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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 00:28

 

Ah on peut dire que j’ai été gâté cet été. Je vous ai causé il y a peu de temps de Replay, roman avec lequel j’ai entamé mon été et qui m’a tenu en haleine autant que fait cogiter sur la vie, les choix et la destinée. Eh bien j’ai enchaîné avec Le Siffleur de Laurent Chalumeau, qui m’a lui aussi, bien que dans un tout autre registre, complètement enthousiasmé.

De Laurent Chalumeau j’avais littéralement adoré  Un Mec Sympa que je ne saurais trop vous conseiller, puis j’avais lu le très original Fuck qui par sa forme assez inattendue m’avait laissé un arrière-goût de déception lors de la lecture. Mais la faute n’en incombait pas à la qualité du bouquin mais plutôt au lecteur : je m’attendais tellement à un livre du type de Un Mec Sympa que j’ai été désarçonné par un style très différent, autant sur la forme que sur le fond. Avec Le Siffleur je suis retombé en plein dans la gouaille, l’inventivité et l’humour du premier Chalumeau que j’avais lu voici bientôt deux ans. Un polar-comédie situé sur la Côte d'Azur, farci de personnages truculents et de dialogues aux petits oignons. Drôle, frais, original, divertissant.

L’histoire se déroule dans la région cannoise, sur fond de transactions-magouilles immobilières. Armand Teillard est un petit commerçant sans grande envergure, la soixantaine entamée, mais qui sait profiter de la vie et de ses plaisirs simples. Parmi ces dits plaisirs, l’un des plus précieux c’est son déjeuner qu’Armand prend chaque jour à l’Aline Roc, restaurant en bord de mer. Il y a sa table réservée, face à la mer. Les patrons, la jeune Sofia et son époux Martial sont devenus pour ainsi dire des amis, et c’est bien vite qu’il apprend les ennuis dans lesquels ces derniers se retrouvent. Approchés à plusieurs reprises par un promoteur immobilier, Jean-Patrick Zapetti, qui a racheté toutes les propriétés alentours afin d’en faire un immense hôtel de luxe pour le compte de riches investisseurs russes, les jeunes restaurateurs ne veulent pas vendre leur bien, un héritage familial, malgré le pont d’or qui leur est offert. Depuis peu, ils sont menacés et des racketteurs, des petites frappes locales viennent leur chercher des noises.

Armand, soucieux autant de leur venir en aide que de voir coûte que coûte son restaurant fétiche rester ouvert, les convainc de porter plainte auprès de la police. Mais devant le manque de réactivité des forces de l’ordre, il leur propose une autre solution. Faire appel à son frère jumeau, Maurice dit le siffleur. Maurice et Armand sont en mauvais terme, mais Maurice a un talent particulier : doté d’un aplomb sans faille, auréolé d’une réputation de vieux de la vieille dans le milieu du banditisme, il sait résoudre des problèmes que la police ne peut pas résoudre. Résignés, les restaurateurs acceptent l’aide de Maurice. Dès lors Armand disparaît du décor et laisse sa place à son jumeau tout droit arrivé d’Italie. Ces deux hommes là ne peuvent pas vivre dans la même ville. Et pour cause : il s’agit d’une seule et même personne, Maurice n’étant rien d’autre qu’Armand qui se lâche la bride, osant ce qu’il n’ose pas d’habitude, jouant le rôle du mauvais garçon, de l’intrigant, du type dangereux, du mec à la cool, du bandit old-school à la classe un peu démodée, là où Armand est un honnête commerçant à la réputation presque un peu terne.

Maurice entre en lice donc, et va vite comprendre à qui il se frotte : les petites frappes ce sont Jérôme Fringant, magouilleur de bas étage et Xavier Mazini, aussi cogneur que crétin, deux jeunes pas trop futés qu’il sent à sa portée. Mais ils obéissent aux ordres de Zapetti, un parvenu-salopard au cuir déjà plus tanné, une ordure qui se la pète autant qu’il peut être vicelard. Là encore Maurice pense pouvoir faire le poids, avec un peu de chance. Mais derrière Zapetti il y a les russes, et là ça ne rigole plus, c’est du lourd, du très lourd. Maurice s’en rend compte un peu tard, et il n’a plus d’autre choix que de mener son coup de poker jusqu’au bout. En priant pour s’en sortir entier…

Voilà pour l’intrigue. On retrouve avec bonheur la verve de Chalumeau appliquée à mettre en scène des losers qui se la racontent, des mecs qui vous hypnotisent par la simple force de leur bêtise, des branques qui le sont tellement qu’ils en deviennent attachants, des magouilleurs dont le culot n'a d'égal que la cupidité, des mauvais garçons aussi méchants que ridicules, bref des pauvres types mais dans toute leur splendeur. C’est simple, pour moi, Chalumeau érige la connerie en œuvre d’art. Et j’aime, parce que ça me fait vraiment rire. Faut dire que le gars est doué : il nous décrit des types quand même assez invraisemblables mais avec une telle crédibilité que moi je mords à l’hameçon à chaque fois.

Et puis Chalumeau manie le verbe avec malice, humour et talent. S’il fallait me lancer dans des comparaisons hasardeuses, je dirais que ça ressemble à du bon Tarantino sur papier. Dans les situations, dans les personnages et dans les dialogues.

 

D’ailleurs pour illustrer ça, je ne résiste pas à l’envie de reproduire ici un extrait du bouquin. C’est une discussion entre les deux petites frappes, Fringant et Mazini, à la solde du promoteur véreux Zapetti. Juste pour vous donner une idée de ce que Chalumeau a sous le stylo.

 

« Le soir, Mazini mettait la capote de sa 307. Fringant, lui, l’aurait laissée baissée, trouvant qu’il faisait pas froid, mais c’était pas sa tire. Là, presque une heure du matin, ils roulaient en silence, jusqu’à ce que Xavier Mazini dise : Hey, t’as vu Britney.

Jérôme Fringant laissant venir.

Tu sais, Britney, elle vient d’avoir un petit Sean Preston avec Kevin.

Jérôme Fringant traduisant, pour lui-même : Britney… Sean Preston… Kevin… Britney Spears et son mari viennent d’avoir un petit garçon. Et ?

Britney, elle peut pas allaiter Sean Preston à cause des implants qu’elle s’est fait poser à dix-sept ans pour avoir ses gros nibes. Elle est désespérée, du coup. Allaiter son enfant, elle en rêvait depuis toujours.

En même temps, elle serait restée avec zéro matos, Kevin aurait moins eu envie de lui coller Sean Preston dans la boîte à bijoux. Donc moi je dis l’un dans l’autre…

Mazini considéra l’argument deux secondes avant de reprendre : En fait, l’implant doit faire obstacle entre le téton et les canaux galactophores. Du coup, pendant les montées de lait, le lait peut pas monter, justement.

Les canaux quoi ?

Galactophores. C’est là que passe le lait fabriqué par la prolactine et l’ocytocine.

Parce que t’as pris option sage-femme au bac, toi ? Je savais pas.

Non mais bon, tout ce qui a rapport aux seins des femmes, je m’intéresse.

