Voilà un film qui aura fait couler beaucoup d’encre… D’abord bien avant sa sortie sur les écrans, l’éventualité de son existence puis son annonce avaient déjà fait causer. Parce que ce n’est rien moins qu’un préquel à Alien et avec Môssieur Ridley Scott aux commandes. Et une fois sorti, la polémique ne s’est pas atténuée bien au contraire, tant il y a eu de réactions et de jugements diamétralement opposés à son encontre.
Pour être franc, j’ai encore aujourd’hui, quatre mois après l’avoir vu, du mal à me positionner catégoriquement sur ce film. Je ne sais pas dire s’il s’agit d’un bon ou d’un mauvais film. À vrai dire, à mes yeux il valide très nettement certains critères qui pourraient le classer aussi bien dans l’une que dans l’autre catégorie. Je vais essayer de mettre un peu d’ordre dans mes idées et d’étayer tout ça.
Commençons par le commencement : de quoi ça cause ?
Nous sommes en 2089, soit 33 ans avant les événements se déroulant dans Alien premier du nom. Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et Charlie Holloway (Logan Marshall-Green), deux scientifiques / archéologues mettent en évidence un dessin présent dans de nombreuses fresques préhistoriques, aux quatre coins de la Terre. Tout porte à croire que dans les dessins rupestres se cache un message, ou plutôt une carte du ciel désignant une lointaine constellation. Persuadés qu’il s’agit d’une invitation à se rendre là-bas, les scientifiques pensent tenir une piste pour découvrir les origines de l’homme… C’est le richissime (et très vieux) Peter Weyland (Guy Pearce), à la tête de Weyland Industies, qui finance l’ambitieuse mission spatiale qui a pour but de se rendre sur la planète LV-233 aux confins de l’univers, à la rencontre de… nos créateurs ?
La très froide commandante de bord du vaisseau Prometheus, Meredith Vickers (Charlize Theron), est à la tête de l’expédition, secondée par le pilote Janek (Idris Elba). L’équipage est composé de plusieurs scientifiques aux diverses spécialités dont bien entendu les professeurs Shaw et Holloway, mais également Fifield (Sean Harris) un géologue punk et Milburn (Rafe Spall) le biologiste du groupe. Et pour veiller à tout ce petit monde pendant leur voyage en caisson cryogénique, il y a David (Michael Fassbender), un androïde à apparence humaine de dernière génération.
Quand ils arrivent à destination, les explorateurs ne vont pas tarder à découvrir non seulement des traces d’une vie passée, mais aussi d’une civilisation perdue, celle des « ingénieurs »… Ça n’est que le début de leurs ennuis car LV-233 n’est pas aussi accueillante qu’on pourrait le croire !
Bien. Ceci étant posé, que penser exactement de ce film ?
Tout d’abord, la première chose qui m’a frappé dès les premières secondes du film, c’est la qualité de l’image, la beauté de chaque plan et le soin apporté à l’esthétique de tout ce que l’on voit apparaître à l’écran. Absolument fabuleux comme spectacle. D’autant plus que le film était projeté en 3D. Alors que je suis plutôt réfractaire* à cette technologie (pour tout dire aucun film jusqu’alors ne m’avait convaincu du bien fondé de la 3D), je m’en suis pris plein les mirettes et j’ai trouvé ça à couper le souffle. Une netteté incroyable, une profondeur vertigineuse, un rendu incomparable… sur le plan de la mise en scène, du cadrage, du découpage, de l’éclairage et de l’esthétique de manière générale, Ridley Scott a frappé un grand coup, histoire de rappeler qui c’est Raoul. On n’est pas une légende vivante du cinéma, on n’a pas été à l’origine de films-cultes pour rien. Visuellement, je crois que rarement j’avais été aussi impressionné par la maîtrise dont fait preuve Scott dans ce film. Première (et dernière ?) fois que la 3D me convainc dans un film. Rendu parfait à l’écran, et utilisation à bon escient des effets qu’elle permet.
