Un très grand merci à ma petite soeur Marie et à ses talents de photographe.
Et à mon petit bonhomme de toujours faire des sourires à son papa.
Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
Bon surf !
Avis vite dits... en 2024 (1ère partie)
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Avis vite dits ... en 2014 (1ère partie)
Avis vite dits... en 2013 (2ème partie)
Un très grand merci à ma petite soeur Marie et à ses talents de photographe.
Et à mon petit bonhomme de toujours faire des sourires à son papa.
Dans la série des titres qui claquent, celui-ci a plus qu’attiré mon attention.
Faut dire que si on le prend au pied de la lettre, ce titre c’est tout un programme !!
Mort aux cons c’est donc le premier roman de Carl Aderhold, dont le personnage principal (qui est aussi le narrateur de l’histoire), un type à la base tout à fait normal et sans grande envergure, voit sa vie prendre une tournure très spéciale un soir où il se débarrasse dans un geste d’exaspération du chat d’une de ses voisines qui l’importunait. D’abord honteux de son geste, il constate dès le lendemain les réactions que cela provoque dans son voisinage, et l’élan de solidarité entre habitants qui se crée. C’est ainsi qu’il décide de prolonger l’expérience en devenant un véritable serial-killer d’animaux de compagnie dans le quartier. Et une chose en entraînant une autre, il passe rapidement au stade supérieur : les humains. Mais attention, pas n’importe comment, pas au hasard : le narrateur décide de s’attaquer à l’un des plus grands fléaux qui gangrène notre société : les cons !
Dès lors c’est l’hécatombe, et pas moins de 140 meurtres de cons (ou actes d’intérêt public c’est selon l’appréciation) vont s’enchaîner…
Faut bien le dire, ce bouquin a un petit côté régressif qui lui donne une saveur tout à fait jouissive. Parce que soyons honnête, qui n’a pas un jour de mauvaise humeur pesté contre le type qui vous colle au cul à 140 sur l’autoroute, contre le gars qui vous saoule de ses idées moralisatrices et intolérantes jusqu’à l’overdose ou contre n’importe quelle personne qui détient un quelconque pouvoir, même le plus minime, et qui a décidé d’en abuser sur vous ? Pour ma part je me rends compte que j’en rencontre de plus en plus de ces énergumènes, et j’en ai retrouvé certains prototypes dans ce livre, à qui le héros fait passer un sale quart d’heure… Ben c’est peut-être idiot mais par moments je me suis senti comme… vengé ! pas de quoi avoir froid dans le dos hein, je ne suis pas un serial-killer dans l’âme, n’empêche que je confesse qu’un léger parfum de satisfaction accompagnait la lecture de certains passages à trépas.
Bon outre cela, il y a dans ce livre un humour assez bien senti, et surtout un aspect que j’ai beaucoup aimé, la recherche permanente de la définition du con. Enfin des cons, car il y en a de toutes sortes ça va sans dire. Il y a quelques jeux de mots déclinés en définitions que j’ai trouvées réjouissantes (le con-génital, le con-vaincu, le con-disciple ou encore le con-citoyen, je vous laisse découvrir le reste par vous même, il y en a d’assez savoureux). Cependant j’ai trouvé dommage que l’auteur ne pousse pas trop le raisonnement dans la direction du « on est tous le con de quelqu’un » qui aurait pu peut-être enrober le reste d’une profondeur du propos bienvenue. Parce que voir des cons in-con-testables se faire descendre c’est rigolo et tout, mais quand au cours de sa croisade le tueur bute un con pas aussi indiscutablement con que ça, ou pire quand on se reconnaît un tout petit peu dans l’une ou l’autre victime le rire prend des teintes jaunies…
Et puis d’un point de vue purement logique, il me paraît assez in-con-cevable (bon j’arrête ces jeux de mots nazes) qu’un si grand nombre de meurtres soient perpétrés par un seul homme au nez et à la barbe de la police (bien que certains soient parfaitement maquillés en accidents) sans qu’aucun recoupement ne mène à leur auteur… Par exemple, la liste de DRH qui passent l’arme à gauche à elle seule devrait suffire à sceller le destin du meurtrier selon moi. De même pour le psychanalyste à qui le héros se confie et auquel il raconte tous ses crimes : je veux bien que le secret médical soit respecté, mais de là à taire les agissements d’un tueur en série (ou au mieux d’un type qui a de graves pulsions de meurtre si on considère l’hypothèse que le psy ne croit pas à la véracité de ses actes) c’est un peu fort de café. Il faut donc accepter certaines facilités un peu grosses de ce point de vue là pour correctement apprécier l’intrigue. Cela étant, à mes yeux ce livre n’est pas un polar, l’intérêt n’est pas le réalisme dans l’enquête policière mais bel et bien le cheminement de pensée du tueur et l’enchaînement de ses victimes, on peut donc passer outre certaines incohérences (ou disons certaines improbabilités) assez facilement sans que cela ne gâche le plaisir de lecture.
