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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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3 avril 2006 1 03 /04 /avril /2006 01:54

Ca bouge pas mal en ce moment dans la rue, les manifestations vont bon train et le CPE est dans toutes les bouches… Notez bien que ce ne sont pas les manifestations qui m’étonnent, mais plutôt le fait qu’elles n’arrivent que maintenant, je pensais que ça pèterait déjà beaucoup plus tôt que ça !
Il y a quelques semaines je m’étais déjà fendu d’un article au sujet des CNE / CPE (par ici si par hasard vous désirez le (re)lire), je vous épargnerai donc un long et fastidieux rappel des raisons pour lesquelles je suis foncièrement contre ce nouveau contrat de travail.

Par contre je voudrais revenir sur quelques points soulevés ici ou là et qui m’ont paru intéressants, dans les débats télévisés et radiophoniques, sur des forums que j’ai pu lire dernièrement ou au cours de discussions informelles avec des amis. Excusez d’avance le manque de construction de ce qui suit, cela ressemble plus à une énumération de points qu’à un argumentaire travaillé et savamment articulé…

D’abord j’entends souvent la réflexion selon laquelle les manifestations actuelles sont indignes d’une démocratie parlementaire, qu’une loi votée par les représentants des électeurs doit être appliquée par principe et non pas contestée, et pour reprendre la phrase de certains hommes politiques, que « ce n’est pas la rue qui gouverne ». J’ai plusieurs choses à dire à ce sujet, qui évidemment n’engagent que moi, mais qui auront au moins l’intérêt de vous faire passer un quart d’heure si vous avez du temps à perdre ! :o)

La première chose, c’est que la démocratie signifie : « le pouvoir au peuple » (je ne connais pas l’étymologie grecque exacte, mais le sens est là).
C’est un très beau concept, difficile à appliquer et extrêmement fragile. Ses démons se nomment démagogie, populisme, poujadisme, manipulations, formatage des idées. Et pour tenter de mettre un peu d’ordre dans la démocratie, nous avons un système parlementaire : en gros le peuple élit ses représentants qui eux s’expriment en leur nom pour mettre en place les lois et les règles communes qui sont les bases de la vie en société.
Mais avoir un régime parlementaire, cela ne signifie pas que le peuple ne puisse plus s’exprimer directement, par des manifestations ou des grèves par exemple. Il doit impérativement pouvoir le faire quand ceux qui le représentent ne reflètent par leur avis. Se faire entendre n’est pas anti-démocratique ou anti-constitutionnel, au contraire, c’est un acte civique (et donc politique) fort qui témoigne d’un engagement responsable et d’une participation active à la vie de notre société. Si sur un point précis, on n’est pas d’accord avec ceux qui sont censés nous représenter, il faut le dire, c’est même selon moi le signe d’une conscience collective saine et réactive. Et quand le peuple s’exprime avec une telle intensité que ces derniers jours, je crois qu’il est vraiment indéniable que le message devrait être entendu et pris en compte par les pouvoirs politiques.

Le mouvement contestataire a été initié par les organisations étudiantes, et quelque part cela me rassure. L’ampleur qu’il a pris prouve à mes yeux que ceux qu’on englobe sous le terme générique « jeunes » sont en vérité plutôt loin de l’image qu’on veut bien s’en faire traditionnellement. Alors que d’habitude on décrit le « jeune » comme m’enfoutiste, complètement déconnecté de la vie politique du pays et sans conscience civique, les événements récents apportent un démenti fabuleux à ces idées préconçues. Non ils ne s’en fichent pas, oui ils se soucient de leur avenir et de l’avenir du pays, oui ils ont des convictions sociales et des opinions politiques. Et vraiment, ça me rassure, et même me rend fier. Je me dis que cette jeunesse si souvent mise à l’index, sait encore prendre ses responsabilités, se battre pour son avenir et s’investir dans la société, monter au créneau pour défendre leurs valeurs.

Mais … bien sûr il y a un « mais ».
L’engagement politique des jeunes ne doit pas masquer le problème annexe qui s’est greffé sur les manifestations. Je veux parler de ces casseurs qui trouvent dans les mouvements de foule actuels l’occasion de perpétrer des actes proprement scandaleux. Destructions de voitures, vitrines fracassées, poubelles incendiées, magasins dévalisés, manifestants sauvagement attaqués, volés et roués de coups, le tout sous les yeux des journalistes et des forces de l’ordre un peu dépassées par les événements.
Non seulement ces actes sont honteux et intolérables, mais en plus quelques indélicats (appelons-les avec pruderie ainsi) en profitent pour éclipser volontairement les revendications anti-CPE au profit de la mise en avant de l’insécurité. Et dès lors l’amalgame n’est pas loin, et le pas souvent allègrement franchi vers le raccourci scandaleux qui sous-entend : les jeunes manifestent contre le CPE + des jeunes casseurs s’infiltrent dans les manifestations = les jeunes anti-CPE cassent tout.
Ou comment l’acte civique de la manifestation politique pour un enjeu sociétal se transforme en deux coups de cuillère à pot et trois images (j’allais dire manipulations) choisies et isolées par quelques médias, en incivilités de la pire espèce. Du coup, le message politique des jeunes qui manifestent en toute conviction est sciemment relégué au second plan et on parle à sa place des débordements de quelques voyous qui n’ont rien à voir avec les étudiants. Que certains s’en servent pour essayer de décrédibiliser le mouvement anti-CPE m’énerve au plus haut point.
Oui les actes de ces casseurs sont totalement intolérables. Non ils n’ont rien à voir avec le débat d’idées autour du CPE.

