“Nice to see you, it’s been a long time.”
Tu m’étomes Tonn. Euh, tu m’étonnes Tom.
20 ans. Cela faisait 20 longues années que Tom Petty & the Heartbreakers ne s’étaient pas produits sur scène en France. Et mercredi 27 juin ils étaient là, fringants sexagénaires, en concert au Grand Rex de Paris.
Et moi aussi j’étais là. Forcément. Le cœur battant, le sourire aux lèvres et cette émotion spéciale qui accompagne les moments rares et tant attendus. Parce que Tom Petty c’est une de mes références musicales majeures, un de ceux que j’écoute en continu depuis des années au point que sa musique m’imprègne inconsciemment. Combien de fois me suis-je pris à siffloter ou fredonner un de ses titres ? C’est simple, pour moi il est au panthéon des artistes anglo-saxons que je vénère, juste après Leonard -Dieu le père- Cohen et au même niveau qu’un Bruce Springsteen, qu’un Eric Clapton ou qu’un Mark Knopfler.
Pourtant en France, le nom de Tom Petty & the Heartbreakers n’éveille pas grand-chose chez le commun des mortels. Citez-le autour de vous et vous récolterez comme uniques réactions des « euh, qui ça ? » qui attesteront pour le moins de la pauvreté ambiante question culture musicale. Star aux USA, songwriter de talent et guitariste hors pair, Tom Petty est curieusement méconnu dans nos contrées. Pourtant ce n’est pas un perdreau de l’année, le bonhomme a connu ses premiers gros succès dès la fin des années 70 et n’a pas chômé durant sa quarantaine d’années de carrière. Mais voilà, faut pas compter sur la programmation musicale de RTL2, NRJ et consorts pour entendre du Tom Petty sur les ondes françaises… bonjour la diversité musicale. D’ailleurs moi-même je l’ai découvert voilà des années sur les judicieux conseils d’un collègue à l’oreille fine et au goût musical averti (thanx Pascal).
Mais revenons au Grand Rex.
Les briseurs de cœurs se s’ont fait attendre (début de concert à 20h00, trois quarts d’heure de première partie assurée par Jonathan Wilson, et arrivée de Tom et ses potes à 21h30), mais dès leur entrée c’est du grandiose, pas de tour de chauffe, on attaque d’emblée à fond les ballons (seul bémol du concert, le son n’aura pas toujours été au top, en particulier dans les aigus poussés un peu trop à fond pour mes pauvres oreilles) avec un enchaînement de hits qui réveillent (Listen to Her Heart, You Wreck Me, un I Won’t Back Down d’anthologie et un Here Comes My Girl repris en cœur par le public). Petty est là et bien là, costume trois pièces sur chemise blanche, ses éternels cheveux blonds mi-longs, la barbe soignée, changeant de gratte quasiment à chaque chanson, la classe incarnée. Et il n’est pas seul, tout du long du concert ses compères auront tour à tour l’occasion de démontrer leur talent : les excellents Ron Blair à la basse, Scott Thurston à la guitare, Benmont Tench aux claviers, le phénomal Steve Ferrone qui finira en nage à la batterie et l’incroyable Mike Campbell complètement habité par le son de sa guitare électrique.
En dehors de quelques titres de leur dernier album en date Mojo (2010), tous les morceaux seront antérieurs à 1994. Tant pis pour moi qui aime bien The Last DJ (album de 2002) et qui adore Echo (1999) je me ferai une raison. Mais ce n’est pas comme si le groupe manquait de hits, difficile de tout caser en un concert. Et puis quelques hommages au passage, comme la géniale reprise de Peter Green (Oh Well) et l’inattendu Oh Carol de Chuck Berry.
Puis mon bonheur devient total quand Tom Petty entonne Free Fallin’ et Learning to Fly qui sont de très loin mes deux titres préférés. Je suis ailleurs le temps de ces deux chansons. Dans un autre monde, celui du son parfait, de l’accord ultime. Satellisé le Stéph.
Ça déroule et ça s’enchaîne, de riffs géniaux en ovations du public, Tom Petty termine sur Refugee et un Running Down A Dream du tonnerre. Enfin pas tout à fait, puisque le rappel se fera les doigts dans la prise au rythme des incontournables Mary Jane’s Last Dance et An American Girl. Et déjà le concert prend fin, ça fait deux heures et pourtant ça a filé à toute allure. C’est pas comme si je n’en reprendrais pas volontiers une louche, mais ce que j’ai entendu m’a comblé. Je suis doublement content d’ailleurs, puisque j’avais traîné ma petite sœur à ce concert, bien décidé à lui faire découvrir Tom Petty pour ses trente ans (elle est grande maintenant, il était temps qu’elle s’y mette) et on dirait bien que la greffe a pris.
Alors pour répondre à la question du début de cet article, « c’est qui Tom Petty ? », c’est simple. Du grand art, du bon rock, de l’excellente musique : c’est ça Tom Petty & The Heartbreakers.
Et pour mon plaisir et le votre, je ne résiste pas à l’envie de mettre ici en lien quelques vidéos de la soirée au Grand Rex :
un I Won’t Back Down qui remue dans les chaumières,
un Free Fallin’ stratosphérique,
et un Learning To Fly pour atteindre le septième ciel !
Crédits photos : © Carsten Wilde pour Rocknconcert.com