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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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14 avril 2020 2 14 /04 /avril /2020 21:41

Aujourd'hui je célèbre un double événement. « Événement » à ma petite échelle j'entends.

 

D'abord mon 500ème article de blog ! Alors certes, ramené à la durée d'existence du site, le chiffre impressionne tout de suite moins. Figurez-vous que mon premier article ici, date du 7 décembre 2005... ce blog en est donc dans sa quinzième année !! Si je fais un rapide calcul : 500 articles en 172 mois, ça donne environ 35 articles par an soit moins de 3 par mois si on fait une moyenne. Après il faut prendre en compte le fait que j'ai été très silencieux voire carrément absent en terme de mise en ligne d'articles pendant certaines très longues périodes. Genre, qui se chiffrent en années. Mais jamais complètement disparu pour autant : quand je n'éditais pas d'articles je tenais à jour de loin en loin mes pages « avis vite dits » en fonction de ce que je me mettais sous la rétine au cinéma ou sur le petit écran.

Il en aura parfois fallu !

N'empêche, qu'on considère ces 500 articles tels quels, ou qu'on les rapporte sur la durée, quand je jette un rapide coup d’œil derrière moi, je n'en suis pas trop mécontent. Entendons-nous bien : on peut toujours mieux faire, et j'en suis quelques-uns sur la toile qui assurent autrement mieux que moi en terme de quantité et de longévité (vous en retrouverez un certain nombre en liens dans ma rubrique On the Blog Again... ), l'affaire est entendue. Malgré tout, à mon petit niveau, sans chercher à viser les étoiles, je suis surtout content d'une chose : je n'ai pas laissé tomber l'affaire. J'ai eu des moments de moins bien, ça va de soi, des jours, pardon, des mois entiers pendant lesquels l'envie, l'enthousiasme et l'inspiration m'ont obstinément fui. Mais voilà : aujourd'hui, je suis toujours là, et je continue à alimenter tant bien que mal ce site qui est un peu ma fenêtre sur l'extérieur. En fait, en y repensant, peut-être est-ce le contraire : une fenêtre depuis l'extérieur sur moi. Avec toute l'immodestie que ça sous-entend, je m'en rends bien compte en l'écrivant. Qui ça intéresse vraiment ce que j'ai à blablater ici sur ce que je regarde ou j'écoute, sur ce que je lis, sur ce que j'aime, sur ce qui me fait rire ou m'énerve ? En fait j'ai vite abandonné l'idée de faire « du chiffre ». C'est vrai pourtant, ça fait plaisir et ça flatte l'ego quand on voit ses stats de visites progresser ou lorsque des articles que je mets en ligne provoquent des réactions en commentaires. Parfois aussi ça déçoit de voir un article que j'ai essayé de rendre le plus attrayant possible, ou qui traite de quelque chose qui me tient vraiment à cœur, n'éveiller aucune réaction, et peut-être même passer incognito va savoir... Mais j'ai constaté avec le temps qui passe, qu'en fin de compte ça n'est pas si grave que ça. Parce que le plaisir que j'ai eu à écrire ces articles a été au rendez-vous lui, et m'a fait du bien. Parce que de temps à autres je retombe sur un ancien article et qu'il m'arrive d'avoir du plaisir à le relire. J'y décèle souvent des points à améliorer et des choses que j'aurais pu mieux écrire, mais si le sentiment qui prédomine est la satisfaction, c'est que je ne m'en tire pas si mal.

J'ai fini par comprendre que celui à qui je m'adresse en premier lieu à travers ce blog, c'est moi. Encore une preuve d'égocentrisme me titillerez-vous peut-être... Peut-être bien en effet, je n'en sais rien et à vrai dire je m'en fiche un peu. L'écriture, au même titre que la lecture du reste, m'apporte infiniment plus que ce que je lui apporte. Je l'admets, et je l'accepte. Et ça me va bien comme ça. Alors autant continuer encore un peu tant qu'à faire. Et si j'ai quelques personnes avec moi qui veulent bien me lire de temps à autre, qu'elles soient les bienvenues.

Si l'envie vous prend de flâner dans les parages...

L'autre micro-événement auquel je faisais allusion en début d'article, c'est mon 45ème anniversaire. Je me suis dit, tant qu'à faire, et étant donné que je suis mon premier (et parfois unique) lecteur, autant me faire ce petit plaisir et faire coïncider cet anniversaire avec le 500ème article.

45 en années de chien, ça fait... pfff....

45 balais, ça m'en bouche un coin quand je m'arrête un peu sur l'idée. Il n'y a pas si longtemps je cogitais sur mes 35 ans... j'ai l'impression que c'était hier. En fait non : c'était hier !! Après je crois qu'il vaut mieux que je ne m'appesantisse par trop longtemps sur cet état de fait... je risquerais de rapidement déprimer.

Mais pas tant que ça non plus, faut pas exagérer. Avec l'âge vient une forme de sagesse. Ah, tout de suite les grands mots me direz-vous !! Pourtant oui, je ne me sens pas complètement hors-sujet en parlant de sagesse. Le temps qui passe laisse des traces. La vie passe, on fait ce qu'on peut pour ne pas être totalement dépassé par les événements, et on essaie de rester en accord avec soi-même. C'est d'ailleurs plus simple à dire qu'à faire, c'est pourquoi je me garderai de virer donneur de leçons à deux balles. Mais quoi qu'il arrive, le temps, lui, file. La vie n'attend pas, et moins on en a de temps devant soi, moins on a l'énergie pour aller vite également. C'est pourquoi il apparaît de plus en plus impératif de fixer clairement des priorités. On choisit mieux et on tranche plus facilement qu'avant. C'est peut-être en soi, une forme de la sagesse que j'évoquais : perdre moins de temps car on est de plus en plus conscient qu'on n'est pas éternel. Autant éviter les regrets en sachant cela, et privilégier l'essentiel.

Le temps passe vite...

45 ans donc, disais-je. Mine de rien ça commence à chiffrer. Est-ce un début d'Alzheimer ou juste de l'inconscience, toujours est-il que j'ai souvent tendance à oublier que je ne fais plus partie des « jeunes ». Pour m'en convaincre, il suffirait de demander à ceux qui sont véritablement dans la catégorie des « jeunes » où ils me situeraient, et le doute ne subsisterait ainsi pas longtemps. Cet anniversaire me rappelle donc avec une certaine autorité à la réalité. Mais vous savez quoi ? Je ne fais pas pour autant partie des nostalgiques de leur jeunesse passée. Pour être tout à fait honnête, je détesterais me retrouver tel que j'étais avec 20 ans de moins. Sérieusement. Je me préfère aujourd'hui, sur à peu près tous les points. Bon okay, sauf pour mes cheveux qui se font la malle. Pour le mal de dos récurrent aussi, je m'en passerais bien de celui-là. Et cette forme d'insouciance qui s'est envolée depuis que je dois prendre un cacheton tous les matins pour compenser les hormones thyroïdiennes que mon corps ne produit plus (faute de thyroïde !!), me manque parfois cruellement je dois bien le confesser. Mais pour tout le reste, vraiment, j'aime autant rester comme je suis que me retrouver en tant que vingtenaire...

