Comme le genre connaît un regain de popularité en ce moment (des récents succès tels que The Descent ou Massacre à la tronçonneuse version 2005 sont là pour en témoigner), ce vieux briscard de Wes Craven a lancé et produit le remake de son propre film. Préférant ne pas tourner deux fois le même film (ce qui ne l’avait pas gêné du reste pour la série des Scream…), il a laissé le poste de réalisateur à un petit frenchie venu faire ses armes à Hollywood, Alexandre Aja.
Alexandre Aja s’était au préalable fait remarquer avec son second long métrage qui avait eu l’effet d’une bombe dans tous les festivals auxquels il avait été présenté : Haute Tension (avec une Cécile de France encore peu connue à l’époque et le toujours excellent Philippe Nahon à l’affiche). Fort de ce bagage plébiscité aussi bien par le public que par les professionnels, Aja s’est vu proposer ce remake un peu inattendu.
Et il faut bien avouer que pour son premier film hollywoodien (gageons qu’il y en aura d’autres), le jeune réalisateur français a fait fort, très fort. La Colline a des Yeux relève d’un concept archi-classique dans son genre : une famille américaine type (un couple quinquagénaire adepte de l’auto-défense, leur fille aînée, son mari et leur bébé, et leur deux autres enfants à la sortie de l’adolescence) part en vacances et se perd en plein désert en voulant couper au plus court. Mais dans ce désert, bordant un ancien site d’essais nucléaires de l’US Army, vit une communauté d’autochtones dégénérés, violents et cannibales, descendants d’anciens mineurs exposés depuis des générations aux radiations et oubliés de la grande Amérique triomphante.
Évidemment, la famille de vacanciers va faire les frais de cette rencontre désagréable, et dès lors le film bascule dans l’ultra-violence et le gore le plus macabre.
Interdit en salle aux moins de 16 ans, le film n’est effectivement pas à mettre devant tous les yeux. De par les handicaps physiques et les visages déformés des irradiés, la violence des assauts et de certaines scènes-choc, et l’ambiance très malsaine qui se dégage des images, La Colline a des Yeux a de quoi choquer les âmes les plus sensibles.
Mais pour qui aime le genre, le film réjouit et sait ménager à la fois le suspense tout en soignant l’action et l’horreur (l’attaque de la caravane et le périple dans le village en ruine sont des passages très forts).
Bien que cette nouvelle version n’a pas la chance de bénéficier du charisme de l’inoubliable Michael Berryman comme le premier film (vous avez droit à la place à la présence d’une héroïne de Lost, Emilie de Ravin, la belle à la place de la bête en quelque sorte), le remake est parfaitement bien mené et réussi. Alexandre Aja démontre ici et sans ambiguïté, que les français aussi savent faire du vrai cinéma de genre. Nombreux même, sont ceux qui jugent son film supérieur à l’original de Wes Craven.
Alors si vous avez le cœur bien accroché et l’envie de vous faire un peu peur dans la pénombre d’une salle de cinéma, La Colline a des Yeux répondra sans problème à vos attentes. C’est un vrai bon film d’horreur (et il n’y en a pas tant que ça !). Si vous êtes allergique au genre, passez votre chemin et allez voir Nos Voisins les Hommes, le dernier film d’animation de DreamWorks !