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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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23 avril 2018 1 23 /04 /avril /2018 10:32

Que le temps passe vite.

Cela fait un an pile que Nono et moi nous envolions pour la première étape de notre tour du monde !

 

Quiconque nous aura suivi sur notre blog dédié sait déjà que l’aventure fut exceptionnelle et les paysages visités magnifiques.

 

Je n’y reviendrai donc pas en détail, mais je tenais cependant tout de même à marquer le coup en y consacrant ces quelques mots.

 

Je ne veux pas parler au nom d’Arnaud, bien que je pense pouvoir avancer sans trop me tromper que pour lui aussi, notre escapade à travers le monde fut une belle expérience.

 

Inutile donc de trop m’appesantir sur tout ce que nous avons pu voir durant ce voyage, ça a déjà été mis en ligne au jour le jour sur le blog et retranscrit plus tard sous la forme d’un livre que je me suis amusé à mettre en page après notre retour.

Au large des Twelve Apostles...

Mais ce que je tenais à dire ici, s’adresse pour une part à Arnaud, et d’autre part à Marie, Nathan et Tom.

 

C’est tout simple et ça peut se résumer en un seul mot : merci !

 

Merci à Nono pour m’avoir entraîné dans son sillage, pour m’avoir rassuré quand je flippais à mort que le projet foire pour une raison ou une autre (qu’elles soient rationnelles ou irrationnelles), pour sa positive attitude de chaque instant, pour ses qualités d’organisation, de bonne humeur, de volonté, d’humour. Pour m’avoir laissé m’amuser à faire parfois un peu n’importe quoi avec notre blog. Pour être d’un naturel aussi simple et facile à vivre au quotidien (parce que pour partir pendant 48 jours 24h/24 avec quelqu’un, faut vraiment bien s’entendre !). Pour toutes ses bonnes idées, ses solutions, sa réactivité, son enthousiasme. Pour avoir aussi accepté d’injecter ma part de suggestions (ne serait-ce qu’en ce qui concerne les différentes étapes du voyage) dans son rêve de départ à lui. Pour m’avoir expliqué les règles du base-ball quand on est allé voir les Dodgers. Pour m’avoir expliqué les règles de base de la conduite avec boîte automatique. Pour m’avoir fait goûter du crabe à Santa Barbara (si si, même pour ça !). Pour tout ça, pour son amitié, et pour bien d’autres choses encore. Merci.

 

Et un merci très spécial à ma fée et mes deux loulous. Merci d’avoir accepté de me laisser partir aussi longtemps et aussi loin. Merci d’avoir compris mon envie et les raisons qui m’ont poussé à me lancer dans ce projet. Merci d’avoir fait tous ces efforts d’organisation pour me permettre de m’absenter pendant 48 jours tout en continuant d’assurer la vie quotidienne sans moi. Merci d’avoir partagé avec autant d’enthousiasme mon bonheur et mes souvenirs, de vous être autant intéressés à ce voyage. Merci de m’aimer assez pour ça.

 

Et enfin, merci à vous quatre, de m’avoir permis de réaliser ce rêve.

Au bord du Grand Canyon...

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16 avril 2018 1 16 /04 /avril /2018 20:30

Le 14 avril 2018 est une date à définitivement retenir dans nos mémoires.

Non, pas parce que c’était mon 43ème anniversaire.

Mais parce que ce soir-là, au Casino de Paris, Fred Blondin fêtait en grande pompe ses 30 ans de carrière, avec un concert rien moins que génial.

À l’initiative de ma frangine, ce fut donc aussi la seconde occasion pour moi de fêter mon anniversaire avec Fred. Pour mes 40 ans il avait fait le déplacement jusqu’à mon salon. Pour mes 43 ans et ses 30 ans de métier donc, c’est nous qui sommes allés le voir chez lui. Parce que ce soir-là, vu l’ambiance, la concentration de fans et blondingues venus de tous les coins de France, le Casino de Paris était le temps d’un concert sa maison, son salon à lui. Il y a un an quand Fred nous a lancé l’invitation comme un défi à relever, on a évidemment répondu chiche. Il a tenu parole et organisé ce concert événement. Et les blondingues ont tenu parole aussi, puisque la salle était pleine.

Fred et ses musiciens pour un spectacle énooorme !

Faut dire qu’il a fait ça bien le Fred. Les petits plats dans les grands. Une salle superbe (je n’avais jamais encore eu l’occasion de m’y rendre), une formation de cinq musiciens au top pour l’accompagner (Didier Escudero aux claviers, Olivier Ibos à la guitare, Michel Billes au saxophone, Philippe Di Rienzo à la basse et Maxime Aigon à la batterie), un look rock et hyper-classe (pour le coup, Fred a laissé au placard la chemise à fleurs et les Converse flashy) des jeux de lumières du tonnerre, un son au quart de poil, et cherry on the cake, un trio de guest stars de grande classe… D’abord Cali, qui lui a écrit deux titres sur son dernier album (dont mon coup de cœur perso), est venu virevolter sur scène avec une joie communicative le temps d’interpréter Notre amour foutu en duo avec Fred. Pas la première fois que je vois Cali en live, mais ce diable de phénomène m’a donné fichtrement envie de retourner le voir un de ces jours !

Cali et Fred chantent "Notre amour foutu"

Il y a eu aussi Daran, l’auteur de la chanson titre du dernier album, qui a accompagné Fred sur un Pas de vie sans blues absolument électrique. Moi qui ne connaissais pas ce chanteur autrement que de nom, j’ai ainsi pu faire une vraie belle découverte, et ça m’a réellement donné envie d’en découvrir plus sur cet artiste. Ce qui ne saura tarder…

Et puis il y a eu l’Artiste avec un grand A comme l’a présenté Fred, un type que j’ai toujours bien apprécié sans jamais avoir pu le voir sur scène, et qui a écrit pour Fred une de ses chansons les plus connues, Elle allume des bougies devenue un classique de son répertoire, le grand, l’immense Charlélie Couture. Le nancéen est donc venu pousser la chansonnette avec Fred, et ensemble ils ont repris Elle allume des bougies où j’ai personnellement adoré le contraste entre leurs deux voix, chaude et rocailleuse pour Fred, perçante et haut perchée pour Charlélie. J’en aurais bien repris un peu et je n’aurais pas été contre un duo sur l’autre chanson que Charlélie lui a écrite, Mickey jaloux que j’adore aussi, mais vous savez ce qu’on dit de la gourmandise…

Fred et Charlélie chantent "Elle allume des bougies"

Au cours des nombreuses fois où j'ai déjà eu l'occasion d'aller applaudir Fred sur scène, jamais je ne l'avais vu comme c'est arrivé sur plusieurs chansons ce soir-là, avec juste un micro à la main. Fred sans sa guitare ! C'est bête à dire, mais ça m'a fait tout bizarre de le voir chanter comme ça en mode crooner, sans sa gratte pour l'accompagner. Eh bien je dois dire que non seulement ça change, mais que ça lui va aussi très bien ! Lui qui se définit volontiers comme guitariste avant d'être chanteur, "juste" chanteur ça le fait grave aussi.

Le concert a filé à une vitesse incroyable, deux heures de rétrospective d’une carrière tout en plaçant au passage une demi-douzaine de ses nouveaux titres, des chansons reprises en cœur par une salle entièrement acquise à Fred, une ambiance énorme et surtout une dose de bonheur incroyable, palpable. Pour ses fans qui attendaient un concert de cette envergure depuis si longtemps, et pour Fred qui visiblement a fait le plein d’ondes positives. Lui qui a toujours su au cours des années conserver un contact si proche et presque intime avec les gens qui le suivent, toujours ouvert, toujours disponible, toujours avec le sourire. Il a pu mesurer à l’énergie que lui a envoyé par vagues la salle, à quel point ce lien entre lui et nous est fort et profond. On aime les chansons mais surtout on aime le bonhomme et tout ce qu’il dégage.

Sous vos applaudissements...