Mais ça va encore bien au-delà de la simple qualité de l’image. Prometheus possède une chose pas si courante, le film a une vraie identité visuelle. C’est assez difficile à expliquer mais il règne dans ce film une véritable harmonie des images. Tout colle, tout sonne juste, tout est à sa place et forme un ensemble d’une cohérence remarquable. La perfection vient se loger dans les détails. Que ce soit pour les décors, pour le design, pour l’éclairage (somptueux), pour les extérieurs (tournés dans la région volcanique du mont Hekla en Islande), pour le bestiaire (ce n’est pas du Giger -royalties économisées ? rhooo je suis mauvaise langue- mais l’esprit est respecté) : Ridley Scott sait visiblement ce qu’il veut, et sait s’entourer des bons artisans pour y arriver. On frôle la perfection. Allez, le bémol, le seul de ce point de vue, c’est le personnage de Peter Weyland. Le type flirte avec les cent ans, ou dans ces eaux là. Pourquoi diable, s’obstiner à faire jouer un centenaire par un homme en pleine force de l’âge, en l’occurrence l’acteur australien Guy Pearce ? Avec le meilleur maquillage du monde, avec la meilleure volonté du monde, c’est se tirer une balle dans le pied d’entrée. C’est la seule faute de goût que je relèverai sur le plan visuel du film. Mais quand on sait l’importance du personnage, ce n’est pas un détail insignifiant à mes yeux.
Spoilerais-je une partie du film en parlant de l’importance de Weyland ? honnêtement je ne pense pas. Scott se spoile tout seul en plaçant Guy Pearce en troisième ou quatrième position en ordre d’importance de son casting. Du coup, on ne se demande pas bien longtemps qui est le passager clandestin, le mystère est éventé avant même la première moitié du film. Si par ce paragraphe je vous ai révélé le nom de celui qui se cache dans le vaisseau, que ceux qui n’ont pas encore vu le film ne m’en veuillent pas trop, vous vous rendrez compte de l’évidence dès que vous l’aurez vu. Boulette scénaristique ? allez, soyons cléments, parlons juste de maladresse, les boulettes c’est pour plus tard.
Car après la forme, pour laquelle je ne peux cacher mon enthousiasme, arrive le fond, qui pour sa part m’aura laissé bien plus circonspect. Si la force de ce film est son visuel, pour le scénario c’est une autre affaire.
Scott a tenté de jouer un double jeu, stratégie théoriquement habile, mais pas concluante dans les faits. En gros, on nous a annoncé un préquel de Alien qui s’inscrit donc dans la continuité et la mythologie de son film de 1979, et dans le même temps, Scott a voulu livrer un film qu’on puisse regarder indépendamment de la tétralogie Alien. Un film qui complète la saga mais qui se tienne très bien tout seul aussi. C’est pourquoi par exemple le personnage de Ellen Ripley est laissé de côté et sans la moindre mention aussi emblématique fut-elle pour la saga Alien. C’est pourquoi également Scott fait l’impasse sur les face-huggers, les chestbusters et les xénomorphes (termes employés généralement pour décrire respectivement les versions larvaires -qui s’attachent à la face de l’hôte-, embryonnaires -qui se développent dans l’abdomen de l’hôte- et adultes des créatures hantant la saga Alien). Aucune des bestioles dont on a l’habitude n’apparaît dans Prometheus. Ce qui n’empêche pas que la planète LV-233 soit habitée par d’autres créatures pas plus fréquentables, et rappelant sans en être vraiment les face-huggers qui sortent des œufs dans le premier Alien. Ici on a à faire à une matière visqueuse noire, apparemment vivante, pouvant infecter un hôte à qui on l’injecte (à la façon d’un parasite), et donnant également naissance à des créatures mi-serpents mi-anguilles qui elles aussi s’infiltrent physiquement dans leurs victimes. À vrai dire cet aspect (comme de nombreux autres) n’est pas très clair dans le film. Là où on connaît parfaitement le cycle de reproduction et d’évolution des aliens des précédents films, on reste dans le flou avec ces bestioles-ci. D’ailleurs quand l’un