Et c'est Lemmy qui vous le dit !

Ce que je n'aurais jamais imaginé en revanche, c'est que mon 45ème anniversaire ait lieu dans le contexte d'une pandémie mondiale, et d'un confinement obligatoire. Pourtant je suis un habitué des histoires fantastiques et de SF, je vous rappelle que j'ai grandi avec Peter Parker, Capitaine Flam, Marty McFly et Han Solo. Mais ce scénario-là, je n'y avais pas pensé. Fêter en huis-clos ne me dérange pas plus que cela, depuis ce matin je reçois message sur message, et toutes ces manifestations de pensées à mon endroit me font chaud au cœur. Mais ça me donne surtout envie de ne pas laisser passer une occasion future de le fêter en présence de ceux qui comptent pour moi. Ça n'est donc que partie remise...

Chacun ses références !!

Me reste à envisager l'avenir. Combien de temps me faudra-t-il pour atteindre les 1000 articles ? Quinze ans supplémentaires ? Ça risque de mener loin cette histoire... Les atteindrai-je seulement ? Je vous avouerais que si l'entrain pour écrire ces derniers temps se fait un peu plus rare (moi qui croyais que le confinement serait plus propice à cela, je me suis foutu le doigt dans l’œil), il me reste cependant encore pas mal d'idées en stock. Ne serait-ce que si je veux rattraper mon retard en terme de chroniques de livres lus (et je compte bien finir par y parvenir), j'ai au bas mot encore plus d'une centaine d'articles à écrire devant moi...

 

Bref, pour le moment, ce blog a encore quelques perspectives d'avenir. Et moi aussi, au passage.

Merci en tout cas à celles et ceux qui passent encore par ici, que ce soit régulièrement ou accidentellement, volontairement ou par hasard, depuis les origines ou tout nouvellement. Merci de me faire l'amitié de me lire, et parfois de me laisser vos sentiments sur mes élucubrations.

 

Bon, me voilà comme un con à pas savoir comment finir cet article.

Allez, je tente ça : à bientôt !? ;-)

???

PS : Juste un mot pour vous dire que mon repas d'anniversaire je l'ai passé avec mes loulous et ma fée, et qu'un invité spécial nous a accompagnés pendant que nous dégustions une raclette (et il apprécierait la précision), c'est Fred Blondin, grâce aux vidéos qu'il poste sur les réseaux sociaux depuis cette période de confinement, et que ma petite sœur m'a gentiment envoyées pour mon anniversaire. Ça m'a rappelé un peu le repas de mes 40 ans où il était venu chanter en personne...

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13 avril 2020 1 13 /04 /avril /2020 18:28

Il y a peu de temps, je vous parlais d'un roman qui m'a très fortement marqué : La Formule de Dieu de José Rodrigues Dos Santos. Je l'avais dévoré et trouvé passionnant parce qu'il m'avait ouvert l'esprit à des concepts pas toujours évidents au premier abord, parce qu'il m'avait beaucoup fait réfléchir une fois sa lecture terminée (il s'agit souvent là d'un très bon indice quant à la qualité de ce que vous venez de lire) et parce qu'il m'a aidé à voir certaines choses d'un œil nouveau. C'est déjà pas mal vous avouerez !

 

Aussi, emporté par l'enthousiasme procuré par la lecture de ce livre, je me suis directement jeté sur le second ouvrage de l'auteur qu'on m'avait tout autant conseillé, L'Ultime Secret du Christ, et je m'en vais vous en dire quelques mots ici.

 

Tout d'abord, je dois le dire, j'avais certes un a priori très positif envers l'auteur, mais j'avais également un gros doute sur ce second roman, à cause de son titre. L'Ultime Secret du Christ, pour moi c'était très connoté Da Vinci Code. Et à mes yeux ça n'est pas forcément très élogieux que de dire cela... Je ne suis pourtant pas le mieux placé pour en juger, n'ayant pas lu le livre de Dan Brown. Mais j'ai tant lu de critiques acerbes à son sujet, faites par des gens dans le jugement desquels j'ai plutôt confiance, et j'ai par ailleurs gardé en mémoire le si triste souvenir de l'adaptation au cinéma de la suite du Da Vinci Code, Anges et Démons, dont j'avais trouvé l'histoire pour le moins affligeante, que je ne pouvais m'abstraire de cet a priori négatif sur l’œuvre de Dan Brown.

 

Bref, j'avais très peur d'un bouquin dans la même mouvance, capitalisant sur un secret caché d'un évangile quelconque et qui surferait sur un thème qui a été très à la mode dans les fictions des années 2000.

 

Homme de peu de foi que j'ai été !

 

Je vous plante rapidement le décor du roman. Une éminente paléographe* est retrouvée égorgée à Rome, en pleine Bibliothèque vaticane ! Elle y étudiait l'un des plus anciens et précieux exemplaires de la Bible, le Codex Vaticanus. Au côté de son corps sans vie, un message mystérieux a été laissé. Tomás Noronha, historien et cryptologue portugais de renom, est le dernier à avoir vu la victime vivante. Convoqué par l'inspectrice Valentina Ferro, le héros de La Formule de Dieu va rapidement être associé à l'enquête policière. Ses connaissances des Saintes Écritures seront d'une grande aide pour décrypter le message laissé par le tueur. D'autant que l'enquête va prendre une tournure inattendue avec deux autres meurtres analogues en Irlande et en Bulgarie... Pour élucider le mystère, l'inspectrice et l'historien vont devoir se plonger dans l'analyse des textes bibliques et progresser de révélation en révélation jusqu'à en arriver en Israël, sur les traces de l'un des personnages les plus emblématiques de la culture occidentale : le Christ.

 

Alors deux choses :

  1. Oui ceci est un roman, et il raconte une histoire, en l'occurrence la résolution d'un meurtre.

  2. Tout comme dans La Formule de Dieu, L'Ultime Secret du Christ est préfacée d'une simple phrase, mais qui change tout à la lecture qu'on fera du livre : « Toutes les données historiques et scientifiques ici présentées sont vraies ».