Deuxième point important : puisqu’il est question de représentativité et de légitimité du pouvoir, il y aurait des choses à dire … Souvenons-nous comment est arrivé en place le gouvernement actuel. Combien de gens ont voté Jacques Chirac en 2002 pour son programme et avec une réelle conviction ? 19% environ. Les 19% de voix qu’il a obtenu à l’issue du premier tour des présidentielles. L’intrus d’extrême-droite au second tour a totalement privé la France d’un débat gauche-droite. Alors que certains sondages allaient même jusqu’à donner Jospin gagnant en face à face contre Chirac, le score inattendu de Le Pen a tout changé. Dès lors, au second tour le choix s’imposait : élire un démocrate ou un facho en puissance. Je me suis évidemment précipité pour voter Jacques Chirac au second tour, mais pas pour son programme ou ses idées politiques avec lesquelles je ne suis pas souvent d’accord (bien que sur certains points je l’ai trouvé très bon, en particulier lors de la crise en Iraq). Je l’ai fait pour réduire au minimum le pourcentage qu’obtiendrait Le Pen au second tour. Parce que contre une menace de l’envergure du FN, il faut faire front et mettre de côté nos mésententes politiques. Mais on aurait pu imaginer que Chirac prenne conscience de la réalité des choses. Que son score de 82% digne d’une république bananière ne reflétait en aucune manière un plébiscite pour sa personne, mais avant tout un rejet net de son concurrent.
Un minimum d’humilité eut été de mise je crois.
Je pensais sincèrement que le président allait constituer un gouvernement un minimum composite, plus penché vers le centre qu’à droite. Mais non, il ne l’a pas fait. On a vu ce que ça a donné depuis : Jean-Pierre Raffarin est devenu le premier ministre le plus impopulaire de la 5ème République, et tous les suffrages depuis 2002 ont à chaque fois été des votes qui désavouaient le pouvoir en place (pour les Régionales et le Référendum européen c’était indéniable par exemple). Avec la nomination de Dominique de Villepin on pensait avoir un chef de gouvernement plus ouvert, plus diplomate et plus rassembleur que le précédent … aujourd’hui il y a une rupture encore plus grande entre les français et le gouvernement (aux derniers sondages, environ 70% de personnes contre le CPE, et ça n’arrêtait pas d’augmenter). Alors quid de la légitimité de ce gouvernement et donc de ses projets ?

Et pour en terminer avec cette histoire de légitimité, j’aimerais aussi juste souligner une incohérence qui démontre bien la différence entre les discours et les actes des dirigeants actuels. En 2004 a été voté un texte de loi dit « Loi Fillon » (sur lequel il y aurait énormément à redire d’ailleurs) qui amorça ce qu’on a appelé alors le « détricotage du droit du travail » mais qui a cependant un mérite qu’il faut bien lui reconnaître : elle stipule que toute modification future apportée au droit du travail doit impérativement passer au préalable par la concertation avec les partenaires sociaux.
Et qu’a fait le gouvernement avec le CPE ? L’exact inverse : il a sorti un texte de loi tiré de son chapeau, sans la moindre concertation, sans le moindre débat d’idées ni discussion préalables. Plus fort même, il a fait passer cette loi par le fameux 49.3, qui l’a soustraite d’un vote à l’assemblée !

A moins qu’on vienne m’expliquer que le CPE n’a rien à voir avec le droit du travail (selon moi il le bouleverse de fond en comble), j’aimerais savoir dans quelle logique, dans quelle cohérence se situe cette façon de procéder.
En gros, on dit « on ne fera rien sans vous concerter », et on fait exactement le contraire. On dit « on restera inflexible sur le CPE », et on  prône le dialogue social en même temps. Il serait peut-être temps d’accorder actes et discours non ?
Et il serait peut-être aussi temps d’écouter un peu ceux qui protestent dans la rue plutôt que de leur répondre un ironique « j’entends aussi ceux qui ne disent rien », parce que ce genre de pirouette linguistique c’est joli en littérature, mais en politique ça aurait plus tendance à crisper ceux qu’on bassine à longueur de temps avec le « dialogue social ».

S’entendre dire « vous n’êtes pas d’accord parce que vous n’avez pas compris, je vais vous réexpliquer », ça commence à bien faire, et ça en devient vexant de se faire prendre pour des neuneus au bout d’un moment. On a bien compris ce qu’est le CPE, merci. C’est justement pour cette raison que tant de gens manifestent.
Il serait grand temps pour les uns et les autres de prendre leurs responsabilités, de laisser de côté les problèmes d’ego et d’orgueil et les conflits de personnes pour enfin avoir un échange constructif (n’est-ce-pas messieurs Villepin et Sarkozy ? n’est-ce-pas messieurs de l’inter-syndicale ?), histoire de faire avancer enfin les choses.

Malheureusement, je n’ai pas l’impression que la tournure des événements prenne cette direction. Quand je vois nos parlementaires se gargariser d’un lapsus du premier ministre (son inversion entre démission et décision), qui pour s’en moquer qui pour le défendre alors que ce n’est franchement pas ce qui importe je crois, je désespère. La politique ne serait donc devenue qu’un concours de bons mots ? On n’est pas sorti de l’auberge : quand quelques humoristes font de la politique, voilà que les hommes politiques se mettent à jouer les rigolos.
Et dire que certains dénoncent les Guignols de l’info comme étant trop caricaturaux …

 

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commentaires

S
Gaëtane >> héhé... et encore on a fait court ! :o)En tout cas je suis content d'avoir l'avis d'une étudiante. Je ne crois pas que ce soit réducteur, c'est juste qu'il y ade tout parmi les attitudes de étudiants.Rico >> ah mais ne t'inquiète pas mon GI Joe en sucre, certains de tes arguments m'ont permis de bien approfondir mon propos, tu n'écris pas en vain sur ce blog ! :o)Sinon, Christine Boutin, comment dire ? Aaaargh !
