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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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7 mars 2024 4 07 /03 /mars /2024 16:42

Mon père est né le 28 mars 1949. C’était un lundi. Il est mort le 19 février 1998. C’était un jeudi. Il a vécu 17 860 jours.

 

Je suis né le 14 avril 1975. Un lundi. Nous sommes aujourd’hui le jeudi 07 mars 2024. Il s’est passé exactement 17 860 jours depuis ma naissance.

 

À partir d’aujourd’hui, je serai plus vieux que mon père ne l’a jamais été. C’est quelque chose que je n’avais jamais imaginé arriver. Et pourtant, nous y sommes. J’y suis. C’est assez vertigineux.

 

Je n’arrive pas à savoir avec certitude quoi en penser. Quoi ressentir vis-à-vis de cette information, si ce n’est de la surprise.

 

Au moment de sa mort, alors que j’avais 22 ans largement révolus, jamais je n’aurais parié en arriver là un jour. Cela ne m’était tout bonnement pas concevable. C’était il y a 26 ans. Déjà. J’ai vécu bien plus longtemps sans mon père qu’avec lui.

 

Affirmer que j’ai pensé à lui chaque jour sans exception de ces 26 dernières années écoulées serait certainement mentir. En revanche, il m’a accompagné sans cesse pendant tout ce temps. Avant tout, en tant que modèle. Comme point de comparaison. Rarement en ma faveur d’ailleurs, mais ça c’est un détail qui n’intéresse que moi. Il est devenu d’autant plus une image de référence pour moi à partir du moment où je suis devenu moi-même père. Ne pas avoir pu le voir dans un rôle de grand-père pour mes enfants est certainement l’une des choses qui me manque le plus au monde. Je suis très curieux de ce que cela aurait pu donner, et très triste que cette question restera à jamais sans réponse.

 

Avec le temps qui passe, je regrette chaque jour un peu plus de ne pas l’avoir mieux connu. De ne pas voir été plus proche de lui, de ne pas avoir partagé suffisamment de choses avec lui, de ne pas suffisamment avoir su percevoir l’homme qu’il était. Pas uniquement le père, mais bien l’homme. Mais quand on est enfant, adolescent puis jeune adulte, ce genre de question ne nous traverse pas l’esprit. Aujourd’hui, j’aurais aimé avoir eu plus de clairvoyance plus tôt, en étant plus proche de mon père quand je le pouvais encore. Vain regret, je le sais bien. Mais naturel, j’imagine.

 

Chaque jour pourtant, mon reflet dans le miroir me renvoie une image toujours plus proche de la sienne. Comme un fait exprès, ces dernières années j’ai vu en un rien de temps mes cheveux se faire la malle alors que j’avais longtemps espéré échapper à ce sort que mon père a connu bien plus tôt que moi dans sa vie. En quelque 4 ou 5 ans, j’ai rattrapé une bonne partie de mon retard sur lui de ce point de vue. J’avoue que de cette ressemblance-là en particulier, je me serais bien passé...

 

Ce sont des réflexions et des pensées qui me nourrissent de plus en plus avec l’âge. Et qui me font parfois considérer ma propre relation à mes fils sous un autre angle que celui du "papa au quotidien". Difficile à expliquer en détails.

 

L’étape australienne de mon tour du monde en 2017 en compagnie de mon ami Arnaud, avait eu pour moi un aspect très symbolique. Notre passage à Melbourne où il a travaillé, notre virée le long de la Great Ocean Road jusqu’aux Twelve Apostles, dont il avait ramené des images qui m’avaient marqué à l’époque. Et surtout notre pause à Geelong, à l’adresse où il a vécu quelques mois au cours des années 1990 (au Barwon Valley Lodge / 99 - 109 BARRABOOL Road / BELMONT, GEELONG précisément). Cette terre que j’ai foulée, cet air que j’ai respiré, ces endroits que j’ai vus de mes yeux, plus de 20 ans après lui. Cela m’avait en quelque sorte apaisé de pouvoir les partager avec lui, malgré le décalage dans le temps. Il y avait une petite part de lui, de l’homme que j’ai trop peu connu, rattachée à ces lieux. L’idée d’avoir marché dans les pas de mon père, quasiment au sens propre du terme, m’avait fait du bien, étrangement. Sans que je n’aie aucune explication rationnelle à apporter. J’avais continué mon voyage plus léger, plus entier, après cela.

 

 

 

Aujourd’hui donc, j’égale le temps passé par mon père sur cette Terre. 17 860 jours. 48 ans, 10 mois et 22 jours pour lui. 48 ans, 10 mois et 23 jours pour moi. Car dans ses 17 860 jours à lui, il y a un mois de mars, un mois de 31 jours de plus que dans mon total à moi.

 

C’est long et court à la fois. C’est injuste pour lui de n’avoir eu que ce temps-là. C’est injuste pour mes enfants de ne pas avoir eu la chance de connaître leur grand-père. Pour ma mère d’avoir dû vieillir seule sans lui. Pour ma petite sœur de l’avoir eu si peu de temps auprès d’elle et d’avoir dû terminer son enfance sans lui.

 

Demain, je serai plus vieux que mon père. Et je devrai naviguer à vue. Je n’aurai plus son image comme modèle. Comment faire pour me guider sans cette image ? Il n’a jamais eu 49 ans, comment ferai-je moi, sans son exemple à suivre ? C’est un peu comme si à partir de maintenant, je devais me débrouiller seul, sans lui. Pour la deuxième fois. J’avoue que ça me fait un peu peur, d’aborder ce futur sans le point de repère qui m’avait guidé jusqu’à présent.

 

On n’a jamais fini de grandir, n’est-ce-pas ?

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commentaires

S
Tu te livres de plus en plus, Steph, c'est vrai qu'à nos âges, on peut commencer à faire des bilans, des comparaisons... La figure de ton père t'inspire et t'admire sans doute, de là où il est, et je pense qu'il serait fier du mec bien qu'est devenu son aîné, et du même chemin que prend ta sœur.
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