Preuve supplémentaire s’il en fallait qu’un concert de Fred ce n’est pas exactement comme n’importe quel autre concert : l’apéro d’avant concert des blondingues et l’après-concert qui aura été l’occasion de nous retrouver autour d’une bière et d’une pizza, puisque Fred a non seulement le pouvoir de nous faire fredonner ses chansons mais aussi de provoquer des rencontres et des amitiés par le biais de ses concerts. J’en profite ainsi pour remercier ici pour leur bonne humeur dans le désordre le plus complet : Philippe, Corine et son (très grand) petit Enzo, Edwige et David, Jean-Michel et sa moitié, Janick et Véro, Valérie, Sandra, Didier, Alfonso, Sylvie et j’en oublie à tous les coups… Spéciale dédicace à Franck qui nous a bien manqué.

Que Des gens que l’on aimerait revoir en quelque sorte… Et puis bien sûr un immense merci pour m’avoir offert ce cadeau et accompagné à mes deux Marie et à mon Nono.

Des bières et des blondingues

Des bières et des blondingues.

D’ailleurs plein de gens, parmi lesquels certains que je n’avais jamais vus auparavant, m’ont souhaité ce soir-là mon anniversaire… je soupçonne ma frangine d’avoir fait fonctionner son réseau d’amis facebook à ce sujet… :-)

 

Bref, ça a été une soirée mémorable, un concert énorme, une super ambiance.

C’est quand tu veux pour la prochaine fois Fred. Et à très bientôt les blondingues...

Charlélie, Fred, Cali et Daran

Charlélie, Fred, Cali et Daran

J'ai emprunté la plupart des photos qui illustrent cet article à Pierre Fauquemberg qui en a fait tant de magnifiques que j'ai eu du mal à faire une sélection. Mille mercis à lui de m'en avoir donné l'autorisation !

Ces photos sont bien entendu marquées © Pierre Fauquemberg  et je ne peux que vous inciter à suivre ses publications sur Facebook , Instagram ou sur son site professionnel.

 

Et pour finir je vous invite à regarder le montage vidéo fait et mis en ligne par ma petite sœur, avec quelques extraits de ce concert qui restera dans nos mémoires...

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13 avril 2018 5 13 /04 /avril /2018 09:34

Depuis quelques années, les romanciers scandinaves ont fait une grosse percée en littérature. Tout particulièrement dans le polar, où auteurs suédois et norvégiens excellent. Mais bien qu’il nous vienne de Suède, ce roman là n’appartient pas du tout à ce genre sombre et violent. Vous n’y croiserez personne qui ressemble, de loin ou de près, à Lisbeth Salander.

 

Son auteur, Solja Krapu, nous propose de suivre le temps d’un week-end la vie d’une petite professeur de collège, bon chic bon genre. Eva-Lena a 39 ans, un mari, trois enfants, une maison parfaitement ordonnée et une vie posée sur les rails d’une voie toute tracée. C’est peu de dire qu’Eva-Lena manque cruellement de fantaisie. Dans le genre control freak ménager on ne fait guère mieux en fait. Tout dans sa vie est parfaitement maîtrisé, du travail à la maison, de la vie en société à sa vie de couple, tout est strictement agencé, prévu dans les moindres détails et de ce fait aussi complètement aseptisé. Pas de surprise, aucune originalité, Eva-Lena ne fait que dans l’utile, le fonctionnel, l’organisation à outrance. Autant dire qu’elle apparaît à son entourage comme quelqu’un de plutôt austère, rigide, pointilleuse, bref : une coincée.

Son quotidien a été quelque peu bousculé depuis la dernière rentrée scolaire par l’arrivée d’une nouvelle professeur de dessin, qui s’avère également être une ancienne amie d’enfance et qui est son exact opposée : toujours dépassée et passablement désorganisée mais éminemment sympathique et populaire car toujours souriante, empathique et positive. Tout à son travail et son planning du week-end, Eva-Lena retourne un vendredi soir au collège, pour y faire quelques photocopies histoire de s’avancer dans son boulot. C’est là qu’elle se retrouve enfermée par inadvertance dans le local de la photocopieuse, seule et sans son téléphone portable, alors que l’établissement est déjà vide. Avec la perspective d’y passer le week-end entier si personne ne la retrouve avant lundi matin… Cette attente va être pour elle l’occasion de laisser divaguer ses pensées, se relater ses dernières semaines, ce qui va l’amener sur quelques pistes de réflexion et d’auto-analyse, le tout avec un humour cependant tout empreint d’une certaine délicatesse.

 

Le roman n’est pas très long, et il se lit plutôt facilement, le style léger et quelque peu doux-amer est assez agréable. Les personnages sonnent tous juste, l’enchaînement n’est ni poussif ni trop rapide, et on peut même par moment se retrouver ici ou là dans l’un ou l’autre personnage (y-compris dans les obsessions de contrôle d’Eva-Lena en ce qui me concerne, ce qui n’a pas été sans provoquer un certain malaise je dois bien le dire) ou situation du quotidien qu’on a pu connaître soi-même. De cette situation de départ plutôt saugrenue, l’auteur parvient à nous emmener là où elle veut tout en menant une réflexion pas inintéressante sur le contrôle qu’on peut (ou non) exercer sur sa vie, et sur les conséquences comportementales que cela peut avoir sur notre existence. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est de la grande philosophie, mais c’est loin d’être dénué d’intérêt. Le concept de lâcher-prise, sans être jamais frontalement nommé est pourtant bien l’un des thèmes centraux de cette petite histoire sans prétention.

 

Alors ça n’en fait pas un grand livre et encore moins un incontournable, mais dans la catégorie aimable-comédie-source-de-réflexion-quand-même on peut dire que ça tire son épingle du jeu. Vous ne vous en relèverez pas la nuit pour en écrire une critique sur votre blog, mais la lecture s’avère plaisante malgré tout. Donc si vous voulez lire du suédois sans meurtre ni personnage torturé, ce livre peut être un choix satisfaisant. À vous de voir...

Hors Service, de Solja Krapu

 

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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 16:30

- Vous avez l’heure please ?

- Il est 17h30.

- Quel jour on est déjà ?

- Ben, lundi.

- Non mais, je voulais dire quelle date ?

- Le 9 avril, pourquoi ?

- Ok, et l’année ?

- L’année ?! Mais enfin, 2018 bien sûr !

- 2018 déjà ?… bon sang, il semblerait que j’ai un peu de retard…

- Du retard ?

-’tendez, laissez-moi calculer… voilà c’est ça : 4 ans, 3 mois, 15 jours et 2h30 de retard.

- Ah ouais, quand même !

 

 

Eh oui, cela fait un peu plus de 4 ans maintenant, que j’ai posté ici mon dernier article « régulier ». Après cela j’ai encore mis en ligne quelques papiers, mais pour des événements bien particuliers, pour lesquels je ne pouvais pas garder le silence. L’horreur de l’attentat de Charlie Hebdo en janvier 2015. Mes 40 balais fêtés en grande pompe avec ceux que j’aime devant un concert privé et à la maison de Fred Blondin en avril 2015. La mort de Leonard Cohen, triste souvenir de novembre 2016. Le Tour du Monde que j’ai fait en compagnie de mon ami Nono en avril 2017. Le départ d’un autre géant de mon univers musical avec le décès de Tom Petty en octobre 2017. Un tout petit article en forme de vœux en janvier 2018, histoire de teaser discrètement ce retour en ligne, et puis enfin un article en mars dernier pour partager tout le plaisir que j’ai eu à revoir enfin un nouvel album de Fred Blondin en vente dans les bacs…

Offline is the new luxury

Et si on se payait un petit luxe ?

