis ?
Et puis je n’ai pas pu bouder mon plaisir de voir la fin de la trilogie entamée en 2000 par M. Night Shyamalan avec Incassable : Glass qui vient clore son histoire de super-héros du monde réel, après que Split soit venu avec brio remettre une pièce dans la machine du réalisateur en 2016. Loin d’être un film parfait, Shyamalan parvient toutefois à en faire quelque chose d’abouti, de boucler la boucle sans se foirer dans la dernière ligne droite. Il n’a plus le feu sacré qu’il a eu dans Incassable, mais ça reste très largement au-dessus du tout-venant hollywoodien actuel.

David Dunn, Elijah Price et Kevin Crumb, ou quand les super-pouvoirs définissent leur propriétaire...
Lectures
Et sans transition aucune, après le cinéma je vous propose de parler un peu littérature. Cette année j’ai épinglé une vingtaine de bouquins à mon tableau, ce qui est un chiffre un peu en-deçà de ma moyenne habituelle. Pour une raison principale : il y a eu quelques « poids lourds » dans le tas ! Et pas des moindres, d’ailleurs commençons par l’un d’entre eux…
Le « Gros morceau » de l’année : Jérusalem d’Alan Moore est un pavé qui demande à la fois de la persévérance mais aussi de l’investissement de la part du lecteur. Pas ce que j’appellerais une lecture facile. En revanche, il s’agit bel et bien d’une lecture passionnante ! Impossible de faire un résumé ici, qui plus est en un simple petit paragraphe, tant l’œuvre est monumentale, tentaculaire et labyrinthique. Dans ce roman de 1280 pages, Alan Moore fait de sa ville natale, Northampton, le personnage principal d’une fresque impressionnante qui nous entraînera de l’an 810 jusqu’à la fin des temps, en aller-retours incessants entre passé, présent et futur… Chaque chapitre est une pièce d’un gigantesque puzzle que compose lentement et sous nos yeux le fabuleux raconteur d’histoires qu’est Moore. Voyage immobile, ce livre-somme est une expérience unique de lecture. Vous passerez par tous les genres, tous les temps, toutes les émotions. Alan Moore n’est pas facile à suivre dans ses délires, et il n’est pas du style à vous faciliter la tâche outre-mesure : lire du Alan Moore ça se mérite, mais quand on s’accroche et qu’on relève le défi, quelle récompense, quelle volupté, quel plaisir !!
J’y consacrerai un article plus détaillé et aussi complet que possible (et croyez-moi il y en a à dire sur ce bouquin!!), mais il n’est pas prévu pour tout de suite...

Alan Moore, l'auteur de Jérusalem
Chez Pierre Raufast aussi on va se retrouver en face d’une histoire où les destins s’entremêlent et où chaque détail compte, bien que l’écrivain joue de manière bien plus ramassée et brève avec ses personnages, très loin de l’œuvre protéiforme de Moore. Dans La Baleine Thébaïde, on retrouve avec plaisir l’univers de Pierre Raufast qui s’amuse lui aussi à créer une œuvre dans laquelle tous ses romans sont interconnectés sans que la lecture des précédents ne soit indispensable à la bonne compréhension de chaque nouveau livre, la superposition des titres amenant cependant une dimension de plaisir supplémentaire au lecteur qui se rend régulièrement compte des clins d’œil de l’auteur dont sont truffés, quasi subliminalement, ses romans. Blindé d’humour, mais aussi de sensibilité, Raufast sait mélanger pour le plus grand plaisir du lecteur comédie et gravité, sciences et fantaisie, le tout à travers une imagination débordante de créativité. Difficile de résumer le roman sans entrer dans les détails, sachez qu’il y sera entre autres question de la tristement solitaire baleine 52 (faites une recherche sur le net à son sujet : cette énigmatique baleine a bel et bien existé) autour de laquelle l’auteur va broder une intrigue aux multiples implications qui mènera le lecteur à travers le monde entier…
L’article où j’y reviens plus en détails est d’ores-et-déjà bouclé, en revanche il risque de vous falloir attendre un poil avant sa publication (tant d’autres livres à chroniquer auparavant…).