     

L'auteur J.R. Dos Santos va réutiliser la méthode de narration qu'il a déjà bien développée dans La Formule de Dieu**, à savoir un mixe entre une enquête que mènent les personnages principaux et des informations et faits historiques et scientifiques présentés par l'auteur comme le moteur de la réflexion des enquêteurs. Certains pourront trouver le procédé trop artificiel et y verront une faiblesse du roman. Personnellement cela ne m'a aucunement gêné, ni ici ni dans le roman précédent, car je l'avoue ce n'est pas l'enquête à proprement parler qui m'a le plus passionné, c'est très clairement la partie historique et scientifique du propos qui m'aura le plus accroché. J'ai porté plus d'intérêt à tous les passages explicatifs et aux démonstrations théoriques qu'à l'avancée de l'action proprement dite. Je ne dis pas pour autant que l'enquête en elle-même n'est pas intéressante, mais elle passe nettement en arrière plan pour moi. Celles et ceux qui chercheront donc avant tout un thriller haletant et bourré d'action seront certainement déçus de ce qu'ils liront. Autant le dire pour éviter tout malentendu : la partie vulgarisation de connaissances l'emporte largement sur l'aspect thriller.

 

Donc, sorti de la pure enquête policière, ce roman m'a surtout impressionné et passionné par la somme d'informations historiques et scientifiques qu'il expose. J'ai toujours été assez intéressé et curieux de tout ce qui touche aux religions et aux croyances. J'ai grandi dans une société aux racines judéo-chrétiennes dominantes, qu'on soit du reste croyant ou non. Et pour ma part j'ai été baigné dans la culture chrétienne depuis tout petit jusqu'à ce que mon esprit critique et ma réflexion propre m'aient permis de m'en détacher suffisamment pour privilégier la science, l'histoire et la philosophie (cela étant dit, La Formule de Dieu, comme de nombreux autres ouvrages et travaux, montre qu'une séparation nette et exclusive de ces thèmes est souvent illusoire et aussi dogmatique que peut l'être la religion : la pensée doit s'autoriser à aborder tous ces sujets pour faire progresser la réflexion sur soi et sur le monde).

 

Et c'est justement en regard de ma propre éducation, de ma culture et de tout ce que j'ai vécu et appris au cours de ma vie, que le propos de ce livre m'a le plus touché. Oser poser des questions là où on nous a appris qu'il fallait croire sans s'en poser, mettre en doute des paroles qu'on nous a toujours présentées comme vraies et définitives, s'appuyer sur des faits, des connaissances, des preuves, plutôt que sur des textes dits saints qui excluent le moindre droit au doute, voici ce que fait ce livre. Il prend la Bible, et l'étudie. Pas au sens liturgique du terme, mais au sens scientifique et historique. L'auteur décortique les Écritures Saintes et pointe tout ce qui ne résiste pas à l'analyse un peu plus poussée que la seule acceptation des textes tels quels. Il remet dans un contexte historique, il confronte les incohérences entre elles, il rappelle les faits avérés et met en lumière tous ceux qui autorisent à énoncer tout haut un doute légitime. Bref, il déconstruit la religion. Ce qui personnellement, m'intéresse au plus haut point. Il ne s'agit pas d'ailleurs de « casser du curé pour casser du curé », mais simplement de prendre du recul, et de s'extirper des histoires pour essayer d'entrer dans l'Histoire.

 

A ce propos, je crois important de signaler qu'il ne faut pas tomber dans l'excès inverse : dans son roman, J.R. Dos Santos propose un autre point de vue que le dogme de l’Église, et il le fait en explicitant des hypothèses différentes. Il expose une théorie, et c'est utile de le préciser, il n'impose pas une vérité. Les faits qu'il énonce, les conclusions qu'il tire, les théories qu'il explique sont un autre point de vue. Selon l'avis de chacun, vous les verrez comme convaincantes ou non, vous déciderez de leur légitimité ou de leur vraisemblance : il y a dans ce livre des théories exposées qui m'auront plus convaincu que d'autres que j'ai trouvées plus fantaisistes ou moins scientifiquement probantes. Et c'est ce qui est encore plus passionnant dans ce livre : s'il vous apprend une chose, c'est le doute. Et que le doute, loin d'être une mauvaise chose, s'avère excellent dès lors qu'il nous pousse à chercher à en savoir plus, dès lors qu'il nous pousse vers les seules valeurs qui vaillent : l'instruction, la culture, l'histoire, la soif de connaissance, le désir d'apprendre. Disons-le encore autrement : quand il cultive la curiosité intellectuelle, le doute est infiniment bénéfique.

 

Quand vous lirez le nombre d'erreurs, d'omissions ou d'incohérences qu'on a pu chiffrer au cœur même de la Bible, vous en tomberez sur le cul. Quand vous apprendrez l'origine probable du concept de « Vierge Marie » vous hésiterez entre rire ou pleurer. Quand vous aurez devant les yeux l'évaluation mathématique du pourcentage de chances qu'on ait trouvé un faux tombeau du Christ, vous serez sciés sur place. Quand vous comprendrez quand, comment et aussi pourquoi on a décidé de retenir tel ou tel texte « saint » plutôt que d'autres pour fixer une bonne fois pour toutes un canon officiel de la Bible, vous regarderez d'un autre œil le concept de vérité tel qu'elle est présentée par l’Église (et par extension dès lors qu'on parle d'autorités religieuses).

 

Il me semble toutefois important de dire que ce livre participe moins à une entreprise de destruction de la foi qu'à la déconstruction des fonctionnements interne d'une religion, et qu'on apprend beaucoup de choses, quand bien même on ne serait pas convaincu par tout ce que tente de démontrer l'auteur.

 

Accéder à un nouveau point de vue sur quelque chose qu'on connaît depuis toujours, ça peut être parfois déstabilisant, mais j'ai trouvé cela surtout passionnant. Ne vous départez jamais de votre capacité d'analyse, gardez votre sens critique, qu'il aille dans le sens des théories présentées par le livre ou dans un sens contraire, tant qu'on essaie de faire passer la pensée et la logique avant l'aveuglement volontaire, vous en ressortirez forcément grandis et plus éclairés. Et si au concept de vérité souvent mis en avant et défendu par les religions, on s'autorise à privilégier celui de réalité, on se permet de voir le monde sous un prisme un peu différent, et on en ressort là encore gagnant. C'est ce que vous invite à faire J.R. Dos Santos par l'intermédiaire de L'Ultime Secret du Christ.

 

Je vous incite très fortement à le lire et à vous faire votre propre idée. En ce qui me concerne j'ai énormément appris à sa lecture, y-compris sur des choses que je croyais déjà connaître, et ce roman m'aura certainement autant marqué que La Formule de Dieu. Gros coup de cœur.

* une paléographe ? C'est une scientifique qui étudie les écritures anciennes.