des personnages meurt alors qu’il a été attaqué par un de ces serpents-anguilles, on le revoit quelques temps après sous forme de… zombie. Appelez ça comme vous voulez, moi ça m’a fait penser à un zombie. Un être mort, qui est animé d’une rage d’en découdre et au comportement basique, visiblement « habité » par une volonté extérieure (celle du parasite qui l’a infecté ?), muet et insensible à la douleur, pour moi c’est un zombie. Et là je ne peux pas m’empêcher de me dire que les scénaristes ont bêtement cédé à la tentation d’inclure dans leur script une créature morte-vivante puisque ces dernières sont fortement revenues à la mode (de 28 jours plus tard à Walking Dead, les films, BD et séries consacrés aux zombies ont été légion ces dix dernières années). Grosse faute de goût à mon avis pour un film rattaché à une mythologie pourtant déjà si riche. Et puis légèrement hors-sujet aussi, mais bon, c’est peut-être moi qui me bloque sur des détails.
Tiens, puisque j’en étais à parler du zigue qui se fait lobotomiser et devient une marionnette aux commandes de… de on ne sait pas trop quoi d’ailleurs, je reviens cinq minutes sur les circonstances de cette attaque. Je rappelle que les gus en question sont des spécialistes dans leurs domaines***. Et donc le spécialiste en biologie et bestioles en tout genre, Milburn si je me souviens bien, qui est mort de trouille dans les grottes dans lesquelles il crapahute avec son pote Fifield, quand il se retrouve face à ce serpent-anguille qui se dresse devant lui d’un air pas commode (dans la position du cobra prêt à attaquer pour vous situer) que fait-il ce con-là ? Il lui cause comme à un toutou à sa mèmère à coup de « petit petit petit » et de « viens là mon joli ». À noter qu’à deux pas de cet endroit gisent des cadavres de ceux que Shaw a surnommés les ingénieurs par dizaines, visiblement pas morts de vieillesse. Tout ça c’est du détail pour notre expert biologiste qui a juste envie de faire mumuse avec une bestiole extraterrestre au comportement ostensiblement agressif. À se demander si à l’entretien d’embauche du garçon il n’y a pas eu confusion des termes entre expert en biologie et fan d’Alain Bougrain-Dubourg. Évidemment le mec se fait trucider par l’animal de façon bien gore en plus. Mais là très franchement, il faut le dire : il l’avait bien mérité.
Tiens bis, toujours à propos de ces deux gugusses que sont le biologiste et le géologue, je me permets encore de revenir un cran en arrière sur les circonstances de leur mésaventure. Les deux gars se font attaquer par des bestioles dans une des salles du dôme que les explorateurs ont visité après leur atterrissage sur LV-233. Bien. Ils sont seuls à cet endroit et à ce moment parce qu’ils ont décidé tous les deux de se barrer du dôme sentant bien que ça puait l’embrouille ce foutoir là. Les autres (Shaw, Holloway, David et compagnie) avaient décidé de continuer l’exploration, laissant rentrer les deux pétochards au vaisseau. Sauf que ces blaireaux se sont paumés dans les couloirs du dôme. Notez bien que ceux qui avaient continué l’exploration sont ensuite rentrés tranquillos à la navette (enfin fissa quand même parce qu’il y a eu entre temps une méga tempête de sable dehors), sans éprouver la moindre difficulté à se repérer alors qu’il cavalaient pour pas se faire piéger par la tempête. Sachant que parmi les deux perdus on a le géologue de service dont le taf était, excusez du peu, d’établir un plan en 3D**** des lieux, vous remarquerez la cohérence et la plausibilité des faits. Tout cela vous paraîtra du détail peut-être, mais pour moi c’est typiquement le genre de trucs qui casse le reste et gâche la fête. J’adore la science-fiction, je ne demande qu’à croire aux extraterrestres, aux fantômes ou à la téléportation, mais pour ça il faut que tout ce qu’il y a autour, tous les détails de l’histoire soient logiques. Or, et c’est bien dommage, ce film est truffé de ces détails qui clochent et qui accumulés me gênent terriblement.