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R
Comment çaaaaa ? Tu n'aimes pas Christine Boutin ???<br /> Ben ouais, je rôde jamais bien loin du blog, j'y trouve plein de trucs intéressants, et ce genre de sujet permet d'échanger des points de vue qui n'ont pas toujours la même approche, et perso ça me permet d'enrichir mon raisonnement. Si l'on raisonne en vase clos, on s'enferme dans ses théories, et ce n'est jamais bon. J'ai bien noté certains de tes arguments qui me paraissent pertinents. Avec un peu de persévérance, ce sera réciproque, lol ! <br />  
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G
<br /> Mon dieu je n'ai jamais vu de commentaires aussi longs!<br /> J'ai lu tout ton article, que je trouve extrêmement bien écrit, et pour tout dire lumineux.<br /> Je mettrai seulement un bémol sur le bel élan d'engagement politique des "jeunes"...pour l'avoir vu de mes yeux, encore cet après-midi, parmi eux il y en a aussi beaucoup qui manifestent........................pour ne pas aller en cours T_T c'est peut-être réducteur, mais c'est hélas vrai.
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S
Rico >> Héhé, je vois que tu prends goût à intervenir sur mon blog, et c’est tant mieux ! J’en profite pour t’en remercier au passage. Bon, cette fois-ci je vais tâcher de faire un peu plus court pour ma réponse quand même…En ce qui concerne les syndicats et leur implication politique, ma foi ça ne me choque absolument pas. Je veux dire que ce genre de questions qui touchent le droit du travail, l’organisation socio-économique du pays, ont un caractère éminemment politique aussi. Toute l’histoire de France, de la lutte syndicale et des avancées sociales de notre pays en témoignent, syndicalisme et politique sont indissociables par nature. J’ai du mal à imaginer un syndicat qui n’ait aucun parti pris politique, ça me semble complètement aberrant et contre-nature. M’enfin bon, c’est peut-être ma conception des choses qui est un peu bizarre, mais j’aimerais bien l’avis d’autres personnes à ce sujet.Les jeunes s’engagent en priorité au sujet du CPE, c’est quand même facilement compréhensible, tout simplement parce que ça les touche en tout premier lieu. J’aime à croire que ce genre d’engagement débouchera sur d’autres prises de positions sur d’autres sujets, un peu moins centré sur leur monde. Oui, oui, je sais ce que tu vas dire, je suis un incorrigible optimiste :o).Critiquer un projet sans pour autant proposer quelque chose en remplacement, si bien sûr que oui on en a le droit. Si tu ne sais pas forcément ce que tu veux dans le détail, ça ne t’empêchera pas de savoir très précisément ce dont tu ne veux pas ! Par contre là où je te rejoins, c’est que si c’est acceptable de la part de manifestants, ce ne l’est pas de la part d’hommes politiques, là on est tout à fait d’accord. Parce que justement c’est leur rôle, leur boulot, ils sont rémunérés pour ça.Sinon, juste une précision parce que tu as cité Bayrou dans la liste de ceux qui décrient le CPE sans rien proposer à la place. Il est tout de même très intéressant de noter le fait suivant : quand le gouvernement a présenté son projet de loi au parlement, juste avant de dégainer le 49.3 pour  couper court aux discussions (comme s’il y avait eu urgence), il y a eu des propositions d’amendements concernant le CPE justement. Bayrou a proposé alors de passer les 2 ans d’essai à 1 an seulement parce qu’il trouvait les 2 ans trop longs, et Christine Boutin (et dieu sait que j’ai du mal avec cette bonne femme !!!) a proposé un amendement qui consistait à indiquer les raisons si l’employeur voulait mettre fin au contrat. Que s’est-il passé ? à la mise au vote de ces 2 amendements, il y a eu l’unanimité parfaite des députés de l’UMP contre ces aménagements. Unanimité contre. Et aujourd’hui, le président propose quoi ? je ne vais pas plus loin, tu auras deviné tout seul si tu ne l’as pas déjà entendu aux infos. Ca fait réfléchir quand même sur les fameux « dogmes politiques » de tous bord, n’est-ce pas ?Pour revenir à la caricature que tu dénonces (et que tu as 100 fois raison de dénoncer), j’aimerais encore une fois ajouter quelque chose, histoire d’être vraiment complet. Dire les patrons sont des salauds, c’est con. Dire les salariés sont des fainéants, c’est tout aussi con. Il y a de tout, et j’ose croire que ce ne sont pas les points négatifs qui sont la majorité, aussi bien chez les salariés que chez les employeurs. Mais. Eh oui, encore un mais. Donner tout pouvoir à un employeur (le CPE c’est ça pour l’instant : pendant 2 ans tu peux te faire dégager au bon vouloir de ton employeur – ça ne veut pas dire qu’il te licenciera à coup sûr, ça veut juste dire qu’il en a le pouvoir quasi divin) pendant 2 ans, c’est instaurer un climat de méfiance inéluctable entre salarié et patron, tout simplement. Je l’avais déjà dit dans mon premier article, il n’y a de bonnes conditions de travail (et donc du bon travail) que dans un climat de confiance selon moi. Mets le CPE en place, et tu anéantis dans la foulée cette relation de confiance. Et tout le monde y perd. Le patron un peu parce que l’ambiance sera pourrie, donc le travail, donc la rentabilité. L’employé beaucoup, parce qu’au stress permanent peut s’ajouter dans le pire des cas la perte pure et simple du boulot. Bref, moi je n’y vois pas vraiment beaucoup d’avantages à ce contrat là.Et il y a une chose à ne pas perdre de vue : on ne vit pas dans le meilleur des mondes, ce qui veut dire que même s’ils sont minoritaires, des employeurs qui profiteraient du CPE pour sucer jusqu’à la moelle