** à ce sujet les romans de J.R. Dos Santos mettent en scène le même personnage, le professeur Tomás Noronha, mais l'ordre de parution française des romans n'a pas tenu compte de l'ordre original, si bien que La Formule de Dieu, premier roman de l'auteur paru en France est en fait le second roman des aventures de Tomás, alors que L'Ultime Secret du Christ, deuxième roman de Dos Santos paru en France est en réalité le cinquième opus des pérégrinations du héros lusitanien.

 

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8 avril 2020 3 08 /04 /avril /2020 07:32

 

« Chaque personne qui passe dans notre vie est unique. Elle laisse toujours un peu d'elle-même, et s'en va avec un peu de nous. »

 

Jorge Luis Borges, écrivain argentin qui résume la beauté et le drame de nos vies.

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6 avril 2020 1 06 /04 /avril /2020 17:16

Il y a des nouvelles qui nous dépassent. Qu'on ne comprend pas parce qu'on ne parvient juste pas à les concevoir. On a découvert des exoplanètes un peu partout à travers la galaxie. Selon la physique quantique, il existerait un nombre infinis d'univers parallèles au nôtre. Un certain Nietzsche nous a même annoncé que Dieu est mort. Les implications sont telles, qu'à moins de s'appeler Albert Einstein ou Stephen Hawking, ce que cela veut réellement, profondément dire, nous échappe en grande partie.

 

Il en va ainsi quand on apprend la mort d'un ami. On ne comprend pas, on n'imagine pas ce que cela veut dire. Réellement. Profondément. Ça a de telles conséquences sur nos vies, que c'est trop grand, on n'arrive pas à en prendre conscience dans son entièreté.

 

Martial est parti. Notre copain s'en est allé hier. Lui, l'ancien-combattant à peine plus vieux que moi, que j'aimais mettre en boîte pour ce titre dont il a hérité pour avoir servi au début de sa vie active dans l'armée française, a finalement déposé les armes. Il a pourtant plus que vaillamment combattu, sans jamais baisser les bras. Si je devais aujourd'hui ne retenir qu'une chose de Martial, c'est la leçon magistrale d'optimisme et de positivité qu'il nous a donnée à tous ces derniers mois.

 

Martial c'était d'abord un rire tonitruant, un esprit joyeux et plein d'entrain, un humour bien trempé. Un caractère positif. Pas un naïf et encore moins un imbécile heureux : il avait simplement décidé de regarder le bon côté de la vie, en toutes circonstances et en toute conscience. Je ne me souviens pas l'avoir entendu se plaindre à propos de quoi que ce soit, jamais. Les gens comme lui devraient être rémunérés par la Sécu pour tout le bien qu'ils font au moral.

 

Je le savais très affaibli par la maladie, mais je ne l'imaginais tout bêtement pas perdre, tant la force qui avait progressivement fui son corps avait trouvé refuge dans son esprit. Pour le coup, celui qui a fait preuve de naïveté, c'est moi.

Alors quand j'ai appris ce matin qu'il était parti hier, je n'ai pas compris de suite. J'ai bien saisi l'information, mais j'ai été incapable de réaliser.

 

C'est en relayant la mauvaise nouvelle à Patrick que j'ai commencé à comprendre. En entendant mon pote pleurer au téléphone, lui qui est si détaché d'habitude, lui qui donne l'image du mec revenu de tout, quand j'ai entendu la douleur brute et spontanée de Patrick incapable de parler, c'est alors que j'ai été frappé, déchiré, écrasé. Que j'ai commencé à comprendre ce que ça voulait vraiment dire.

 

Notre copain Martial est parti.

Merci Isa pour ce chouette souvenir (2014)

Quand Martial nous faisait pleurer de rire ! (2015)

Un rire communicatif auquel même Patrick ne pouvait résister (2015)

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26 mars 2020 4 26 /03 /mars /2020 13:55

 

« Vous ne pouvez empêcher les oiseaux de la tristesse de voler au-dessus de vos têtes, mais ne les laissez pas faire leur nid dans vos cheveux. »

 

Proverbe chinois, à méditer de nos jours.

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23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 13:12

En pleine mode de la littérature érotico-pouet-pouet à la façon Fifty Shades of Grey 1, est sorti ce roman, Juliette Society, écrit par Sasha Grey. Heureuse coïncidence patronymique entre l’auteure américaine et le personnage du roman de E.L. James qui aura peut-être attiré l’attention des lecteurs et lectrices sur ce livre, d’autant plus heureuse que le livre de Sasha Grey se veut érotique, tendance SM lui aussi par moment. Enfin, en ce qui le concerne j’emploierais plutôt le terme de pornographique pour le qualifier, car ici on n’est pas dans le subtil ni la suggestion érotique, mais bel et bien dans le hard le plus explicite. Mais j’y reviendrai.

 

Tout cela se tient plutôt puisqu’il faut savoir qu’on a là le premier roman d’une jeune écrivaine (elle avait 25 ans à la sortie du bouquin) qui a déjà derrière elle une carrière bien chargée. En effet, Sasha Grey s’est faite connaître en premier lieu en tant qu’actrice porno, activité qu’elle exerce dès sa majorité et jusqu’à l’âge de 23 ans. La demoiselle rencontre un vif succès et devient rapidement une star dans son domaine, au point même d’incarner un nouveau genre pornographique, qui allie les ambiances gothiques aux pratiques sexuelles les plus hardcores. Elle joue une première fois déjà de son pseudo pour tourner dans une parodie porno de la série Grey’s Anatomy, c’eut été dommage de se priver faut bien avouer, tant le jeu de mots était approprié. En 2009 c’est le très honorable Steven Soderbergh qui lui donne le premier rôle de son film The Girlfriend Experience, où elle interprète une escort-girl de luxe. Quand en 2011 elle met un terme à sa carrière porno, elle se teste manière touche-à-tout au fil de différentes reconversions : elle pose pour le mannequinat, se frotte ponctuellement à l’univers musical en tant que DJ et chanteuse, apparaît au cinéma et à la télévision, et s’essaie à l’écriture. Ce qui nous mène donc à ce Juliette Society.

 

Bon, après avoir introduit l’auteure 2, passons à l’œuvre proprement dite.