C’est pas que je n’avais rien à dire pendant ces 4 années. J’en ai vues, lues, entendues des choses qui auraient mérité un commentaire (cela dit j’ai continué tout ce temps à alimenter la petite rubrique « Avis vite dits » où je chronique en quelques mots films et séries que je me suis mis sous la rétine). Mais écrire régulièrement ici, … j’en avais l’envie mais plus la flamme. Les idées étaient là, mais plus les mots pour les dire. Je ne sais pas vraiment pourquoi, c’était juste ainsi. Peut-être un sentiment de manque de légitimité. D’où je me prends le droit d’écrire ce que je pense, et surtout qu’est-ce qui me fait croire que ça puisse intéresser quiconque ? J’ai aussi ressenti une vraie lassitude, pour ne pas dire carrément un rejet de la « vie online » en général, et tout particulièrement de tout ce qu’on regroupe sous le nom générique de « réseaux sociaux ». Quel que soit le sujet, grave ou léger, personnel ou universel, intéressez-vous à un thème et surfez sur le web. Parcourez des forums, lisez des commentaires, baladez-vous sur facebook ou n’importe quelle plateforme communautaire. Et ce que vous y voyez, de plus en plus souvent et couramment, fait peur. À tous points de vue. Je passe sur les trucs quasi-illisibles écrits avec les pieds dans des moufles, pour lesquels il faudrait être diplômé en cryptologie pour y déloger le début d’une idée cohérente. Même l’approche purement phonétique ne permet pas toujours de saisir le sens de certains mots qui s’apparentent plus à des hiéroglyphes. Et là, je ne parle que de la forme, parce que si on se penche sur le fond… alors là, misère !

Nolege is power

... and I'm so powerfool

Entre la bêtise crasse, l’intolérance et le « moi je », il ne reste pas grand-chose à sauver. Le débat, celui où des choses peuvent être dites clairement, posément, où les arguments et contre-arguments peuvent être explicités de manière à la fois intelligible, respectueuse et dépassionnée, celui où l’on peut avoir des avis différents sans se traiter de tous les noms, celui où les idées sont au centre des discussions et non pas les conflits de personnes, ce débat-là je vous souhaite bonne chance pour le trouver sur le net. Car il est quasi-systématiquement enseveli sous des tonnes et des tonnes d’invectives, d’injures, de moqueries, de violences verbales si ce n’est de menaces physiques. D’autant qu’il y a carrément des sujets dont il est devenu tabou, si ce n’est explicitement interdit, de parler. Au premier rang desquels les religions, puisqu’un « bon » croyant qui va au bout de sa logique coupera court à tout embryon de discussion sur des sujets qui pourraient remettre en cause son dogme, au motif du blasphème pur et simple. Moi qui croyais que le délit de blasphème faisait partie du passé révolu de notre civilisation, je me rends compte avec désarroi qu’il revient sur le devant de la scène publique avec une vigueur qui me fait froid dans le dos… Osez seulement prononcer des mots comme « Mariage pour tous », « Islam » ou « Juif » sur un forum de discussion et vous verrez ce qui va se déclencher et vous tomber sur le dos en moins de temps qu’il ne faut pour le dire…

To chose to be stupid on the internet

Et si on optait pour l'intelligence pour changer ?

Affligeant également de constater la connerie abyssale de certains sites (étonnamment nombreux) qui promeuvent les textes sacrés tout en dénonçant les sciences comme de fausses vérités et amènent certains à des extrémités de bêtise si puissante qu’ils remettent en question voire rejettent en bloc des disciplines telles que la paléontologie, l’astronomie, la biologie, la physique ou même la géométrie. Au bénéfice de monumentales couillonneries comme la théorie de la Terre Plate, la théorie selon laquelle les hommes ne seraient jamais allés sur la Lune ou celle qui laisse croire que ce sont les autorités américaines elles-mêmes qui auraient organisé les attaques terroristes du 11 Septembre 2001. La palme au Créationnisme évidemment. Et pêle-mêle vous serez bien heureux d’apprendre que les Égyptiens de l’Antiquité se sont servis de dinosaures pour construire les pyramides et que la Finlande n’existe pas mais est une invention de la Russie et du Japon pour pouvoir pêcher tranquilles dans une mer secrète... Je vous vois rire sous cape, mais ce ne sont pas des blagues, des gens y croient vraiment ! Bande de naïfs que vous êtes à prendre pour argent comptant tous ce qu’on essaie de vous apprendre à l’école...

Je passe sur les polémiques qui sont truffées de fake-news qui mènent à une hystérisation des sujets sans qu’il ne soit plus possible d’en parler calmement : le rejet aveugle des vaccins, la théorie du grand remplacement, le climato-scepticisme… à chacun son délire, à chacun ses psychoses. On croule sous les hoax, les informations virales et non vérifiées. Il suffit que ce soit écrit quelque part sur un obscur site internet, même si c’est par un type à moitié analphabète, pour que tôt ou tard ce soit relayé et cru par un nombre croissant de gens qui aiment donner foi au farfelu et à l’improbable tout en rejetant aveuglément tout ce qui s’apparenterait à de la science et sortirait un tant soit peu du domaine de la croyance.

 

Et c’est bien là, selon moi, le point commun entre théories du complot fumantes et religions ou sectes de tous poils : tout repose sur la croyance (donc sur la naïveté des gens et l’emprise des forts sur les faibles) et le rejet de la connaissance et de l’éducation. Réfléchir n’est pas une option, c’est même fortement déconseillé.

Ignorance is a choice

Alors que choisissez-vous ?

Plus je m’aventure sur internet, et plus je tombe sur ce genre de choses, qui honnêtement, me désespèrent du genre humain. C’est de plus en plus difficile d’y échapper. Il reste bien les sites de news qui relatent les folles aventures des héros de télé-réalité mais bon, fuir la connerie pour se retrouver à se vautrer dans des âneries… Même sur un site de news de cinéma par exemple, pour peu que la section « commentaires » des articles soit ouverte, ça tourne inévitablement à l’empoignade et à l’étalage de délires et d’obscénités*. Un truc de fou.

 

À quoi ça tient ? Je pense que l’internet, outil de communication merveilleux sur le papier, s’avère dans les faits accoucher de phénomènes incontrôlables et assez monstrueux. Tout le monde a voix au chapitre, ce qui en théorie encore une fois, est plutôt une bonne chose. Mais « tout le monde » ça englobe les idiots, les illuminés, les incultes, les ravis de la crèche, les pères-la-morale, les « je sais tout » et de manière générale aussi ma catégorie favorite, « les connards ». Ajoutez à cela le fait (et ça a été démontré) que l’on est beaucoup plus bête au sein d’une foule que seul ou en petits groupes, et vous obtenez des ravages dans les têtes des gens. Après c’est simple, comme bien souvent dès qu’il y a beaucoup de monde, c’est celui qui parle le plus fort et qui s’affirme donc le plus qui finit par avoir raison et l’emporter sur les autres, quelle que soit la teneur de son discours. Malheureusement c’est bien triste, les imbéciles parlent en moyenne beaucoup plus fort que les autres, et ceci s’explique par un fait méconnu mais parfaitement logique quand on y pense : le-dit crétin parle fort à la base pour couvrir le bruit du courant d’air violent qui sévit entre ses oreilles.

Du coup vous aurez vite fait la relation entre ces 2 équations sociologiques : le plus con parle plus fort, est plus entendu, et a finalement plus de chances d’être cru et suivi. D’où la prolifération de sites qui présentent et défendent des théories folles par rapport au petit nombre de sites qui tentent de démonter méthodiquement et scientifiquement les hoax et autres canulars viraux, CQFD.

Attention au vide Danger

Quand tu regardes le Néant, le Néant te regarde...

On parle souvent aussi de l’effet de l’anonymat qui libère la parole de gens qui n’oseraient pas dire des énormités à visage découvert, mais sincèrement je crois que c’est de moins en moins vrai. Ça a certes pu en décomplexer pas mal au départ, mais aujourd’hui j’ai la très nette impression que plus on est con, plus on est fier de le faire savoir et de le revendiquer devant le monde entier… Pire même : on dirait que c’est devenu un des droits les plus fondamentaux et inaliénables du-dit con !