Ça t’as raison, mon pote. Il y a pas que le cul, dans la vie. »

Voilà, tout est de ce tonneau là, avec des petites fulgurances drôlatiques qui m’ont fait me bidonner du début à la fin du bouquin quasiment. Enfin moi je suis client de ce genre d'humour et de ce style d'écriture.

Dans le genre, le personnage de Zapetti est une pointure aussi, et c'est certainement celui avec qui Laurent Chalumeau se fait le plus plaisir. Blindé de thunes, fier comme un paon, il aime en jeter et se faire mousser, sa poule de luxe faisant partie de la panoplie du connard plein aux as au même titre que la villa somptueuse, le train de vie de ministre et la bagnole qui en impose. Zapetti est du genre à se regarder dans un miroir, se trouver exceptionnel et le faire remarquer à ceux qui ne l'auraient pas félicité d'être aussi merveilleux. Il est le roi du monde, et ne s'embarrasse pas des lois ou autres petites tracasseries d'ordre moral ou éthique. Un personnage plus que propice pour développer des situations et des dialogues tordants, ce dont l'auteur ne se prive pas un instant, et c'est tant mieux.

Pour la petite histoire le bouquin a déjà été adapté au cinéma, avec un joli petit casting en tête duquel on retrouve François Berléand en Armand / Maurice, Thierry Lhermitte en Zapetti et Fred Testot en Mazini. Je l'ai vu en dvd dès que j'ai fini ma lecture et si on y trouve de bons acteurs et un humour plutôt pas trop mal rendu, on est loin, très loin du plaisir qu'on prend à lire le roman. Mon avis sur le film reste assez mitigé.

Quant au livre, moi des comme ça j'en redemande. Vous voulez vous détendre et vous marrer un bon coup ? Lisez Le Siffleur !


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29 octobre 2010 5 29 /10 /octobre /2010 07:20

Rares sont les romans qui débutent avec la mort de leur personnage principal. Replay de Ken Grimwood est de ceux-là…

En effet, c’est en pleine discussion téléphonique avec sa femme Linda que Jeff Winston, 43 ans, directeur de l’information sur une chaîne de radio, meurt d’une crise cardiaque foudroyante. Rideau. Et c’est encore tout imprégné de cette douleur intense que Jeff rouvre les yeux. Il a 18 ans, se trouve dans sa chambre d’étudiant et ne comprend rien à ce qui se passe. Croyant d’abord à un cauchemar, ou à un coup monté pour le faire marcher, ou encore à un délire dû à son attaque, Jeff doit se rendre à l’évidence et accepter l’inconcevable : il recommence sa vie à partir de l’âge de 18 ans, il a conservé tous ses souvenirs d’homme de 43 ans, et il a tout l’avenir devant lui. Évidemment déboussolé au premier abord, Jeff va très vite prendre conscience de l’opportunité qui se présente à lui : revivre son passé avec toute l’expérience de sa première vie, et pouvoir réécrire sa vie comme si la première fois n’avait été qu’on brouillon. Faire la nique à ses regrets et peut-être ainsi atteindre une existence meilleure… Mais que ce soit pour reproduire des moments heureux de son passé redevenu présent, ou pour changer le cours des choses en prenant des directions nouvelles et inédites, Jeff va comprendre que même quand on croit maîtriser ce qui nous entoure, on n’est pas à l’abri de l’impondérable…

Bon alors là je suis vraiment très ennuyé. Parce que j’ai dévoré ce livre, et que je l’ai adoré. Et il y a des tonnes de choses à en dire, tant il est dense, intelligent, astucieux, virtuose. Mais pour en parler vraiment, en dire tout le bien que j’en pense, il faudrait que j’en dévoile beaucoup plus sur l’intrigue. Car le court résumé que je viens d’en faire est volontairement très, très succinct. Le bouquin est bien loin de s’arrêter là, l’intrigue n’en est qu’à son tout début avec ce que j’en ai dit là, et l’aventure de Jeff (ou sa mésaventure, c’est selon) va connaître des évolutions inattendues et passionnantes tout au long du roman. Malheureusement, en parler serait dévoiler une part du mystère du livre, et éroder une partie de son intérêt. Difficile dans ces conditions d’en dire tout le bien qu’il m’a inspiré.
Disons sans trop entrer dans les détails que ce bouquin est d’une construction géniale, à l’élément de fantastique (revivre sa vie en se souvenant de sa précédente existence) s’ajoute une logique inébranlable et une capacité à plonger dans l’humain déconcertante. Le personnage de Jeff est si finement développé par Ken Grimwood que tout est parfaitement crédible (si l’on accepte le concept de départ bien évidemment). Chacune de ses actions, chacune de ses réactions sont parfaitement naturelles et le résultat est là : on se projette pleinement et sans réserve dans le personnage principal, et on vit le roman à sa place. En tout cas c’est ce qui s’est produit pour moi. Je me suis totalement identifié à Jeff, et j’ai été bluffé de me rendre compte avec le recul que j’aurais agi exactement comme lui, avec la même logique, avec les mêmes sentiments, si j’avais été placé dans une situation aussi extrême que la sienne. Tout dans ce roman coule de source, et c’est la vraie grande force de ce bouquin : on y est, on le vit. On élabore avec le héros des hypothèses, des stratagèmes, on cherche avec lui des solutions, on jubile quand ça fonctionne, et quand un rebondissement intervient, quand l’enchaînement attendu des événements vient à se gripper on est perdu comme l’est Jeff, en proie au désemparement ou à la surprise ou à l’abattement ou à l’agacement. On profite avec Jeff des bons moments, on souffre avec lui des tuiles qui lui tombent dessus.

Et quand on sait tout ce qui arrive au héros, une fois qu’on a partagé avec lui toutes ces expériences aussi déboussolantes, tantôt traumatisantes tantôt enthousiasmantes, et qu’on referme le livre on se rend compte que le roman nous habite. Le concept a pris possession de nous et on y repense encore et encore, sans arriver à se libérer de cette idée lancinante et désagréable que quoi qu’on fasse, on ne maîtrise finalement pas grand chose de nos vies. Et que la vie moderne, dont la substance nous berce parfois dans l’illusion contraire, n’est qu’un leurre. On ne peut que se démener et se battre, la vie au sens universel ne connaît ni justice ni bonheur, concepts purement et uniquement humains s’il en est.

Bref, pour moi qui ai lu Replay cet été, ce roman datant de 1988 (son auteur est mort en 2003 à l’âge de 56 ans) est un de mes coups de cœur de l’année. Quelque part à mi-chemin entre des concepts tels que la réincarnation et le voyage dans le temps, Ken Grimwood trace une voie bien personnelle, originale et inventive. Certes on a déjà vu ce type de thème de départ ailleurs, et je citerais en exemple le fabuleux Jour sans fin de Harold Ramis avec un Bill Murray génialissime qui vit et revit sans cesse une même journée perdu au fond d’un patelin paumé, ou le manga Quartier Lointain de Taniguchi, ou encore le comic Plus cool tu meurs de Alex Robinson dans lesquels les héros revivent également leur jeunesse avec leurs souvenirs d’hommes mûrs. Au cinéma également, l’allemand Tom Tykwer faisait galoper après le temps Franka Potente dans Cours, Lola, Cours ! et plus proche de nous c’est Jared Leto qui se voyait confronté à ce même thème de vies multiples dans l’étrange mais fascinant film du belge Marco Van Dormael, Mr Nobody. Et l’helvète Stephan Eicher de fredonner 1000 vies ne sont pas suffisantes...
Mais avec Replay (antérieur à ces exemples), Ken Grimwood pousse le concept loin, très loin, et explore vraiment ses moindres méandres scénaristiques. Et surtout il le fait en restant captivant du début à la fin.
C’est pourquoi je disais qu’on y repense encore longtemps après la lecture. Il vous implique, il vous questionne, il vous tourneboule, bref ce bouquin passionne. Très très chaudement recommandé !!!

