J’avais raté la première édition l’année passée avec la ferme intention de me rattraper cette année-ci. De quoi je parle ? Du concert privé de Fred Blondin sur la péniche Le Chansonnier ! C’était vendredi 26 octobre, et c’était vraiment, vraiment un excellent moment.
Fred Blondin, ce n’est pas comme si je ne l’avais jamais vu en concert, mais ce soir là était spécial. Habitué à le voir en solo avec ses guitares, j’avais pu le voir accompagné d’un percussionniste il y a un mois pas loin de chez moi, mais jamais entouré d’un groupe de musiciens au complet. Sauf que ça se mérite hein. Faut dire qu’on a bravé le froid, combattu les intempéries, résisté façon marins d’eau douce au tangage au quai ouest et attendu telle une colonie de manchots empereurs sur la banquise pour monter à bord du Chansonnier. L’attente fut longue, certains ont attendu en s’amusant, d’autres sans rien dire, d’autres encore ont lancé des « Fred tu m’aimesouvres à quelle heure ? ». Je ne sais pas si à un moment ou à un autre quelqu’un a murmuré « j’veux qu’il pleuve », en tout cas il a été exaucé… mais peu importe, ce qui n’tue pas nous rend plus fort paraît-il. Alors quand la porte de la péniche s’est ouverte, on n’a pas demandé notre reste avant de nous engouffrer à bord, c’était maintenant ou jamais !
Un concert de Fred, y’a pas de mots, ça ne se raconte pas, ça se vit (bon ok, je vais essayer quand même, rien que pour peut-être vous donner l’envie de venir à votre tour). D’autant plus quand il s’agit d’un concert privé. L’ambiance est particulière. D’abord on se retrouve « entre connaisseurs », un peu comme si on faisait partie d’un club ultra select de buveurs de pinard ou d’amateurs de bon chocolat. Sauf exception, tout le monde connaît bien Fred et ses chansons, ce qui dès le départ place l’ambiance générale un cran au-dessus de la normale. Et puis à force de se croiser en venant le voir de concert en concert, on finit par se retrouver aussi entre amis parce que des affinités se sont créées. On rencontre ou on retrouve des gens sympas avec qui on bavarde agréablement et avec qui on se marre bien. Les goûts communs (en l’occurrence la musique de Fred Blondin) ça rapproche. Même moi qui ne suis pas d’un naturel très causant je me sens toujours bien et à l’aise avec les blondingues. À ma place, au milieu d’autres doux-dingues, entourés de gens que l’on aimerait revoir en quelque sorte. Ça aussi, ça apporte un vrai plus par rapport à un « simple » concert.
Mais ce concert-là était encore plus spécial que les précédents. Le concept déjà à la base est franchement original. Pendant qu’en ville le week-end débutait dans le froid et la pluie, nous entamions une soirée au bord d’une péniche, avec ballade sur la Seine pendant qu’on nous servait un bon repas, suivie d’un concert à bord. Faut avouer que ce n’est pas courant. Le tout dans la bonne humeur, avec des serveurs super sympas et attentionnés, un tour dans Paris au bord des larmes, un coucou à la Tour Eiffel illuminée de milles feux, de la bonne musique… je ne sais pas ce qu’il faut dire de plus pour vous convaincre (et non pas vaincre) de la qualité de la soirée ! Et je souligne aussi en passant le prix carrément raisonnable, parce que ça mérite d’être dit également.
