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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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13 février 2020 4 13 /02 /février /2020 08:34

C’était il y a quelques semaines de cela, un samedi matin. Nous étions quatre, attablés autour d’un petit-déjeuner entre amis, dans un endroit agréable de Mulhouse, le Engel’s Café.

L’occasion de retrouver des gens qui comptent, d’échanger anecdotes et petites histoires, et de rire, beaucoup. Trois quadras et un trentenaire, une nana et trois gars. Du café, des croissants aux amandes, de la confiture de framboise et de l’amitié : on n’est pas trop loin d’une définition du bien-être. On passait un bon moment quoi.

 

Et puis au détour d’une plaisanterie, entre deux gorgées de son thé, Cécilia nous a soumis une question, toute empreinte de candeur et de simplicité, nous demandant comme ça, à la volée et sans prévenir : «Et vous, quand est-ce que vous êtes devenus adultes ? ». Sujet de philosophie, vous avez quatre heures. Merci Cécilia ! :-)

Laissez-moi vous raconter où la discussion nous a menés, et vous dire que loin de s’arrêter avec la dernière tartine engloutie, la question de l’adulte a continué de me faire phosphorer encore plusieurs jours après, au point que j’ai eu envie d’en faire un sujet d’article sur ce blog...

 

La question de Cécilia était sincère, elle cherchait des pistes ne sachant pas elle-même exactement comment y répondre. C’est Éric, certainement -et de loin- le plus sage d’entre nous, qui a répondu en premier. Pour lui c’était simple, c’était à 18 ans, quand il a quitté le cocon familial pour s’installer et subvenir seul à ses besoins. Acte d’indépendance, acte d’opposition vis-à-vis de son père, acte de construction de soi : Éric avait des choses à prouver, aux autres et à soi-même. Il a décidé alors de prendre sa liberté, d’assumer ses responsabilités à l’âge où la plupart se contentent du confort ronronnant offert par la bienveillance parentale, et cette décision l’a alors plongé directement et pleinement dans l’âge adulte.

 

Puis c’est le plus jeune de l’équipe, Kevin, qui a donné sa réponse. Il avait d’abord cru que le fait de devenir père serait l’élément déclencheur pour lui, mais s’est récemment rendu compte qu’il n’en avait rien été. Pourtant déjà papa de trois enfants, il ne se considère comme vraiment adulte que depuis peu, sans parvenir pourtant à dater la chose avec plus de précision. Quelque chose en lui a basculé à un moment, et il se sent à présent plus investi, plus responsable, plus à l’aise et plus serein dans son rôle de chef de famille, qu’il associe intimement au statut d’adulte.

 

Et puis, ce fut mon tour. Instinctivement, la première réponse qui m’est venue à l’esprit a été aussi de faire un lien entre l’âge adulte et le statut de père. Mais de manière un peu différente de celle exposée par Kevin. Dans mon esprit, je date mon passage à l’âge adulte au moment où j’ai ressenti l’envie d’être père, ce qui précède d’un ou deux ans au moins la date à laquelle je le suis réellement devenu. À quoi est-ce lié, je ne saurais pas l’expliquer dans le détail. Une remise en question de soi, une évolution de la pensée, une envie de transmettre, un désir de prolongement de soi et de partage. Certains y verront peut-être juste l’instinct de reproduction, ce besoin animal de propager ses gènes pour qu’ils perdurent et nous survivent. Cette vision me semble un poil trop naturaliste, il y manque tout un pan de réflexion plus intime, plus philosophique de l’approche de la vie. Je crois qu’il arrive un moment où l’on comprend qu’on n’est finalement peu de chose, et qu’on l’accepte. Et dès lors notre petite personne n’est plus forcément le seul et principal objet de nos préoccupations. Alors seulement on se sent à la fois prêt et on souhaite devenir père. On accède ainsi à la passerelle qui nous permet de cheminer de l’état d’esprit très égocentré de l’enfant / adolescent, à celui plus ouvert au monde et responsable d’adulte. Sans vouloir en faire une généralité, c’est toutefois ce qui je crois m’est arrivé et m’a permis de grandir dans ma tête.

 

Voici donc ce que furent nos premières réponses à la question de Cécilia.

Mais loin d’être définitives, je crois qu’elles sont plutôt complémentaires, et qu’il n’y a pas de réponse unique et universelle. Sans doute y aurait-il eu d’autres réponses tout aussi pertinentes si nous avions été plus nombreux à partager ce repas et prendre part à la réflexion.

 

D’ailleurs nous nous sommes vite entendus sur un autre point : on ne cesse jamais vraiment d’être un enfant quelque part au fond de soi. On emporte avec nous toute notre vie les traces de notre enfance, parfois même il est bon et sain de cultiver notre part d’enfance en nous, de ne pas la laisser complètement s’éteindre, histoire de garder un lien avec une période où l’on a été plus innocent et souvent tout simplement plus heureux.

