Quand on m’a prêté ce livre de Joseph Connolly, on me l’a décrit comme une excellente comédie, à l’humour british qui fait mouche. Et on m’a précisé également que Vacances anglaises avait été adapté au cinéma par Michel Blanc sous le titre Embrassez qui vous voudrez (d’ailleurs les éditions récentes du livre ont adopté ce titre également si jamais vous le cherchez). Sur le moment, c’est ce qui m’a retenu de le lire.
Non pas que le film était mauvais, bien au contraire j’en avais gardé d’excellents souvenirs. Mais autant j’apprécie d’aller voir un film adapté d’un livre que j’ai lu, autant lire le bouquin original après en avoir vu l’adaptation cinématographique ne m’intéresse plus vraiment. On a déjà toute l’intrigue simplifiée en tête, le dénouement (pour peu que livre et film soient fidèlement transposés), les surprises… bref l’intérêt du livre est éventé à mes yeux.
J’ai donc poliment accepté le livre et il a attendu plusieurs mois sur ma pile de livres à lire avant que je ne l’ouvre.
Dès le début de ma lecture j’ai retrouvé tous les personnages dont je me souvenais du film. Et les scènes du début m’étant bien restés en mémoire j’étais en terrain connu. Lecture sympathique mais sans surprise puisque mes souvenirs du film venaient parasiter la découverte de sa version papier. Heureusement le style est agréable et l’humour omniprésent, ce qui m’a convaincu de continuer, malgré un léger ennui à lire quelque chose que je connaissais déjà. Et bizarrement plus ma lecture avançait, plus je me suis rendu compte que mes souvenirs du film laissaient la place à ce que je lisais. J’avais définitivement les images des différents acteurs en tête dès lors que leurs personnages intervenaient dans le récit, mais ça se limitait quasiment à cela. Il ne me restait plus que des bribes du film qui ressurgissaient ça et là, au détour des chapitres. La lecture est devenue soudainement passionnante, et en fin de compte dès le deuxième tiers du livre, on peut dire que j’ai redécouvert l’histoire. Et quel bonheur ! Je n’avais pas encore eu de coup de cœur littéraire en 2010 (ok c’est vrai aussi, je lis à un rythme moins soutenu que l’année passée), eh bien j’en tenais enfin un. Vous savez, ce genre de bouquin qu’on prend un vrai plaisir à lire. Ceux qui vous mettent dans ce paradoxe étonnant : on a envie de les dévorer, on a du mal à s’arrêter, et en même temps on voudrait ralentir la lecture pour pouvoir en profiter encore un peu plus longtemps au fur et à mesure qu’on voit la fin du roman approcher… et dire qu’il dormait au pied de mon lit depuis des mois !
Bon avec tout ça je n’ai pas encore parlé de l’histoire. En résumé c’est une grosse comédie de mœurs que nous propose Connolly. On a un couple de riches londoniens, Elizabeth et Howard, dont la femme se fait offrir par son mari des vacances dans un hôtel chic de la côte anglaise. Elle s’y rend accompagnée de son amie Melody, jeune mère célibataire un peu frivole flanquée de son bébé brailleur. La voisine et amie d’Elizabeth, Dotty, jalouse au dernier degré a décidé de partir au même moment et au même endroit. Son mari Brian se voit contraint de la suivre, bien que sa situation financière ne le leur permette plus du tout, le pauvre diable étant en pleine faillite, aussi bien professionnelle que personnelle. Leur fils Colin, 15 ans, est également du voyage. À l’hôtel il y a aussi la superbe Lulu et son mari jaloux compulsif John, qui ne supporte pas le regard des hommes sur sa femme. Et il y a Miles, un dragueur-salaud-arriviste qui se paie une semaine au soleil sans sa femme et ses enfants comme chaque année, bien décidé à coucher avec toutes celles qu’il arrivera à séduire. Enfin il y a Katie, la fille de 17 ans de Howard et Elizabeth, qui part de son côté pour une semaine à Chicago avec une amie Ellie… du moins c’est ce qu’elle dit à ses parents, alors qu’en fait elle part pour une semaine de débauche avec Norman, un des employés de Howard.
Toute cette multitude de personnages et quelques autres encore se croisent et s’entrecroisent pendant cette semaine qui sera riche en rebondissements.
Difficile de résumer avec précision ce livre tant il s’y passe de choses et tant les personnages sont nombreux. Les personnages justement, sont le vrai point fort de Joseph Connolly. Il sait les croquer et les rendre vivants et crédibles tout en leur ajoutant quasiment à tous une touche d’humour et d’absurde. On s’amuse vraiment avec chacun d’entre eux, aucun ne laisse le lecteur indifférent. J’ai tout particulièrement aimé le flegme de Howard, la peste-attitude de Katie, la salaud intégral Miles et pour moi le pompon revient sans la moindre hésitation à Brian, le pauvre type par excellence, qui n’a plus un sou et qui pour s’occuper collectionne les bouches d’égouts et bricole à la façon MacGyver. Le passage de sa lettre d’adieu m’a tout simplement fait mourir de rire tant c’est pathétique et drôle à la fois. Un grand moment d’humour anglais. Un must.
Bref, j’ai tellement adoré ce livre que dans la foulée je me suis immédiatement mis à la recherche du dvd de l’adaptation par Michel Blanc que j’ai également revue avec un grand plaisir. La boucle était bouclée.