Pierre Raufast, l'auteur de La Baleine Thébaïde
Si Pierre Raufast nous fait voir du pays, Olivier Bonnard quant à lui nous propose de voyager dans le temps avec son roman Collector. Il y est question de collectionneurs de jouets à la recherche du Graal, une série de jouets légendaires, trois robots des années 1980, qui, lorsqu’on les assemble, auraient le curieux pouvoir de vous faire voyager dans le temps… C’est l’occasion de se replonger en même temps que le héros du roman dans le monde des dessins animés et jouets de notre enfance, de raviver des souvenirs qu’on a tous plus ou moins enfouis en nous, le temps d’une séquence nostalgie qui forcément nous parle d’autant mieux qu’on est de la génération de ceux qui sont nés dans les années 1970 et ont grandi avec la télévision allumée en permanence sur les émissions jeunesse animées par Dorothée, les aventures de Capitaine Flam ou d’Ulysse 31… Autant dire que moi je me suis retrouvé dans absolument tout ce que racontait Olivier Bonnard au cours de son roman !!! C’est un retour en enfance mais avec l’esprit d’un adulte qui a sanctuarisé ces années comme étant peut-être les plus belles car les plus insouciantes de sa vie. Insouciantes vraiment ? Pas si sûr que ça… À lire pour tous les nostalgiques de l’enfance et du temps heureux mais passé…
Bien entendu j’en ferai un article plus complet dans quelque temps (mois ? années ? allez savoir !).

Olivier Bonnard, l'auteur de Collector
Un retour dans les années 1980, en 1987 plus exactement, c’est également ce que propose Jason Rekulak dans son roman La Forteresse Impossible. Le jeune Billy vit dans une petite ville paumée du New Jersey, et avec ses potes il a deux passions : les jeux vidéos sur ordinateurs ou dans les salles d’arcades, et ce continent jusqu’ici inconnu pour eux : le corps des filles… C’est pourquoi une nouvelle va faire l’effet d’une bombe pour eux : Vanna White, l’animatrice ultra sexy de La Roue de la Fortune vient de poser nue pour le magazine Playboy. C’est dès lors une évidence pour eux : il leur faut se procurer un exemplaire du magazine pour adultes ! Plus facile à dire qu’à faire en ce temps où internet n’existe pas encore et où dans l’Amérique puritaine de Reagan, vendre un ouvrage érotique à des gamins est totalement inconcevable. Qu’à cela ne tienne, les compères ont un plan… Ici encore, la carte est à la nostalgie pour tous ceux qui, comme moi, ont vécu cette période au même âge que les héros de l’histoire. C’est à la fois référencé (on y parle beaucoup de jeux vidéos et de codes informatiques balbutiants, et je me revoyais sur mon Amstrad CPC 6128 en lisant l’histoire de Billy), drôle, tendre, rythmé, et on ne peut que se sentir en empathie avec le héros un brin poissard et incompris (comme tous les adolescents n’est-ce pas?).
J’en reparlerai plus en détail dans ce blog, pour ceux qui sauront être trèèèèès patients...

Jason Rekulak, l'auteur La Forteresse Impossible
Les balbutiements de l’informatique accessible à tous, je les ai vécus étant gamin, les miens quant à eux vivent baignés dans un univers digital et numérique envahissant, depuis leur naissance. C’est ce dont nous parle le scientifique Michel Desmurget dans son livre choc, La Fabrique du Crétin Digital, qui dénonce tous les méfaits des écrans sur nos têtes blondes, ici et maintenant. Et le moins qu’on puisse dire c’est que pour le coup, ça ne prête pas du tout à rire. C’est même plutôt affligeant, voire dramatique dès lors qu’on se plonge dans la liste quasi infinie des influences négatives des dérives du tout numérique sur la santé de nos enfants. Plus qu’un constat très inquiétant, études ultra documentées à l’appui, ce livre est un cri d’alerte à tous les parents et à tous les dirigeants qui sont censés faire au mieux pour les nouvelles et futures générations. Une lecture qui bouscule, qui déprime mais qui s’avère indispensable si on a un tant soit peu le sens des responsabilités et qu’on refuse de faire de nos enfants des crétins digitaux, au sens strict du terme. Un bouquin qui met des mots clairs et précis sur les craintes que ces dérives m’ont toujours instinctivement inspirées, les légitimant complètement au passage. À lire pour soi et pour nos enfants, avant de pouvoir faire valoir notre droit à choisir de céder ou non à la modernisation via le « tout écran » à marche forcée. Juste pour ne plus pouvoir dire « on ne savait pas ».
J’en ai parlé ici il y a peu de temps.

Michel Desmurget, l'auteur de La Fabrique du Crétin Digital
Voilà ma sélection de l’année pour ce qui est du grand écran et de la littérature, la suite au prochain épisode… Et si vous avez des conseils ou coups de cœur à partager, n’hésitez pas à m’en parler en commentaire !