Bref, j’ai lu Mort aux cons avec légèreté et sans bouder mon plaisir, il ne faut pas rester bloqué sur certains détails qui dans un contexte d’histoire plus sérieuse condamneraient le livre. Si vous décidez de lire Mort aux cons, faites-le dans l’idée de lire un pur divertissement et non pas un polar ultra-ficelé, ce qui ne vous empêchera pas par ailleurs de dépasser certaines situations cocasses pour réfléchir plus sérieusement avec le héros et l’auteur à ce qu’est pour vous la définition d’un con. Et ça, finalement, ce n’est pas aussi évident qu’on pourrait le croire !
Il est des livres qui vous poursuivent. Littéralement dans ce cas précis. Je m’explique…
Ce bouquin, Les Voies d’Anubis de Tim Powers m’a été offert en 2001 par quelqu’un qui compte beaucoup pour moi, mon ex-collègue et ami Rémy. Et honte à moi, je n’ai réussi à le lire qu’en 2009 !! Pourtant je l’ai traîné avec moi dans beaucoup d’endroits avec pour but de le lire, il a ainsi traversé l’Atlantique et s’est fardé 4500 bornes de route dans l’Ouest américain, connu plusieurs séjours à Aix-en-Provence, mais rien n’y a fait, il restait obstinément au fond de mon sac sans que je n’arrive à m’y mettre sérieusement. Une fois pourtant j’avais entamé le prologue, qui est à mon sens tant bardé de noms complexes, de personnages non-identifiés et de dialogues imbitables que j’avais abandonné lâchement ma lecture, convaincu que je reprendrais sous peu mais sachant bien que le livre attendrait à nouveau un laps de temps indéterminé avant de revenir à mon programme…
Et donc quand je suis passé à mon opération « cette année je lis plus de romans », automatiquement m’est revenu à l’esprit Les Voies d’Anubis, qui a donc bien fini par passer à la casserole ! Ça y est Rémy, si t’as un autre bouquin à me faire lire c’est bon, je suis prêt !!
Les Voies d’Anubis est considéré par pas mal de connaisseurs comme une référence en matière de roman de SF / Fantastique et en effet dans les thèmes abordés je n’ai pas été déçu : on côtoie pêle-mêle dans cette histoire des magiciens sanguinaires, un lycanthrope, des voyageurs temporels, des dieux égyptiens, des esprits qui changent de corps, des monstres mutants… et un clown sur échasses. Et ce dernier n’est pas des moindres.
Comme je le disais plus haut, le prologue est très difficile à lire, on n’y comprend rien et les termes employés sont à ce point obscurs qu’on est tenté de se dire qu’on a mieux à faire que de lire des trucs dont on ne pipe pas un mot sur deux. Honnêtement je pense que ce prologue ne peut que nuire à la lecture du roman car non seulement il décourage celui qui aborde ces pages par simple curiosité « pour voir », mais en plus il n’a aucun effet intrigant sur le lecteur, ni le moindre intérêt par rapport à un quelconque développement plus tardif dans le roman. Mais si vous passez le cap (que vous pouvez même carrément sauter pour les moins courageux) de ce prologue soporifique, dès le premier chapitre on aborde l’histoire par une narration de facture bien plus classique, agréable à lire et débarrassée de toute l’incompréhension des premières pages. On suit dès lors Brendan Doyle, professeur de littérature au physique anonyme et sans âge, spécialiste de la poésie anglaise du XIX siècle et plus particulièrement du poète méconnu William Ashbless. C’est à ce titre qu’il est contacté par J. Cochran Darrow, un érudit milliardaire qui a la réputation peu sérieuse d’être un iconoclaste versé dans l’ésotérisme, les croyances et les shamaneries de toutes sortes. Ce dernier lui dévoile son grand projet : il a trouvé le moyen de voyager dans le passé et propose à Doyle de lui servir de guide à lui et ses amis (plusieurs autres très riches hurluberlus qu’il a convaincu de financer son projet de voyage littéraire temporel) dans l’Angleterre victorienne au cours de leur voyage de quelques heures et pendant lequel ils iront assister à une conférence de Coleridge…
D’abord pas convaincu du tout, Doyle tente l’expérience et contre toute attente les voyageurs se retrouvent bel et bien dans le Londres de 1810 !! Évidemment, c’est lors du retour que les choses vont se gâter pour Doyle qui se voit enlevé par un sorcier gitan patibulaire qui l’empêchera de prendre la « porte » qui devait le ramener au XXème siècle…
Dès lors, prisonnier du passé, Doyle va devoir se débrouiller pour trouver non seulement un moyen de retourner dans son époque, mais aussi de subsister dans ce Londres inhospitalier où pourtant il ne semble pas être le seul « échappé du temps » puisqu’une personne insaisissable se promène ça et là dans la foule en sifflotant l’air de Yesterday des Beattles !!!