Parmi les excellents moments passés à bord du Chansonnier, je retiendrai plusieurs choses. La partie musicale bien évidemment, mais ça j’y reviendrai tout à l’heure. Allez pêle-mêle je vous livre comme ça à la volée : la bonne tranche de rigolade qu’on doit à Stéphane D. pour l’évocation de ses extravagantes aventures amoureuses hallydaysques (et croyez-moi s’il avait mis ça dans un roman personne ne l’aurait cru, on lui aurait même certainement rétorqué c’est pas ça la vie), la loterie qui permettait de gagner tout un tas de lots à caractère fortement alcoolisé (mais surtout sans tampon)(désolé, ceux qui n’y étaient pas ne peuvent pas comprendre), le fou-rire final de Laetitia pour lequel on a hésité un temps à appeler les secours tant on pensait qu’elle ne parviendrait pas à s’arrêter… Et puis je me permets de féliciter ma frangine ainsi que Corinne pour avoir réussi à garder leur équilibre (et leur repas !!) tout du long malgré le roulis du bateau ! Ça n’a l’air de rien dit comme ça, juste des trucs de filles tout au plus, mais pour elles ça tenait visiblement de l’exploit ! ;o)
Alors côté spectacle, un batteur, un percu, un bassiste, un saxo, un clavier et deux guitaristes en plus de Fred (plus une seconde bassiste invitée sur un titre), voilà la composition de chouettes musicos qui ont mis l’ambiance à bord de la péniche. Je m’excuse auprès de ceux dont je n’ai pas retenu le nom, ma mémoire n’est plus ce qu’elle était. Heureusement j'ai eu ma petite soeur pour me rencarder (je crois que Fred lui a filé un petit coup de main aussi)... En tout cas j’ai retenu leurs notes, leurs envolées, leurs solos, leur générosité. J’ai retenu la présence discrète et impeccable des percussions de Klifa Rachedi, j’ai retenu la limpidité de Norbert Krief et la virtuosité de Jean-Michel Kajdan à la guitare, j’ai retenu l’enthousiasme et la bonne humeur de Yves « Dario » Prével aux claviers, j’ai retenu le sourire radieux d’Antonella Mazza lors de son passage à la basse, j'ai retenu l'accord parfait entre la basse élégante de Patrick Conchoux et la batterie précise de Arthur Billiès, j’ai retenu le souffle aérien qui faisait vibrer le saxo de Thierry Farrugia… Quant à Fred, il avait l'air comme un poisson dans l'eau. Enfin sur l'eau en réalité. Bref, j'me comprends. Il a marqué le coup d'ailleurs, en sortant la veste de costard blanche pour toute la première partie du concert. Mais comme un concert de Fred Blondin digne de ce nom ne se passe pas sans une chemise colorée aux motifs improbables, il n'a pas failli à sa tradition vestimentaire dès la seconde partie du spectacle :o).
Remarquez, je me permets ce petit clin d'oeil mais il aurait pu être en caleçon à fleurs et redingote que ça n'aurait rien changé à son talent. J'en soupçonne même qui ne seraient pas contre ce genre de fantaisies esthétiques. Il y a des gens bizarres même (surtout ?!) parmi les blondingues les plus respectables. Non, non, pas de nom. ;o)
Comme d'habitude, Fred a enchaîné les titres avec générosité, et il avait l'air d'y prendre autant de plaisir que son auditoire. Évidemment le temps a passé trop vite, évidemment on a tous entonné en coeur comme une prière Elle allume les bougies et Le Café du Monde, évidemment la fin du concert est arrivée trop tôt (quoi ? seulement trois heures et quelques de concert ? Nous on était chaud, il aurait pu repartir pour 24 heures qu’on aurait tous signer je crois. Perso, j’aurais été partant pour soigner le mal par le mal et rester quelques minutes de plus…), évidemment on s'est tous dit « oh mon dieu il n'a pas joué L'amour Libre ou Bons Baisers de Medellin » (cela dit tant que j'ai droit à Mordre la Poussière je suis heureux) mais que voulez vous, toutes les bonnes choses ont une fin...
J'en suis revenu ravi, la tête pleine de bonne musique, content d'avoir pu assister à ce concert d'un genre particulier, et heureux également d'avoir pu revoir des gens sympas. Pas facile de retourner au boulot après ça... il y en a qui se plaignent de tout, tout le temps, qui dès que l’hiver arrive répètent sans cesse j’voudrais voir les îles… moi j’voudrais juste revoir Fred à son prochain concert, parce qu'à chaque fois c’est comme un nouveau départ, un coup de boost au cœur et au moral. La belle vie quoi.
Ouais, en tout cas y’a pas à dire, ce fut une bonne journée.
PS : Un énorme merci à Francis Biblot pour m'avoir permis d'utiliser ces clichés rien moins que magnifiques (vous pouvez voir ses photos sur sa page facebook), et merci à ma frangine pour l'organisation de cette sortie à Panam...
PPS : Quelques lecteurs l'auront peut-être remarqué, je me suis amusé à truffer l'article de titres de chansons de Fred. Ok, certains ont été insérés au chausse-pied, d'autres à peine plus discrètement... les connaisseurs seront-ils capables de tous les détecter et de me dire combien il y en a ?