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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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Série(s) en cours

13 février 2007 2 13 /02 /février /2007 21:45

En supplément à mon article sur cette excellente série qu’est Six Feet Under, je voulais revenir plus en détails sur l’un de ses personnages principaux, Nate Fisher (interprété par Peter Krause).


Comme je l’avais souligné, Six Feet Under tire l’essentiel de sa force et de son intérêt de ses personnages. Tous sans exception sont d’une vérité et d’une justesse confondantes, et à ce titre ils sont tous très intéressants. Mais il y en a un pour moi qui sort du lot, et qui m’a touché et ému encore un peu plus que les autres. Il s’agit de Nate, pour tout ce qu’il représente et incarne à mes yeux. À vrai dire, je dois bien l’avouer, je suis tombé en plein dans le piège de l’identification et de la projection. Piège qui s’est refermé rapidement sur moi et qui s’est révélé parfois cruellement révélateur.

Sans vouloir trop en révéler sur les différentes intrigues de la série, je vais essayer d’expliquer pourquoi Nate m’a si profondément marqué.

Au début de la série, Nate est présenté comme le type cool, bien dans sa peau, gentil et sympa, quoiqu’un brin solitaire et peut-être aussi un peu individualiste. On sait de lui qu’il a quitté la maison familiale très tôt, pour fuir un avenir qui lui semblait être tout tracé et qu’il considérait comme inapproprié pour lui. Il avait grandi dans une entreprise de pompes funèbres, a été très tôt au contact de la mort, et il voulait plus que tout vivre loin de cette ambiance et de ce métier. Par conviction, par vrai dégoût ou seulement en vertu du principe de l’opposition père / fils aîné post-crise d’adolescence tardive, on ne le saura jamais vraiment avec précision. Certainement un mélange de tout cela.

Mais voilà qu’à 35 ans, le destin le rattrape. Après la mort accidentelle de son père, Nate va se retrouver avec son frère David (son exact opposé de ce point de vue, David tient plus que tout à l’entreprise familiale) à la tête de cette entreprise de pompes funèbres qu’il a tant cherché à fuir. Nate est face à un choix : soit il refuse ce rôle et l’entreprise de son père à laquelle sont très attachés sa mère et son frère (et qui plus est qui fait office de maison familiale) disparaîtra, soit il accepte d’exercer ce métier qu’il déteste depuis toujours et assume son statut d’aîné en prenant en quelque sorte la place laissée vacante par son père, celle de l’homme de la maison.


Nate va choisir de ne pas laisser tomber les siens, quitte sa vie de célibataire libre et sans responsabilité qu’il avait à Seattle et s’installe à Los Angeles pour enfiler le costume de ce qu’il s’était pourtant juré de ne jamais être : un croque-mort version moderne.
Cela ne se fera pas sans peine pour lui, mais entre désintérêt et dégoût, il parviendra à donner le change tant bien que mal.

Outre ses difficultés à bien accepter son nouveau métier, Nate va vivre une histoire d’amour plutôt tumultueuse avec Brenda. Entre prises de becs, réconciliations, jalousies et sentiments profonds, leur relation bascule indifféremment du chaud au froid selon les jours. Mais on sent bien que ces deux paumés des relations sentimentales qui n’ont jamais vraiment su ce qu’est une relation stable et durable à deux, se sont trouvés et s’accrochent l’un à l’autre comme à une bouée de sauvetage, sans se l’avouer.


Bref, dans les deux premières saisons, on vit vraiment les difficultés de Nate avec lui, on ne peut s’empêcher de le soutenir, de vouloir le voir surmonter les embûches. Comme je le disais plus tôt, dès le départ et de façon naturelle et inconsciente, je me suis identifié au personnage. Non pas que je me considère comme le beau gosse sympa qu’incarne Peter Krause à l’écran (loin de là !... d’ailleurs petit aparté : ne serait-il pas bien mieux avec des moustaches à la Magnum ce grand chevelu, hmm ? ), mais surtout parce que sans en avoir pris conscience je me retrouvais dans ses pensées, ses réactions, ses doutes, et ses difficultés face aux choix qui se présentent à lui.