Les pérégrinations de Doyle vont le mener de surprise en surprise, et il va vite se retrouver au beau milieu d’un conflit entre les deux troupes de mendiants qui se partagent la ville… ce qui ne sera que le début d’une longue course-poursuite émaillée de rebondissements, d’action et de suspense.
Vraiment je comprends pourquoi ce roman est considéré comme une référence en la matière, tant il est dense, aussi bien en thèmes chers au genre Fantastique (le voyage dans le temps, la lycanthropie, la magie noire –oubliez Harry Potter-, l’interversion des esprits entre deux corps), qu’en personnages forts et charismatiques (le clown, le docteur Romany, Doyle, le géant). Le style est riche, la narration trouve le juste milieu entre dynamisme et sobriété ce qui lui confère du reste l’attrait d’un classique instantané du récit de voyage dans le temps (j’avoue avoir un faible pour ce thème). Et bien qu’on voit parfois quelques rebondissements arriver c’est pour mieux se laisser surprendre par ceux qu’on n’a pas du tout anticipés, d’autant que le suspense est gardé jusqu’à la toute fin de ce qu’il advient du personnage principal.
Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un roman de ce style, ça m’a rappelé furieusement les années lycées où j’ai écumé les romans et nouvelles d’A.E. Van Vogt, Philip K. Dick et autres Aldous Huxley. Car je range sans hésiter Les Voies d’Anubis auprès de ses glorieux aînés. Si le style vous parle, allez-y c’est du très bon !
Voilà un roman qui ne paie pas de mine, au titre pas très accrocheur et au pitch assez classique, l’exemple même du bouquin qu’on aborde un peu dans le flou, sans spécialement un grand enthousiasme.
Mais qu’on lit tout de même, et dans mon cas pour deux raisons. La première c’est qu’il m’a été offert (et pour moi, choisir avec attention un cadeau pour quelqu’un donne toute sa valeur à l’objet offert, encore plus lorsqu’il s’agit d’un livre, d’où le statut très spécial et cher à mon cœur de celui-ci). La seconde c’est qu’il est écrit par Laurent Chalumeau, journaliste-écrivain qui a une plume très agréable à lire, moderne et vive, et qui signait dans les années 80 des articles dans Rock’n’Folk. À ce titre, et pardonnez la totale digression, je ne peux que vous conseiller son papier sur le Boss dans le hors-série de Rolling Stone consacré à Bruce Springsteen et paru en février 2009, car en plus de ses qualités d’écrivain, le bougre a un sacré bon goût musical ! Et puis si vous avez connu la grande période de l’émission de Canal+ Nulle Part Ailleurs, il y écrivait avec son compère de longue date Antoine de Caunes les textes de ce dernier pour les personnages qu’il interprétait en fin d’émission (depuis Aquarium le baba-cool à Raoul Bitenbois en passant par Didier l’embrouille et autres persos tous plus hauts en couleurs les uns que les autres), ça vous posera peut-être un peu mieux le-dit Laurent Chalumeau !
Donc le mec sympa en question qui donne son titre au bouquin, c’est Manu Bonal, ancien espoir du tennis français du temps où il jouait en junior. Manu est en liberté conditionnelle, il sort de prison après trente-deux mois d’enfermement à la maison d’arrêt de Grasse. Car Manu ne faisait pas que jouer au tennis, il améliorait son quotidien par quelques vols de bijoux et autres cambriolages… Mais son passage en prison l’a remis sur le bon chemin, et pour lui c’est clair : sous aucun prétexte il ne retournera en maison d’arrêt, quitte à redevenir honnête. Aujourd’hui il a un petit job sans prétention de prof de tennis dans un club ultra-select de la Côte d’Azur, et il compte bien se contenter de ce statut plutôt agréable pour profiter de sa liberté retrouvée.