Vous voulez d’autres exemples ? Lors de la première exploration du dôme, il n’y a, je crois me souvenir, que des scientifiques chevronnés qui s’aventurent dans les galeries. Ils arrivent dans une salle qui, de façon plus magique que réellement scientifique vu les explications mormoilneuses avancées, possède une atmosphère théoriquement respirable pour l’homme. Ni une ni deux, ils décident tous de gicler les casques de leurs combinaisons. Professionnels jusqu’aux bouts des ongles les gars. On passera sous silence les risques du genre exposition à des germes extraterrestres et saloperies diverses qu’un organisme humain ne pourrait peut-être pas supporter. Et on a déjà oublié le gars qui trente secondes plus tôt précisait, va savoir pourquoi il s’est donné tout ce mal d’ailleurs, qu’il faisait une température du genre –25°C dans le dôme. Dans le genre pas crédible et pas logique, les scénaristes ont vraiment accumulé les bourdes.
Allez hop, un autre exemple pioché un peu plus tard dans le film. Shaw se retrouve avec une bestiole qui grandit dans son bide façon gestation-minute et qui promet de lui laisser un beau trou comme souvenir quand elle va en sortir. Il est donc plus qu’urgent de sortir l’intrus avant qu’il ne s’en charge lui-même. Shaw saute dans le médilab perso (je dis médilab mais j’ai oublié le nom de l’appareil : il s’agit d’une cabine automatisée dans laquelle un patient peut être pris en charge médicalement et chirurgicalement par la machine) de Vickers, ce qui est une très bonne idée faut le reconnaître. Pas de bol, le médilab en question, une machine qui vaut des millions et qui existe en très peu d’exemplaires tant elle est sophistiquée et chère… ne sait opérer que les hommes. Du coup, exit l’option césarienne. Sans déconner, le truc est à la pointe de ce qui se fait de mieux en 2089, mais c’est seulement pour les hommes ? Et c’est l’appareil perso de la CommandantE Vickers ?! Ok, d’accord, si vous le dites. Mais là où c’est fort, c’est que la machine, toute perfectionnée qu’elle est, reste très conne : quand Shaw demande une césarienne c’est un refus très machiste auquel elle est confrontée. Mais sans se démonter, Shaw se fait passer pour un homme et lui demande juste une extraction d’un objet de son bide, là la machine ne trouve rien à redire et lui extrait manu-militari la bestiole qui lui ronge les intestins. Ben voyons. Le top de ce qui se fait le mieux médicalement on vous dit. Suffit de lui raconter des bobards et elle vous opère, sans se rendre compte que Shaw n’a pas tout à fait l’anatomie masculine qu’elle dit avoir. Et puis c’est fait à la façon boucherie hein, découpage au laser très bien, sortie de l’animal à la pince comme dans une attraction de foire foraine où on essaie d’attraper des nounours et des montres à gagner, déjà c’est moins classe, et fermeture à la va-vite à l’aide de quelques bonnes grosses agrafes pour refermer le trou d’une trentaine de centimètres ouvert juste avant. En même temps l’appareil avait prévenu : c’est un truc pour hommes, pas pour chochottes. Mais bon, vous conviendrez que si visuellement ça fait une chouette scène, bien gore et bien éprouvante à voir avec du sang et tout ce qu’il faut pour avoir mal à la place de Shaw, c’est quand même pas bien crédible tout ça quand on prend juste dix secondes le temps d’y réfléchir. J’en finis avec ce passage d’anthologie : une fois que Shaw est débarrassée de son passager clandestin et agrafée à l’arrache, elle n’a pas un instant à perdre, et la fin du film se fera pour elle au pas de charge : course à pied, sauts en tous genre, bagarre… pour une opérée dans l’heure précédente, la petite Elizabeth tient une pêche d’enfer. Mais ça aussi, c’est certainement du détail et puis ça passe : de temps en temps elle fait une grimace, on sent bien qu’elle a mal quand même un peu hein. Hum.