 

Ce roman est l’histoire de Catherine, jeune étudiante en cinéma de 23ans. Elle vit avec Jack, son petit ami, qui travaille d’arrache-pied pour un homme politique en pleine campagne électorale. Autant dire qu’il a peu de temps à lui consacrer, et la jeune femme ronge son frein comme elle peut, à défaut de celui de son amoureux 3. Elle l’aime profondément et est fidèle, mais du fait de sa frustration, ne peut s’empêcher de nourrir de nombreux fantasmes sexuels. Et parmi ses sujets récurrents de fantasme, il y a Marcus, un de ses professeurs d’université. Il y a également Anna, une autre étudiante, blonde sulfureuse au charme aguicheur dont elle se rapproche bien vite. Comme la vie est bien faite, Anna lui confie être la maîtresse de Marcus (mais pas que), et lui propose de l’accompagner lors de ses folles nuits de débauche en club très privé. C’est ainsi que Catherine commence à mener une double-vie : rangée le jour avec son petit ami bourreau de travail et pas très porté sur la chose, et totalement délurée la nuit entre clubs d’échangisme et expériences de voyeurisme… C’est aussi par l’intermédiaire d’Anna que Catherine va intégrer la très secrète et hyper select Juliette Society, un club où les plus riches et puissants de ce monde s’autorisent toutes les fantaisies sexuelles, y compris les plus glauques.

 

Voilà, le décor est planté.

Et comme je le disais en introduction, ici il n’est pas tant question d’érotisme que de cul sous la forme la plus crue et la plus directe. Le langage employé, et par extension l’ensemble du style d’écriture de Sasha Grey dans ce roman, qu’il s’agisse de scène de sexe ou non, est du même tonneau. Les mots sont crus, certains diraient vulgaires, les plus sensibles iraient certainement même jusqu’à les trouver choquants. Le style est très simple et sans grande fioriture, Sasha Grey n’essaie pas de faire dans le beau, elle fait plutôt dans le direct, voire dans le cash. Je ne suis pas certain que ce soit particulièrement réfléchi d’ailleurs, le but ne me semble pas particulièrement de choquer les bien-pensants, ça m’a l’air beaucoup plus authentique que cela. L’auteure se contente de parler de ce qu’elle connaît avec ses mots à elle et ces mots sont parfaitement adaptés, et au personnage, et aux situations évoquées. Oubliez les termes désuets et gentiment surannés comme « le vit », la « verge », « le phallus » ou même « le dard », ici il est question de bites et de queues, point barre. On baise et on encule, on suce et on avale 4.

Personnellement, vu les antécédents de l’auteure et le thème du roman, le vocabulaire employé ne m’a pas plus choqué que cela. Mais bon, il vaut mieux le préciser tout de même, histoire d’éviter les déconvenues aux oreilles les plus chastes, sait-on jamais, il y en a peut-être parmi mes lecteurs 5.

 

Hormis donc le style et le thème, quoi dire de ce bouquin ?

Tout d’abord que sa quatrième de couverture promet pas mal et est plutôt maligne :

 

Avant que nous allions plus loin, mettons les choses au point. Je veux que vous fassiez trois choses : Un. Ne soyez pas offensé par ce que vous lirez dans les pages qui suivent. Deux. Laissez vos inhibitions au vestiaire. Trois — et c’est le plus important. Tout ce que vous verrez et entendrez à partir de maintenant doit rester entre nous. OK. À présent, passons aux choses sérieuses.

 

D’ailleurs c’est elle qui a valu au roman une comparaison que j’ai trouvée plus que flatteuse, puisqu’il a été qualifié dans la presse (féminine je précise, pas de littérature ni de cinéma) de « Fight Club féminin ». Bon là, franchement c’est exagéré, on est bien loin de l’œuvre de Chuck Palahniuk, que ce soit dans les thèmes abordés, les réflexions philosophiques ou la plume de l’auteure.

 

Ce qui me permet d’habillement enchaîner sur un aspect du roman que j’ai trouvé au mieux déroutant, au pire ennuyeux. Les digressions. Sasha Grey en truffe son roman. Manière d’étoffer un roman qui s’il ne s’en tenait qu’à sa très simple intrigue se résumerait à peu de choses ? Je ne crois pas qu’il s’agisse d’un artifice de ce type, mais bel et bien de l’expression de la sincérité de l’auteure débutante. Alors vous aurez par exemple droit à un chapitre consacré aux mots du sexe, où Sasha Grey soliloque et laisse libre cours à ses pensées profondes sur l’intérêt du sperme ou encore pour déterminer le terme le plus approprié entre « bite » et « queue ». Pas inintéressant mais pas passionnant non plus, en revanche une chose est sûre : ça ne fait pas avancer le schmilblick. De la même façon, j’ai eu un peu plus de mal encore avec les références très régulières à la littérature et au cinéma que Sasha Grey dissémine un peu partout dans son livre. Je ne critique pas les goûts culturels de l’ex-star du porno, ils sont même plutôt classes pour tout dire. Mais je trouve le procédé un peu inapproprié et surtout trop systématique dans la forme. Quant au fond, l’effet reste superficiel, et pour tout dire un peu scolaire. Ça m’a fait l’impression de quelqu’un qui cherche à prouver que l’image qu’on a d’elle est fausse. Étaler sa science pour démontrer qu’elle

n’est pas l’écervelée qu’on croit 6. Qu’elle a certes débuté sa carrière à coups de double-pénétrations mais qu’elle aime le grand cinéma aussi. Alors Sasha Grey nous parle dans son livre de Freud, du Marquis de Sade, de Jean-Luc Godard, d’Alfred Hitchcock ou d’Orson Welles, qu’elle tente de mettre en parallèle avec sa propre intrigue par un effet miroir parfois un poil artificiel. Mais ce qu’elle en dit ressemble plus à un exposé d’étudiant (ce qui reste cohérent avec son personnage d’étudiante en cinéma ceci-dit) qu’à une réelle mise en abyme littéraire. Pour tout dire cela vire un peu au name dropping, en apparence tout du moins. De la même façon, la proximité de son roman avec des œuvres telles que Eyes Wide Shut de Kubrick ou Belle de jour de Buñuel est assez évidente. Si je comprends la finalité du procédé et la volonté de l’auteure d’élever le débat en espérant éclairer à la lumière d’œuvres cultes son propre roman, le résultat n’est cependant pas pleinement abouti à mon avis.

 

Car, outre ce défaut de construction qui se répète un peu trop souvent à mon goût, il subsiste aussi un autre problème selon moi : l’histoire n’avance pas beaucoup, la fin arrive si vite et sur un dénouement si plat (à un tel point qu’il en devient paradoxalement inattendu !!) qu’on comprend mal après lecture quel était réellement le propos de l’auteure. J’ai eu cette sensation de « tout ça pour ça » quand j’ai compris que le roman s’arrêtait là, ce qui m’a fait terminer le livre sur un sentiment de déception, alors que jusque-là la lecture, fluide, se passait pourtant sans trop de mal. Pour illustrer mon propos, imaginez que la fameuse Justice Society dont le bouquin tire son nom (et qui par son parfum de légende urbaine saupoudrée de traite des blanches, nourrissait pour une grande partie ma curiosité à l’endroit de ce roman) n’est réellement abordée que dans les trente ou quarante dernières pages. Cela indique, pour moi, que si Sasha Grey avait effectivement beaucoup de choses disparates à exprimer dans son premier roman, elle en a du coup un peu trop négligé l’ossature principale de son intrigue, et c’est très certainement sur ce point que son livre est le plus décevant.