Puis arrive ce que je considère comme la grosse rupture de la série, le moment où elle bascule vers autre chose, où elle prend un autre visage, plus dur. Et c’est justement à travers le personnage de Nate que cela se ressent le plus, comme s’il était le symbole de tout ce que les auteurs veulent faire passer de sombre dans Six Feet Under. À partir de la troisième saison Nate change du tout au tout. Il devient sans prévenir quelqu’un d’autre. Il se retrouve devant de nouvelles responsabilités et face à de nouveaux choix, et prend des décisions qu’on ne l’aurait pas imaginé prendre dans les saisons précédentes. Alors que la seconde saison finit de façon tout à fait dramatique, la troisième reprend dans un cadre limite malsain, quelques temps après la fin de la seconde saison. On découvre ce qui s’est passé entre temps et qui fait que Nate se retrouve dans une situation inattendue et inédite.


Pour tout dire, j’étais tellement désorienté par cette troisième saison que j’ai cru (et espéré un peu aussi) pendant les 4 ou 5 premiers épisodes qu’il s’agissait d’une immense farce issue de ses rêves éveillés que font parfois les personnages au cours de la série. Tant je ne retrouvais pas le personnage auquel je m’étais habitué et attaché. Et les trois dernières saisons vont être pour Nate un chemin de croix durant  lequel il va faire un long, très long parcours afin de se retrouver lui-même tout en assumant toutes ses responsabilités.

Trois saisons durant lesquelles il m’est même arrivé de le détester tant je trouvais qu’il faisait fausse route, tant j’espérais des réactions qui ne venaient pas, tant je n’étais pas d’accord avec ses choix, tant j’avais envie de le retrouver tel qu’il était au début de la série.

Et ce n’est qu’avec un peu de recul que je me suis rendu compte de la vraie raison pour laquelle je m’étais mis à le détester par moments. Exactement pour la même raison qui m’avait fait l’aimer. Par identification.


Car même dans ses pires moments, même lorsque le personnage était aux antipodes de ce que j’aurais aimé voir, j’arrivais encore à me retrouver en lui. Dans ses doutes, ses erreurs, ses choix impossibles, ses angoisses et son rapport à lui-même.
C’est très certainement le point très précis qui fait de Nate Fisher un personnage de fiction qui me paraissait si réel qu’en le voyant je faisais abstraction du contexte fictionnel. Le rapport du personnage à lui-même. Ce questionnement permanent dans lequel évoluait Nate au fil des saisons, cette recherche éperdue de lui-même.
Voilà ce qui m’a intimement marqué chez lui, et voilà également où se situe exactement le lien si profond que j’ai avec lui.

Nate, sous ses dehors sympa, cool, détendu et sûr de lui, est un monstre de doutes. Il se pose sans cesse des questions sur sa vie, son avenir, ses choix. Il cherche désespérément à trouver un équilibre entre ce qu’il est, ce qu’il voudrait être et ce qu’il devrait être. Il est sans arrêt au centre d’un combat entre le naturel, l’envie, la raison et le devoir, et ça le ronge d’autant plus qu’il n’existe pas de réponses définitives aux questions qu’il se pose.


Alors qu’au début il n’est qu’une sorte de grand adolescent insouciant qui a du mal à accepter de devenir un adulte, il devient un homme qui face aux aléas de la vie ne sait plus trop qui il est. Un homme qui est obligé de faire des choix, et tout imparfait qu’il est, qui se trompe parfois, y compris en voulant bien faire. Un homme qui se retrouve dans l’obligation d’assumer ses décisions et qui se refuse le droit de les regretter.

