On a tous un jour ou l’autre le bourdon. Je ne vous parle pas d’être juste de mauvais poil, mais bel et bien de broyer du noir. D’être démotivé, de se sentir impuissant, de se dire que « de toute façon c’est foutu ». On a tous connu ça. On connaît tous ça. Ça va, ça vient, ça se fait oublier puis ça réapparaît à la surface. On ne sait même pas exactement pourquoi, c’est juste comme ça. Moi ça me l’a fait lors des attentats de Charlie Hebdo par exemple. Ou quand j’ai appris que Leonard Cohen nous avait quitté. Parfois aussi ça peut juste s’avérer être une conjonction de micro-événements qui mis bout à bout réveillent ce sentiment de blues profond contre lequel on se sent désarmé.
Mais j’ai une arme fatale contre ça. Un truc contre lequel le pessimisme et l’abattement ne résistent pas une minute. Les enfants. Mes enfants, Tom et Nathan.
Petit patchwork hétéroclite de situations du quotidien, trois fois rien en réalité, mais qui me redonnent invariablement la banane…
Quand après le repas du soir, la brosse-à-dents dans la bouche, ils chantonnent Blues, booze and rock’n’roll de Manu Lanvin…
Quand le soir après les devoirs on se cale tous les trois sur le canapé pour regarder un ou deux épisodes d’Ulysse 31 ou Capitaine Flam…
Ulysse, Nono, Télémaque et Thémis
Quand ils se font un parcours du combattant chronométré style Koh-Lanta dans le jardin, à grand renfort d’escalade de balançoire et de toboggan…
Quand chaque dimanche après-midi on regarde un film en famille, tous ensemble agglutinés devant la télé...
Quand on lit ensemble un passage du Tournoi des Champions, le comics que j’ai lu des dizaines de fois enfant et qui passionne tout autant les miens 35 ans plus tard...
Le Tournoi des Champions, édition 2018
Quand Tom demande s'il peut tremper sa banane dans sa crème au chocolat en précisant que « ça doit être super bon ! » ...
Quand Nathan me demande dans la voiture après avoir écouté Highway to Hell d’AC/DC : « on peut le remettre s’il-te-plaît ? »…
Quand Tom, du haut de ses 4 ans prend un comics et raconte l’histoire à voix haute, en inventant les dialogues et les histoires en fonction des dessins qu’il voit en tournant les pages…
Quand Nathan me parle de mosasaure, de parasaurolophus, de dilophosaure, d’argentinosaure, de dunkleosteus, de quetzalcoatlus ou de liopleurodon…
C'est ça un liopleurodon !
Quand Tom me parle de Peter Quill, Dark Wolverine, Bucky, Blitzkrieg, Nova, Faucon Pèlerin, Iron Patriot, Sasquatch, Docteur Druid, Carnage, Sabra, Quicksilver, Mockingbird… et me pose plein de questions à leur sujet...
Quand Nathan se lève le week-end, et en attendant que le reste de la maisonnée se réveille, s’installe devant l’ordinateur et regarde une ou deux émissions de C’est pas sorcier sur youtube, passant de sujets en sujets, aussi divers que variés, tels que le traitement des eaux usées, les casques bleus de l’ONU, la formation de la grêle pendant les orages, les serpents, le rugby, les inondations à Venise, les méduses, le billard,…
Quand mes deux loulous débattent des forces et pouvoirs comparés de Kylo-Ren, K-2SO, des jawas ou des gardes rouges, ou encore des différents vaisseaux spatiaux de Starwars…
Quand mes deux petits mélomanes me supplient après le repas de mettre un ou deux clips de Nathaniel Rateliff and the Night Sweats, si possible Hey Mama avec ses voitures qui défilent à l’écran, ou encore comme dirait Tommy « Au galop » (traduisez par Need never get old !), « mais si tu sais quand ils se déguisent en papys à la fin ! »…
Nathaniel Rateliff and the Night Sweats "déguisés en papys" ;-)
Quand Nathan est tellement concentré et absorbé par la BD qu’il est en train de lire qu’il ne la lâche pas et continue à lire tout en s’habillant ou en marchant…
Quand Tom se fait des doigts-framboises en empalant sur chaque doigt la plus grosse framboise possible, ce qui le rend hilare mais n’entame en rien l’appétit avec lequel il engloutira les fruits dans la foulée…
Quand Nathan revient tout fier avec sa seconde étoile à la fin de sa première saison de ski alors qu’il était inscrit chez les flocons, et que Tom qui a pour sa part ramené la médaille « Garoloup » demande à ce qu’on l’accroche sur son pyjama…
Quand avec mes deux fans de super-héros on passe en revue les vrais noms des personnages, à coup de « qui est Peter Parker ? », comment s’appelle Iron-Man ? » ou « qui est Natasha Romanoff ? » avant de passer à des plus difficiles comme « qui est Pietro Maximoff ? », « comment s’appelle Dents-de-Sabre ? » ou encore « qui est Walter Langkowski ? »…
Monsieur Walter Langkowski !
… dans ces moments et dans bien d’autres encore, le positif l’emporte haut la main sur tout le reste, l’avenir qui paraissait sombre s’éclaircit à tous les coups, et le bonheur se conjugue simplement, au présent.