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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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22 mars 2019 5 22 /03 /mars /2019 16:50

Ah les téléphones portables. Les opérateurs. Les forfaits, les abonnements. Le monde merveilleux du tout numérique, la dématérialisation des services, la connexion permanente au réseau. Tout ça, tout ça.

J’ai de tout temps gardé volontairement une certaine distance avec ce qui passe pour être la marque ultime de la modernité. Pas demain la veille qu’on me verra avec un Iphone par exemple. Pourtant, avec un peu de retard sur le reste du monde, je m’étais finalement converti au téléphone portable en 2007.

Seulement voilà : j’en étais resté là. En 2007. Autrement dit la préhistoire vu de 2019.

Dis papy, c'était comment le futur ?

Je vois déjà le flot de moqueries qui vont s’abattre sur moi, et je m’en cogne car je n’en retire aucune honte : jusqu’à maintenant je n’avais jamais pris d’abonnement chez aucun profiteur opérateur téléphonique. Je fonctionnais en carte prépayée* ! Ravalez vos quolibets, je n’en ai cure. Sauf que, les années passant, chez Bouygues les règles de facturation ont beaucoup varié, allant du très rentable à la limite de l’usurier, voire dernièrement de l’escroquerie pure et simple. Mon utilisation du téléphone n’a jamais changé : très peu d’appels, quasiment pas de mms, pas mal de sms et jamais d’internet. Je ne suis tout simplement pas un accro du portable, c’est à mes yeux un simple outil pratique qui doit garder ce statut et rien de plus. En revanche ma consommation de cartes prépayées, après avoir été longtemps stable, s’est tout à coup envolée ces derniers mois. N’ayant pas changé mes habitudes, j’en ai déduit que Bouygues Télécom faisait tout pour se débarrasser de ses offres prépayées, ou à défaut se gaver un maximum dessus. Étant par ailleurs très régulièrement sollicité par des sms de pub m’incitant à « faire évoluer mon offre » en passant à la formule sans engagement « B&You », j’avais fini par abdiquer, me résignant à passer outre mes principes en la matière. Ma philosophie avait toujours été de préférer payer ce que je consomme plutôt qu’un abonnement fixe pour des services que je n’utilise pas. Je consomme plus je paye plus, je consomme moins, je paye moins, ça me paraissait pas complètement déraisonnable comme idée. D’un autre siècle peut-être, mais pas déraisonnable, j’insiste. Mais voilà, l’évolution des tarifs est telle que persister en carte prépayée serait aujourd’hui l’équivalent de souscrire volontairement à la légalisation du racket**.

 

Quittant plus tôt le bureau, me voici donc en chemin pour la boutique Bouygues Télécom de Colmar, considérant bon gré mal gré, qu’un abonnement sans engagement « B&You » à 7€99/mois ça reste un bon compromis entre mes besoins en téléphonie et ce que je suis enclin à dépenser à cet effet. Et puis surtout c’est le terme « sans engagement » qui me plaît dans l’affaire.

J’entre donc. Ce faisant je remarque bien que j’interromps la discussion certainement très intéressante qu’avaient entre eux les deux … comment doit-on les qualifier d’ailleurs ? Vendeurs ? Conseillers ? Ah oui : technico-commerciaux ? J’expose ma demande, simple, brève, synthétique : « je suis en carte prépayée chez Bouygues, j’aimerais changer pour un forfait « B&You » à 7€99/mois. » L’air triste et l’oeil morne, on me rétorque d’un air distrait qu’on ne peut rien pour moi en boutique, ça ne peut se faire que par internet. Il me semblait pourtant avoir lu dans les sms intempestifs que je recevais de Bouygues la formule « rendez-vous dans nos boutiques pour changer d’offre » ou quelque chose d’approchant. Non non, on m’affirme que c’est sur internet que ça se passe. Je m’attends à ce qu’on me propose de me connecter au site sur place, histoire de ne pas m’être déplacé pour rien mais c’est un vain espoir. La demoiselle-conseillère-vendeuse-technico-pouet-pouet reste plantée devant moi, amorphe, plus de son plus d’image. Devant tant d’enthousiasme commercial je n’insiste pas et repars en sens inverse.

