Parmi mes rares résolutions pour 2012, je me suis fixé comme objectif de parler un peu plus souvent de musique sur ce blog.
Puis je me suis demandé par quoi je pourrais bien commencer pour m’attaquer à cette ambitieuse idée. D’abord j’ai été tenté de me lancer en vous parlant de ceux qui sont dans mon panthéon d’artistes, ceux qui font partie intégrante de mon être tant je les adule. Ou alors des concerts récents que j’ai pu voir, parce qu’il n’y a quand même rien qui surpasse le live. Mais finalement je me suis dit que ce serait assez logique de parler des albums qui tournent en boucle en ce moment sur mon pc ou dans ma voiture. C’est ainsi que je m’en vais vous dire tout le bien que je pense de Like A Man, le tout nouvel album de Adam Cohen.
Moi qui considère son père, Leonard Cohen, comme l’artiste ultime, l’icône à jamais insurpassable, un dieu vivant de la musique et de la poésie, j’ignorais jusqu’il y a peu de temps que son fils, Adam Cohen, chantait lui aussi.
J’ai découvert, non sans une petite crainte (celle d’être déçu en comparaison de tout ce qu’a pu me faire ressentir son illustre père), son tout dernier album à l’occasion des fêtes de fin d’années. Et après une petite journée d’écoute, j’étais définitivement conquis par le bonhomme.
D’un style un peu plus moderne que son père, Adam ne peut pour autant en aucune manière renier son héritage musical ! Belles mélodies, importance du texte, utilisation des chœurs féminins, il y a même certains titres sur lesquels sa voix rappelle à s’en méprendre celle de son père 40 ans plus tôt. Cela m’a tout particulièrement frappé sur What Other Guy par exemple. What Other Guy qui est au passage très certainement le plus beau morceau de l’album, avec à ses talons la chanson Like A Man qui a donné son titre à l’album. D’ailleurs j’ai depuis cette découverte, lu l’une ou l’autre interview de Adam Cohen, et cela ne m’a pas du tout surpris d’y apprendre que ces deux titres justement avaient été qualifiés de « classiques instantanés » par le sage Leonard. Je vous assure qu’il ne s’agit pas là d’un jugement exagéré et partial dicté par la fierté paternelle, ces deux titres sont réellement deux petits bijoux. Beaux, sobres, qui accrochent l’oreille et l’esprit, bref parfaits.
Tout l’album du reste est très agréable à écouter. Au même titre que les deux chansons déjà citées, Overrated, Stranger et Beautiful sont elles aussi de celles qui vous chopent, et si on les laisse faire, vous trottent toute la journée dans la tête…
Pour autant qu’on ne peut nier la parenté entre la musique de Adam et de Leonard, le fiston s’en démarque toutefois sur certains points. Ces chansons ont un je ne sais quoi de plus optimiste qui transpire des paroles comme des airs, ses rythmiques et ses arrangements ont une base un peu plus moderne. Et si la voix ressemble dans ses intonations, Adam a un phrasé moins net que celui de Leonard (moi qui possède une oreille à la limite du handicap sévère dès que j’essaie de comprendre de l’anglais à l’oral, je saisis cependant tout ce que chante Leonard, ce qui n’est pas aussi évident avec Adam).
Je réalise que je parle de l’album de Adam Cohen en le comparant au travail de son père, ce qui n’est peut-être pas l’approche la plus judicieuse. Mais pour moi il est impossible de passer outre la filiation, je ne peux juste pas faire autrement. Et si cela peut paraître un tantinet injuste pour le fils de voir son travail ainsi ausculté à travers le prisme de celui qu’a livré son père avant lui, j’ai été rassuré et même confirmé dans mon inclinaison à la comparaison père / fils en entendant Adam Cohen en interview dans l’émission Taratata. Adam y avouait n’avoir quasiment rien écrit de « neuf » pour produire cet album. Il s’est contenté de regrouper des chansons qu’il avait abandonnées et laissées dans un coin tout au long de sa carrière. Certaines comme Out of Bed ont été écrites il y a déjà vingt ans. Et pourquoi les avait-ils abandonnées jusqu’à aujourd’hui ? Tout simplement parce qu’elles étaient à son goût trop proches des chansons de son père, dans leur architecture, leurs thèmes ou leur poésie. Que jusqu’alors il avait cherché dans ses précédents albums à se démarquer de l’œuvre de Leonard Cohen, mais qu’à présent il a dépassé ce stade et s’affirme enfin comme il est réellement, y compris dans ses influences paternelles.
Et après avoir entendu cet album, je me dis que finalement, dans le talent il doit y avoir une sacrée part d’hérédité. Adam Cohen en est une preuve vivante.