Le problème c’est que son nouveau conseiller d’insertion et de probation qu’il doit voir pour un suivi mensuel de sa liberté conditionnelle, ne l’entend pas de la même oreille. Il propose un marché à Manu : soit il cambriole pour lui une collection de montres anciennes d’une grande valeur, soit il le renvoie en taule en falsifiant et en chargeant son dossier. Manu est pris au piège : s’il refuse ce sera un retour en prison assuré, s’il accepte il a toutes les chances de finir de la même manière…
Voilà pour l’intrigue de départ. Une histoire de chantage, assez classique comme je le disais en introduction. Mais le bouquin est loin, très loin de se limiter à cela. Car sur cette trame principale viennent se greffer plusieurs autres intrigues secondaires qui vont introduire une bonne douzaine d’autres personnages tous plus savoureux les uns que les autres. C’est la grande force de Chalumeau : ses personnages sont extraordinaires, à la fois très charismatiques et parfaitement crédibles. On croisera au gré des pages un chirurgien esthétique qui ne pense qu’au fric et au cul, une bourgeoise en mal d’aventures, un criminel de guerre serbe sans pitié complexé par ses grosses fesses, une ravissante beurette employée de l’administration pénitentiaire et militante dans une association d’aide aux prostituées, un clandestin roumain qui compte bien devenir le Scarface de la Côte d’Azur, etc… Ils n’ont a priori aucun lien entre eux mais leurs destinées vont se croiser au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue qui évolue de surprise en surprise. Pour ça aussi, le gars Chalumeau est balèze : il envoie rebondissement sur rebondissement et joue avec le lecteur entre moments de franche rigolade et passages plus durs et qui font monter la tension en flèche…
Le tout est mis en valeur par une science des mots et une maîtrise des dialogues jouissive qui font de la lecture d’Un mec sympa un vrai bon moment.
D’ailleurs là aussi j’ai failli me faire avoir en début de lecture. C’est bien simple, j’ai détesté au départ le style narratif de Laurent Chalumeau, blindé raz la gueule de participes présent qui m’ont tout d’abord rebuté, me donnant l’impression que l’auteur en usait et en abusait histoire de coller un style tape-à-l’œil, post-moderne et limite frimeur à son bouquin. Du genre « sujet-verbe-complément c’est pour les nazes oh ! », j’avais l’impression qu’il s’acharnait à commencer toutes ses phrases par un participe présent, bouffant systématiquement le sujet, ce qui donnait un aspect très prétentieux à la narration. Et puis au fil des pages j’ai changé d’avis. D’abord parce que l’histoire m’avait happé, ensuite parce que finalement j’ai trouvé que le style employé faisait ressortir un caractère nonchalant, fataliste, tantôt m’enfoutiste tantôt carrément suffisant, qui collait parfaitement avec certains personnages, Manu et le chirurgien plastique en tête.
Bref, le style m’a dérouté, voire déplu au début, mais on s’habitue vite et finalement une fois qu’on s’y est fait ça passe tout seul.
Bref, pour ses personnages truculents, pour son scénario diaboliquement bien ficelé, pour ses dialogues ciselés et pour son humour percutant j’ai adoré ce livre qui est un de mes gros coups de cœur de 2009. À découvrir absolument !
Encore tout imprégné de mon trip australien dispensé par le bouquin de Bryson, je suis tombé sur cet ouvrage au titre bizarre qui m’a interpellé au premier coup d’œil : Le Koala Tueur et autres histoires du bush de Kenneth Cook.
Je ne connaissais pas l’auteur mais j’ai de suite souri en repensant à un passage de Nos voisins du dessous où Bryson remarque le nombre incroyable de lieux et de personnes qui se nomment « Cook » en Australie… en voilà encore une illustration.
Au fil des quinze nouvelles qui forment ce livre, l’auteur nous raconte avec un humour féroce et un sens de l’autodérision marqué ses expériences dans le vaste bush australien et ses rencontres plus ou moins heureuses avec sa faune, animale comme humaine.
Selon ses propres aveux, ces anecdotes sont toutes véridiques mais semblent tellement invraisemblables que Cook n’a jamais pu les intégrer dans un de ses romans, de peur de ne pas être cru. Mais si je veux croire en sa parole je ne peux m’empêcher de penser que l’auteur australien aura par-ci par-là quelque peu brodé en racontant ses loufoques aventures. Et selon moi il a très bien fait ! Car le résultat est là : les personnages, aussi bien humains qu’animaux, sont dépeints avec un réalisme teinté d’humour piquant et font la force des différents récits, au-delà même des situations burlesques qui nous sont contées.
