Film d’action. Course poursuite. Chasse à l’homme. Tueur en série. Survie en prison. Thriller.
Autant de mots et de concepts qui d’habitude s’accordent avec les bons gros blockbusters américains, les films à grand spectacle hollywoodiens.
Eh bien une fois n’étant pas coutume, vous retrouverez tout ça dans un film français. Avec des acteurs français. Qui se passe en France. Et devinez-quoi ? ça fonctionne du feu de dieu. Ça s’appelle La Proie, c’est mis en scène par Éric Valette, et c’est carrément réussi.
En prison pour un braquage de quelques millions d’euros, Franck Adrien (Albert Dupontel) purge sa peine tranquillement. Il n’en a plus pour très longtemps, à peine quelques mois à tenir. Pas évident du reste, parce que le pactole est caché là, dehors, à l’attendre bien sagement, et ça il n’est pas le seul à le savoir. Certains de ses codétenus sont au parfum, et aimeraient bien faire cracher le morceau à Franck : l’emplacement de sa planque reste encore un secret bien gardé. D’ailleurs Franck n’en a parlé à personne, pas même à Anna (Caterina Murino) sa femme dont les visites sont les seuls moments de bien-être dans l’existence confinée du taulard. Pour survivre en prison, Franck a adopté un profil bas, se mêlant de ses affaires, limitant les contacts. Jusqu’à ce qu’on lui colle un compagnon de cellule hors-norme : Jean-Louis Maurel (Stéphane Debac), un jeune homme fragile et apeuré, inculpé à tort pour pédophilie. C’est le point de départ d’une sombre machination qui va entraîner Franck dans une folle course pour sa survie et celle de sa famille. Le dos au mur, Franck va devoir s’évader de prison pour retrouver sa fille alors qu’il est lui-même devenu l’ennemi public numéro un aux yeux du pays tout entier. Accusé à tort de toute une série de crimes, Franck va devoir échapper à la traque des forces de police menée par la très volontaire et très décidée Claire Linné (Alice Taglioni) pour essayer de retrouver les siens et s’innocenter de tous les crimes qu’on lui reproche.
Albert Dupontel trouve dans ce film un rôle taillé à sa mesure. Plus connu pour ses rôles comiques et burlesques (Bernie, Enfermés Dehors, Le Vilain, etc...), il a pourtant déjà à son actif de beaux rôles à teneur plus dramatique (La Maladie de Sachs, L’Ennemi Intime, l’énormissime Deux Jours à Tuer entre autres) mais très peu de rôles finalement dans de « vrais » films d’action (Le Convoyeur ou encore Chrysalis mais dans une moindre mesure). Dans le film de Éric Valette il porte sur ses épaules 1h45 d’action quasi non-stop, où l’on ne s’ennuie pas une minute. Il y a du suspense (malgré quelques gros trucs qu’on voit venir de loin), il y a du rythme, et le tout est traité avec empathie. On est avec Franck, dans la peau du personnage, dans ce qu’il peut ressentir face au piège qui se referme sur lui impitoyablement.
Mais les autres comédiens ne sont pas en reste : Alice Taglioni est bluffante dans un rôle plutôt physique et athlétique là où on s’attendrait à la voir en jolie blonde un peu fragile. Stéphane Debac est exceptionnel de justesse, ce type se fond dans son personnage tout entier, ça en ferait presque froid dans le dos ! On croise également un Sergi Lopez très convaincant ou encore un Zinedine Soualem un tantinet caricatural mais bien carré dans son rôle. Et puis bon, Caterina Murino enchante de sa beauté la pellicule tout au long du métrage, dans un rôle secondaire mais au combien important. Cela dit, en ce qui la concerne je suis conscient de ne pas être le type le plus objectif du monde : c’est simple, même dans ce truc tout raté qu’est la récente série XIII, j’ai aimé la voir...
Et puis comme Dupontel n’est pas Tom Cruise et que c’est un grand enfant un peu casse-cou qui aime n’en faire qu’à sa tête, il a pu se la jouer Bébel sur le tournage, et ainsi se permettre d’effectuer lui-même toutes les cascades qu’a nécessité son rôle. Et il y en a quelques unes pas piquées des hannetons. Entre le toit des trains, les sauts dans le vide du second étage ou encore la baston sauvage en prison, Dupontel a eu tout loisir de mettre à profit sa formation de gymnaste (et il a de beaux restes le saligaud).
Pour résumer tout le bien que je pense de La Proie je ferais donc une petite checklist :
acteurs convaincants et convaincus
scénario bien ficelé et sans temps mort
action menée tambour battant
mise en scène à la fois réaliste et efficace
Bref, tout y est pour faire de ce film de genre une vraie réussite, dans un secteur du cinéma français (le film d’action) qui n’en connaît pas tant que ça.
Merci Éric Valette, merci Albert Dupontel.
Good job.