Nate Fisher est l’illustration même des trois facettes  qui forment chaotiquement une personne : ce qu’elle s’imagine être, ce qu’elle aimerait être, et ce qu’elle est vraiment. Et parfois, dans des moments difficiles de la vie, généralement de façon inattendue, les trois facettes prennent conscience de l’existence les unes des autres, et c’est alors que s’engage le vrai, le seul combat qui vaille d’un homme : se trouver ou se perdre.
Et ces moments sont à l’image de la vie. Pas forcément beaux, pas forcément drôles, et sans la moindre assurance de réussir, ni de bien finir.


Voilà pourquoi j’ai tellement aimé Nate. Parce que je l’ai regardé évoluer et que j’ai fini par comprendre que non seulement il s’adressait directement à moi, mais bien plus que cela, il me parlait de moi.
J’ai rencontré un personnage d’une série télé, un héros de fiction.
Il s’appelait Nate Fisher, et dans une autre vie il était moi.


 

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commentaires

L
C'est fou pourrait-on dire. Je tombe sur votre petite note, 15 ans après sa rédaction première, comme si elle avait été perdue pour ensuite être aperçue dans le flot continuel d'un temps qui passe beaucoup plus vite, ici, sur internet. Oui, c'est fou. Et on pourrait même profiter de cette fabuleuse capsule temporelle de 15 ans, pour se rendre compte qu'au fond, nous ne vivons pas mieux ou pas moins bien que tous ceux qui étaient là avant nous. Non, nous nous survivons. Simplement. Et c'est déjà pas mal.
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S
Merci Laidwin pour ce commentaire qui fait remonter à ma mémoire cet article. 15 ans... et pourtant en le relisant, c'est comme si je l'avais écrit hier. Je crois pouvoir dire qu'en 15 ans j'ai profondément changé, évolué. Mais malgré tout, je ne changerais pas une ligne à ce texte, dans lequel je me retrouve toujours. Peut-être même encore un peu plus aujourd'hui avec l'expérience supplémentaire acquise avec le temps. On verra dans 15 ans... ?
X
voilà, vous venez de résumer totalement ma pensée dans votre note si claire, si vraie....j'ai fini récemment la série et nate m'a profondéméent marqué pour les mêmes raisons que vous....je me souviens encore de sa phrase "j'en ai assez de faire toujours ce que les autres attendent de moi"..... merci pour ce très bel article, si vrai...
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S
<br /> Cher xxx c'est moi qui vous remercie d'avoir pris le temps de laisser ce commentaire et pour le compliment.<br /> <br /> <br />
S
Mooutche >> Merci :o)   L'absence de commentaires sur les photos est effectivement voulue, tout simplement parce que je ne savais pas quoi y mettre, et parce que je trouvais que les photos parlent d'elles-mêmes. Pour les "vrais hommes" j'avais compris ne t'inquiète pas ;o).
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M
Et.. quand je disais "vrai homme", je pensais aux gros durs à cuire à la Schwarzy qui prefereraient s'arracher une dent plutôt que d'avouer qu'ils pleurent devant une fiction... en opposition à une fille comme moi qui finalement pleure asse souvent devant un bon film ou une bonne série (mais seulement quand c'est un peu triste, hein !!! :oD), loin de moi l'idée de vous déprecier dans votre condition d'homme !
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M
Quelle belle note ! Elle complète très bien la précedente, et elle est très émouvante (comme Spooky, j'avais quelques larmes aux yeux... :o) ) et personnelle. A travers l'éclairage que tu apportes au personnage de Nate, on sent les doutes, les réflexions... j'aime beaucoup, peut-être pas parce que je m'identifie à Nate,  mais plutôt parce qu'il y a des questions auquelles il n'existe pas de réponses et surtout parce que tu te dévoiles. Bravo pour ça.<br /> La première chose que j'ai remarquée sur cet article, c'est que c'est l'un des seuls (ou le seul ?) où il n'y a pas de commentaire sur les photos (je ne sait pas si ça a un nom : l'étiquette qui s'affiche quand tu passes le pointeur de la souris sur la photo)... C'est voulu ? C'est parce qu'il n'y a rien à ajouter ? ou alors parce que serait trop décalé par rapport au contenu de l'article ? (du genre "Nate sait aussi faire la vaisselle" ou "Claire et Nate au clair de lune" ou "Le beau gosse aime son polo marron")... :oDEn tout cas, j'aime bien la photo de Nate et Brenda et leur beau tshirt psy... ;o)