Toutes les nouvelles ne sont pas exceptionnelles, certaines m’auront beaucoup plus fait rire que d’autres. Je retiens entre autres la rencontre de Cook avec un chameau kidnappeur à l’haleine pestilentielle, sa mésaventure face à un razorback (les cochons sauvages d’Australie) furieux qui compte bien démontrer qui est le chasseur et qui est le chassé, le concours de buveurs de bières au sein d’une colonie de mineurs d’un gisement d’opales, et surtout la pépite du bouquin : le combat entre l’homme (en l’occurrence Cook) et le koala tueur du titre. Ce récit-là m’a fait littéralement éclater de rire tant il est bien raconté et hilarant. Je ne résiste pas à l’envie de retranscrire ici ce que pense Cook de ces adorables bestioles : « Je n’aime pas les koalas. Ces sales bêtes, aussi hargneuses que stupides, n’ont pas un poil de gentillesse. Leur comportement social est effroyable – les mâles n’arrêtent pas de se tabasser ou de voler les femelles de leurs semblables. Ils ont des mécanismes de défense répugnants. Leur fourrure est infestée de vermine. Ils ronflent. Leur ressemblance avec les nounours est une vile supercherie. Il n’y a rien de bon chez eux. »
Cook donc n’aime pas les koalas. Mais je vous assure que c’est réciproque, les koalas n’aiment pas Kenneth Cook non plus !!
Requins, crocodiles énormes, chat sauvage caractériel, reptiles et serpents de toutes sortes, mais aussi aborigène au sens des affaires très développé, montreur de serpents totalement inconscient ou plongeur un peu timbré, Cook va croiser sur sa route tout ce dont on ne vous parle pas dans les agences de voyage quand on vous vante les beautés de l’Australie. Si vous avez envie de passer un bon moment, si vous avez envie d’un peu de légèreté et d’une lecture dépaysante et amusante, sans forcément tutoyer le génie Kenneth Cook saura répondre à vos attentes avec ce bouquin. Et si un jour vous vous retrouvez à visiter une forêt d’eucalyptus en Australie prenez la bonne résolution de surtout laisser les koalas qui y vivent tranquilles ! à vos risques et périls !!
Il y a deux pays qui me fascinent par leur immensité, leur aura et leur façon de conjuguer modernité et nature sauvage, ce sont les États-Unis et l’Australie.
Après avoir lu avec délectation American rigolos de Bill Bryson dans lequel il taille amicalement un short à ce beau et grand pays qu’est l’Amérique, je me suis donc précipité pour lire ce qu’il avait à dire sur ce continent aux antipodes de tout, l’Australie.
Bien que la présentation reste la même et qu’on les trouve au sein de la même collection aux éditions Payot, les deux livres ne sont pas du tout formatés à l’identique. American rigolos est un recueil de chroniques relativement courtes et bien senties sur les States, alors que Nos voisins du dessous est un véritable récit de voyage où Bryson raconte son périple à travers le pays en découpant ses chapitres « géographiquement » au fur et à mesure de l’avancée de son voyage. D’une lecture beaucoup plus classique donc, moins aérée et moins légère on sent parfois l’auteur moins à l’aise pour les transitions que dans ses courts billets du livre précédent.
Cela étant, on ne s’ennuie pas pour autant, le rythme est simplement plus lent et Bryson prend plus de temps à décrire l’Australie telle qu’elle lui apparaît. Sur le fond la formule reste la même : on apprend énormément de choses sur cette contrée éloignée, et on mélange allègrement faits historiques, informations de première importance et petites anecdotes amusantes et instructives.
Pour nous faire découvrir le pays, Bill Bryson aime se décrire dans toutes sortes de situations où il n’est pas forcément à son avantage, et sait faire rire à ses dépends. Il manie les traits d’humour avec finesse et talent, sans jamais toucher à la vulgarité ou à l’exagération outrancière, tel le parfait anglais d’adoption qu’il est. Son récit ne se départit que très rarement de l’humour qui le caractérise et quand il le fait c’est pour aborder des sujets graves et douloureux, comme par exemple le problème d’intégration au sein de la société australienne de la population aborigène.
L’image qu’il donne de l’Australie c’est avant tout sa démesure en toute chose. Sa taille, son climat, sa végétation, sa faune et ses habitants, absolument tout semble verser dans l’extrême. On a l’impression en le lisant que si l’Australie peut par bien des aspects ressembler à un petit paradis préservé de la folie occidentale, elle peut aussi bien basculer à tout moment dans l’enfer total pour qui n’y prendrait garde en s’y aventurant à la légère.