Bon pour rebrousser chemin...

Je me connecte sur le site du maçon des télécoms, je parviens non sans peine à trouver le lien qui m’est réservé (« si vous êtes en carte prépayée veuillez cliquer ici » perdu sur la page en petits caractères), je m’identifie, suis les consignes et opte pour la formule voulue. Et là, en toutes lettres il est clairement mentionné que pour les clients en carte prépayée, le passage en B&You ne peut pas se faire en ligne, mais obligatoirement en boutique. Las, je sens monter en moi l’exaspération. Je me dis qu’il faut battre le fer tant qu’il est chaud et repars derechef à pinces vers la boutique. Pendant tout le trajet la petite phrase de Lino Ventura dans les Tontons Flingueurs trotte dans mon esprit comme un mantra : « L’homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois [...] »...

"L'homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois..."

Deuxième interruption de ce qui semble définitivement être une discussion très intéressante entre les deux… les deux… je ne sais pas, je ne sais plus, disons les deux plantons en uniforme de chez Bouygues affalés sur leur comptoir.

J’entame par un rebonjour. J’explique calmement (même, j’essaie de sourire) que le site qu’ils m’ont conseillé d’aller consulter, m’a conseillé de revenir les voir eux. La demoiselle sans entrain passe la main à son collègue qui s’avance d’un air bravache, genre « laisse cocotte, je m’en occupe, je vais lui redire tout pareil que toi mais avec un air de c’est qui le patron ici ».

« Ah non c’est impossible monsieur, on ne peut pas faire ça en boutique, les B&You c’est obligatoirement en ligne. » De manière fugace, l’envie de lui demander à quoi sert une boutique qui ne peut pas vendre un des produits d’appel de la marque me traverse l’esprit, mais je la chasse bien vite, en me disant que faire du mauvais esprit ne fera pas avancer mon problème (L’homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois…).

Quand on veut...

Je lui réponds donc que « si, ça doit être possible, en tout cas c’est explicitement indiqué comme tel sur le fameux site en ligne tant recommandé ». Sous-entendu : je n’ai pas pour habitude d’inventer des cracks juste pour faire chier mon prochain. Pas que ça à faire non plus. Et là, le monsieur bravache monte direct d’un ton « je vous dis que je ne peux pas, vous me traitez de menteur monsieur ? ». À ce moment précis, deux choix s’offrent à moi : soit lui expliquer que jamais de la vie je ne me permettrais de remettre en cause son honnêteté, mais plutôt souligner son incompétence ça oui, soit essayer de désamorcer la situation en cherchant une solution à mon problème plutôt que de s’énerver pour rien (en gros : faire son travail à sa place). (L’homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois…)

... on peut !

Je lui propose donc, plutôt qu’un débat pour savoir qui dit la vérité et qui ment digne d’une cour d’école maternelle, de vérifier ensemble sur le site internet de son employeur, que je sais encore lire (et sans lunettes hein ! c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup), et que non je ne viens donc pas juste pour l’empêcher de discuter en rond avec sa collègue féminine à l’œil de poisson pas frais, mais bel et bien parce que je n’ai pas d’autre choix pour souscrire à mon putain de bordel de forfait B&You de mes couilles. Pardon, je m’emporte. (L’homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois…)

Et là, je reste coi.

Comme un koala coi, quoi.