un employé à pas cher avant de passer au suivant et de continuer ainsi ad vitam eternam, ça peut exister. Leur donner l’outil pour rendre des gens corvéables à merci, même si l’immense majorité ne le feraient pas, ce n’est pas tolérable de mon point de vue.Tu prends ton exemple et c’est normal, en disant que tu ne t’amuserais pas à prendre quelqu’un, le former, et le virer au bout de deux ans comme ça. Tu y perdrais toi aussi en faisant cela, sans compter que ce ne serait pas très moral. Mais ça c’est toi. J’ai souvent aussi entendu cet argument, on ne va pas virer des gens dont la formation aura nécessité du temps et de l’argent. Mais il y a beaucoup d’autres cas que celui-ci. Tous les postes non ou peu qualifiées seraient de fait menacés. Exemple simple : prends une grande surface. Tu seras d’accord avec moi pour dire que l’emploi de caissière ou de celui qui remplit les rayons ne nécessite quasiment pas de formation (c’est le genre de boulot que des copines faisaient pendant les vacances pour se faire un peu d’argent de poche, preuve qu’il n’est pas besoin de beaucoup de temps avant d’être opérationnel). Seulement voilà, au bout de deux ans tu as le choix : ou tu donnes un CDI, avec augmentations de salaires et quelques maigres avantages liés au nouveau contrat, ou tu remplaces tes quelques jeunes caissières par d’autres un peu plus jeunes, sous CPE au salaire minimal, qui ne discuteront pas les heures parce que CPE, et tu auras même un petit abaissement des charges, etc, etc … Là il n’y a clairement aucun inconvénient mais que des avantages à user et abuser du système pour la grande surface. Qui plus est il y aura toujours de jeunes et jolies caissières, c’est pas plus mal pour les clients et le responsable. Je sais, ce n’est pas très moral et bien cynique ce que je décris comme hypothèse, mais j’ai suffisamment de copains qui ont bossé à différents niveaux de postes en grandes surfaces pour te certifier que les grandes surfaces et la moralité, ça fait deux. Bref, ce seul exemple suffit amplement à comprendre pourquoi le CPE n’est pas acceptable. Tout en comprenant bien qu’à aucun moment je ne fais de procès d’intention aux « patrons ». Je sais bien comment tu es, et qu’il y a certainement plein de chefs d’entreprises comme toi, mais la loi est pour tous, pas seulement pour ceux qui veulent bien l’utiliser avec étique et morale. C’est triste mais c’est comme ça. Pour le coup je serais tenter de dire que c’est toi qui vois les choses d’un œil un peu trop candide en pensant que tout se passe toujours au mieux pour toutes les parties entre employeur et employé. ;o)Pour mon exemple des buralistes, je crois que tu n’as pas bien compris le sens de ce que je voulais démontrer. Je te donnais cet exemple parce que tu me disais, « moi je suis commerçant, je ne peux pas me permettre de manifester sinon je perds de l’argent ». Tous ceux qui ont manifesté et qui sont salariés quelque part ont perdu de l’argent, premier point.  Ce qui ne met pas le commerçant seul dans cette situation. Mais surtout ce que je voulais dire avec mes buralistes, c’est que le fait d’être commerçant ne change rien sur le fond : quand tu te sens concerné, voire menacé par quelque chose, tu peux bien évidemment décider d’aller manifester, comme l’ont fait les buralistes. Si tu ne le fais pas, la raison principale n’est pas le manque à gagner, mais bien le manque d’intérêt à le faire non ? ce serait idiot pour toi de fermer boutique pour aller gueuler contre un CPE qui ne te gène pas tant que ça, c’est tout à fait logique et compréhensible. Je dis n’importe quoi pour te donner un autre exemple : si demain l’état décide de te taxer 2 fois plus parce que tu vends des œuvres d’arts et que c’est considéré comme du luxe (imagine un scénario de SF : ton pote Besancenot au pouvoir, il pourrait bien avoir ce genre d’idée farfelue non ? ;o) ), j’imagine sans peine que tu vas fermer boutique pour aller exprimer avec tes collègues votre mécontentement sous les fenêtres de ton persécuteur je me trompe ? Voilà, c’est seulement ça ce que je voulais dire : on manifeste lorsqu’on se sent concerné, et qu’on a la volonté de faire changer quelque chose qui pourrait te porter atteinte. Dès lors la perte sèche due à ton absence devient acceptable par rapport à ce que tu risquerais de perdre à l’avenir en te taisant aujourd’hui. Sinon, bien sûr je sais bien que tu n’es pas dans la même position qu’un buraliste, et je n’essayais pas de généraliser cet exemple sur ce point précis au reste des commerçants.Voilà, je finirai juste en reprenant un de tes termes qui me paraît vraiment central dans la problématique et la panne politique actuelles : l’intérêt général. C’est bel et bien ça qui devrait dicter le comportement des uns et des autres et en particulier des hommes politiques qui dirigent notre pays (gouvernement comme opposition), quelles que soient leurs appartenances politiques et idéologiques. Malheureusement tu sais comme moi que bien souvent, ce sont plus des soucis de réélections, de positions personnelles à conserver ou acquérir qui les guident. Quitte à sacrifier au passage « l’intérêt général » dont ils se font les défenseurs avec pas mal d’ironie. Mais là, c’est un autre vaste débat qui s’ouvre… et il se fait tard ! ;o)
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R