275 Replay

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12 octobre 2010 2 12 /10 /octobre /2010 08:43

Non je n’ai pas décidé d’insulter les rares courageux qui lisent ce blog.
Non, il ne s’agit pas non plus d’une proposition indécente de ma part.
Non, je ne parlerai pas ici du Grand Larousse en 18 tomes qui traite des insultes en langues étrangères.
Et enfin, non, cet article n’a pas pour thème la carrière de Rocco Siffredi.

 Fuck, c’est le titre un tantinet (j’aime bien ce mot, pas vous ?) (je parle du mot « tantinet » hein) provocateur du premier roman écrit par Laurent Chalumeau. Qui ? Laurent Chalumeau, ex-comparse du trublion Antoine de Caunes dont il écrivait les sketches du temps lointain et béni de ses pignolades dans l’émission Nulle Part Ailleurs sur Canal +.
Laurent Chalumeau dont j’avais lu l’an dernier le roman Un mec sympa que j’avais littéralement adoré. Laurent Chalumeau dont je m’étais mis en tête de trouver le premier roman, le-dit Fuck donc, paru en 1991 et aux tirages totalement épuisés depuis belle lurette. J’avais donc en vain traîné mes guêtres chez tous les vendeurs de livres de ma région (et il y en a une tripotée croyez-moi) qui tous me répondaient : introuvable. Internet ? chou blanc.

Bien évidemment, je l’ai finalement trouvé là où je ne l’avais jamais cherché, dans la librairie spécialisée où je dépense pourtant chaque semaine l’équivalent du PIB des Tuvalu en BD et autres comics de toutes sortes. Eh oui, ils ont une section « romans d’occasion » chez Tribulles (à Mulhouse, autant leur faire un peu de pub tiens !). C’est donc là que Fuck de Laurent Chalumeau m’attendait, il était même là depuis le début je pense, sous mon nez, il ne m’a pas fallu trente secondes pour le trouver une fois que j’eus l’idée de jeter un œil dans ces étagères-là, celles que je snobe trop souvent au profit des étalages de BD. Que de temps perdu à le chercher partout ailleurs, à tenter en vain de le commander, à glaner des infos sur une éventuelle et providentielle réédition. À partir de ce jour je fais le serment à l’avenir de toujours commencer par chercher mon bonheur chez Tribulles. Fut-ce pour une portière de Rover 25 d’occase ou le dvd pirate du Punisher de 1989 avec Dolph Lundgren en rôle-titre (comment ? une fixette sur Lundgren vous dites ? meuh non pourquoi ?), sait-on jamais.

Et puis attention hein, le bouquin est une occase mais à peine vieilli par le temps. D’accord la tranche des pages est toute jaune, mais je soupçonne que ce soit d’origine tant c’est presque uniforme. Même pas cornées les pages, même pas pliée la couverture, même pas décollé le prix de l’époque : 30,40 Francs le livre de poche. Pour les plus jeunes, avant l’Euro, il y eut les Francs, qui servaient à acheter notre pain quotidien et donner des sous aux quêtes du dimanche à l’église. Ah non merde mauvais exemple, ça c’était les centimes. Bon bref, j’ai l’impression que je m’égare là. Ça fait bien cinq minutes que je vous tiens la jambe sans avoir encore parlé du roman en lui-même.

Euh… en même temps je n’ai pas des tonnes de choses à en dire, à mon plus grand désarroi, croyez-le bien. Vanté comme une œuvre culte, comme une « pure jubilation littéraire » selon Télérama, taxé de « plus hard que ça, tu meurs » par Le Journal du DimancheFuck ne s’est malheureusement pas révélé à la hauteur de l’attente qu’il avait suscitée chez moi. Avec Fuck, Laurent Chalumeau fait un portrait au vitriol de l’Amérique, à l’exact opposé de l’image qu’en charrient les publicités Levi’s et les séries télé à la Beverly Hills. Dans le livre de Chalumeau, l’Amérique est tout sauf sage, propre et bien élevée. Il l’aborde sous trois de ses aspects les plus charismatiques : le sexe, Dieu et le racisme. Ces trois ingrédients essentiels qui bien malaxés entre eux dans la grande marmite du melting pot américain, ont fait de cette nation ce qu’elle est, et lui ont donné cette aura si particulière qui attire et repousse à la fois tous ceux qui n’y sont pas nés. Le cheval de bataille de l’auteur, le dada de Chalumeau c’est la musique, et tout dans ce bouquin converge vers une idée forte : l’Amérique est à l’image du Rock & Roll, et vice-versa. Tous les personnages du livre ont un rapport ténu avec la musique, que ce soit parce qu’ils en font ou tout simplement en écoutent. Pour tous, c’est une composante importante (même si pas forcément consciente d’ailleurs) de leur identité. Chalumeau développe sa thèse : le sacré, le cul et la haine raciale sont la base de l’identité musicale américaine, et définissent mieux que tout le reste l’Amérique elle-même. Pour mieux l’illustrer, l’auteur nous passe en revue plusieurs personnages dont on partagera des tranches de vie : il y a Vance le hard-rocker qui se pose des questions existentielles. Il y a Tud, un jeune paumé de province au look improbable, qui n’est ni beau ni intelligent, et dont la marginalité timide en fait le souffre-douleur de ses camarades. Il y a Blanchette, une gamine qui a quitté sa campagne pour la ville et qui pour survivre se prostitue, mais qui a décidé pour un soir d’oublier tout ça et d’aller au concert de la Wÿlde Bünche, le groupe de hard de Vance. Il y a Jenny, une étudiante qui fête ses dix-sept ans et qui au grand dam de son père est une gamine modèle, studieuse, sérieuse et apparemment loin des débordements habituels de son âge : l’alcool, la drogue et les mecs ne l’attirent pas ! Il y a un évadé de prison qui au volant de sa tire écoute la radio en fuyant vers la liberté. Et puis il y a Kool Bobby Jay un rappeur bègue qui doit faire une reprise de Knock, knock, knockin’ on heaven’s door.
Entre ces différentes petites histoires, Laurent Chamuleau fait aussi intervenir l’Amérique elle-même qui donne son avis sur ce qui se passe chez elle, et on a également droit à quelques chapitres de pure histoire de la musique américaine (depuis le Gospel jusqu’au rap, en passant par la country, le blues, le jazz et bien sûr le Rock & Roll) que l’érudition de l’auteur dans le domaine rend extrêmement intéressants et instructifs.