 

Et donc dans tout ça me voilà moi, conscient de toute cette cacophonie webesque, confronté à ce dilemme cornélien : j’ai bien envie moi aussi de l’ouvrir, j’ai des choses à dire, mais je n’ai aucune envie de tomber dans le même piège à gogos que je viens de décrire à peine quelques phrases plus haut. C’est plutôt contradictoire je dois bien l’admettre. Si je veux rester cohérent avec tout ce que je viens de dénoncer, la conclusion logique serait de surtout continuer à fermer ma gueule. L’autre solution serait de prendre le contre-pied et de dire que je m’élève contre la connerie ambiante et que si j’écris, c’est parce que « moi je le vaux bien » ! Mais bon, là ça manquerait cruellement de modestie (et d’objectivité ?) vous en conviendrez.

Culture ou servitude selon Camus

Ça n'est pas moi qui le dis...

Alors quoi faire ?

 

Eh bien j’en suis arrivé à cette idée. Pourquoi ne pas écrire, prendre position, donner des avis, tout en tâchant du mieux que je peux, de bien garder tout ce que je viens de dire en tête ? De bien avoir conscience que je ne dois surtout pas me croire détenteur de la Vérité Vraie. De défendre mes idées (quand j’en ai !) sans pour autant vouloir les imposer coûte que coûte au monde entier. D’expliquer, de démontrer et d’argumenter** du mieux possible plutôt que d’user de la facilité des arguments d’autorité. De privilégier la réflexion, la volonté de découvrir et d’apprendre***, l’ouverture d’esprit, l’écoute et l’échange. Ce qui n’empêche en rien d’avoir des avis ou des convictions, bien au contraire même, ne serait-ce pas là la meilleure manière de les tester et de les consolider quand ils s’avèrent être concluants ?

 

Je ne peux pas m’empêcher de me dire que malgré tout, malgré toutes mes bonnes intentions, ça reste bien casse-gueule quand même. Auquel cas je fais appel à vous, et je vous fais confiance pour ça : n’hésitez pas à me rappeler à mes bonnes intentions si vous constatez que je m’en éloigne de trop ! Et si vous m’entendez dire d’un film ou d’un bouquin que c’est de la merde et qu’il ne faut surtout pas le voir ou le lire sans autre forme de procès, crucifiez-moi en place publique !!****

Toi, tu sors

Toi, tu sors.

Alors maintenant que les règles du jeu sont claires pour tout le monde, sachez que pendant que je n’écrivais pas, c’est pas comme si j’avais bullé pour autant !

Je suis un fan hardcore de listes, j’ai donc scrupuleusement tenu plusieurs d’entre elles (sur mes lectures ou les films que j’ai vus au cinéma par exemple) ce qui me permet de vous dire qu’après recomptage, j’ai actuellement 124 livres ou romans et environ une grosse centaine de films vus au cinéma en retard à chroniquer (et je n’aborde même pas le sujet des séries télévisées, des concerts ou des bandes-dessinées, innombrables, qui m’ont nourri pendant tout ce temps). Ce qui fait un sacré taf, j’aime autant vous le dire. D’autant que d’ici que je rattrape ce retard, j’aurais de nouvelles lectures et de nouveaux films qui se seront rajoutés au total. Bref, le truc sans fin quoi. Sisyphe’s style.

Quand faut y aller

Bon ben quand faut y aller...

L’une des principales conséquences de tout ça, c’est aussi que prochainement je risque de proposer certains articles plus très en phase avec l’actualité culturelle du moment...

 

Vous êtes partants quand même ?

Alors à bientôt sur ce blog…

Blink if you want me

Do you want me ?

* obscénités dans le sens « trop idiot ou insensé pour qu’on ose -en temps normal- le dire »

** « il faut convaincre et non pas vaincre » comme l’a chanté un guitariste renommé que j’invite parfois à pousser la chansonnette pour mon anniversaire ;-)

*** d’aucuns nommeraient cela de la curiosité, et il y en aurait même pour la dénoncer telle un vilain défaut !!

**** cette règle ne s’applique pas à Secret Story, les Anges de la Télé-Réalité et Les Ch’tis Vs les Marseillais, ça c’est vraiment de la merde et il ne faut pas regarder.*****

***** l’argument qui consiste à dire « mais moi c’est que pour mater les gonzesses de toute façon je coupe le son » est certes une circonstance atténuante que vous pourrez mettre en avant pour votre défense, mais ne sera pas suffisante pour vous dédouaner totalement, ce que vous faites se rapproche tout de même dangereusement de la collusion avec l’ennemi voire du soutien caché envers entreprise terroriste contre la pensée******

****** cette exception à la règle possède elle-même une exception : il ne vous sera jamais et en aucun cas reproché de regarder les rediffusions de l’émission l’Île de la Tentation (attention uniquement les premières saisons diffusées à l’époque sur TF1), parce que ça quand même c’était trop fort. Tellement con et énorme que c’en était hilarant. À croire d’ailleurs que la connerie elle-même se dégrade : dans le temps elle était de qualité, on pouvait en rire, aujourd’hui elle fait au mieux bâiller, au pire vomir, mais presque plus jamais rire… signe des temps...

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2 mars 2018 5 02 /03 /mars /2018 17:18

Ce 2 mars 2018 sort le nouvel album de Fred Blondin.

Ça s’appelle Pas de vie sans Blues. Je dirais que le titre parle de lui-même.

 

Et - pardon de le dire comme ça - mais bordel qu’est-ce que ça fait plaisir !

 

Parce que ça faisait (beaucoup trop) longtemps qu’un nouvel album de Fred ne s’était pas retrouvé dans les bacs des vendeurs de disques.

Alors bon ben oui, même si j’en avais déjà pré-commandé 3 exemplaires (parce que des disques de Fred ça s’écoute, mais ça s’offre aussi) qui sont arrivés aujourd’hui grâce à nos amis en jaune et bleu de la Poste, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un saut à la Fnac de Colmar pour vérifier qu’ils font correctement leur boulot de distributeur de culture (déjà qu’ils ont le monopole sur la ville...). Et il y en avait effectivement plusieurs exemplaires dans les bacs. Moins un, puisque donc je n’ai pas résisté à l’envie - et au plaisir – d’en acheter un en magasin.

Pour marquer le coup quoi.

Ben ouais, je suis comme ça.

Et puis comme dirait ma grand-mère de toute façon « c’est pas perdu ». D’abord ça ne se gâte pas avec le temps. Ensuite c’est comme le chocolat en temps de guerre, mieux vaut en faire des réserves pour plus tard. Pour être sûr de ne jamais en manquer.

Je ne vais pas en écrire des lignes et des lignes. Parce qu’il faut que j’écoute déjà. Ce que je peux d’ores et déjà en dire, c’est que je sais que je ne serai pas déçu. Depuis que j’écoute Fred Blondin (22 ans mine de rien…) je ne l’ai jamais été, je ne vois pas de raison pour que ça commence aujourd’hui. Pis le gaillard, déjà pas manchot comme ça, du genre avec du talent qui dépasse d’un peu partout (et pourtant c’est pas une demi-portion), s’est en plus entouré de quelques grands noms. Vous y retrouverez la patte de Fred bien entendu, mais vous croiserez aussi des textes et des mélodies de Daran, Grand Corps Malade et Cali. Rien que ça. Et pour les connaisseurs on y retrouve aussi, entre autres, des textes de Xavier Hernault qui a déjà collaboré avec Fred sur le précédent album Tiroir Songs (et ça avait donné de très belles choses).

Je l’ai écouté deux fois pour l’instant, et déjà un titre en forme d'évidence absolue. Immédiate. Boum, en plein cœur : On rentre à la maison.

 

Alors les gens écoutez-en, achetez-en, chantez-en. C’est du bon, c’est du Fred.

Et puis tant qu’à faire, il sera en concert au Casino de Paris le 14 avril 2018, alors venez. Moi j’y serai. Ça tombe bien en plus, pile pour mon anniversaire. Ça me rappelle des souvenirs

 

Mais comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, je laisse pour conclure la parole à Fred.

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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 16:23


« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. »

 

Jacques Brel, résume l’essentiel en quelques mots.

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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 08:59

Un géant de la musique nous a quitté hier.

Monsieur Tom Petty.

Le leader des Heartbreakers est parti en nous brisant le coeur une dernière fois...