En voilà une belle réponse ! Je suis dans les grandes lignes sur la même longueur d'ondes que toi, je crois simplement que l'on n'utilise pas les mêmes formes ou le même angle d'approche pour l'exprimer.<br /> Je n'ai rien contre les syndicats en tant que tel ou dans leur principe même, c'est leur politisation que je regrette. Je n'ai pas plus d'attirance pour le "baron" que pour Mr Thibault, puisque je considère qu'ils représentent chacun à leur manière une caricature de ce que je ne voudrais jamais devenir. Mais lorsque l'on utilise la structure d'un syndicat pour devenir un vecteur d'expression politique, cela dénature la fonction même du syndicat. J'en veux pour preuve les syndicats Allemands, qui sont corporatistes et totalement dépourvus de couleur politique.<br /> Quant aux jeunes et à leur conscience politique, encore une fois d'accord, il est clair qu'elle est réelle (en tout cas de façon conjoncturelle), mais j'ai parlé de l'autre aspect de la chose dans mon message pour apporter un équilibre au débat, ce qui ne signifie pas que je nie l'implication politique de toute une partie  de ces jeunes. Et comme je l'ai dit, c'est une idée qui me réjouit. Donc on est d'accord !  Mais je continue à dire que si ces mêmes jeunes veulent se crédibiliser définitivement, j'aimerais bien les entendre sur d'autres sujets que celui, hyper-ciblé, du CPE, ce qui pour l'instant n'est pas le cas.<br /> Par contre, quand tu dis qu'il n'y a pas de recupération politique derrière le mouvement des jeunes, je dis halte. Il n'y a qu'à voir les François Hollande, François Bayrou et compagnie clamer comme des morts de faim "abrogation du CPE" pour s'en rendre compte ! Je ne parlerais pas de récupération politique si ces gens proposaient une alternative valable au CPE. Je parlerais alors de débat d'idées et de projets. On ne peut critiquer un projet si l'on ne propose rien à la place, et là, c'est le vide intersidéral. Donc on se demande bien quel peut être l'intérêt de l'opposition à demander l'abrogation d'une loi s'ils n'ont rien à proposer à la place. Cela dit, si récupération politique il y a , je dirais que le gouvernement et De Villepin ont magnifiquement tendu le bâton pour se faire battre.<br /> Tu dis que le le CPE met à mal le droit du travail. On peut voir ça comme ça, c'est vrai, mais j'ajouterais que c'est ce même droit du travail qui représente un vrai carcan pour les entreprises Françaises. C'est ce même droit du travail qui donne dans quasiment 100% des cas raison au salarié dans une délibération de prud'homme, quelles que soient ses fautes ou manquements (et mon père était pendant plus de 20 ans au prud'homme, je sais de quoi je parle). Dans ces conditions, on comprend peut-être un peu mieux quelles ont été les raisons qui ont poussé nos amis les bêtes à accoucher du CPE. Je ne suis pas particulièrement fervent du CPE pour les raisons que j'ai évoquées dans mon premier message, mais je pense qu'un excès en engendre un autre. A mon avis, c'est toute une réflexion sur le travail en général qu'il faut reprendre à la base en France. On présente souvent le monde du travail comme un milieu structurellement conflictuel, où les méchants patrons veulent exploiter les gentils travailleurs. C'est une caricature insupportable. Je crois que les Français devraient envisager l'entreprise comme une entité qui peut profiter à tous si chacun y met du sien.<br /> CPE ou pas, si en tant qu'employeur j'investis du temps ou de l'argent pour embaûcher une personne, ce n'est pas pour la lourder six mois après. Donc je trouve dommage que l'on incruste dans la tête des jeunes diplômés que le CPE va être un nouveau moyen de les exploiter. C'est malsain, à mon sens. <br /> Quant aux manifestations, comme je l'ai dit dans mon message, je ne conteste pas leur légitimité de principe, je conteste les enmerdes qu'elles amènent aux tiers. En démocratie, la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres. Manifester c'est une chose, bloquer les gens en est une autre. Tu dis que que certains problèmes concernent tout le monde et légitiment une grêve. Moi, je dis que je n'ai pas besoin que quelqu'un d'autre décide pour moi ce qui est légitime ou "un problème de société", et m'impose une grêve que je n'ai pas souhaitée. C'est ça le problème des manifs : elles ne rallient jamais tout le monde, mais elles en enmerdent beaucoup. Et si ceux que ça enmerde commence à manifester contre les manifestants, on va s'arrêter où ? C'est pour cela que je dis : il faut savoir raison garder en tout.<br /> Quant aux commerçants qui ferment boutique pour aller manifester, tu ne peux prendre l'exemple des buralistes pour l'appliquer en règle générale : ils ont une activité qui leur amène un passage régulier et quotidien en magasin, puisque leur marchandise est de consommation courante, ce qui n'est pas le cas de ma "marchandise" à moi. Mon activité n'est pas linéaire de par sa nature, je ne peux donc pas faire de prévisions de chiffre d'affaire. Les chose sont un peu plus compliqués que cela. Si je ferme mon magasin une journée, je ne perds peut-être rien, mais peut-être que je perds une semaine de chiffre d'affaires...<br /> Et Je finis sur l'indépendance d'esprit politique : je suis comme toi, je n'ai aucune carte de parti, car tout comme toi je cherche à raisonner avec comme outil le bon sens, et non le dogme. Pour moi, la conduite d'un pays ne devrait pas se résoudre à un clivage droite-gauche. Mais à trop politiser les débats, on fracture un pays en profondeur. Après la guerre, le Général De Gaulle avait réussi à dépasser les clivages politiques pour former un gouvernement d'intérêt général composite. J'aimerais bien que l'histoire se reproduise. Mais sans les élites.<br /> Voilà, si ça peut faire avancer la mule... Au fait, qui c'est qui vient nettoyer mes vitrines après la manif ?