Bref, vous l’aurez peut-être compris, c’est un livre plutôt ambitieux que ce Fuck au titre un peu racoleur qui ne le laissait pourtant pas présager. Peut-être un peu trop conceptuel à mon goût. Mais ce sentiment là vient très certainement du fait que je m’attendais à quelque chose du genre de Un mec sympa dont la lecture m’avait tant réjoui. En fait avec Fuck on n’est pas en présence de ce que je qualifie de roman. C’est autre chose, ça se compose d’historiettes au ton plus ou moins grave, plus ou moins loufoque que je rapprocherais plus à de courtes fables modernes (l’auteur lui-même fait ouvertement référence au genre en nommant une de ses héroïnes Blanchette Seguin !), mêlées d’extraits d’essai sur la musique, d’histoire de l’Amérique et de réflexion philosophiques sur les relations humaines et la religion. Longtemps après que j’ai commencé la lecture de ce livre, je me demandais encore où exactement l’auteur voulait en venir. Car jusqu’à la moitié du bouquin je pensais avoir à faire à un « vrai » roman où toutes les sous-intrigues allaient se rejoindre en une seule et grande histoire, où les personnages allaient finir par s’entrecroiser et voir leurs destins liés. Mais non, pas du tout, et ça n’a jamais été l’intention de l’auteur c’est évident. Son but était d’écrire un livre sur l’Amérique et il l’a fait en parlant de ce qu’il connaît parfaitement : la musique. Peut-être que si j’avais entamé ce livre en sachant cela, l’aurais-je mieux apprécié. Parce que la qualité d’écriture reste là. La verve de Laurent Chalumeau est déjà bien présente, les mots tapent juste, c’est direct et très travaillé en même temps. Allez, si je devais chipoter j’émettrais quelques réserves sur les passages de dialogues où l’auteur incorpore des accents très prononcés en déformant tous les mots pour bien faire ressortir les prononciations particulières et les expressions de langage courant. Parce que c’est une chose qui passerait parfaitement à l’oral mais plus difficilement à l’écrit. Ce qui s’entendrait sans problème vous arrache parfois les yeux tant on n’est pas habitué à déchiffrer des mots tronqués ou à l’orthographe revue et corrigée façon sms. Mais ceci mis à part, c’est très bien écrit, aucun doute là-dessus.

Pour la petite histoire, je dois avouer que ce livre par ailleurs pas désagréable à lire, m’aura procuré tout de même un plaisir immense. La plupart du temps quand je lis c’est pendant la pause déjeuner au boulot. Ayant lu Fuck alors que les beaux jours revenaient avec la fin du printemps, j’étais donc très souvent sur un des bancs de l’espace vert au pied de l’immeuble où je bosse pour ma lecture quotidienne. Très exactement le genre d’endroit où tous les collègues qui passent et qui vous voient lire ne peuvent s’empêcher de s’arrêter et de vous interrompre pour vous demander ce que vous lisez alors qu’ils n’en ont, pour l’immense majorité d’entre eux, foncièrement rien à battre. Et c’était donc avec le sourire que je répondais en silence en leur montrant le titre du bouquin.
On a les satisfactions qu’on peut hein.

272 fuck

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4 octobre 2010 1 04 /10 /octobre /2010 07:54

Les 2-3 internautes errants qui parviennent à suivre régulièrement mon blablatage ici-même s’en souviennent peut-être, voici quelques temps j’avais connu ma première immersion dans l’œuvre de René Barjavel, avec L’Enchanteur. J’avais été peu séduit mais comme il faut remonter en selle dès qu’on tombe de cheval on m’avait convaincu de retenter ma chance avec un autre de ses romans. Le Voyageur Imprudent a donc été celui-là (après les conseils de Delphine pour L’Enchanteur, c’est celui de Marie que j’ai suivi ici).

 Le Voyageur Imprudent est le deuxième roman de Barjavel, paru en 1944. Il reprend l’idée du voyage dans le temps, développée bien avant lui par Wells dans sa Machine à explorer le temps.
L’histoire débute vers la fin de la seconde guerre mondiale, Pierre Saint-Menoux est caporal et rencontre par un hiver glacial le physicien et chimiste Noël Essaillon qui lui dévoile comment il a pu, grâce aux propres travaux de Saint-Menoux (qui est lui-même mathématicien dans le civil), développer ses recherches et fabriquer une substance (qu’il a modestement nommée la noëlite) qui permet de voyager dans le temps, aussi bien dans l’avenir que dans le passé. Convaincu après avoir lui-même testé son invention, Saint-Menoux accepte de s’associer à Essaillon pour poursuivre ensemble leurs recherches et découvrir ce qui attend l’humanité dans le futur. Leurs motivations sont nobles, les deux scientifiques veulent comprendre et de ce fait éviter les grandes catastrophes à venir telles que des guerres ou des épidémies, espérant ainsi assurer un avenir meilleur à l’homme. Travaillant d’arrache-pied avec Essaillon en tentant expérience après expérience, Saint-Menoux va tomber sous le charme doux de la fille de son confrère, la jeune Annette. Et alors que Saint-Menoux s’aventure de plus en plus loin dans le futur, il est le témoin de la lente évolution de la race humaine vers une forme de vie en société totalement inattendue et peu réjouissante…

Barjavel explore le temps et pousse le concept dans ses retranchements. Bien que depuis lui bon nombre d’auteurs et d’œuvres se sont intéressés aux voyages temporels, Barjavel rend hommage au genre et se montre rigoureux dans la manipulation de ce type d’histoire bien particulier qu’est le voyage dans le temps. Il en explore les moindres possibilités, dans le futur (où il laisse parler son imagination) comme dans le passé (qu’il sait faire revivre dans le respect du détail), mais toujours en conservant une certaine logique, une cohérence tout du long de son récit. Bien évidemment il ira chatouiller aussi la notion de paradoxe temporel, et il le fait avec malice et intelligence, donnant ainsi une vraie crédibilité à son histoire et c’est à mon sens la meilleure partie du roman. Le tout saupoudré d’une sensibilité et d’une émotion toutes en retenue, un ton sobre, classique, bien ancré dans son époque pour le coup.

C’est peut-être ce ton un peu daté, pas vraiment précieux mais pas loin, qui aura mis une distance entre le personnage et moi. Il n’y a pas eu d’identification, j’ai eu du mal à me sentir vraiment impliqué dans l’enchaînement des événements, j’ai lu cela avec un certain détachement. Pas du désintérêt parce que l’envie de savoir ce qui allait se passer était bien là, mais je n’étais pas autant à fond dans le roman qu’on peut l’être lorsqu’on se sent à la place du personnage principal.

Bref, pour ma deuxième incursion dans l’univers littéraire de Barjavel, j’ai été très intéressé par le thème abordé, par le traitement du paradoxe temporel, j’ai beaucoup aimé la note de fin en forme de Post-Scriptum, mais je suis encore une fois resté un peu en retrait de ce que je lisais. J’attendais la « révélation » tant promise vis-à-vis de l’auteur,  et j’ai beaucoup plus accroché à ce roman qu’à L’Enchanteur, mais je suis encore resté un peu sur ma faim. La passion a manqué à l’appel.
Le prochain Barjavel sera-t-il le bon ? Pour le moment je n’en ai pas d’autre au programme… des suggestions peut-être ?

