Dans la série des titres qui claquent, celui-ci a plus qu’attiré mon attention.
Faut dire que si on le prend au pied de la lettre, ce titre c’est tout un programme !!
Mort aux cons c’est donc le premier roman de Carl Aderhold, dont le personnage principal (qui est aussi le narrateur de l’histoire), un type à la base tout à fait normal et sans grande envergure, voit sa vie prendre une tournure très spéciale un soir où il se débarrasse dans un geste d’exaspération du chat d’une de ses voisines qui l’importunait. D’abord honteux de son geste, il constate dès le lendemain les réactions que cela provoque dans son voisinage, et l’élan de solidarité entre habitants qui se crée. C’est ainsi qu’il décide de prolonger l’expérience en devenant un véritable serial-killer d’animaux de compagnie dans le quartier. Et une chose en entraînant une autre, il passe rapidement au stade supérieur : les humains. Mais attention, pas n’importe comment, pas au hasard : le narrateur décide de s’attaquer à l’un des plus grands fléaux qui gangrène notre société : les cons !
Dès lors c’est l’hécatombe, et pas moins de 140 meurtres de cons (ou actes d’intérêt public c’est selon l’appréciation) vont s’enchaîner…
Faut bien le dire, ce bouquin a un petit côté régressif qui lui donne une saveur tout à fait jouissive. Parce que soyons honnête, qui n’a pas un jour de mauvaise humeur pesté contre le type qui vous colle au cul à 140 sur l’autoroute, contre le gars qui vous saoule de ses idées moralisatrices et intolérantes jusqu’à l’overdose ou contre n’importe quelle personne qui détient un quelconque pouvoir, même le plus minime, et qui a décidé d’en abuser sur vous ? Pour ma part je me rends compte que j’en rencontre de plus en plus de ces énergumènes, et j’en ai retrouvé certains prototypes dans ce livre, à qui le héros fait passer un sale quart d’heure… Ben c’est peut-être idiot mais par moments je me suis senti comme… vengé ! pas de quoi avoir froid dans le dos hein, je ne suis pas un serial-killer dans l’âme, n’empêche que je confesse qu’un léger parfum de satisfaction accompagnait la lecture de certains passages à trépas.
Bon outre cela, il y a dans ce livre un humour assez bien senti, et surtout un aspect que j’ai beaucoup aimé, la recherche permanente de la définition du con. Enfin des cons, car il y en a de toutes sortes ça va sans dire. Il y a quelques jeux de mots déclinés en définitions que j’ai trouvées réjouissantes (le con-génital, le con-vaincu, le con-disciple ou encore le con-citoyen, je vous laisse découvrir le reste par vous même, il y en a d’assez savoureux). Cependant j’ai trouvé dommage que l’auteur ne pousse pas trop le raisonnement dans la direction du « on est tous le con de quelqu’un » qui aurait pu peut-être enrober le reste d’une profondeur du propos bienvenue. Parce que voir des cons in-con-testables se faire descendre c’est rigolo et tout, mais quand au cours de sa croisade le tueur bute un con pas aussi indiscutablement con que ça, ou pire quand on se reconnaît un tout petit peu dans l’une ou l’autre victime le rire prend des teintes jaunies…
Et puis d’un point de vue purement logique, il me paraît assez in-con-cevable (bon j’arrête ces jeux de mots nazes) qu’un si grand nombre de meurtres soient perpétrés par un seul homme au nez et à la barbe de la police (bien que certains soient parfaitement maquillés en accidents) sans qu’aucun recoupement ne mène à leur auteur… Par exemple, la liste de DRH qui passent l’arme à gauche à elle seule devrait suffire à sceller le destin du meurtrier selon moi. De même pour le psychanalyste à qui le héros se confie et auquel il raconte tous ses crimes : je veux bien que le secret médical soit respecté, mais de là à taire les agissements d’un tueur en série (ou au mieux d’un type qui a de graves pulsions de meurtre si on considère l’hypothèse que le psy ne croit pas à la véracité de ses actes) c’est un peu fort de café. Il faut donc accepter certaines facilités un peu grosses de ce point de vue là pour correctement apprécier l’intrigue. Cela étant, à mes yeux ce livre n’est pas un polar, l’intérêt n’est pas le réalisme dans l’enquête policière mais bel et bien le cheminement de pensée du tueur et l’enchaînement de ses victimes, on peut donc passer outre certaines incohérences (ou disons certaines improbabilités) assez facilement sans que cela ne gâche le plaisir de lecture.
Bref, j’ai lu Mort aux cons avec légèreté et sans bouder mon plaisir, il ne faut pas rester bloqué sur certains détails qui dans un contexte d’histoire plus sérieuse condamneraient le livre. Si vous décidez de lire Mort aux cons, faites-le dans l’idée de lire un pur divertissement et non pas un polar ultra-ficelé, ce qui ne vous empêchera pas par ailleurs de dépasser certaines situations cocasses pour réfléchir plus sérieusement avec le héros et l’auteur à ce qu’est pour vous la définition d’un con. Et ça, finalement, ce n’est pas aussi évident qu’on pourrait le croire !