Le blaireau-en-chef me répond : « ce n’est pas possible monsieur, on n’a pas internet sur nos ordinateurs ». Ah. Ah d’accord. Rappelez-moi ce que vous vendez déjà ici ? Bêtement je souris, croyant à une joke. Lui ne sourit pas. Les bras m’en tombent. J’ai envie de lui demander s’il est sérieux, mais je m’abstiens, j’ai peur de froisser encore une fois l’honneur de cette pauvre chose, et de devoir m’embarquer à nouveau dans une discussion sans fin à base de « vous me traitez de menteur monsieur ? » N’empêche, le con m’a pris au dépourvu. Je me fends donc d’un « vous n’avez pas internet chez Bouygues ? Ah ben c’est pratique ça. » Avec encore une fois cette question lancinante qui ne demande qu’à être exprimée à haute voix « mais elle sert à quoi votre boutique en fait ? », que je réprime, vaille que vaille. (L’homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois…)

Courage, fuyons.

Apparemment c’est encore trop subversif de ma part, puisque le type-qui-ne-sert-à-rien-en-chef me renvoie du tac au tac, d’un air assez fier de sa répartie : « ah mais je vous rappelle que c’est vous qui avez besoin d’internet monsieur, pas moi ! ». Et ma main dans ta gueule, m’est avis que t’en aurais besoin pour te rappeler que tu es censé essayer de résoudre mon problème plutôt que de jouer les cakous avec la clientèle ! Il n’y a visiblement pas de module « je connais les produits que je vends » dans la formation des inutiles-de-boutiques chez Bouygues Télécom, il semble assez évident qu’il n’y a pas non plus de rappels sur « les bases du commerce » ni sur « le respect et la politesse comme base de tout échange fructueux entre êtres humains ». En fait, il ne doit juste pas y avoir de formation si ça se trouve.

Laissez-moi vous remettre le titre de l'employé du mois.

J’avise la crevette en face de moi, les bras flottants dans son gilet sans manche qui ne laissent aucun doute sur le fait qu’il est tout sauf équipé pour jouer l’impertinence, et l’espace d’un instant j’ai très envie d’user de mon quasi-quintal et de mes heures passées à faire de l’exercice pour voir combien de temps je peux le tenir les jambes décollées du sol à le secouer par le colbac. La perspective est tentante, je suis persuadé que ça me déstresserait bien, et puis soyons honnête : je l’aurais bien mérité après tant d’efforts pour rester calme et posé en face de ce roquet un peu trop sûr de lui ! Mais c’est finalement le petit ange à aube blanche et auréole sur mon épaule droite qui l’emporte, me soufflant à l’oreille l’argument hautement recevable que ça n’apportera de toute façon aucune solution à mon problème de portable. Gandhi Style. (L’homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois…)

Bud Spencer or Gandhi Style ?

À ce moment, hormis les solutions impliquant de la violence physique à base de grandes baffes façon Bud Spencer, j’ai du mal à trouver une solution rationnelle à mon problème. Notez-bien que jusqu’ici, je rappelle que je suis le seul dans cette histoire à essayer de trouver, non sans bonne volonté, une solution au problème, alors qu’il me semble que le type planté devant moi est payé pour, si ce n’est trouver, au moins chercher cette solution***.

C’est alors que le gus, pas le moins gêné du monde enchaîne en essayant de me vendre autre chose. « On ne peut pas faire d’abonnement B&You en boutique, mais on peut vous proposer ça » me dit-il en me montrant sur l’écran de son ordinateur sans internet deux offres absolument irrésistibles qui incluent abonnement avec engagement sur 24 mois, achat d’un nouveau téléphone et mensualités indécentes. Ben tiens. Ça c’est possible, et tout de suite, zéro attente, direct en boutique. Bien, au moins j’aurais élucidé le mystère de l’utilité d’une boutique Bouygues. Vous faire cracher au bassinet. En disant s’il-vous-plaît et merci avec ça.

Et avec le sourire !