270 voyageur imprudent

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21 septembre 2010 2 21 /09 /septembre /2010 07:50

Quand on m’a prêté ce livre de Joseph Connolly, on me l’a décrit comme une excellente comédie, à l’humour british qui fait mouche. Et on m’a précisé également que Vacances anglaises avait été adapté au cinéma par Michel Blanc sous le titre Embrassez qui vous voudrez (d’ailleurs les éditions récentes du livre ont adopté ce titre également si jamais vous le cherchez). Sur le moment, c’est ce qui m’a retenu de le lire.
Non pas que le film était mauvais, bien au contraire j’en avais gardé d’excellents souvenirs. Mais autant j’apprécie d’aller voir un film adapté d’un livre que j’ai lu, autant lire le bouquin original après en avoir vu l’adaptation cinématographique ne m’intéresse plus vraiment. On a déjà toute l’intrigue simplifiée en tête, le dénouement (pour peu que livre et film soient fidèlement transposés), les surprises… bref l’intérêt du livre est éventé à mes yeux.
J’ai donc poliment accepté le livre et il a attendu plusieurs mois sur ma pile de livres à lire avant que je ne l’ouvre.

Dès le début de ma lecture j’ai retrouvé tous les personnages dont je me souvenais du film. Et les scènes du début m’étant bien restés en mémoire j’étais en terrain connu. Lecture sympathique mais sans surprise puisque mes souvenirs du film venaient parasiter la découverte de sa version papier. Heureusement le style est agréable et l’humour omniprésent, ce qui m’a convaincu de continuer, malgré un léger ennui à lire quelque chose que je connaissais déjà. Et bizarrement plus ma lecture avançait, plus je me suis rendu compte que mes souvenirs du film laissaient la place à ce que je lisais. J’avais définitivement les images des différents acteurs en tête dès lors que leurs personnages intervenaient dans le récit, mais ça se limitait quasiment à cela. Il ne me restait plus que des bribes du film qui ressurgissaient ça et là, au détour des chapitres. La lecture est devenue soudainement passionnante, et en fin de compte dès le deuxième tiers du livre, on peut dire que j’ai redécouvert l’histoire. Et quel bonheur ! Je n’avais pas encore eu de coup de cœur littéraire en 2010 (ok c’est vrai aussi, je lis à un rythme moins soutenu que l’année passée), eh bien j’en tenais enfin un. Vous savez, ce genre de bouquin qu’on prend un vrai plaisir à lire. Ceux qui vous mettent dans ce paradoxe étonnant : on a envie de les dévorer, on a du mal à s’arrêter, et en même temps on voudrait ralentir la lecture pour pouvoir en profiter encore un peu plus longtemps au fur et à mesure qu’on voit la fin du roman approcher… et dire qu’il dormait au pied de mon lit depuis des mois !

Bon avec tout ça je n’ai pas encore parlé de l’histoire. En résumé c’est une grosse comédie de mœurs que nous propose Connolly. On a un couple de riches londoniens, Elizabeth et Howard, dont la femme se fait offrir par son mari des vacances dans un hôtel chic de la côte anglaise. Elle s’y rend accompagnée de son amie Melody, jeune mère célibataire un peu frivole flanquée de son bébé brailleur.  La voisine et amie d’Elizabeth, Dotty, jalouse au dernier degré a décidé de partir au même moment et au même endroit. Son mari Brian se voit contraint de la suivre, bien que sa situation financière ne le leur permette plus du tout, le pauvre diable étant en pleine faillite, aussi bien professionnelle que personnelle. Leur fils Colin, 15 ans, est également du voyage. À l’hôtel il y a aussi la superbe Lulu et son mari jaloux compulsif John, qui ne supporte pas le regard des hommes sur sa femme. Et il y a Miles, un dragueur-salaud-arriviste qui se paie une semaine au soleil sans sa femme et ses enfants comme chaque année, bien décidé à coucher avec toutes celles qu’il arrivera à séduire. Enfin il y a Katie, la fille de 17 ans de Howard et Elizabeth, qui part de son côté pour une semaine à Chicago avec une amie Ellie… du moins c’est ce qu’elle dit à ses parents, alors qu’en fait elle part pour une semaine de débauche avec Norman, un des employés de Howard.
Toute cette multitude de personnages et quelques autres encore se croisent et s’entrecroisent pendant cette semaine qui sera riche en rebondissements.

Difficile de résumer avec précision ce livre tant il s’y passe de choses et tant les personnages sont nombreux. Les personnages justement, sont le vrai point fort de Joseph Connolly. Il sait les croquer et les rendre vivants et crédibles tout en leur ajoutant quasiment à tous une touche d’humour et d’absurde. On s’amuse vraiment avec chacun d’entre eux, aucun ne laisse le lecteur indifférent. J’ai tout particulièrement aimé le flegme de Howard, la peste-attitude de Katie, la salaud intégral Miles et pour moi le pompon revient sans la moindre hésitation à Brian, le pauvre type par excellence, qui n’a plus un sou et qui pour s’occuper collectionne les bouches d’égouts et bricole à la façon MacGyver. Le passage de sa lettre d’adieu m’a tout simplement fait mourir de rire tant c’est pathétique et drôle à la fois. Un grand moment d’humour anglais. Un must.

Bref, j’ai tellement adoré ce livre que dans la foulée je me suis immédiatement mis à la recherche du dvd de l’adaptation par Michel Blanc que j’ai également revue avec un grand plaisir. La boucle était bouclée.

268 vacances anglaises

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6 septembre 2010 1 06 /09 /septembre /2010 07:19

Les thrillers et les polars en romans, ce n’est pas mon rayon de prédilection. Jamais ouvert un livre de la collection Série Noire, et tous les grands maîtres du suspense et des enquêtes policières avec moult révélations à la clé ne font pas partie de ma culture littéraire. Si tant est que je puisse parler de culture littéraire. Hum. Bref. Pour moi, les enquêtes les plus palpitantes et les plus passionnantes se déroulent en images. Au cinéma, mais surtout à la télévision. Columbo, Les Experts, Dexter… les exemples sont légion, et ont de tout temps envahi mon espace cathodique.
Mais en bouquin, le genre ne m’attire que très peu.
Cherchant à explorer un peu ce pan immense de la littérature (souvent populaire d’ailleurs), je me suis dit que tant qu’à faire, autant découvrir le genre avec un de ses maîtres incontestés. J’ai donc choisi de m’intéresser à Harlan Coben, dont on a bien voulu me prêter deux livres. Le plus connu certainement, Ne le dis à personne (dont j’ai déjà parlé ici il y a… pfiouuu… longtemps !) et un second, à bonne réputation, Disparu à jamais donc.

