Il y a peu de temps je vous parlais de ma virée à Bercy pour y écouter l'immense Leonard Cohen... et à peine étais-je sorti du concert parisien que j'attendais déjà avec impatience celui de Zurich où j'allais le voir le 24 août. Je me rends bien compte que ces concerts, et donc mes articles les relatant, sont assez rapprochés, et que vous allez trouver cela sinon exagéré peut-être barbant de m'entendre m'extasier aussi souvent et régulièrement au sujet des mêmes thèmes. Pourtant comment pourrait-il en être autrement ?
Leonard Cohen fait partie de ce club fermé d'artistes que je ne me lasserai jamais d'écouter et d'aller voir tant que j'en aurais l'occasion. Car c'est bien de cela dont il s'agit : saisir les occasions quand elles se présentent. Fort de cette résolution (tant qu'il donnera des concerts j'y irai !), je suis donc allé l'applaudir au HallenStadion de Zurich en Suisse. Le concert était peu ou prou du même type que celui de Bercy de juin, le Hallenstadion étant aussi une salle de grand gabarit. Gabarit qui du reste sied moins à un concert de Leonard Cohen qu'une salle de taille plus moyenne telle que l'Olympia par exemple. D'ailleurs le seul reproche que je puisse faire à la représentation du 24 août, c'est bien la taille et la configuration de la salle qui peuvent en être tenus pour responsables. Car oui ! Pour une fois un concert de Leonard Cohen ne récoltera pas que des louanges de ma part dans ces pages...
Bon, pas de quoi en faire un drame ni une affaire d'état cependant. Si vous avez déjà pu assister à un de ses concerts, ou si vous avez déjà lu ici ce que j'ai pu en dire tantôt, vous savez déjà que le son est toujours, toujours d'une qualité irréprochable. Vous entendez le moindre souffle aussi nettement que si quelqu'un vous chuchotait à l'oreille (à condition de ne pas être sourd comme un pot vous me direz, soit), chaque instrument est magnifié, jamais vos oreilles ne sont agressées par le volume sonore, le son est à la fois rond et chaud, puissant et léger, bref les ingénieurs du son de Leonard sont les meilleurs dans leur partie (normal pour des canadiens...*). Même dans l'enceinte de la scène du festival de la Fête des Vins de Colmar, où le son de tous les concerts qui y sont donnés est quasi-systématiquement mauvais (pour l'exemple : même la douce Norah Jones m'y a fait mal aux oreilles, c'est dire si les conditions là-bas, à mon plus grand désespoir, sont pourries) ils avaient réussi à faire des miracles. Et au Hallenstadion ils auront presque réussi. Son limpide, clarté de chaque instrument et de chaque voix, volume sonore parfait malgré la taille de la salle mais malheureusement, la configuration de la salle fait que depuis quelque temps (en tout cas je n'en avais gardé aucun souvenir lors de mes précédentes venues) des « salles VIP » ont été aménagées en balcons en face de la scène et leur conception offre des très grandes surfaces planes sur lesquelles le son est renvoyé en écho... Placé là où je l'étais, c'est-à-dire au premier niveau de gradins sur la droite de la scène environ au premier tiers en profondeur de la salle, j'avais d'un côté le son direct parfait comme d'habitude et de l'autre un retour décalé d'une demi-seconde environ dû à ce fichu effet d'écho. Comme le volume sonore était justement parfaitement maîtrisé pour ne pas agresser les tympans de l'auditoire, il ne suffisait pas à couvrir l'écho qui me revenait en sourdine du fond de la salle... Et j'ai eu beau essayer de faire abstraction de ce son parasite, rien n'y a fait je n'y suis pas parvenu. Les précédents concerts de Leonard Cohen m'avaient trop habitué à la perfection que voulez-vous. Bien que son équipe d'ingénieurs du son n'y soit strictement pour rien, je ne peux pas dire ici que la qualité était optimale.
Enfin, la qualité d'écoute. Parce que pour le reste, tout le reste, c'était aussi génial que les fois précédentes. Les musiciens, les merveilleuses choristes (que d'ailleurs on peine à ne considérer « que » comme des choeurs : les voix de Sharon Robinson et des Webb Sisters sont tellement présentes et importantes dans le show qu'elles sont à mes yeux des chanteuses à part entière au même titre que Cohen !) et le maître de cérémonie Leonard Cohen himself étaient à leur top et ont fourni un spectacle de premier ordre comme ils en ont pris le pli depuis les cinq dernières années qu'ils sont en tournée ensemble. Et puis il y a toujours mon coup de cœur, l'incroyable guitariste Javier Mas, qui apporte sa touche de génie à l'ensemble...
La playlist n'avait pratiquement pas changé par rapport au concert de Paris deux mois auparavant, à ma plus grande surprise même quand l'orchestre a entonné la merveilleuse mélodie du Partisan ! Évidemment il n'y a pas eu l'ovation rituelle du public quand Cohen l'interprète dans l'Hexagone au moment où il chante « J'ai perdu femme et enfants, mais j'ai tant d'amis, j'ai la France entière. » ce qui n'a pas empêché un tonnerre d'applaudissements à la fin du morceau.
Bon tout ça pour dire que même dans des conditions pas impeccables, cela reste un véritable plaisir et un moment exceptionnel d'assister à un concert de Leonard Cohen. J'espère avoir encore souvent cette chance.
* ceci est une référence que seuls les amateurs de comics comprendront, et tant pis pour les autres !
Et comme d'hab : un grand merci à ma petite soeur pour les photos, et deux extraits vidéos trouvées sur Youtube, avec pour commencer une version sublime de The Gypsy Wife (intro made in Javier Mas) :
Et un Closing Time qui clôt les débats !
(merci aux posteurs !)