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S
Pierig >> Sans vouloir réduire à néant les espoirs de Jacquot, je ne parierai pas sur une victoire française en Allemagne… je ne dis pas que c’est impossible, mais de ce que j’en ai vu jusqu’à présent, l’équipe de France m’a l’air un peu fébrile. Mais bon, je vais garder mes analyses à deux sous sur le football pour le blog du Spooky !! ;o)Rico >> eh bien, le moins qu’on puisse dire, c’est que pour quelqu’un qui n’a pas grand-chose à ajouter tu n’en restes pas pour autant sans voix ! :o)Difficile de répondre de façon synthétique, allons-y avec les idées telles qu’elles me viennent.Bien. Moi je dis que je suis heureux de voir les jeunes s’engager dans la vie sociale et politique, tu me dis que j’ai peut-être une vision un peu candide de la chose. Toi tu retiens surtout tous ceux qui ont évolué dans ces manifestations en marge de la revendication (que ce soit les casseurs ou les jeunes kékés qui ont trouvé là l’occasion de bleuter les cours), et je pourrais te répondre que tu as peut-être juste un peu plus tendance à voir les choses en noir que moi (cela dit en aparté, je veux bien croire qu’à Mulhouse la majorité des jeunes dans la rue n’étaient pas des manifestants « légitimes », ne serait-ce que parce que Mulhouse n’est pas vraiment une ville étudiante comme peuvent l’être Nancy, Montpellier ou Lille par exemple). Où se situe la vérité là-dedans ? Certainement à mi-chemin je pense. La revendication anti-CPE  est là et bien là, comme tu l’as dit le nier serait être sourd, aveugle et un peu idiot. Elle est très forte et rassemble beaucoup de monde, en particulier dans le monde étudiant. Mais comme à chaque fois qu’il y a des manifestations, et encore plus lorsqu’il s’agit de jeunes, il y a les inévitables et regrettables débordements. C’est triste à dire, mais j’ai peur qu’on ne puisse malheureusement pas y échapper (ce qui n’excuse rien évidemment). La fougue des uns et l’indiscipline des autres a mené à du n’importe quoi parfois, on est d’accord. Mais généraliser jusqu’à dire que ce n’était que le foutoir partout et que la revendication là-dedans était un prétexte au défouloir je ne suis pas d’accord. C’est limite insultant pour tous ces jeunes qui ont revendiqué avec conviction (et on ne me fera pas croire qu’ils n’étaient pas la majorité des troupes). Quant aux casseurs je me suis déjà exprimé là-dessus, il n’y a de toute manière pas grand-chose d’autre comme position à prendre vis-à-vis d’eux que le mépris et la condamnation sans appel.Autre chose par rapport à ce que tu dis sur les jeunes. Ne les sous-estime pas. Parce que tu as 20 ans tu es forcément manipulé par des forces politiques et syndicales qui abusent de ta crédulité ? Tu ne trouves pas ça vraiment léger comme approche ? Dans ce cas là à partir de quel âge on peut se considérer comme indépendant d’esprit ? tu l’as été à quel âge toi ? Moi je pense qu’on n’est jamais parfaitement indépendant d’esprit, tout simplement. Pas plus toi, que moi ou qu’un étudiant en DEUG. N’oublie pas non plus que ce sont les étudiants qui ont initié les manifestations, ils en sont vraiment à l’origine, ils ont décidé ça tout seul comme des grands. Après on peut évidemment ne pas partager leurs idées, ne pas être d’accord avec eux (et encore heureux !!!), mais vouloir décrédibiliser en infantilisant (ils ne savent pas vraiment ce qu’ils font, ils sont manipulés) c’est lourdement se tromper je crois (et en plus c’est risquer qu’ils se sentent insultés au passage, et dès lors qu’on entre dans des questions d’orgueil c’est foutu, on n’en sort plus jamais).Et puis ne nous leurrons pas, pourquoi dénigrer des revendications en disant qu’elles sont de gauche ou syndicalistes quand le sujet est éminemment politique ? évidemment que les revendications ont une couleur politique, je ne vois pas où cela pose problème. Le CPE est une mesure typiquement de droite, les arguments anti-CPE sont typiquement de gauche, il n’y a ni secret ni mystère là-dessous, donc pas lieu de polémiquer sur ce point précis.Là où on pourrait en reparler c’est si effectivement il y avait dérive politicienne, si telle ou telle personnalité essayait de récupérer opportunément les voix de ces jeunes en se ralliant artificiellement à eux. Pour l’instant je n’ai rien vu de tel, ceux qui revendiquent sont chacun à leur place : ceux qui sont pour à droite, les autres au centre ou à gauche, c’est limpide comme situation. A la limite, je dirais que celui qui était le plus tendancieux dans cette histoire, c’était Sarko qui soutenait du bout des lèvres le projet tout en disant que la manière était inadéquate, qu’il fallait tout reprendre à zéro, suspendre le projet et en discuter, etc… Bref il disait un peu tout et son contraire, avec il faut le reconnaître une certaine maîtrise dans l’art de ne pas trop se mouiller ! :o)Pour l’élection de 2002 je ne comprends pas bien ce que tu veux dire. Bien sûr qu’elle s’est faite selon les règles en la matière, je n’ai jamais dit le contraire. Je dis juste qu’au second tour il n’y avait pas de choix possible, à moins de vouloir voter en toute conscience pour un facho. Il n’y a pas eu de débat gauche-droite au second tour, je ne vois pas comment on peut dire le contraire : il n’y avait pas de candidat de gauche !!!! Chirac est président, et il l’est légitimement puisque son élection s’est faite selon les règles de notre pays. Pas de discussion là-dessus. Moi ce que je dis, et il faudrait