Voici le titre parfait. En effet, Des Serpents dans l’Avion est à la fois le titre, mais aussi le pitch de départ ainsi que le résumé parfait de tout ce qui se déroule à l’écran.
Il y a un avion. Dans cet avion il y a, outre les passagers, une multitude de serpents venimeux de toutes sortes. Refermez, mélangez le tout, et vous obtenez un film de série Z dans la plus pure tradition.
Enfin de série Z pas tout à fait… du moins si c’est le cas sur le fond, il n’en est rien sur la forme. Des Serpents dans l’Avion c’est peut-être un scénario qui tient en une simple phrase, mais c’est aussi un film qui n’hésite pas sur les effets spéciaux de qualité et une tête d’affiche qui porte une bonne partie du long métrage sur ses seules épaules : Samuel Lee Jackson (la rumeur veut qu’il aurait accepté le film rien que sur son titre !).
Parce qu’une chose est sûre et certaine, Jackson tient là un rôle écrit sur mesure pour lui. Un film où ça pète, où les punchlines pleuvent et où il joue le gars couillu toujours à la cool, à qui rien ne résiste et qui vient à bout de tout le sourire aux lèvres et sans le moindre effort apparent.
L’argument de départ du film est on ne peut plus simple, ce qui a le double avantage de ne pas compliquer volontairement quelque chose qui n’en vaut pas la peine (ou autrement dit : pourquoi faire compliqué si on peut faire simple ?), et de permettre d’aller directement au vif du sujet, à savoir dans un avion qui transporte des centaines de serpents mortellement dangereux.
Un jeune homme (Nathan Phillips alias Sean Jones) est témoin d’un meurtre crapuleux incriminant le chef de la pègre de Hawaï en personne. Il doit aller témoigner à Los Angeles et c’est l’agent spécial du FBI Neville Flynn (Samuel L. Jackson) qui est chargé de l’escorter. Pour ce faire il réquisitionne une partie de l’avion de ligne dans lequel officie la jolie hôtesse de l’air Claire Miller (Julianna Margulies). Mais la mafia, bien décidée à ce que le témoin n’arrive jamais à destination, s’arrange pour inclure dans la soute de l’appareil une cargaison impressionnante de serpents venimeux en tous genres. Ceux-ci sont libérés par une minuterie et se répandent dans tout l’avion, rendus fous d’agressivité par une hormone qui a été soigneusement dispersé sur les colliers de fleurs offerts aux passagers. À partir de ce moment le carnage commence, les serpents s’insinuent partout et mordent tout ce qui passe à portée de crocs. Flynn va devoir se démener pour ramener l’avion à bon port et garder son témoin en vie…
Évidemment dans la salle on n’attend qu’une chose, c’est que les serpents attaquent, et on n’est pas déçu puisque non seulement ça arrive très tôt dans le film, mais surtout parce que l’attaque est d’une rare sauvagerie pour un film hollywoodien actuel. Les serpents sont visiblement de beaux sadiques et ils ne semblent totalement satisfaits que s’ils parviennent à bien faire souffrir leurs victimes. De ce point de vue le réalisateur David R. Ellis (qui a déjà fait preuve de son dynamisme dans Destination Finale 2, et qui a commis le plus regrettable mais musclé Cellular) se lâche complètement et se fait visiblement plaisir en mettant en scène les morsures les plus horribles dans les situations les plus diverses. Les baiseurs fous qui s’envoient en l’air dans les toilettes de l’avion ouvrent le bal, et dès lors c’est une véritable bataille rangée entre les reptiles malfaisants et les passagers paniqués. D’ailleurs la galerie des personnages est truculente comme dans tous les films de ce genre, mais rares sont ceux qui s’en tireront indemnes…
Au départ j’avoue que je n’étais pas très chaud pour voir ce film en salle, me disant qu’une vision en dvd tranquillement installé dans mon salon suffirait amplement. Et à vrai dire, je n’ai pas trop changé d’avis à ce sujet, mais cela dit je ne regrette absolument pas de m’être déplacé pour le voir au cinéma. J’ai passé un très bon moment de franche rigolade, devant un film totalement décomplexé et qui assume son statut de nanar bourrin. Les effets sont là, l’humour est là, et surtout ce qui place Des Serpents dans l’Avion loin, très loin devant tous les films de genre auquel il s’apparente (entendez par là, tous ces films où des vilaines bébêtes attaquent les gentils héros), c’est sa méchanceté non-censurée et jouissive. Personne n’est à l’abri, ni les jeunes ni les vieux, ni les hommes ni les femmes, ni les sympas ni les affreux. Tous sont des victimes potentielles, et nombreux sont ceux qui sortiront de l’avion les pieds devant. Ellis se permet quelques moments de pure sauvagerie et des répliques tout sauf politiquement correct (le fameux « I’ve had it with these motherfuck’ snakes on this motherfuck’ plane ! » en tête). Rien que pour ce jeu de massacre, le film mérite le coup d’œil et se démarque d’un film comme Arac Attack très amusant lui aussi mais largement moins jusqu’auboutiste que son compère reptilien.
Alors Des Serpents dans l’Avion est plus que conseillé si vous voulez vous plonger dans un bon film bourrin, drôle et méchant, visuellement très réussi. Sachez juste que le scénario est la portion congrue du film, mais soit dit en passant quand on va voir un film avec un titre pareil, on n’y va pas pour voir du Shakespeare, mais … des serpents ! Et là, pas de déception, bien au contraire.
Donc histoire de se laisser aller un bon coup avant d’entamer une rentrée certainement très sérieuse, se priver de ce film serait une erreur. À bon entendeur…