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S
Pierig >> merci pour tes éléments de réponse ! D'autant plus intéressant venant de la part de quelqu'un qui n'est pas un série-vore convaincu comme Spooky ou Yaponchik par exemple. Cela dit peut-être devrais-tu te lancer sur l'une ou l'autre des séries HBO (au hasard...) c'est à mon avis là en ce moment qu'il y a le plus de créativité, d'originalité et d'audace. Bien plus qu'à Hollywood si tu veux mon avis. Bon, en tout cas je retiens de ce que tu m'as dit que mon article reste "abordable" même en ne connaissant pas le personnage dont il est question. Je suis bien content tiens. ;o)
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P
Alors, puisque tu voulais avoir l'avis d'une personne n'ayant pas vu la série, je pense faire l'affaire. Cest ien simple, je ne suis aucune série, la raison étant le manque de temps et sans doute aussi d'intérêt (peu importe la qualité objective de la série). J'ai été sensible à ta note même si ça n'a pas été à un point semblable à celui de Spooky. Je comprends tout à fait qu'on puisse non seulement s'attacher à un personnage fictif mais en plus s'identifier à lui. Je pense effectivement qu'un film ou une série qui arrive à ce stade atteint son but (et ce ne doit pas être fréquent). Alors voilà, j'ai pas vu la série mais je comprends tes sentiments à son sujet. Ca répond à ta question? :)
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S
Spooky >> Voila, comme promis je prends le temps de répondre à tous tes commentaires d'hier !<br /> Visiblement cette note t'a plu, et ça me fait très plaisir. Je ne sais pas si comme tu le dis c'est ma note la plus touchante, en tout cas c'est une des plus essentielles que j'ai écrites.Je pense qu'elle a dû te toucher plus particulièrement parce que tu connais la série et que comme moi tu l'as aimée.Je me demande comment est pris cet article par quelqu'un pour qui Nate est un parfait inconnu. D'ailleurs je serais curieux de le savoir (si quelqu'un est dans ce cas, qu'il n'hésite pas à répondre).<br /> Alors  comme ça toi non plus tu n'es pas un "vrai homme", tu pleures devant ta télé ? ;o)<br /> Je sais que David est le personage qui prend le plus d'ampleur au fur et à mesure de l'avancée de la série, et il est magnifiquement bien écrit et impeccablement interprété.C'est juste que David m'a moins touché que Nate, mais je les ai tout autant appréciés l'un que l'autre, pour des raisons différentes.<br /> Quant aux 4400, au grand dam de ma frangine je n'ai jamais vu un seul épisode... donc je ne connais absolument pas le générique. Mais je piquerais bien un de ces jours les dvd de ma soeur...<br /> Ah et puis je confirme pour Carla Bruni et j'en profite pour avoir une petite pensée envers son opposée mammaire, Anna Nicole Smith...Et mon collègue de bureau à moi est un type formidable, comme quoi en la matière il n'y a pas de règle, c'est juste que tu n'as vraiment pas de bol ! ;o)<br /> Je sais trop ce que c'est que le mal de dents, je te plains vraiment...<br /> Voilà. Si tu as d'autres choses à ajouter, ne te gêne pas pour le faire ! :o)
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S
<br /> Je rectifie juste une petite chose au passage : ne tiens pas compte de ce que je disais sur mon collègue de bureau, je suis très mauvais juge en la matière, je l'ai réalisé un peu tardivement.<br /> <br /> <br />
S
ah oui c'est ça :)
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S
Spooky >> merci pour tous ces commentaires, j'y répondrai plus en détail demain, mais d'ici là le nom que tu cherches ce ne serait pas Alan Ball par hasard ?  ;o)
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