 

Il y avait pourtant, et la matière avec les thèmes abordés, et la manière avec son style dépouillé et direct, pour faire de ce premier roman quelque chose de plus convaincant. Je crains cependant que je ne serai pas de ceux qui tenteront de suivre l’auteure qui a, depuis lors, écrit une suite à sa fameuse Juliette Society...

1 Je me permets de dire ça alors que je n’ai pas lu le roman, honte à moi. Je n’ai même pas osé regardé le film, c’est dire.

2 Pffff, oui j’avoue c’est nul.

3 Ouais, moyenne aussi celle-ci.

4 Ah oui, petite précision utile : cette chronique est interdite aux moins de 18 ans !!

5 Et qui de fait, ont dû cesser la lecture de cet article depuis un bon moment déjà.

6 J’ai eu le même ressenti que pour Escort de Mélodie Nelson ou Latex, etc. de Margaux Guyon.

 

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18 mars 2020 3 18 /03 /mars /2020 13:48

La fermeture des écoles, le confinement à la maison, ça nécessite de s’occuper un peu. Et avec le soleil qu’il fait, autant s’affairer un peu à l’extérieur.

Alors les garçons ont décidé de lancer quelques fouilles archéologiques dans le jardin. Et je crois qu’ils ont mis le doigt sur un T-Rex...

Les fouilles archéologiques : un travail d'équipe !

Marteaux, burins, pinceaux... l'équipement est primordial !

Dextérité et finesse sont requises...

Je crois que je suis tombé sur un fémur de T-Rex ! Ou peut-être un os de poulet, je ne sais pas encore...

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16 mars 2020 1 16 /03 /mars /2020 16:03

La lecture de son premier roman, En moins bien, m’avait fait l’effet d’un double crochet gauche-droite en pleine face, me laissant désorienté et hagard après en avoir tourné la dernière page.

Son second roman, Pas mieux, suite directe du premier, m’avait encore bien plus fait valdinguer. Alors que je pensais savoir à quoi m’attendre après ma première lecture, je me suis inexplicablement fait acculer dans les cordes, et en bon sonneur de répliques qui tuent, Arnaud Le Guilcher m’a envoyé au tapis d’un uppercut surpuissant en pleine mâchoire.

Dire que ses deux premiers romans m’ont marqué est donc, vous l’aurez compris, une évidence notoire. Et dès lors, très logiquement, son nom est venu se ranger tout naturellement auprès de ceux qui me font dresser l’oreille (voire plus) à chaque annonce d’une nouveauté à paraître qui les concerne.

 

Est donc arrivé Pile entre deux, le troisième roman, par ordre de parution, d’Arnaud Le Guilcher. Évidemment, je me suis jeté dessus. Évidemment j’y ai retrouvé tout ce que j’avais tant aimé les deux premières fois, à savoir pour synthétiser : tout ce qui caractérise le talent d’écrivain de l’auteur. Et il est gâté de ce point de vue-là l’enfoiré, mais j’y reviendrai. Et comme la première fois, comme la seconde fois aussi, la troisième fois encore il a réussi à me surprendre. Je ne sais pas comment il fait, mais ça fonctionne du tonnerre sur moi. À chaque coup je me fais embarquer, mené par le bout du nez dans des contrées littéraires où le rire et la tendresse s’emmêlent jusqu’à ne plus pouvoir se séparer l’un de l’autre, à chaque fois je me bidonne et à chaque fois je me retrouve à un moment ou un autre avec la larme à l’œil tant les sentiments évoqués par l’auteur trouvent une caisse de résonance en moi…

 

Bon, je vous dresse rapidement le portrait-robot du bouquin.

 

Antoine Derien a 29 ans, il est architecte mais n’a encore jamais rien créé d’autre qu’une entreprise morte-née. Il est marié à Judith, la femme de sa vie, qui a tout pour elle. Belle comme un cœur c’est aussi une surdouée des mathématiques, et elle bosse pour une banque d’affaires qui sait mettre à profit son don pour les chiffres. Ensemble ils ont un petit garçon adorable, Louis.

Lorsqu’un jour, les péripéties s’enchaînent et les choses dérapent. Sérieusement. Alors qu’il visite son père atteint d’Alzheimer, Antoine reçoit un appel au secours de Judith. Elle a eu une altercation avec son boss, qui s’est terminée par une paire de baffes pour le PDG et un renvoi pour elle. Ni une ni deux, Antoine part la récupérer au siège de sa banque à La Défense. Pas seul : sans permis de conduire il réquisitionne Fano, un pote prof de yoga, pour l’y conduire. Les deux compères arrivent juste à temps pour tomber en pleine insurrection. Le pouvoir en place a décidé que maintenant ça suffit, que le monde de la finance a assez fait des siennes et qu’il fallait se débarrasser de tous les traders, financiers, spéculateurs et banquiers de tout poil. Ils se font donc embarquer comme tous ceux qui sont présents dans les locaux de ce haut-lieu de la finance, et sont envoyés sans autre forme de procès sur Midway Atoll, une île du Pacifique perdue à l’autre bout du monde, à quelques encablures du septième continent. Vous savez, celui fait de déchets en plastique qui flottent à la surface de l’océan… Du moins c’est là le sort des hommes, les femmes emprisonnées sont, quant à elles, reléguées à bord d’un tanker, au large de l’île. Antoine et Fano, accompagnés de Wiki dont ils ont fait la connaissance au cours du périple qui les a menés sur leur prison à ciel ouvert, vont se mettre à la recherche d’un moyen de s’évader et de retrouver Judith pendant que sur l’île les autres exilés commencent à reformer un nouvel embryon de société, avec à leur tête l’emblémat(r)ique DSQ (si ,si c’est bien lui, et non, non, DSQ, ça n’est pas une faute de frappe).

 

Bon, là, rien qu’en un paragraphe de résumé du début de l’histoire, c’est déjà riche en événements un peu barrés et en thèmes sous-jacents. Et encore, on est loin du compte, parce que je ne vous ai pas parlé d’Albator l’albatros, celui qui peut communiquer avec les hommes, de l’odyssée d’Arrowhead la bouteille d’eau minérale, de l’homme à la connaissance encyclopédique qui s’exprime comme une page wikipédia, de la Barbie sans tête, de Lothar l’otarie qui s’avère être un phoque, de la bouche et de l’oreille géantes, ni de la cytoscopie filmée en direct.