Je répète, une fois de plus, une fois de trop, que ce n’est pas, mais alors pas du tout ce que je veux. Je suis déjà client chez Bouygues et je veux juste un forfait B&You à 7€99/mois. Bien qu’abasourdi par tant d’incompétence mêlée de mauvaises manières, alors que je suis encore vainement en train de chercher une porte de sortie à ce cercle vicieux diabolique dans lequel je me suis vu entraîné bien malgré moi, une question me taraude l’esprit, et puisque de toute façon je pressens bien qu’aucun de ces deux nazebroques ne va m’être d’aucune utilité, je la leur pose quand même : « je ne suis quand même pas le premier dans ce cas non ? Je suis le dernier dinosaure à utiliser une carte prépayée et qui demande à changer pour un forfait B&You ? ». La vendeuse à l’œil de merlan frit tente de camoufler un sourire. Tu peux te marrer la vilaine, inutile de te cacher, c’est offert par la maison. Réponse du guignol-qui-a-réponse-à-tout-sauf-à-ce-qu’on-lui-demande : « Non, ça n’est jamais arrivé ». Ok, là j’ai ma dose. C’est pas comme si j’avais encore des doutes, mais c’est la preuve ultime qu’ils n’en ont rien à carrer, et que je n’ai donc strictement plus rien à faire ici si ce n’est perdre plus de temps que je n’en ai déjà perdu avec ces incapables. (L’homme de la Pampa, parfois rude, reste toujours courtois… mais la vérité m’oblige à te le dire : ton Antoine**** commence à me les briser menu !)

Answer is in the question...

Sur ce, retour de la demoiselle-toute-molle dans la conversation, qui se rappelant qu’elle m’avait déjà au préalable conseillé d’aller sur le site Bouygues, change son fusil d’épaule et me propose cette fois de téléphoner au Service Clientèle, qui pourra peut-être (notez le conditionnel qu’elle a employé, manquerait plus qu’on me donne des informations sûres chez Bouygues) m’aider. Oui, oui je vais faire ça. Et puis d’abord racheter une carte prépayée pour les appeler et les entendre me dire « désolé mais il faut aller en boutique pour cela monsieur ». Oui, oui. Bien sûr. Encore merci hein. Changez rien surtout, vous êtes au top.

Mes amis s'associent à moi pour vous dire bravo.

Et c’est comme ça que je suis paché ses Shosh.

Und aufwiedersehn !

* première vague d’évanouissements dans l’audience !

** ah, on me souffle à l’oreillette que dans maints domaines le racket est légal…

*** et là je concède qu’il ne doit certainement pas être payé grassement (en même temps vu le travail fourni ça ne serait pas très méritocratique hein) le garçon de chez Bouygues. Mais son salaire ne justifie en rien son comportement.

**** remplacez le Antoine du film par le prénom du débile-en-chef susnommé

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commentaires

P
Je te rejoins dans le constat que tu poses. Les opérateurs font tout pour que tu quittes le prépayé et que tu prennes un abonnement. Il me revient moins cher de prendre un abonnement (à 15 euros en Belgique) que de continuer à payer uniquement ce que je consomme. Triste ... Ceci dit, je n'ai pas eu toutes tes aventures dignes d'un François Pignon ... ^^
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S
Hello Pierig !<br /> Je pense qu'au regard de la marche du monde, notre "logique" (de payer ce que l'on consomme) est dépassée tout simplement. Pire : ringarde ! Et puis faut bien le dire : un usage du téléphone qui se limite aux appels ou aux textos (comme le mien donc) s'avère archaïque, et clairement en voie de disparition.<br /> Face à la masse, c'est clairement nous qui avons tort... <br /> <br /> PS : c'est un peu comme les blogs, ça appartient déjà au passé ô_Ô (mais merci pour ton passage et ton commentaire, ça fait plaisir !!)
I
Et bien, voilà une bonne pub pour la boutique Bouygues de Colmar !
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S
Oh bah ça ne leur fera pas grand mal vu le peu de fréquentation de mon blog ;-)