Et dire que la semaine dernière encore je passais en revue son site pour voir si à tout hasard dans la liste longue comme le bras de concerts qu'il avait prévus de donner cette année, il n'y aurait pas une petite date de par chez nous...

C'est le coeur empli de nostalgie que je me souviens de ce concert incroyable du 27 juin 2012 au Grand Rex de Paris.

Merci pour toutes ces chansons qui m'accompagnent depuis tant d'années. Et qui m'accompagneront encore longtemps.

Monsieur Tom Petty

Monsieur Tom Petty

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20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 16:21

Alors voilà, un jour de l'année dernière, mon ami Arnaud m'a parlé de son projet de tour du monde qu'il avait prévu de réaliser en 2017. Et il a cru bon de ponctuer son annonce par un "et si jamais tu veux m'accompagner tu es le bienvenu".

Première réaction : "ouah trop bien, quelle chance il a ! Mais il a raison d'aller au bout de ses rêves !"

Suivie de près par la seconde : "oui mais bon, moi je ne peux pas."

Sauf que bien entendu, quand la graine de l'idée est semée, elle ne laisse aucun répit et elle germe, envers et contre tout au fond de l'esprit et des pensées...

Si bien que j'en suis arrivé à ce point dans ma réflexion : "et pourquoi pas finalement ?"

Bon, des raisons parfaitement concrètes il y en a en fait plein. Et toutes sont raisonnablement valables. Des raisons raisonnables donc, c'est dans le nom. Je me suis donc demandé : "et si on mettait un temps la raison de côté, qu'est-ce que ça donnerait ce projet ? Juste comme ça hein, pour voir ?"

Et là, le piège s'est définitivement refermé sur moi. Car ce genre de truc, tu y mets un doigt, ça te broie tout le corps très vite. Imaginez, on se prend à faire des itinéraires, on évalue les différentes possibilités de destinations, on jette sur papier tous les rêves qu'on a un jour fait, et pour certains tous ces choses qu'on regrette de n'avoir pas fait plus tôt. Quand on pouvait. Quand on avait le temps et l'occasion. Forcément, tout ça cumulé, ça fait d'un projet hypothétique et fou, quelque chose qui ressemble très vite et furieusement à un objectif impératif. Et alors, plus moyen de faire marche arrière...

C'est donc tout penaud que je suis revenu vers Arnaud pour lui demander : "euh dis-moi, ton invitation tient toujours ?"

C'est après que les choses se sont compliquées. Il a fallu organiser, prévoir, ne pas faire n'importe quoi, prioriser et discuter aussi, beaucoup. Et ce n'est que parce qu'il y a eu de la volonté et de l'enthousiasme de mon côté, mais aussi et surtout de la compréhension et de l'aide autour de moi que le projet a grandi et s'est transformé en réalité. Ou presque, il le sera vraiment au moment où le premier avion de notre voyage aura décollé du tarmac. C'est à dire, sauf catastrophe, dimanche 23 avril 2017 à Francfort.

Alors si vous avez envie de vous joindre, virtuellement, à Arnaud et moi pour ce voyage qui va passer par l'Ouest Américain, Hawaii, la Nouvelle-Calédonie, l'Australie, la Malaise et la Réunion, vous êtes les bienvenus sur notre blog dédié à notre tour du monde.

Ça se passe par ici : http://tdm-2017.blogspot.fr/

 

Et pour vous donner une idée du périple à venir qui durera 48 jours exactement, rien de mieux qu'un itinéraire sur planisphère...

 

 

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1 décembre 2016 4 01 /12 /décembre /2016 17:10

Leonard Cohen, l’immense Leonard Cohen est mort. C’était le 10 novembre, et pour dire la vérité, je ne m’en suis pas encore remis. Ça doit sans doute paraître bizarre ou exagéré pour certains, et pourtant c’est vrai, j’accuse encore le coup. Le songwriter canadien était pour moi une telle référence, je l’ai tant écouté et il m’a tant accompagné depuis qu’il est entré dans ma vie quelque part à la fin de mon adolescence, que la nouvelle de son décès m’a été très dure à encaisser. J’ai tant de souvenirs liés à lui et à sa musique, qu’il faisait partie intégrante de ma vie. Près de trois semaines plus tard, j’ai encore du mal à réaliser, et je peine à prendre mon clavier pour écrire quelques mots à son sujet. C’est difficile d’écrire quand ça fait mal, mais petit à petit, phrase après phrase, ça aide. Cet homme au talent incroyable, cet immense artiste m’a tant imprégné de ses mélodies et de ses textes que je sais que j’en resterai marqué à jamais.

Laissez-moi vous expliquer pourquoi. Je vais tâcher d'être bref. Ou pas. En fait non, je ne crois pas.

Leonard Cohen, toujours impeccable.

Leonard Cohen, toujours impeccable.

Mon premier souvenir conscient d'une chanson de Leonard Cohen remonte à mon adolescence. Peut-être l'avais-je entendu auparavant sans m'en rendre compte, toujours est-il que la première fois dont je me souvienne remonte à un samedi soir, autour de 23h / minuit, en regardant la télévision. Sur la TSR (la Télévision Suisse Romande) passait à cette case horaire des films toujours intéressants car exclus des prime-time de TF1 et Antenne 2. Je parle là d'un temps où l'offre télévisuelle était très limitée. Chez moi on avait trois chaînes françaises, on ne captait ni la 5 ni M6 toutes récentes, et Canal + c'était avec décodeur donc niet. Bonjour la diversité des programmes. Heureusement il y avait aussi la TSR qui faisait office de chaîne exotique par sa programmation un peu en avance par rapport aux trois chaînes hertziennes françaises (pour mémoire : TF1, A2 et FR3). Songez qu'on pouvait y voir des choses comme Dream On en VOST, série culte du début des années 90 par exemple. Certes il fallait veiller un peu tard le samedi soir, mais c'était là un bien maigre effort à faire pour moi qui à cet âge là ne m'endormais pas encore flasquement devant la télé passé 22 heures. Et donc j'ai vu sur cette chère TSR, le film Pump up the Volume mettant en scène un tout jeune et rebelle Christian Slater alias Harry la Trique qui faisait de la radio pirate. Et dans sa programmation musicale, devinez quoi ? Le 33 Tours I'm Your Man de Leonard Cohen (un de ses plus grands albums à mon avis) et le morceau qui pour moi est depuis culte de chez culte : Everybody Knows. Autant vous dire que ça m'a fait un gros, gros effet, cette voix caverneuse qu'on imagine accompagnée de volutes de fumées, de petites pépées aux choeurs et d'un verre de whisky old fashioned. Mais en ce temps là j'étais encore un peu jeune, il n'y avait pas d'internet et donc pas facile de retrouver les références du morceau une fois le générique de fin passé... Quelques temps après, je tombe par hasard tout heureux sur le CD (support encore très récent puisqu'il cohabitait à part égale avec les vinyles) de la bande originale du film ! Wouh-ouh ! Je l'achète, le mets dans le lecteur et là : déception ! Everybody Knows est bien sur l'album, mais ce n'est pas la version de Cohen mais une reprise par Concrete Blonde qui est l'opposé vocal de Leonard Cohen : voix suraigüe, tempo rapide... rien à voir ! Très déçu je passe à autre chose…

… Et c'est un an ou deux après cela que je vais voir au cinéma le film d’Oliver Stone, Natural Born Killers. Et que je succombe à la géniale bande originale du film, à la tête de laquelle il y a deux incroyables morceaux de Leonard Cohen : The Future et Waiting for the Miracle. J'achète le CD, j'écoute et je reconnais directement la voix qui m'a fait tant d'effets quelques années auparavant. Références prises sur le CD je découvre enfin le nom qui se cache derrière la voix. Leonard Cohen. Ni une ni deux, je file chez mon disquaire attitré (à l'époque j'étais étudiant à Nancy et le magasin le mieux achalandé question musique c'était La Halle aux Livres) et j'achète les deux albums The Future et I'm Your Man. Je tombe définitivement sous le charme et l'emprise de cette voix et de ces mots si finement choisis et si parfaitement dits.
 