Bryson ne donne pas de l’Australie un visage idyllique, loin s’en faut, mais malgré la somme de dangers potentiels qu’il énumère et le nombre de mises en garde qu’il nous assène, sa description de ce pays-continent et le récit de son voyage à travers les divers territoires australiens donnent une irrésistible envie de découvrir cette terre du bout du monde, loin des prospectus de papier glacé à l’intention du touriste en mal de station balnéaire. Et au-delà même des paysages hors-normes et de la faune et la flore à nulles autres pareilles, on sent que l’intérêt principal de l’auteur aura été capté par les habitants, eux aussi exceptionnels à bien des égards. La description qu’il fait des australiens laisse transparaître une vraie tendresse de Bryson envers eux, sans pour autant que sa vision et son jugement en soient altérés ou ne manque d’objectivité.
Dans un tout autre style que American rigolos, Nos voisins du dessous est une plongée très intéressante et légèrement moins centrée sur les débordements loufoques que les aventures américaines de Bill Bryson. Quoi qu’il en soit, le bouquin reste une lecture en tout point recommandable !
Bill Bryson, l’auteur de ce livre, est un journaliste / écrivain américain, né dans les années 50 en Iowa. Parti à la découverte de l’Europe dans les années 70, il s’y installe, s’y marie, fonde une famille de quatre enfants, et travaille en tant que journaliste économique pour des titres aussi prestigieux que le Times ou The Independent.
C’est en 1995 que Bryson revient vivre en Amérique avec toute sa petite famille. Devenu un étranger dans son pays natal, il raconte dans ce livre avec un humour non dépourvu d’autodérision tous les petits tourments et tracas qu’il rencontre dans ce pays qui est le sien mais dont il a été coupé depuis plus de vingt années. Le livre est un recueil des chroniques qu’il a écrites et qui ont été à l’origine publiées dans un hebdomadaire anglais. De ce fait il se découpe en très courts chapitres de trois à quatre pages chacun traitant tour à tour d’un thème qui aura frappé l’esprit de l’auteur.
Il y aborde des sujets très variés et touchant principalement la vie de tous les jours du Wasp moyen qu’il est redevenu depuis son installation dans le New Hampshire. Les transports, les supermarchés, la culture, la publicité, la télévision, l’éducation, la malbouffe, la santé, l’administration, le confort moderne, Bryson passe au crible la vie quotidienne et la société américaine. Le tout entrecoupé également de chroniques plus légères et personnelles parlant de sa vie de famille ou de ses souvenirs d’enfance.
Bill Bryson manie l’humour avec élégance et pertinence, et je me suis plus d’une fois retrouvé à rire de bon cœur en le lisant. Ce qui est d’autant plus agréable qu’on a le net sentiment d’apprendre tout en s’amusant à la lecture de son livre qui peut paraître léger de par sa forme, mais n’en est pas moins une mine d’informations sur l’American Way of Life moderne (les chroniques datent de 1996-97). Parmi ces billets que j’ai beaucoup aimés et qui me reviennent en mémoire (ça fait un an maintenant que j’ai lu le bouquin) je citerais volontiers celui qui traite génialement de cet animal méconnu mais hautement charismatique qui vit dans les forêts de la Nouvelle-Angleterre : l’élan. Ou encore l’hilarant mode d’emploi et notice d’installation d’ordinateur, simplement excellent. Et si vous voulez savoir tout ce dont un broyeur à ordures ménagères est capable, Bill Bryson l’a testé pour vous également.
Bref, moi qui suis fasciné par les États-Unis depuis toujours, et qui adore ce style d’écriture qui donne à réfléchir autant qu’à rire, j’ai été conquis par le livre de Bryson. Il conjugue avec brio tout ce que j’aime : la connaissance parfaite de son sujet, les informations importantes mêlées d’anecdotes amusantes et l’art de raconter avec légèreté et humour.
Pour moi American rigolos : Chroniques d’un grand pays est à lire pour apprendre et se divertir en même temps (ce qui devrait toujours être le cas dans mon idéal), et je vous le conseille vivement !