Allez je finis avec une dernière chose qui m’a fait marrer : le coup du vaisseau alien qui se fracasse au sol pile au-dessus de Shaw et Vickers qui sont à pieds dehors. Le vaisseau en question est réellement immense, en forme de donut géant, rond donc, et il tombe sur la tranche, se mettant évidemment à rouler. Pas de bol : dans la direction des deux bonnes femmes qui par un malheureux concours de circonstances se trouvent sur sa trajectoire. Elles courent donc pour lui échapper. Dans la même direction, faut-il le préciser. Et puis arrive le moment critique où Shaw trébuche et se retrouve à terre, le vaisseau géant roulant vers elle. Et là, hop, un roulé-boulé sur le côté et la voilà sortie d’affaire. Mais bien sûr. L’autre, trop conne (le cliché de la blonde ressurgirait-il ?) n’ayant pas la présence d’esprit de changer de direction voire de juste faire un pas de côté n’a que ce qu’elle mérite : elle finit en crêpe.
J’arrête là avec la multitude d’exemples qui plombent le scénario d’incohérences, de trous, de maladresses et de conneries pas défendables. Je passerai donc sous silence l’ADN des ingénieurs qui correspond, graphique à l’appui, exactement à celui de l’Homme (sauf qu’ils sont albinos, font 3 mètres de haut et sont barraqués comme c’est pas permis). Je passerai sous silence également la scientifique renommée (Shaw donc) qui affiche face à la théorie de l’évolution que tente de lui opposer le biologiste au début du film un argument choc pour défendre l’idée que nous ayons pu être créés par des aliens : « j’ai décidé d’y croire ». Je n’évoquerai pas David qui fait des expériences, comme ça pour déconner, en faisant ingurgiter la substance noire bizarre à Holloway sans lui dire, pour voir ce que ça va donner.
Parce qu’à côté de ça, il y a des trucs pas si mal, faut le reconnaître. La volonté de Ridley Scott de ne pas marcher sur ses propres plates-bandes en livrant un énième Alien est louable. Il préfère partir sur l’idée de développer un concept ô combien intriguant qui avait pourtant marqué le premier film mais n’avait plus jamais été abordé depuis : celui du space-jockey (le personnage géant pétrifié et au ventre explosé que Ripley découvre sur LV-426 dans Alien). Et puis au gré des pérégrinations pas toujours très convaincantes des personnages, on se surprend à se poser comme eux des questions intéressantes sur le sens de l’existence et les origines (sens et origine seraient-ils liés d’ailleurs ?) de la vie mais surtout de l’Homme. Bon, on est loin de la thèse en philo hein, tout cela reste largement survolé, mais il y a une recherche de sens derrière tout cela malgré tout.
Du côté des acteurs il y a aussi du bon et du moins bon : Noomi Rapace a la hargne et l’énergie désespérée d’une Ellen Ripley, elle est en cela une très correcte successeure***** de Sigourney Weaver. Celui qui d’un avis assez général tient la dragée haute à ses petits camarades est l’excellent Michael Fassbender dans le rôle de l’androïde David. En effet ce dernier est, encore une fois allais-je dire, proche de la perfection dans son interprétation. Guy Pearce n’est pas aidé par son maquillage donc je passerai sur sa prestation. En revanche la toujours sublime Charlize Theron a hérité ici d’un rôle d’une inutilité assez confondante. Si elle n’avait pas été là, c’était pareil. Idem pour Idris Elba, et quand on sait tout son potentiel charismatique on peut regretter l’usage minimal qui a été fait de son personnage dans Prometheus.