quand même être de mauvaise foi pour affirmer l’inverse, c’est que parmi les 82% de voix qu’il a eu (et j’aurais aimé qu’il en eut encore bien plus) il n’y a pas, et de loin, 82% de bulletins de vote qui soutenaient son programme et sa politique (le mien le premier). C’est tout. Et qu’en conséquence, il aurait été judicieux pour lui d’en tenir compte au moment d’élaborer son gouvernement (on a parlé un moment d’un Bayrou en tant que premier ministre, et effectivement cela m’aurait semblé bien plus adéquat à la situation exceptionnelle de l’époque qu’un Raffarin), il ne l’a pas fait, c’était son choix comme dirait Evelyne Thomas.Le droit de manifester est un droit républicain. Le droit de travailler est un droit républicain. J’ajouterais juste le chaînon manquant entre ces deux droits : le droit de travailler dans des conditions décentes est un droit républicain. A partir du moment où on considère que le CPE met à mal (pour rester poli) le droit du travail, cela concerne tout le monde. Cela devient un problème de société. On en avait déjà parlé ensemble il me semble, alors je me répète certainement mais tant pis : quand<br /> la SNCF<br /> impose à ses usagers une énième grève pour protester contre un système de notation ridicule c’est nul et totalement inapproprié car c’est typiquement le genre de crise interne qui doit se régler en concertation autour d’une table, pas en bloquant des milliers d’usagers du train. Mais quand il s’agit d’un contrat qui va rendre corvéable à merci toute une catégorie de personnes qui entrent sur le marché du travail, là c’est autrement plus grave, et ça concerne tout le monde, y-compris ceux qui ont 50 ans ou qui ont déjà un CDI. Car c’est un choix de société. Là je trouve que oui, les manifestations prennent toute leur valeur et leur légitimité. Dire que les manifestations tuent l’emploi (qu’elles essaient de défendre) c’est déjà un peu du chantage à l’emploi. Fermez vos gueules sinon on vous licencie. J’exagère évidemment, mais le risque de basculer sur cette pente glissante est là, alors autant y faire atention.Tu dis qu’un commerçant ne peut pas manifester car il y perdrait de l’argent. Tu oublies de dire qu’un salarié qui fait grève perd lui aussi de l’argent. C’est un choix qu’il fait. En perdre un peu aujourd’hui pour s’assurer des conditions décentes de travail dans le futur, on pourrait presque considérer ça comme de l’investissement !! Ce choix tout le monde peut le faire, pour peu qu’il se sente concerné ou pas voilà tout. Les gérants de bureau de tabac qui ont manifesté contre l’augmentation des taxes sur la cigarettes sont bien des commerçants, ils ont pourtant manifesté en fermant boutique et en montant sur Paris, c’était il n’y a pas si longtemps. Pour moi il n’y a pas de différence si ?Je suis la seule personne que tu connaisses qui est contre le CPE ? Sérieusement ? Bah, je ne peux pas te dire grand-chose d’autre que ça m’étonne ! :o) Cherche mieux tu trouveras j’en suis sûr ;o). Blague à part, dans le jeu des exemples et contre-exemple, s’il y a des gens non-chefs d’entreprise pour le CPE, moi j’ai discuté pas plus tard que jeudi soir avec un jeune restaurateur qui lui est contre. Comme quoi tout n’est pas si simple qu’on pourrait le croire :o).Alors voilà, j’aborde maintenant un paragraphe où j’en suis certain je vais te faire plaisir (euh attention là hein … ne te méprends pas non plus hein, ça reste purement amical !! ;o) ).Je suis d’accord avec toi, il faut créer de l’emploi. Et comme je l’avais déjà dit dans mon tout premier article sur le CPE (ça remonte au 17 janvier déjà !), je ne pense pas que le CPE puisse créer de l’emploi. Ce qui peut créer de l’emploi, et là c’est à mes yeux indiscutable, c’est la baisse des charges pour l’employeur. Et pas 4 ou 5% par-ci par-là, une baisse significative.Mais attention, pas de n’importe quelle façon non plus, et tu l’as toi-même souligné. D’ailleurs je vais reprendre telle quelle ta phrase mais si tu le permets je vais juste déplacer l’emplacement des majuscules :o).« Il n'y a qu'une seule solution, et je dis bien une seule, pour créer de l'embauche : baisser fortement, et structurellement, les charges patronales, EN CONTREPARTIE D'UNE ACTION REELLE DE CREATION DE CONTRATS DE TRAVAIL. »Cette solution n’est viable que dans cette condition ferme. Parce qu’il y en a plus que marre d’entendre que certaines grosses entreprises font des bénéfices records et licencient en même temps des gens. D’entendre que cette année en France, oui là où tout va si mal il paraît, les entreprises phares du CAC40 n’ont jamais fait d’aussi gros chiffres d’affaires. Que Total bat tous ses records de bénéfs ces 2 dernières années et continue cependant de licencier des gens. Ca c’est inadmissible. Qu’on dise aux français que les temps sont durs, qu’ils vont devoir faire des efforts je veux bien, mais alors que ce soit valable pour tout le monde. Marre que la bourse régisse tout, marre qu’on vire des personnes qui bossent bien pour que quelques actionnaires s’en mettent un peu plus encore plein les poches. Donc il faut vraiment qu’on joue le jeu des deux côtés pour que tout le monde soit gagnant. Ceux qui en ont certainement le plus besoin d’ailleurs de ce genre de mesure, ce sont je pense les PME, car mine de rien ce sont elles le squelette structurant de notre économie aujourd’hui. Tu vois mon Rico qu’on est bien d’accord sur des trucs quand même !! ;o)Par contre, une dernière chose au sujet de ta charge