L’action démarre à New-York. Will Klein vient de perdre sa mère, autant morte de son cancer que de chagrin. Car la famille Klein a vécu onze ans auparavant un drame qui aura changé l’existence de tous ses membres. Il y a onze ans, Ken, le frère aîné de Will a été accusé du viol et du meurtre de sa petite amie. Il a alors purement et simplement disparu et n’est jamais reparu depuis. Will, qui croit fermement en son innocence, pense également que son frère est mort. La logique veut que Ken n’aurait jamais pu échapper aussi longtemps aux forces de police du pays entier, sans ressource et sans aide extérieure. Will en a donc conclu comme beaucoup qu’il était certainement arrivé malheur à son frère et s’est résigné à ne jamais en apprendre plus. Mais deux événements viennent bouleverser la vie de Will. Ken aurait été aperçu sur la tombe de sa prétendue victime. Et quelques jours plus tard c’est Sheila, la fiancée de Will qui disparaît à son tour, sans laisser ni trace ni explication. Et le FBI semble penser que tout est lié…

Voilà pour l’intrigue. Le mystère est posé, et il semble épais. Le héros va  progresser pas à pas dans un monde dont il ignore tout, et découvrir, révélation après révélation, que ce qu’il pensait savoir de ses proches pourrait bien s’avérer totalement faux. Le style Corben est plutôt efficace il faut bien le dire. L’auteur ne s’embarrasse pas de temps morts, de moments d’introspection ou de quoi que ce soit qui pourrait ralentir son récit. Tout repose sur le rythme soutenu auquel les rebondissements surviennent tout au long de l’intrigue. Pourtant, il faut lui reconnaître qu’il réussit à ne pas pour autant trop survoler ses personnages principaux. Il n’entre pas dans de grandes études psychologiques et reste dans la description de caractères simples mais il le fait avec une simplicité qui rend les personnages crédibles et parfaitement identifiables et qualifiables en quelques mots. Pas de fioriture encore une fois, de l’efficacité. Mais peu de ses personnages ne me sont apparus attachants. Ceux qui sortent un tant soit peu du lot sont les plus marginaux, en l’occurrence ici Sheila la fiancée disparue aux lourds secrets et Carrex l’ami yogi-ex-néonazi-repenti (fallait oser, et pourtant ça passe plutôt bien). Mais bon, ça reste du traitement en surface, ne vous attendez pas à des personnages travaillés en profondeur. Harlan Coben préfère laisser remplir les trous par ses lecteurs, et si ça se trouve c’est aussi ce qui participe à sa réussite, puisqu’il laisse chacun trouver un peu ce qu’il veut bien dans ses personnages.

Évidemment il s’agit d’un livre qui se lit vite, le contraire serait suicidaire pour un auteur qui veut conserver l’effet de suspense haletant inhérent à ce genre d’intrigue. Et c’est là que je tique un peu. Parce que tout au long de ma lecture, je n’ai pas pu réellement entrer dans l’histoire à fond. Je voulais comprendre, je voulais savoir, mais je gardais mon œil extérieur. À aucun moment je n’ai été happé par le roman, à aucun moment je ne me suis senti impliqué. En fait, j’ai eu cette désagréable sensation tout au long du bouquin que Coben appliquait –consciencieusement et avec un certain talent- des recettes types. Un peu comme si au lieu de savourer un bon plat je me fardais toute la recette à la lettre tirée de marmiton.org.
Un parfum, très léger mais entêtant, d’artificiel. Et je n’ai pas réussi à m’en défaire de tout le livre.

Alors de deux choses l’une : soit je suis tombé sur un thriller bien ficelé dans l’ensemble mais moyen malgré tout du point de vue de l’implication du lecteur dans l’histoire, soit je ne suis pas vraiment fait pour lire des thrillers de le trempe de ce qu’écrit l’un des maîtres du genre. Ne le dis à personne m’avait déjà laissé sur un sentiment mi-figue mi-raisin, avec cette impression d’avoir lu un bon livre mais assez mineur là où la majorité voit un chef d’œuvre du genre.
J’imagine que les afficionados de polars et de thrillers apprécieront plus à sa juste valeur Disparu à jamais, pour ma part il m’aura laissé un sentiment assez neutre. Je ne me suis pas ennuyé en le lisant, pas du tout même, mais pour être franc, ça ne m’a pas donné plus envie que ça de lire d’autres livres de Harlan Coben. Ma découverte de cet auteur en restera donc là je pense.

266 disparu a jamais

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 13:56

 Dans les Limbes de Jack O’Connell est un roman classé parmi les thrillers. Mais il ne faut pas bien longtemps avant que le lecteur comprenne qu’il est bien loin de se limiter à cette étiquette.
Il y a beaucoup de choses qui se bousculent et qui cohabitent dans ce roman : du fantastique, de l’onirisme, de la science, de l’intimiste, de l’aventure, du polar… et surtout une intrigue à double-fond qui vous happe et vous entraîne dans des contrées que vous ne soupçonniez pas… Quelque part entre le monde physique et le monde de l’esprit, entre réalité et rêve il y a les limbes…

 Sweeney est pharmacien. Il accepte un poste dans la renommée clinique privée du docteur Peck à Quinsigamond (la ville imaginaire dans laquelle se déroulent tous les romans de O’Connell). Cette clinique soigne exclusivement les personnes dans le coma et Sweeney parvient à y faire hospitaliser son fils Danny, plongé dans le coma depuis plusieurs mois. Sweeney n’a jamais perdu l’espoir de guérir son petit garçon et les méthodes non conventionnelles du docteur Peck sont leur dernière chance.
Avant son accident Danny était un fan inconditionnel du comics Limbo, une bande dessinée où sont relatées les aventures d’un groupe de monstres de foire à travers les contrées du pays imaginaire de Géhenna, emmené par Chick l’enfant-poulet et Bruno l’hercule de foire. Son père continue encore et toujours de lire ses comics à son petit garçon dans le coma.
Et Sweeney ne va pas tarder également à découvrir le lien inattendu qui unit la clinique dans laquelle il vient d’arriver à un gang de bikers (Buzz et ses « abominations ») qui squattent l’usine désaffectée de prothèses de la ville…

Le récit s’articule autour de deux histoires menées en parallèle : ce qui se passe à la clinique et ce qui se passe dans le comics Limbo. On passe donc de chapitre en chapitre de la réalité où se côtoient des bikers fous, des toubibs très spéciaux et un Sweeney qui est de plus en plus souvent sujet à des rages noires et des pertes de mémoire, au monde imaginaire de Limbo qui m’a furieusement fait penser à un mix entre le Freaks de Tod Browning et la série HBO Carnival (excellente série en 2 saisons qui voit s’affronter les incarnations du bien et du mal au sein d’une foire itinérante des années 30 aux USA). D’ailleurs pour mieux ancrer la partie Limbo dans le monde des comics, la fonte d’écriture change dès qu’on passe dans ce monde là (c’est alors la même fonte que j’utilise dans ce blog !).

O’Connell est un sacré raconteur d’histoires, en un rien de temps il vous fait plonger dans son récit et on a du mal à lâcher le bouquin tant on a envie de savoir ce qui va se passer. Étonnamment c’est la partie consacrée aux phénomènes de foire qui m’a le plus accroché, alors que j’aurais parié l’inverse en début de lecture. En cours de lecture, on ne peut pas s’empêcher de faire des liens entre les deux histoires, entre ce qui se passe dans le monde de Sweeney et dans celui de Limbo. L’auteur tisse sa trame en finesse, il ne surligne pas à outrance les recoupements et concordances entre les personnages du comics et ceux de la réalité mais laisse faire au lecteur ses propres comparaisons et au fur et à mesure sème ça et là des indices qui nous permettront de faire nos propres hypothèses (qui ne se vérifieront pas forcément d’ailleurs). C’est là la force de O’Connell mais peut-être aussi ce qui pourrait être reproché par certains à son livre : il y a une très grande part laissée à l’interprétation de chacun. L’onirisme, l’imaginaire sont des mondes très personnels, chacun en a sa propre approche et l’auteur n’impose pas un décryptage unique à son histoire. Un peu comme un film de David Lynch (allez, mon préféré Mulholland Drive par exemple) où d’un spectateur à l’autre on n’aura pas forcément compris les mêmes choses mais dont on ressort profondément marqué par ce qu’on a vu.