Et puis il faut laisser à Scott un talent assez extraordinaire. Je l’avoue un peu confus, malgré la tonne de défauts dont fait preuve le scénario, j’étais pris dans le déroulement de l’intrigue, j’avais envie de savoir, j’étais tenu en haleine, j’ai marché dans certains effets même les plus téléphonés. Bref, sur le plan cinématographique pur, ce diable de Scott m’a eu. Je suis resté attentif jusqu’au bout, passant outre les parties qui m’auraient énervé en temps normal et m’auraient fait sortir de l’histoire si cela avait été un autre film. Scott est parvenu à me maintenir impliqué dans son film malgré son scénario plus que critiquable. Si ce n’est pas du talent…
Imaginez ce qu’il aurait pu faire avec une vraie bonne histoire à raconter. J’espère simplement que la suite déjà prévue sera un peu mieux écrite. Oui la suite, car en lieu et place du préquel annoncé il y a eu une petite entourloupe là aussi ; la fin de Prometheus ne permet pas de faire un lien direct avec le début de la saga Alien : aucune trace des Aliens pour l’instant, planète différente, et il y a des survivants à la fin de Prometheus qui laissent une porte largement ouverte vers une suite (une nouvelle trilogie ?)…
* Réfractaire c’est la façon polie de dire les choses. Ma pensée exacte serait plutôt Cofféènne** au sujet de la 3D au cinéma. Car oui, va falloir m’expliquer deux-trois trucs. D’abord je sais pas vous, mais moi -avant Prometheus- je n’ai jamais vu d’effet 3D dans un film qui rende l’image plus « belle » ou meilleure. Entendez par là que les films en 3D perdent systématiquement de la netteté je trouve. Que ce soit en bordure ou quand l’action est rapide, pour moi ce que je retiens avant tout de l’image, ce n’est pas qu’elle est en 3D, mais surtout qu’elle est floue. Bon, alors qu’on nous a vendu et vanté, avec raison, les bienfaits de la HD et la précision du numérique, on va maintenant te les gâcher avec une 3D baveuse, faudrait savoir. Résultat : on voit très nettement (merci la HD) des images floues (merci la 3D). Tout ça pour te fourguer la place de ciné encore 1 ou 2 euros plus cher. J’appelle ça du foutage de gueule.
** « mais c’est de la merde » pour être très précis.
*** À ce sujet, on va peut-être encore dire que je chipote, mais on a quelque chose comme une petite vingtaine de passagers sur le Prometheus, et finalement on ne fera connaissance qu’avec une petite dizaine d’entre eux, et encore superficiellement pour une partie. Là aussi ça fait une vraie et grosse différence de traitement avec Alien premier du nom, où chaque personnage (du coup ils étaient moins nombreux) était caractérisé, et où de fait leurs disparitions prenaient de l’importance. Ici il y a des gars qu’on ne verra jamais, ou juste pour se faire trucider. Ils étaient spécialistes de quelque chose, ou pas, peut-être juste toubibs, militaires ou simple passants va savoir, en tout cas chair à canon ça c’est sûr. Ben j’ai trouvé ça dommage, et un peu révélateur scénaristiquement parlant d’un certain « on s’en fout, c’est du détail et ça fait du spectacle en plus ».
**** Une des très chouettes idées du film ceci dit : les drônes qui arpentent les galeries et font un relevé 3D au laser sont visuellement géniaux à voir !
***** Successeur est un adjectif originellement masculin, mais sa mise au féminin est parfois acceptée : on va dire qu’ici c’est accepté alors !