 

Et ce qui a emporté l’adhésion unanime, c’est l’idée énoncée par Cécilia qui prétendait ne pas avoir de réponse et qui pourtant en tenait une tout à fait appropriée… Qu’on connaît certes tous des périodes charnières, des moments clés, des événements déclencheurs qui nous font progresser à grand pas et passer à de nouveaux statuts existentiels, mais qu’on ne cesse jamais, quel que soit notre âge, d’évoluer et de grandir intérieurement. Dès lors qu’on ne se ferme pas au monde comme une huître, dès lors qu’on accepte de se remettre en question de manière honnête (ce qui ne veut pas dire qu’on doit tout révolutionner à chaque fois dans nos façons d’être), alors on ne peut pas rester dans l’immobilisme. Nos esprits évoluent, nos personnalités s’affinent, même nos goûts parfois changent. J’aime à croire que le fait d’en être conscient est en soi déjà un premier pas vers le « mieux ». Car l’évolution ne rime pas forcément toujours avec l’amélioration. Quand on vieillit le risque est grand de laisser nos défauts s’accentuer par exemple… Peut-être que devenir adulte, c’est aussi chercher sans cesse à s’améliorer ? Ce pourrait être en tout cas une piste à creuser Cécilia… ;-)

 

 

Et vous alors : quand êtes-vous devenus adultes ?

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commentaires

N
Je pense que devenir adulte, c'est savoir se détacher de l'emprise familiale, ce cocon dans lequel on a grandi. C'est prendre son envol et savoir voler de ses propres ailes sans pour autant rompre le lien familial d'ailleurs.<br /> Si Cécilia m'avait posé la question, j'aurais répondu : "En septembre 1997 !". C'est à ce moment-là où je me suis installé dans un petit appart à Valenciennes, accompagné de 2 potes, et que j'ai touché mon premier salaire.<br /> Et pour approfondir philosophiquement ma réponse je m’appuierais sur la dernière citation de cet article, celle d'Hubert Reeves (petit personnage mais Grande Personne avec qui j'ai pu échanger qq mots et qui m'a laissé un énorme souvenir) : apprendre à vivre dans le doute et développer ses propres stratégies pour parcourir son chemin.<br /> Quant à la relation avec le fait de devenir parent, je ne trouve pas de relation directe avec le fait d'être adulte. C'est peut-être dû à ma propre expérience, car j'ai eu plus de facilité à assumer d'être indépendant, donc adulte, que vouloir être père. <br /> Voilà, voilà ....
Répondre
S
Je trouve dans ta réponse Nono, des points communs avec celle d'Éric ! Voler de tes propres ailes a donc été fondateur pour toi, le premier pas dans l'âge d'adulte. Dommage d'ailleurs que tu ne fus pas présent avec nous pour partager ce petit-déj' et participer à la discussion...<br /> Sinon je me permets d'ajouter 2 choses : <br /> 1- je suis très heureux de te lire ici et que tu m'aies donné ton avis sur la question<br /> 2- l'appart à Valenciennes, c'était en septembre 1996 mon ami ;-) (le temps file hein ?)
I
Effectivement, vaste sujet que voilà, et ô combien intime...<br /> Il est vrai que la tentation est grande de répondre qu'on est devenu adulte en devenant parent.<br /> <br /> Pour ma part et après réflexion, je peux dire que je ne suis pas devenue adulte avec l'arrivée de mes enfants. Je le suis devenue plus tard, à l'annonce du cancer de mon père. Après la claque en pleine poire, il a fallu se ressaisir et être là, pour soutenir mes parents, et peut-être que quelque part, le rapport parents-enfant s'est inversé à cette occasion. Avec la maladie et l'issue inéluctable de celle-ci, j'ai quitté le monde des bisounours et suis entrée de plain-pied dans le monde des adultes. A tel point que ça s'est ressenti jusque dans ma famille plus éloignée, où je suis devenue une sorte de pilier, alors que je me voyais encore petite fille...<br /> Voilà ma réponse à ta question !
Répondre
S
Il y a certainement autant d'approches que de personnes "adultes" !<br /> C'est vrai, tu as raison, la réponse à cette question s'avère en fait très personnelle, très intime.<br /> <br /> Il y a dans ta réponse quelque chose qui se rapproche, dans l'esprit, de ma réponse à moi. Se confronter à la maladie, et à la mort d'un proche, ça fait réaliser beaucoup de choses, ça fait relativiser, ça donne des priorités avec une évidence qui ne souffre aucune hésitation.<br /> Pour avoir vécu une situation analogue à la tienne, je peux cependant te dire pour ma part qu'elle n'a pas "suffi" à faire de moi un adulte à part entière. Certainement était-ce lié à mon âge. Il m'a fallu quelques années supplémentaires pour mûrir encore sur ce sujet. Mais comme pour toi, la mort de mon père a fait partie des événements majeurs qui ont profondément façonné la personnalité de l'adulte que je suis devenu plus tard. L'effet est juste intervenu "à retardement"...<br /> <br /> Merci beaucoup, vraiment, d'avoir répondu Delphine !!!