Songwriter et Ladies' man jusqu'au bout des chaussures...

Songwriter et Ladies' man jusqu'au bout des chaussures...

C’est alors un nouveau monde qui s’ouvre à moi, car Leonard Cohen chante depuis la fin des années 60, j’ai donc quelques albums à découvrir, et mes années de BTS à Nancy seront intimement liées à cette découverte, album après album. À cette époque, les choses étaient différentes d’aujourd’hui. Un album c’était un CD, un objet avant tout, une entité à part entière, avec une personnalité, un ton, un sens. Pas de vulgaires fichiers mp3 téléchargés à la sauvette et à peine écoutés, mélangés, sans aucun autre ordre que l’ordre alphanumérique. Et un objet avec un livret, dans lequel on trouve des photos et les textes des chansons. Combien de temps ai-je passé allongé dans ma chambre d’étudiant de 9 m², sur mon lit qui avait une porte en guise de sommier, à écouter en boucle ces disques et en suivant les paroles sur le petit livret ? Combien de temps ai-je passé à regarder, fasciné, ce type en costume impeccable manger sa banane avec cette classe incommensurable ? Impossible à chiffrer mais ça a dû en faire des heures et des heures. Et si aux yeux de certains cela pourrait passer pour du temps perdu, ça n’est pas du tout ainsi que je considère tout ce temps à lire et écouter du Cohen en ne faisant strictement rien d’autre. Non, pour moi c’était un voyage, et quel voyage ! Qu’est-ce que j’ai pu voyager, cloîtré dans ma cité U, par la magie des mots de Leonard Cohen…

Aujourd’hui, quand j’écoute un album de Leonard Cohen, je voyage toujours. La plupart du temps dans le passé. Je revis des moments qui sont définitivement et intimement liés à certaines chansons. Des sentiments, des sensations, des souvenirs qui collent aux sons et aux mots et y resteront toujours associés.

 

Ce type mangeant une banane avec classe et nonchalance m'aura durablement marqué !!

Ce type mangeant une banane avec classe et nonchalance m'aura durablement marqué !!

Ce jour où j’ai entendu la première fois sa voix dans la bande son de cet obscur film, et l’effet que ça m’a fait, dont je me souviens encore comme si c’était hier alors même que je ne crois avoir pas revu ce film depuis une bonne vingtaine d’années au bas mot.

Ce jour où j’ai enfin découvert que ce type à la voix incroyable avait un nom et que ce nom était Leonard Cohen.

Ce jour où j’ai fait écouter If It Be Your Will à mon père sur la vieille chaîne hifi Revox du salon. Je ne me souviens plus de quand c’était exactement, il y a certainement près de vingt ans déjà, mais je me rappelle bien qu’il m’a dit trouver ça très beau et qu’il avait l’air touché par la chanson.

Ce jour où j’ai écouté pour la première fois Ten New Songs son album de 2001, alors que rien ne laissait espérer un nouvel album (le précédent, un live, datait de 1993), et qui est certainement l’un de ses tous meilleurs. Je m’en souviens j’étais à Aix-en-Provence, en formation, et j’écoutais le CD les soirs sur un ordinateur de l’école…

 

Leonard Cohen sous le portrait de son père, Nathan Cohen.

Leonard Cohen sous le portrait de son père, Nathan Cohen.

Ce jour où j’ai appris que Leonard Cohen reprenait une tournée en 2008, et qu’il passait à quelques kilomètres de chez moi au festival Stimmen de Lörrach. Je n’en revenais pas, le pensant perdu pour la scène (longtemps il ne s’est plus produit et d’aucuns affirmaient même qu’il avait perdu sa voix et qu’il était quasi-aphone). J’ai sur le champ acheté 5 ou 6 billets, me disant que je trouverai des gens pour m’accompagner, quitte à les traîner de force…

… Et ce jour où effectivement j’y ai emmené avec moi ma fée, ma frangine, ma maman et mon ami Rémy. Ce fut un moment inoubliable, aussi bien du point de vue de la qualité du spectacle que de l’impact émotionnel qu’il a eu sur moi. L’un de mes plus grands souvenirs. Cet instant magique sorti d’un rêve éveillé où Leonard Cohen, seul, avec sa guitare, son chapeau et élégamment vêtu de son costume gris anthracite dont il avait cependant abandonné la veste pour se contenter d’apparaître en chemise, cravate et gilet de costume trois pièces, est venu sur scène deux heures avant le concert, alors que le soleil commençait à descendre sur l’horizon, pour y faire une ultime répétition. La première chanson que je l’ai entendu chanter en direct et en acoustique, Who By Fire, qui m’a transporté ailleurs, loin, dans un lieu proche du paradis et que j’ai accompagné de bout en bout, mot après mot comme dans un songe, avant que le canadien ne salue de son chapeau la foule déjà agglutinée devant la scène, un large sourire aux lèvres, visiblement aussi heureux et ému que nous d’être là et nous donnant rendez-vous un peu plus tard…

Depuis ce jour-là, j’ai tenté de le voir et le revoir encore et encore en concert, et par chance il a enchaîné tournée sur tournée, si bien que j’ai pu aller l’applaudir sept fois entre ses tournées de 2008, 2009, 2010, 2012 et 2013, pour un bonheur à chaque fois renouvelé, d’intenses moments de pur enchantement.

Ce jour où j’ai fait écouter du Leonard Cohen pour la première fois à Nathan. Les écouteurs du casque étaient posés sur le ventre rond de sa maman.

Ces jours de joie ou de tristesse, de bonnes nouvelles ou de désespoir, de plaisirs intenses ou de douleurs sourdes durant lesquels ses chansons m’auront fidèlement accompagné, apaisé ou réconforté.

...

Le tout petit Leonard sur les épaules de son père, Nathan Cohen.

Le tout petit Leonard sur les épaules de son père, Nathan Cohen.

Ce vendredi matin-là je me suis levé un peu avant 8h, j’avais passé une mauvaise nuit comme il m’arrive peu souvent d’en passer. Peuplée de rêves désagréables. Incapable de m’endormir profondément je m’étais réveillé sans cesse, sans arriver à trouver de véritable repos. C’est avec cette sensation de n’avoir quasiment pas dormi que le matin venu j’ai enfilé mes habits, sauté dans la voiture et suis parti pour chercher baguette et petits pains. C’est là que j’ai entendu la nouvelle à la radio. Leonard Cohen était parti pour son dernier voyage durant la nuit. Déjà les hommages commençaient à fleurir sur les ondes malgré l’heure matinale en ce jour férié. Les larmes sont venues sans prévenir, une profonde tristesse m’a envahi, et seul sur la route, j’ai pleuré à mon volant. Je me suis senti soudain si seul… The man who’s born with the gift of a golden voice s’en était allé dans la nuit. Il était sans doute parti rejoindre sa muse, sa Marianne, celle de la chanson, partie à peine quelques semaines plus tôt fin juillet. Il lui avait écrit une ultime lettre qu’elle reçut deux jours avant de mourir, où il lui écrivait :

Marianne, le temps où nous sommes si vieux et où nos corps s’effondrent est venu, et je pense que je vais te suivre très bientôt. Sache que je suis si près derrière toi que si tu tends la main, je pense que tu pourras atteindre la mienne. Tu sais que je t’ai toujours aimée pour ta beauté et ta sagesse, je n’ai pas besoin d’en dire plus à ce sujet car tu sais déjà tout cela. Maintenant, je veux seulement te souhaiter un très bon voyage. Adieu, ma vieille amie. Mon amour éternel, nous nous reverrons”.
 

Marianne et le chat, en Grèce au début des années 1960.

Marianne et le chat, en Grèce au début des années 1960.

Jusqu’à la fin ses mots furent beaux, justes, et si chargés de sens et d’émotions profondes.