Je l’avoue, la conclusion du livre a été pour moins une petite déception, mêlée d’une touche de frustration de ne pas en savoir plus. Parce qu’on n’a pas de fin mot de l’histoire à proprement parler. On a un dénouement, mais il reste ouvert à l’interprétation que chacun voudra bien en faire. En particuliers la fin de la partie Limbo est à la fois forte et marquante, mais assez déroutante en même temps.
Bizarrement, avec le recul (j’ai lu ce livre en début d’année), je ressens moins cette déception qu’au moment où j’ai terminé le bouquin. Aujourd’hui quand j’y repense c’est avant tout la qualité d’écriture et le pouvoir addictif du roman que j’ai retenus. Une impression très largement positive donc. À mon avis ce Jack O’Connell que je ne connaissais pas du tout est un écrivain à suivre, on le sent évoluer dans un univers bien à part et très personnel, pas conventionnel pour un sou. Dans Dans les Limbes il aura su avec brio mêler l’action au fantastique, tout en ménageant le suspense et en faisant la part belle à la réflexion et à l’immersion du lecteur dans l’histoire.
Lecture chaudement conseillée donc !

263 dans les limbes

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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 23:19

Il m’arrive de vouloir tester des genres qui ne me sont pas familiers, voire qui ne m’attirent pas du tout. Comme ça, juste pour voir. On n’est pas à l’abri d’une bonne surprise dit-on…

Donc quand j’ai vu ce tout petit livre de poche, intitulé C’est fou, une fille… et signé Marie Billetdoux je me suis dit, « tiens, pourquoi pas essayer un livre de filles ? ». Parce que pour moi ça ne faisait aucun doute, j’avais à faire à un ouvrage ciblé pour femmes. Alors je l’ai pris en main, parcouru la quatrième de couverture et mon intuition s’est vue confirmée par ce que j’y ai lu.

L’auteur avait déjà remporté plusieurs prix littéraires sous le pseudonyme de Raphaelle Billetdoux avec Mes nuits sont plus belles que vos jours et Prends garde à la douceur des choses, deux bouquins dont j’avais déjà entendu parler. Une chose est indéniable, elle est sacrément douée pour les titres ! Test ultime : je feuillette le livre et m’arrête au hasard sur une page où le narrateur parle des femmes qu’il a connues et fait des liens entre leurs prénoms et ce qu’il a vécu avec elles. Et là je suis cueilli. Je retrouve mot pour mot des réflexions que je me suis moi-même faites, des jeux de mots dont je pensais être l’unique propriétaire. Légèrement déçu (vexé ?) de ne pas détenir l’exclusivité de ces quelques phrases que je viens de lire de la plume de quelqu’un d’autre, je me dis que je dois en savoir plus. C’est décidé, je vais lire mon premier livre de filles !

Un homme et une femme qui ne se connaissaient pas se rencontrent. Et quasiment dans la foulée ils se retrouvent nus, à faire l’amour avec passion. C’est la première fois et c’est pour toujours, comme une évidence. Marie Billetdoux nous fait entrer dans les pensées de l’homme et de la femme, et c’est assez bluffant parce que là encore, j’ai eu par moments l’impression que l’écrivain étaient venue chercher des mots, des sentiments, des sensations indescriptibles directement dans ma tête. À la limite du plagiat sensoriel.

C’est de relation charnelle dont il s’agit ici, mais il n’y a rien de pornographique. L’auteur ne parle pas de sexe, n’entre pas dans des descriptions physiques et mécaniques des corps. Elle parle de la connexion entre l’acte et la pensée. J’ai sincèrement été impressionné par cette capacité à entrer dans la tête des deux amants, à décortiquer leurs pensées profondes et à décrypter des sensations sur lesquelles on a si souvent du mal à mettre des mots.

Marie Billetdoux ne parle pas que de sexe, et pas vraiment d’amour non plus, elle touche le point de jonction entre les deux, cette chose dévastatrice, aussi puissante que fragile : la passion entre deux êtres. La passion nue, sèche, sans fard. Et ça, elle le fait très bien.

Mais.

Oui, j’en suis moi-même désolé, il y a un mais. Un gros. Voire plusieurs même.

Après la passion, après l’union des corps et des esprits sans entraves autres que celles du désir et de la plénitude, vient la « vraie » découverte de l’autre. De sa personnalité, de son esprit, de son comportement social. Et là tout fout le camp. J’ai eu l’impression d’assister au lynchage pur et simple de l’Homme. L’Homme avec un H, parce que je parle de l’Homme au sens générique, pas spécifiquement du type de l’histoire. De la rencontre et la passion d’un homme et d’une femme on glisse à l’histoire des Hommes et des Femmes. Là où les deux protagonistes étaient égaux dans la passion, on les retrouve l’une dans le rôle de la femme blessée, pure et innocente, et l’autre dans celui du persécuteur, de l’infâme, du manipulateur, du salaud. Ça m’a profondément dérangé, parce qu’après une ôde à la passion, j’ai eu l’impression de tomber sur un plaidoyer sexiste. Alors que dans la passion, l’auteur nous livrait le meilleur des deux êtres, après la passion il est clair que seule la femme est capable du meilleur, le pire reste l’apanage de l’homme. Ça c’est pour le premier gros mais.

Le second mais, c’est dans l’écriture et le style même qu’il réside. Si Marie Billetdoux a su faire passer des sentiments et des pensées intimes avec une fluidité et une crédibilité confondantes, il n’en va pas de même du reste. Les descriptions, les digressions, les envolées poétiques… par moment l’auteur part dans des phrases dont on a du mal à raccrocher les morceaux. Des phrases immensément longues, une ponctuation chargée, et surtout un ordre anarchique des mots qui sont placés de façon certes élégante, mais qui leur ôte toute leur force, parfois même qui leur nuit en floutant leur sens, en les rendant nébuleux, vaporeux, indistincts. Quand une seule phrase forme un paragraphe et se répand sur quasiment toute une page, fusse-t-elle d’un livre de poche, l’effet le plus probable c’est au mieux d’ennuyer, au pire de perdre le lecteur dans les méandres d’une langue trop métaphorique. Enfin quand je dis « le lecteur », je parle de moi hein. Je ne veux pas affirmer ici que ça aura le même effet sur tout le monde.

Toujours est-il que j’ai trouvé ça d’une lourdeur assez paradoxale en comparaison à l’évidence de certains passages très réussis. On passe de la simplicité de sentiments qu’on se prend en pleine poire à des tournures alambiquées qui vous filent mal à la tête rien que pour arriver à comprendre quel adjectif s’accorde avec quel mot, quel verbe s’associe à quel nom…

Et j’avoue que ça a complètement parasité ma lecture.

Bref, pour conclure donc, je dirais que certains passages (surtout au début du bouquin) m’ont laissé vraiment admiratif, mais que l’ensemble ne m’a pas plu.

