Il y a des nouvelles qui nous dépassent. Qu'on ne comprend pas parce qu'on ne parvient juste pas à les concevoir. On a découvert des exoplanètes un peu partout à travers la galaxie. Selon la physique quantique, il existerait un nombre infinis d'univers parallèles au nôtre. Un certain Nietzsche nous a même annoncé que Dieu est mort. Les implications sont telles, qu'à moins de s'appeler Albert Einstein ou Stephen Hawking, ce que cela veut réellement, profondément dire, nous échappe en grande partie.
Il en va ainsi quand on apprend la mort d'un ami. On ne comprend pas, on n'imagine pas ce que cela veut dire. Réellement. Profondément. Ça a de telles conséquences sur nos vies, que c'est trop grand, on n'arrive pas à en prendre conscience dans son entièreté.
Martial est parti. Notre copain s'en est allé hier. Lui, l'ancien-combattant à peine plus vieux que moi, que j'aimais mettre en boîte pour ce titre dont il a hérité pour avoir servi au début de sa vie active dans l'armée française, a finalement déposé les armes. Il a pourtant plus que vaillamment combattu, sans jamais baisser les bras. Si je devais aujourd'hui ne retenir qu'une chose de Martial, c'est la leçon magistrale d'optimisme et de positivité qu'il nous a donnée à tous ces derniers mois.
Martial c'était d'abord un rire tonitruant, un esprit joyeux et plein d'entrain, un humour bien trempé. Un caractère positif. Pas un naïf et encore moins un imbécile heureux : il avait simplement décidé de regarder le bon côté de la vie, en toutes circonstances et en toute conscience. Je ne me souviens pas l'avoir entendu se plaindre à propos de quoi que ce soit, jamais. Les gens comme lui devraient être rémunérés par la Sécu pour tout le bien qu'ils font au moral.
Je le savais très affaibli par la maladie, mais je ne l'imaginais tout bêtement pas perdre, tant la force qui avait progressivement fui son corps avait trouvé refuge dans son esprit. Pour le coup, celui qui a fait preuve de naïveté, c'est moi.
Alors quand j'ai appris ce matin qu'il était parti hier, je n'ai pas compris de suite. J'ai bien saisi l'information, mais j'ai été incapable de réaliser.
C'est en relayant la mauvaise nouvelle à Patrick que j'ai commencé à comprendre. En entendant mon pote pleurer au téléphone, lui qui est si détaché d'habitude, lui qui donne l'image du mec revenu de tout, quand j'ai entendu la douleur brute et spontanée de Patrick incapable de parler, c'est alors que j'ai été frappé, déchiré, écrasé. Que j'ai commencé à comprendre ce que ça voulait vraiment dire.
Notre copain Martial est parti.
Merci Isa pour ce chouette souvenir (2014)
Quand Martial nous faisait pleurer de rire ! (2015)
Un rire communicatif auquel même Patrick ne pouvait résister (2015)