 

Tout ça est au programme de ce roman. Ah ! Je dis roman, mais en première page, sous le titre, Arnaud Le Guilcher indique en fait « Fable ». Ça m’a d’ailleurs un peu fait peur, parce que je ne suis pas un grand adepte de ce genre littéraire-là. Mais une fable signée Arnaud Le Guilcher, ça ne s’inscrit pas exactement dans le cadre habituel où on l’entend… et en effet, ça ne m’a pas empêché de tomber sous le charme de ce que je lisais.

 

Au tout début de ma lecture, soyons honnête, j’ai douté un peu. J’avais tant encore en tête les aventures du héros du diptyque En moins bien et Pas mieux que je regrettais de ne pas le retrouver dans une nouvelle suite. Et puis j’ai retrouvé en Antoine Derien, le personnage principal de Pile entre deux, l’ADN du héros Le Guilchien, le cousin pas si éloigné du père de Commmoi, le type gentil et plein de bonne volonté, un peu loser, un peu poissard, que l’état d’impuissance n’empêche pas d’agir, un type à l’humour parfois féroce mais toujours tendre, un type qui saupoudre de brins d’extravagance sa banale normalité. En bref, j’ai retrouvé tout ce qui m’avait tant plu dans les précédents romans, un héros profondément humain, drôle et un poil mélancolique.

 

C’est je crois (en fait j’en suis même sûr, parce que s’il ne s’agit que du troisième roman d’Arnaud Le Guilcher que je chronique ici, j’ai aussi déjà lu les trois suivants parus à ce jour, qui finiront bien tôt ou tard par poindre le bout de leurs pages sur ce blog) la caractéristique principale de l’écriture d’Arnaud Le Guilcher. Il nous fait marrer. Vraiment beaucoup. Et puis au détour d’une phrase, il nous émeut. Vraiment beaucoup. Et ça, bordel, sur moi ça fonctionne méchamment bien.

 

Pour illustrer ce que je viens de dire, je vais juste poser ici quelques-unes de ses lignes, et puis vous jugerez par vous-mêmes l’effet qu’elles vous feront.

 

La 4ème de couv pour commencer :

 

« L’avion s'est immédiatement mis en branle. Il a pris son élan sur la piste, puis a décollé en nous abandonnant au milieu de nulle part… Comme des clampins, on était plantés là, dans cet environnement inconnu, où on se sentait aussi à l'aise qu’un bus de culs-de-jatte égaré au mondial de la godasse. »

 

 

L’introduction (si j’ose dire) à la scène (anthologique) de la cytoscopie :

 

« Ami lecteur mâle, sache que si un jour, ça t’arrive, l’anesthésie de la bite se fait avec une noisette de gel sur le bout du bidule et que c’est tout. Une noisette et terminé. La jeune femme me badigeonne le gland en me regardant dans les yeux. Je me demande si après, je dois l’inviter au resto, vu que d’habitude, quand les filles me font ça, c’est qu’avant, on a bien cassé la croûte. Le professeur m'annonce que pour savoir précisément où se trouve le caillou, ils vont préalablement m'introduire une caméra dans le sexe. Je dis halte là. Je dis stop. Je dis que moi vivant, personne n'ira filmer dans ma bite, que la plaisanterie a trop duré et que j'exige de parler à mon avocat, ou à défaut au caméraman. Ils sont pliés en quatre, les deux cons. La jeune fille me montre un câble du diamètre d’un Bic et me dit que la caméra ce n’est que ça. Que ça. Que ça… Pardon, mais sans sous-estimer la taille de mon engin, un Bic dedans, je vois pas bien comment ça passe. Elle me dit de respirer fort et que l’opération commence. »

 

 

La douleur d’un fils…

 

« Je dis à Fano que mon père est mort et je ne réalise pas. Pour moi, il est parti, il y a longtemps déjà. Pour un homme qui a consacré sa vie à la mémoire des peuples, perdre la sienne, c’était déjà mourir.
Je pense : « La vie continue. »
« La vie continue », c’est pas le genre de connerie qu’on dit quand elle s’arrête ?
Avec mon pote, on est assis par terre, côte à côte, et on regarde le vide. Je mesure que mon père fait désormais partie de cette immensité creuse.
Mon père est mort…
Mort…
En acceptant cette idée, mon âme se fend de bas en haut. Je suis tranché par la moitié en deux parts égales.
Cœur tranché. Cerveau, ventre, tranchés… Bras. Jambes. Torse… Dans ce néant apparu au milieu de mon corps, se cache l’amour que je n’ai jamais osé lui porter. Se cachent aussi des fleuves de chagrin que je me surprends à laisser couler sur mes joues. Mon père vivait au creux de moi. Il suffisait que sa disparition me pulvérise pour qu’il en jaillisse. »

 

 

La description du personnage de Donatien Saint-Quentin, le fameux DSQ :

 

« On lui promettait un avenir présidentiel.
L’avenir n’a pas voulu de lui.
Unanimement reconnu pour la pertinence de ses analyses, on ne lui connaissait qu’un inconvénient : nul n’avait trouvé à ce jour un moyen de lui péter le frein. Partouzard émérite, goleador de la braguette, propriétaire de dix-huit coffres planqués à la banque du sperme, il avait la réputation de tomber dans le panneau, dès lors que le panneau sentait un peu le tourteau... 
»

 

 

À l’invitation de Fano, prof de yoga :

 

« Les tatamis de mes amis sont mes tatamis. »

 

 

Et quand la mélancolie gagne :

 

« On lutte toute sa vie contre la mélancolie et puis un jour elle finit par gagner. Je suis secoué par une crise de sanglots et je n’ai aucune envie de la contenir.
À quoi bon ? Pour qui porter un masque ?
Je n’ai pas enterré mon père, je ne me souviens pas des funérailles de ma mère. Je suis un orphelin. Je suis papa. Je suis un type tout juste bon à dire adieu n’importe comment à ses proches ou à vivre séparé de ses amours.
Je suis encerclé par mes fantômes.
Cette vie est mon tombeau.
Qui fermera mon couvercle ? 
»

 

 

Voilà, j’arrête là les citations parce qu’en vrai, j’en ai encore des tonneaux à déverser sinon.

Normalement, ça devrait suffire à vous donner une bonne idée du contenu de ce livre. Et normalement aussi, si dans la vraie vie on se connaît et qu’on s’apprécie, ça devrait vous suffire pour, comme moi, vous jeter sur Pile entre deux. Comme sur tout ce qui a été édité et signé par Arnaud Le Guilcher.

Ou alors ça voudrait dire que j’ai des gros lourdauds insensibles parmi mes amis. Ce qui n’est évidemment pas envisageable.