J’ai cherché un peu sur internet et la plupart des critiques, des professionnels comme du public, sont très positives voire dithyrambiques. Je me rassure donc comme je peux en me disant que l’explication tient dans le fait que je ne suis pas dans le public-cible de Marie Billetdoux. Ou alors c’est juste beaucoup trop sophistiqué pour moi.


261 c est fou une fille

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3 août 2010 2 03 /08 /août /2010 15:43

 

Il est tôt, le soleil se lève sur le cours Mirabeau.

Quelques oiseaux chantent, ils sont encore les maîtres du son avant que les voitures ne se mettent à défiler.

Dans sa tasse le café fume, à côté du croissant qui attend son heure…

Les gens passent. Des hommes, des femmes. Des femmes, des hommes…

Les pages défilent, le roman avance vite. Quelques pauses dans la lecture, pour regarder autour de soi, observer, s’abreuver du monde.

Au loin une démarche, une silhouette qui réveille un souvenir heureux. Celui d’un parfum doux et apaisant, satiné, légèrement fruité, et qui s’évanouit dans l’air comme les traces éthérées d’un beau rêve. Celui qui nous échappe malgré tous nos efforts, comme l’eau qui se dérobe lentement entre les doigts serrés, dynamisante et tellement…

Un souvenir qui en appelle d’autres, lointains ou récents, flous ou diaboliquement précis, mais qui tous font frémir les lèvres et donnent naissance à un sourire.

Un grand-père qui apprend à son petit-fils à jouer aux échecs.

Une mère qui se lève à l’aube pour préparer un repas aux saveurs délicieuses.

Les avant-bras larges d’un père qui, silencieux, passe ses mains sur son visage.

Un petit garçon qui apprend avec application à sa grand-mère ce qu’est un tatou.

Une émotion si forte que deux corps et deux esprits s’électrisent l’un l’autre.

Une femme qui pleure de bonheur, et dont le sourire mêlé de larmes inonde de lumière son visage.

Une passion si forte qu’elle rend invincible.

Un chien qui tremble sous l’émotion intense de revoir son maître.

Un cri déchirant de douleur qui précède le premier souffle d’un nouveau-né.

Un bébé qui s’endort dans les bras de son père.

Un livre qui se referme en laissant l’esprit de son lecteur marqué à vie.

Une chanson dont les paroles retranscrivent et transcendent les pensées et les sentiments.

Un enfant qui sourit et qui irradie d’un bonheur pur et magnifique.
...

Le ciel est bleu, l’air doux, la brise agréable.

L’esprit vagabonde de réalité en pensées furtives. Les yeux papillonnent, la mémoire vacille entre précision et trous béants, brinqueballée à la manière d’une feuille morte prise dans un vent tourbillonnant.

Le temps passe, le soleil poursuit sa courbe en pointillés entre les nuages hauts éparpillés et d’une blancheur éblouissante. Le calme est roi, son intensité fait loi. Le bruit et le mouvement ont beau faire de leur mieux pour lui résister, c’est par pur principe car ils finiront par se soumettre, comme ils se soumettent toujours. La respiration est lente, les gestes sereins, les sens au repos.

La sensation de bien-être se profile … elle approche, caressante, séduisante, apaisante … elle est si proche qu’à peine un souffle la sépare du réel … mais comme l’hirondelle qui virevolte et ne se pose jamais elle reste insaisissable … les larmes séchées par le temps lui interdisent d’approcher plus … le souvenir d’un sourire inaccessible se dresse. Le mur invisible reste à jamais infranchissable.

C’est un beau jour.

Presque. Parfait.

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28 juillet 2010 3 28 /07 /juillet /2010 16:32

 

Dans Mon chien Stupide, John Fante, auteur américain d’origine italienne (1909-1983), nous invite à suivre Henry Bandini, un quinquagénaire vivant sur la côte ouest des Etats-Unis avec sa femme et leurs quatre enfants. Bandini est un avatar littéraire de Fante, ce qui permet à l’auteur de larges passages à inspiration autobiographique, notamment quand il fait de son personnage principal un écrivain qui pour survivre de sa plume se commet dans des commandes de scénarios plus indigents les uns que les autres pour la sacro-sainte Hollywood. Bandini désespère de devoir sans cesse choisir entre l’opulence des studios de cinéma qui le paient bien pour un travail de piètre qualité, sans envergure et sans ambition, et le vrai métier d’écrivain, qui flatterait son ego et sa dignité mais le plongerait aussi dans des ennuis financiers que son train de vie ne lui permet pas d’assumer. Vivre confortablement en se dévalorisant, ou devenir pauvre et artiste maudit…
Bandini, 50 ans passés, a depuis longtemps choisi. Il ne veut pas être pauvre, et il a une famille aux besoins de laquelle il doit subvenir. Mais parfois sa conscience le rattrape, et face à des enfants qu’il considère comme bien ingrats au vu de tout ce qu’il a sacrifié pour eux, Henry Bandini s’est forgé un caractère de bougon, de grande gueule, de père façon vieille école. Détaché de tout, seul contre tous, Bandini a cependant un faible pour les chiens. Attention, pas n’importe lesquels : ceux qui ont du caractère, ceux qui ont de la classe, ceux qui en imposent. Au point de faire passer son chien avant tout le reste, à vivre par procuration à travers lui. D’ailleurs depuis la mort de son dernier animal, il a promis à sa femme de ne plus prendre de chien…

Mais un beau jour, c’est un chien immense, dont on a du mal à déterminer précisément la race, qui vient d’on ne sait où, s’invite sur la pelouse familiale et élit domicile chez les Bandini. Aussi imposant que placide, le chien en question séduit Henry et c’est son plus jeune fils qui le baptise Stupide, en rapport à son caractère quelque peu particulier et imprévisible…

L’arrivée de Stupide dans la famille ne sera pas sans créer quelques remous et mettre du sel dans une existence que le héros avait de plus en plus de mal à supporter.

Voilà un petit bouquin sympathique, vite lu (150 pages environ en format poche), écrit sur un ton sarcastique et totalement empreint d’une ambiance « USA des années 70 » (pur ressenti : je n’ai aucune idée de quand Fante a écrit cette histoire). À travers son personnage d’écrivain raté, John Fante aborde les sujets de la famille et du couple après des années de mariage, du métier d’écrivain, du quotidien qui achève nos ambitions, de l’incompréhension entre les générations, du statut de parents vieillissants qui voient leurs enfants quitter le foyer. Et il nous offre également une vision de l’Amérique à l’ancienne, avec ses relents de racisme, ses communautés, ses valeurs, ses épreuves de force… Le tout est servi avec un humour grinçant et soutenu par un chien qui porte parfaitement son nom. Par bien des aspects il fait ce que son maître rêve de faire depuis toujours : ce que bon lui semble en se fichant des reproches comme de l’an quarante.

Sans en retirer une quelconque morale, sans imposer une vision de ce qui est normal ou non, cette courte histoire ressemble plutôt à une sorte d’immense constat, le constat de la vie d’un homme qui n’est ni particulièrement sympa ni particulièrement mauvais non plus. Pathétique parfois. Touchant par moment. Souvent drôle.

C’est très loin d’être une lecture indispensable, mais Mon chien Stupide m’aura fait passer un bon moment malgré tout.

 

259 mon chien stupide

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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