Swap de Antony Moore (aux éditions Liana Levy), c’est l’histoire de Harvey, un trentenaire de la génération des geeks. Fan de super-héros et de Star Trek il tient un comic-shop à Londres et vivote tant bien que mal de sa passion. Évidemment, comme tout type qui se rêve en Superman ou en James Bond il en est l’exact opposé. Un peu gras, pas sportif pour un sou, le crâne qui commence à se dégarnir, un bouc qui tente de donner de la personnalité à un visage trop banal et une dégaine d’éternel adolescent attardé à base de basket, jean pourri et t-shirt à l’effigie d’un groupe de hard-rock ou de héros de bande-dessinée. Célibataire plus par fatalité que par choix, Harvey fantasme sur les femmes fatales mais est un piètre séducteur : la femme est un animal bizarre bien trop compliqué à comprendre et à intégrer dans sa vie. Et côté moral ce n’est pas le top non plus. Il traîne avec lui un regret qui pourrit toutes ses pensées et lui donne l’impression d’être maudit et la victime innocente d’une injustice sans nom. Depuis des années il est obsédé par l’exemplaire de Action Comics #1 qu’il possédait enfant, le fameux comics de 1929 où est apparu pour la première fois Superman, qui est devenu un véritable objet de culte et a aujourd’hui une valeur commerciale énorme (pour info, un exemplaire en très bon état s’est négocié début 2010 à 1 Million de $, NdS). Harvey maudit ce jour fatidique où, alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années, il avait échangé son Action Comics #1 contre un vulgaire jouet en plastique. Ce jour où l’enfant débile a privé l’homme qu’il est devenu de la richesse et de la gloire… avec ce Action Comics #1 tout serait pourtant tellement plus simple, sa vie serait si belle, il serait un héros lui aussi ! Harvey ne peut se débarrasser de cette pensée envahissante, obsédante…
Arrive une réunion d’anciens élèves où il est invité et où il sait qu’il va retrouver Bleeder, qui passait pour un demeuré et était le souffre-douleur de sa classe quand ils étaient gosses. Celui-là même avec qui il avait fait cet échange qui a ruiné sa vie, son comics inestimable contre un bout de plastique débile, alors certain de faire une bonne affaire qui plus est !! Harvey est persuadé que ce crétin de Bleeder ne sait même pas qu’il a peut-être encore quelque part dans son grenier ou au fond d’un carton ce trésor de comics qui le ferait accéder au bonheur ultime, Bleeder n’en soupçonne d’ailleurs certainement même pas la valeur… Mais cette fois Harvey est décidé à tordre le coup à ce regret qui pourrit sa vie depuis trop longtemps. Il va forcer son destin, aller voir Bleeder et récupérer ce qui lui revient de droit, et la belle vie commencera enfin pour lui, celle qu’il mérite tant… Sauf que rien ne se passe comme il le prévoyait, et qu’il va très vite être embarqué dans une affaire qui va totalement le dépasser. Action, suspense, amour, sexe, meurtre… tous les ingrédients d’une aventure de super-espion de cinéma vont bousculer la vie de ce petit libraire au physique de bouteille d’orangina…
Évidemment un tel thème ne pouvait me laisser de marbre ! Moi-même à moitié geek et à 200% fan de comics (je passe cependant mon tour pour la bouteille d’orangina hein ! … enfin je crois…) j’étais en terrain connu et familier dès le départ. Et quasiment d’office, dès la description de Harvey passée, mon esprit avait mis en lieu et place du personnage principal un type que je connais et croise régulièrement depuis des années aux festivals de BD auxquels je me rends parfois. Le visage, le physique, le comportement, tout collait si bien que ça avait été une évidence à la lecture (désolé pour lui, c’est un peu salaud de ma part mais c’est venu naturellement et sans méchanceté, promis !). La lecture du roman n’en a été que plus agréable pour moi, je visualisais tout parfaitement. Les péripéties s’enchaînent, l’engrenage machiavélique se précise et on se rend compte que décidément, Harvey est vraiment soumis à la fatalité, réellement maudit, et confirme page après page son statut de loser de première catégorie (forcément un peu attachant du coup… pitié quand tu nous tient…). Jusqu’au dénouement qui je l’avoue m’a un peu surpris, bien qu’il reste parfaitement logique et cohérent avec le reste.
Alors bien sûr vous n’avez pas besoin d’être fan de comics ou geek indécrottable pour apprécier l’histoire, n’empêche que c’est un petit plus qui permet certainement d’être un peu plus dans l’ambiance. L’intérêt principal du roman réside dans sa galerie de personnages, finement observés et aux caractères réjouissants (Antony Moore est psychanalyste dans le civil), et l’intrigue lorgne avec bonheur du côté du thriller à accents comiques.
Pas de quoi se relever la nuit certes, mais assez fraîche, divertissante et originale, je vous encourage à découvrir l’histoire de Harvey, le type qui a fait du long et profond soupir son arme secrète de héros de roman…
35.