 

En un mot comme en cent : lisez Pile entre deux !!!

 

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14 mars 2020 6 14 /03 /mars /2020 17:22

Le CoVid-19 fait des siennes, et par chez nous les écoles sont fermées depuis une semaine complète déjà. Alors il faut trouver de quoi occuper les gamins, et rester enfermés toute la journée n’est pas toujours la solution la plus agréable. Aussi comme ce vendredi il a fait un soleil vraiment éclatant et que le ciel bleu incitait à prendre l’air, les garçons et moi avons fait une sortie au zoo de Mulhouse. Bien nous en a pris, il y avait très peu de monde et la journée a été très agréable.

 

Peu enclins aux réunions évangélistes, les locataires du parc zoologique de Mulhouse semblaient en pleine forme ! Nous avons passé un long temps à observer les otaries en train de nager avec toute la grâce qui leur manque sur la terre ferme. Nous avons craqué sur la colonie de suricates aussi mignons que marrants. Nous avons adoré découvrir les tatous et leur manière à la fois nerveuse et délicate d’avoir la bougeotte. Et nous avons fini la journée en disant au revoir à Nanuq, l’ourse polaire née il y a trois ans à Mulhouse et qui va bientôt partir pour le zoo de la Flèche.

 

Et puis nous avons croisé au cours de notre balade rien de moins que DiCaprio en personne.

Avec ses grands yeux bleus il est un peu timide mais très joueur, il aime bien tirer sur la queue de ses amis. Et s’il est venu tout droit des États-Unis ça n’est pas par hasard, c’est pour disséminer ses gènes en Europe.

Ah oui : DiCaprio est un lémur aux yeux turquoise.

DiCaprio, le charmeur aux yeux bleus

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9 mars 2020 1 09 /03 /mars /2020 14:47

Ouvrage récréatif, On ne meurt qu’une fois et c’est pour si longtemps de Patrick Pelloux se lit vite et facilement. Le style est simple, direct, plaisant, précis. L’humour n’est jamais très loin, malgré un thème qui ne prête pas forcément à rire. En effet, le célèbre médecin-urgentiste qui se sera fait connaître comme lanceur d’alerte lors de la fameuse canicule de l’été 2003 (alors qu’en 2019 on en aura eu deux avant même d’atteindre le mois d’août et que l’hiver 2020 s’annonce comme l’un des plus doux qu’on ait connu…), avant de devenir un habitué des plateaux télévisés et un chroniqueur de poids dans les pages de Charlie Hebdo (dont sont tirées les chroniques qui forment les différents chapitres du livre), aborde un sujet intéressant : la mort des grands hommes à travers les âges. Mais avec l’œil non pas de l’historien, mais du médecin.

 

Que ce soit Jésus, Louis XIV, Marie Curie, Balzac ou Churchill, Patrick Pelloux évoque aussi bien des rois, des écrivains, des artistes, des politiques ou mêmes d’illustres inconnus comme les soldats du débarquement en Normandie par exemple. On a droit aux différents symptômes des maladies dont souffrent ces grands noms de l’histoire, mais aussi aux souffrances expliquées par le menu, qu’ils endurent souvent par la faute de leurs médecins et de leurs traitements parfois totalement à côté de la plaque. Pendant longtemps les saignées et lavements pratiqués à l’excès par les médecins auront eu raison des malades que la maladie n’arrivait pas à tuer. La pratique de la médecine a énormément évolué avec le temps, et s’il est une chose de sûre c’est que vous refermerez ce livre en vous félicitant d’être nés dans la période actuelle !!

 

Ce qui est plaisant avec ce livre c’est qu’on apprend sans se forcer, on s’instruit sans s’en rendre compte. Oui le ton est léger, oui on est souvent plus dans l’anecdote qu’autre chose, mais aborder l’Histoire par les petites histoires n’est pas forcément une mauvaise approche pour ceux qui se pensent allergiques aux dates et à la frise historique des rois de France.

 

Et mine de rien on cultive notre culture générale au passage, Patrick Pelloux fait la lumière sur certains personnages célèbres ou certains événements qu’on croit connaître mais dont on n’a en fait qu’une vague idée. Je pense en ce qui me concerne à Molière (c’est d’ailleurs à lui que l’urgentiste a emprunté le titre de son livre) au sujet duquel la légende veut qu’il soit mort sur scène, alors que non pas du tout, il est mort plus tard en soirée bien après la dernière représentation qu’il a donnée. Je pense à la description de la mort du petit père du peuple, Joseph Staline, gisant pendant vingt heures au sol après son AVC, personne n’osant le déranger, aucun médecin ne voulant prendre le risque d’être accusé de l’avoir rendu malade (le fameux procès qui suivit le supposé complot des blouses blanches, initié par le régime stalinien, avait laissé des traces…). Son agonie dura trois jours, une fin teintée de l’ironie du sort… Je pense à la bataille de Waterloo restée célèbre dans la mémoire collective mais dont les détails m’étaient totalement inconnus : 40 000 hommes et 10 000 chevaux y moururent, et dans quelles atroces conditions, pendant qu’en retrait de la bataille, l’empereur Napoléon était le cul sur une bassine, à combattre une violente crise d’hémorroïdes… Je pense au régime de Vichy qui imposa un régime alimentaire famélique aux pensionnaires des Hôpitaux Psychiatriques français (500 calories par jour !!) ce qui entraîna la mort de l’artiste Camille Claudel qui avait été injustement internée par son frère… Je pense aux tortures et à la mise à mort du régicide Ravaillac, deux heures de supplice indicible au terme desquelles des spectateurs partirent avec des lambeaux de son corps en souvenir…

 

Bref il y en a comme ça un certain nombre, et parfois des cas pas très ragoûtants (des vers de trente centimètres qui sortaient par paquet de la bouche et de l’anus, ça vous parle ? C’est ainsi que Louis XIII a fini le côlon percé par ces charmants parasites…). Patrick Pelloux nous embarque à travers les âges et il nous apprend aussi par exemple que les médecins et les chirurgiens formaient deux corporations qui ne faisaient pas bon ménage, aussi étonnant que ça puisse paraître de nos jours…

 

Un livre qui se lit très vite donc et qui renferme son lot de petites informations intéressantes. Comme il s’agit d’un recueil de chroniques, il vaut peut-être mieux ne pas tout lire à l’affilée, ne serait-ce que pour éviter les redondances dans les descriptions ou les tournures de phrases qui passent inaperçues dans des papiers qui paraissent hebdomadairement, mais sautent aux yeux dans un recueil. Outre ce léger défaut, inhérent à la forme d’origine du matériau publié, l’ensemble reste d’une lecture vive et agréable.

 

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