Le poète montréalais laisse derrière lui un héritage d’une rare richesse. Une discographie exemplaire et des écrits déjà passés à la postérité tant son talent de songwriter se partageait à part égale entre la beauté et la finesse de ses mélodies, et la puissance et la profondeur de ses textes. Je me suis d’ailleurs fait cette réflexion quand Bob Dylan a reçu il y a peu le prix Nobel de littérature, me disant que sur le plan de l’écriture, Leonard Cohen eut au moins tout autant que lui mérité cette reconnaissance.

Son fils Adam Cohen est du reste là, et bien là, pour reprendre le flambeau et écrire une nouvelle page musicale signée Cohen. Avec la même voix que son père au même âge, Adam longtemps resté dans l’ombre de son illustre paternel, déborde pourtant lui aussi de talent, un talent qui lui est cependant propre, pas un fac-similé de celui de Leonard.
 

Adam et Leonard, milieu des années 1970.

Adam et Leonard, milieu des années 1970.

J’ai vu il y a peu de temps sur Arte un documentaire ancien de Tony Palmer, qui suivait Leonard Cohen lors de sa tournée européenne de 1972 ! Autant dire qu’à l’époque il ne jouissait pas encore de la reconnaissance qu’il a obtenue plus tard, et que sa tournée et ses moyens étaient tout à fait modestes. Voir Leonard Cohen âgé de 38 ans dans ce documentaire, c’est-à-dire à peine plus jeune que moi aujourd’hui m’a fasciné. Étrange quand on l’a toujours connu d’un âge plus mûr. Et pourtant c’était lui, le même, cette même douceur, cette même modestie, ce même perfectionniste qui s’excuse d’être un piètre chanteur. Ce même talent, ce même engagement dans chacune de ses chansons, qui n’interprète pas mais qui vit chaque titre à chaque fois qu’il chante. Et dans ce documentaire des années 70 venaient s’insérer d’autres images plus personnelles. On y aperçoit Marianne Ihlen d’ailleurs, belle et rayonnante aux côtés d’un Leonard plus intime. Mais surtout, on y voit des films de famille, où l’on retrouve un tout jeune Leonard Cohen d’à peine 2 ou 3 ans entouré de sa sœur et de sa mère. Éclatant de rire sous les chatouilles d’un monsieur moustachu, son père Nathan Cohen. Faisant du patin à glace avec toute la maladresse et l’innocence d’un enfant de son âge, dans un Montréal de la belle époque des années 30. Grimpant sur le dos de sa grande sœur et chahutant comme n’importe quel gamin dont la joie de vivre déborde. Avec toujours un sourire fabuleux aux lèvres. Ces images m’ont cueilli, et profondément touché quand je les ai vues, seul à 1h du matin devant ma télé. Des images d’un autre temps, d’un Leonard qui avait l’âge de mon Tom. D’un Leonard qui avait peu ou prou mon âge aujourd’hui. Des images simples et belles. Qui venaient s’entrechoquer avec celles plus récentes que j’ai gardées de lui , celles des concerts d’un vieux monsieur plein de pêche et exultant du bonheur d’être sur une scène, des images qui me rappelaient par moments furieusement mon propre grand-père le temps d’un sourire. Enfant, adulte, vieillard. Multiple mais toujours le même. Encore une fois sans prévenir, des larmes ont coulé. Des larmes de tristesse, mais pas que. De nostalgie. De bonheur aussi. Quand je dis que cet homme est de ceux qui m’auront le plus touché et marqué, je crois sincèrement ne pas exagérer, aussi étrange soit-il de dire cela d’un homme que je n’ai pas connu personnellement, dont je ne me suis d’ailleurs même jamais approché à moins de quelques mètres… et pourtant, comme il aura compté.

Leonard et sa maman, Masha Cohen, fin des années 1930.

Leonard et sa maman, Masha Cohen, fin des années 1930.

Me dire que jamais plus je n’aurais cette petite excitation, ce frisson au moment d’apprendre qu’il prépare un nouvel album, au moment de l’acheter (toujours en plusieurs exemplaires, pour en offrir) et de l’écouter pour la première fois, de le réécouter dans la foulée, et encore… jusqu’à avoir l’impression de connaître ces nouvelles chansons depuis toujours... Je ne peux pas m’empêcher de me dire que la vie sera un peu plus triste sans ces émotions-là.

Mais je reste heureux. De l’écouter tous les jours ou presque depuis des années. De l’avoir fait découvrir à beaucoup de gens de mon entourage qui comme moi ont succombé à ce talent unique. Heureux et fier aussi de ça. Ému d’avoir reçu des petits mots, des sms, ou juste une pensée de la part de gens qui me connaissent et qui en apprenant son décès ont immédiatement songé à moi. C’est touchant. Et j’y vois la preuve que ceux qui me connaissent savaient comme je l’aimais sincèrement. Il est rare qu’un artiste vous touche au point d’aider à votre propre construction personnelle. Au point de vivre un peu à travers vous. Et quand cet artiste s’en va, il n’est pas étonnant finalement, d’avoir cette affreuse sensation de perdre un morceau de soi en même temps.

Leonard Cohen, en toute circonstance un sourire inoubliable.

Leonard Cohen, en toute circonstance un sourire inoubliable.

Et comme même quand une vie s’arrête, la vie elle ne s’arrête pas, comme l’enseignent de nombreux sages et penseurs, qui n’ont pas attendu qu’une religion quelconque leur impose son dogme à ce sujet, tout est cycle. Et si j’aurai toujours ce manque en moi maintenant que Leonard Cohen est parti, c’est presque naturellement que le sourire m’est revenu depuis, en allant voir en concert ce vieux crocodile de Tony Joe White, les agités extravagants et extras tout court du groupe finlandais Steve’n’Seagulls, et le trop rare mais excellentissime Randall Bramblett.

Personne jamais ne pourra remplacer Leonard Cohen, mais la musique garde son pouvoir sur moi, et c’est réconfortant de le constater.
 

Leonard Cohen en costume, toujours.

Leonard Cohen en costume, toujours.

Alors c’est avec un sourire que j’espère aussi grand et beau que celui qu’il avait à chacun de ses concerts, que je lui dis aurevoir mais surtout merci monsieur Cohen. Vos chansons resteront et vibreront éternellement en moi, au plus profond de mon coeur et de mon être. Il m’est impossible d’exprimer en mots toute la richesse de ce que vous m’avez apporté et continuez à m’offrir à chaque écoute. Sans vous je ne serais simplement pas celui que je suis aujourd’hui.

Thank you mister Cohen.

Leonard Cohen, juillet 2008.

Leonard Cohen, juillet 2008.

Ring the bells that still can ring
Forget your perfect offering
There is a crack in everything
That's how the light gets in.

Leonard Cohen - Anthem

There is a crack in everything, that's how the light gets in.

There is a crack in everything, that's how the light gets in.

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1 mai 2015 5 01 /05 /mai /2015 16:41


[Stop.
Rembobinage, Retour Rapide.
Stop.]

 

Lundi 10 février 1997, 21h00…

… un lundi soir d’hiver, à Valenciennes, rue des Anges … la soirée s’annonce passionnante ! J’ai le choix : je peux m’envoyer un comics (Panini vient tout juste de reprendre la licence Marvel, il y a plein de nouveaux mensuels qui remplacent de mes Strange et Titans habituels), ou sortir boire un pot au Paradis de la Bière (mais c’est loin, il fait froid et les potes sont un peu frileux), ou aller au cinéma de quartier (mais à part le Didier d’Alain Chabat que j’ai déjà vu, il n’y a rien qui me branche cette semaine). Ou bien réviser mes cours tiens. Non faut pas déconner non plus hein. Allez va, voyons voir ce qu’il y a à la télé, on trouvera bien un truc à mater1.

L’écran 51 cm de ma superbe télévision à tube cathodique s’allume, je zappe comme un fou : depuis que je suis à Valenciennes je capte M6, révolutionnaire2 !