Ans.
35 ans.
35 ans 35 ans 35 ans 35 ans 35 ans 35 ans 35 ans 35 ans.
Trente-cinq ans.
Évidemment vous ça vous laisse froids.
Moi ça me glace…
Pourtant la réalité est là. Je suis né le 14 avril 1975, il y a 35 ans donc.
Je me regarde dans une glace et je ne peux pas le nier, c’est écrit en gros caractères sur mon front, mes yeux, ma gueule et mon corps tout entiers.
J’ai envie de reprendre les vers de la chanson Tout va bien de Cali : « Suis-je à la moitié, suis-je à la fin ? En tout cas, ce n’est plus le début ». En fait j’aurais bien envie de reprendre le texte intégral de cette chanson, mais bon, faudrait quand même pas tomber dans la facilité et faire écrire mes articles par d’autres (même s’ils sont bien plus talentueux).
Difficile de faire un bilan alors qu’on a l’impression d’avoir tout juste commencé…
Et puis pas vraiment l’envie non plus, trop déprimant.
Je crois qu’en fin de compte je retiendrai deux choses plus que tout le reste.
Celles et ceux qui peuplent mon existence, que j’aime et qui m’aiment.
Et celles et ceux qui ont disparu de ma vie, qui m’aimaient et que j’aime.
Mais avant toutes et tous, Nathan.
Nathan qui a un papa de 35 ans … 35 ans !
J’en reviens décidément pas.
Ça faisait un bail que je voulais toucher un petit mot de À suivre !
Il s’agit d’une pièce de théâtre, d’une comédie plus précisément, écrite par Jérémy Manesse et interprétée au Café de la Gare de Paris par une petite troupe de comédiens (dont l’auteur) à la pêche et l’enthousiasme réjouissants.
C’est justement en lisant l’annonce de l’arrêt en mai de À suivre ! (après plus d’un an et demi de représentations tout de même !) sur le blog de Jérémy Manesse que je me suis dit que c’était le moment ou jamais d’en parler ! J’ai vu la pièce en novembre 2008, alors que je passais quelques jours à Paris pour aller voir l’immense Leonard Cohen à l’Olympia, et j’avais passé un excellent moment dans cette petite salle de théâtre à l’ambiance familiale et sympathique.
À suivre ! c’est l’histoire de Margotte, une jeune femme fan de séries télévisées américaines, dont la passion dévorante envahit le quotidien au grand désespoir de son compagnon Damien. La vie de Margotte prend une tournure inattendue le jour où une pompière un peu bizarre, flanquée d’un agent secret frappadingue, font irruption dans son petit appartement. L’héroïne de salon voit sa vie basculer dans un environnement tout droit sorti des meilleures séries télé dont elle se gave. De spectatrice elle devient personnage principal d’une aventure rocambolesque. Sa vie serait-elle devenue une série télé ? la fiction serait-elle devenue réalité ? Margotte serait-t-elle tombé dans un épisode de la Quatrième Dimension ?…
Vous l’aurez compris en lisant le résumé, on est dans une pièce de théâtre résolument moderne, aux références très actuelles et directement connectée à un autre média, la télévision, et plus particulièrement les séries télévisées américaines. Alors évidemment ça vous plaira certainement beaucoup plus si comme moi (et Margotte) vous ingurgitez série sur série. Vous retrouverez tous les codes et rebondissements scénaristiques de vos séries préférées dans cette pièce, le tout agrémenté d’un humour bien senti et de situations loufoques. Déco, bande son (car il y a même une bande son originale façon Prison Break !), accessoires, personnages : toute la pièce est parsemée de clins d’œil aux séries télé, le geek qui sommeille en vous se régalera à les repérer.
Pour ma part si je suis allé voir ce spectacle c’est avant tout pour son auteur, avec lequel je partage la passion des séries télé mais aussi et surtout celle des comics. C’est d’ailleurs par ce biais là que j’ai découvert Jérémy Manesse qui est également traducteur pour le compte de Panini France (les nouvelles traductions de Preacher, Transmetropolitan, mais aussi Y le dernier homme, 100 Bullets et des tonnes d’autres choses, c’est lui). Et cherry on the cake, l’affiche de la pièce est dessinée par un dessinateur américain que j’adore, Darick Robertson (à lire absolument dans Transmetropolitan et The Boys).
À suivre ! c’est drôle, bien écrit, énergique, pêchu, divertissant, frais, original, bref : À suivre ? à voir !
(La pièce se joue au Café de la Gare, tous les samedis et dimanches, jusqu’au 9 mai.)