Je tombe sur France 2, c’est la retransmission des Victoires de la Musique… mouais, pas ma tasse de thé d’habitude, toujours les mêmes têtes et les mêmes sons qui passent… c’est pas demain la veille que je verrai un Christian Décamps dans ce genre d’émission… Mais bon, en fond sonore, et à défaut de mieux, ça fera l’affaire…

Tiens qu’est-ce que je disais : le Pascal, le Florent, la Zazie, la Ophélie… quelle originalité ! Et puis c’est pas comme s’il y avait du suspense non plus : c’est évident que Aznavour et Barbara vont remporter la timbale, y a pas photo avec les autres ! Ah chouette, quand même dans les groupes il y a Les Innocents et Noir Dèz, j’espère qu’ils vont pas se faire griller par les NTM, ce serait un comble. Bon bah finalement, je vais me lire un petit Amazing Spider-Man moi…

« … tout larguer, balayer la ville … les pieds dans la mer, immobile … là où tout semble si facile ... »

… ! … attends, c’est quoi cette voix de ouf ? Je lâche ma BD cinq secondes, faut que je vois qui chante-là… C’est un grand gars, belle gueule, inconnu au bataillon, jamais vu, jamais entendu non plus. Mais quelle put### de voix il a ce mec ! Bon attends, je note son nom. Quand ils veulent ils le redonnent hein ! Nommé dans la catégorie révélation variétés de l’année, blablabla… Ah ça y est : Fred Blondin, tiens c’est marrant, Blondin comme Clint Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand ! Enfin bref c’est noté sur un papelard. Ce serait cool qu’il gagne tiens, j’ai bien aimé cette chanson.



… et la révélation de l’année est … Juliette !

Pfff… pas mon trip. Dommage pour le gars Fred là. Faudra que je vois ce qu’il fait quand même un de ces jours…

[Stop.
Avance Rapide.
Stop.]

 

Mardi 11 février 1997, 17h00…

… pas fâché de sortir de ce cours soporifique… j’ai du bol, il fait un peu moins froid aujourd’hui, tiens je vais en profiter pour faire un saut chez le disquaire3 ! C’est cool quand même d’avoir un disquaire à 200 mètres de chez soi. Pas pour les économies, mais pour le confort auditif et le moral, oui ! Bon alors, le bac des nouveautés… j’ai noté le nom du mec d’hier soir, là je l’ai : Fred Blondin, l’album J’voudrais voir les îles, je confirme c’est bien lui. Allez, emballé c’est pesé, je vais m’écouter ça tranquillou4 ce soir.


 

La vache, j’ai bien fait d’acheter cet album, j’ai eu du pif sur ce coup-là ! C’est simple, j’ai du mal à dire quelle est mon titre préféré tant j’aime. La classe pure des morceaux de CharlÉlie, la géniale reprise de Gainsbourg, le spleen de Sans Rien Dire ou de Pendant qu’en Ville, la révolte de C’est pas ça la Vie, le soleil de J’voudrais voir les Îles, la résignation de La Fin de Nous, ou le délire des riffs de guitare sur Tu m’aimes à quelle heure ?

Bon ben, la touche repeat de mon discman5 va s’avérer très utile les jours qui viennent.

381. Un samedi soir à Staffelfelden

[Stop.
Avance Rapide.
Encore.
Encore.
Stop]

 

Samedi 18 avril 2015, 21h00…

… un samedi soir de printemps à Staffelfelden, rue des Faisans… la soirée s’annonce juste géniale. Autour de moi mes proches, ceux qui comptent, ceux que j’aime. Ma famille. Et mes amis. Mais des amis comme ça, pour moi de toute façon c’est la famille. Et puis à table, assis à ma droite, Fred Blondin. Le Fred Blondin. Le mec que j’avais vu pour la première fois un 10 février 1997, pffiouu… il y a 18 piges ! Un grand gars, bonne gueule, avec toujours cette même put### de voix, et en plus -mais à vrai dire j’en doutais pas- un mec super sympa, à la cool, simple, direct, vrai6.

Ça fait 18 ans que sa musique me suit partout où je vais, que j’ai seriné à peu près tous ceux que je connais avec ses chansons, que j’ai acheté et distribué autour de moi ses disques.

Ce mec-là est assis à côté de moi. Il sue à grosses gouttes pour parvenir à faire sa fête à sa deuxième assiette de bouchées à la reine. Faut dire que jusqu’ici il ne connaissait pas ma mère et ses doses gargantuesques quand elle fait à manger. Il est venu pour moi ce soir, pour que je me souvienne à jamais de mes quarante balais. Il est venu manger et boire, fêter et chanter. On cause, on s’amuse, on se marre. Je suis entouré de gens que j’aime. Et il y a Fred Blondin qui chante dans mon salon, bordel.

 

 

381. Un samedi soir à Staffelfelden

Je me remémore ces 18 dernières années. Je remonte le temps en pensées, et je revois ce jeune con de 22 ans à moustache ridicule qui découvre un des artistes qui va le plus le marquer par sa musique. Je m’imagine lui dire : « eh Stéph, quand tu auras 40 ans, tu boufferas chez toi à côté de Fred avant de l’écouter chanter ses chansons et de fredonner avec lui des morceaux que tu auras d’ici là écouté des milliers de fois ». Je le vois, incrédule, se demander comment ça pourrait être possible, rigolant bêtement en se disant « c’est cela oui... ». Et pourtant.

Je sens les larmes me monter, je vais quand même pas chialer hein, c’est franchement pas le jour. Au contraire, c’est un jour à sourire, immensément. Alors vite je chasse l’image du Stéph de 22 ans de mon esprit, je reviens sur Terre et ça tombe bien : Fred entame Perso, certainement une de ses chansons que je préfère et qui me parle le plus. Avec quelques dizaines d’autres. :o)

381. Un samedi soir à Staffelfelden

C’est difficile pour moi de parler de cette soirée, parce que les mots me manquent pour décrire avec justesse tout ce que j’ai ressenti ce samedi soir. C’est un peu con et certainement bateau, mais le mot qui me vient là, maintenant, est simple et d’une telle évidence : MERCI.

 

Merci à ceux qui étaient autour de moi pour partager ce moment inoubliable : Maman, Mamama, Marie, mes loulous Nathan et Tom, Laurent, Robert, Christiane, Nono, Patrick, Isa, Martial, Thibaut, Mimi, Pierre, Sam, Zélie, Audrey, Éric.

Et puis Fred, évidemment. Merci.

Merci à vous trois Papa, Papapa et Guillaume, car vous étiez là avec moi aussi, dans mon coeur.

Mais il y en a une que je n’ai pas encore citée. Celle sans qui rien de tout cela n’aurait été possible. Celle qui a tout organisé, celle qui est restée dans l’ombre pour tout préparer en silence, celle qui a réuni les gens que j’aime, celle qui a trouvé la meilleure façon qui soit pour que mes 40 ans restent un souvenir absolument génial gravé dans ma mémoire. Celle à qui je ne dirai jamais assez merci pour tout ce qu’elle a fait. Ma petite sœur, ma frangine, Marie. J’espère un jour pouvoir te faire ressentir autant de bonheur que ce que tu m’as fait ressentir grâce à cette fête exceptionnelle. Merci, merci, merci7 !

381. Un samedi soir à Staffelfelden

1 Eh oui, en 1997, on ne connaissait pas encore notre chance, car il s’agissait des derniers lundis soirs sans Joséphine Ange Gardien sur TF1, le calvaire télévisuel allait commencer en fin d’année...

2 Eh oui, en 1997, croyez-le ou non, chez mes parents à Staffelfelden, on ne captait toujours pas la 6.

3 Eh oui, en 1997, il y avait encore des disquaires de quartier, même que les mecs arrivaient à en vivre dis donc.

4 Eh oui, en 1997, je disais « tranquillou » comme ça, sans honte. Et je continue.

5 Eh oui, en 1997, le top du top c’était d’avoir un discman, pour écouter ses CD n’importe où. Un peu comme un baladeur mais sans K7 : ça saute un peu plus mais c’est quand même carrément plus la classe.

6 Tranquillou quoi ! :o)

7 Et je me glisse ici discrètement des indices pour une future surprise ...disons juste au cas où ça te reprendrait... Bruce... Leonard... Bernard... Mark... Eric... ;oP

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