anti-syndicale. Je trouve ça dommage de les stigmatiser ainsi. Moi je considère qu’ils sont une partie importante et indispensable de l’organisation socio-économique de notre pays. Tous les syndicats, patronal y-compris. Ils jouent leur rôle et encore une fois on n’a pas besoin d’être toujours d’accord avec eux, mais ils sont indispensables pour le bon équilibre de notre système.Après que tu ne puisses pas encadrer le père Thibault c’est une autre affaire et c’est comme tu le dis anecdotique. D’ailleurs si tu veux tout savoir, j’en ai autant à l’attention du Baron de Seillères, dont la tête est pour moi un appel permanent à filer des claques à la moindre émission sonore qui provient de ce type ! :o)Voilà, pour finir, je voulais juste revenir une dernière fois sur l’idée d’indépendance d’esprit et de récupération politique. Mais en ce qui me concerne moi cette fois. Je pense qu’on ne peut pas se vanter d’une parfaite indépendance politique, qui qu’on soit. Ne serait-ce que parce qu’on a un vécu qui nous est propre, une origine sociale, des expériences personnelles ou familiales. Toi et moi, il faut bien le dire et il n’y a pas de honte à ça de toute manière, on n’est pas les plus mal lotis. On est né avec des cartes pas trop dégueulasses en main, on n’a pas particulièrement à se plaindre par rapport à d’autres. On vit décemment, et on peut même se permettre d’avoir des passions qui nous coûtent de l’argent plus que la raison ne le voudrait. Toi les figurines, moi la bande-dessinée (au passage, tu remarqueras que ce sont des passions très proches du monde des enfants : des jouets et des petites histoires illustrées c’est quand même prévu au départ pour les mômes… ne serions-nous que des grands enfants ? ;o) ). Pour autant on a des points de vue parfois différents sur certaines choses. Et on s’entend par ailleurs très bien malgré ça, et je crois que c’est cela qu’il faut retenir. Arriver à discuter comme on le fait là, calmement, en expliquant nos positions et nos idées, c’est ce à quoi il faudrait essayer d’arriver dans toutes les situations, y-compris et je dirais même surtout quand il s’agit de politique. Et c’est là où je veux en venir pour terminer : pour arriver à ça, je crois qu’il faut dépasser les limites trop restrictives les pensées uniques qui sont privilégiées dès que tu adhères à un groupe, un parti, un syndicat ou je ne sais quoi.Léo Ferré disait, « ce qu’il y a de gênant avec la morale, c’est que c’est toujours un peu la morale des autres ». Pour moi cela s’applique parfaitement à la politique.C’est pour cette raison que je refuse obstinément de m’inscrire dans un parti politique ou dans un syndicat. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas d’opinion à ce sujet, bien au contraire et on peut s’en rendre compte sur ce blog, c’est seulement parce que je ne veux pas me sentir enchaîné à un dogme, à une ligne directrice dont il serait interdit de s’écarter parfois. Je n’ai encore jamais trouvé de parti politique dans lequel je me retrouve complètement. Quand un syndicat me plaira pour telle ou telle revendication qu’il a et que je soutiens, le même me hérissera le poil sur un autre sujet pour lequel je serais en désaccord total.Et si finalement pour tenter d’approcher un semblant d’indépendance il suffisait d’essayer de rester le plus ouvert possible aux autres et au débat d’idées ? (le vrai débat d’idées, pas la foire d’empoigne et le concours de jeux de mots, de démagogies qu’il existe en ce moment)
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R
Oui voilà, c'est ça, je parlais juste de l'image qu'un pays peut donner à l'étranger. Quand on prend du recul, on se rend souvent compte qu'un pays évolue au travers de ses crises qui permettent de remettre les compteurs à zéro, si tout le mond y met du sien.
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P
rico>> Oui, on a eu Dutroux, comme chaque pays a son « Dutroux ». Des dysfonctionnements de la justice, il y en a eu et ce n’est pas l’apanage de notre petit pays. L’affaire Fourniret ou plus récemment l’affaire d’Outreau en sont d’autres exemples et bien français ceux là. Mais je ne vois pas le rapport avec les crises sociales à répétition que vous connaissez si ce n’est l’image donnée à l’étranger.  Enfin, nous on est hors jeux pour le mundial et le scandale des matchs truqués n’arrange rien. Ceci dit, c’est vrai que rien n’est figé (et heureusement) et qu’on peut espérer voir la situation s’améliorer.
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R
Pas grand'chose à ajouter de mon humble côté, si ce n'est que je tempérerais un peu ton enthousiasme pour l'implication politique des jeunes. Pour ceux qui sont vraiment engagés, on se demande si c'est en toute indépendance d'esprit, ou s'ils ne sont pas régulièrement manipulés par les syndicats et les partis de gauche, qui n'ont pas leur pareil pour faire de la démagogie face à un public jeune, malléable, en quête d'ideaux et de reconnaissance (et d'un peu de bordel pour la route).<br /> Et pour l'autre partie, d'après ce que mes yeux ont constaté dans la rue, j'ai vu beaucoup de jeunes ados dans les manifestations, qui visiblement étaient surtout bien contents de faire les cons dans la rue, de fumer quelques pétards sans se faire enmerder par les pions dans la cour d'école, et d'aller dévaliser le monop' du quartier en alcools forts divers et variés. Sans commentaires. Et ce n'étaient pas des casseurs, donc dans quelle catégorie faut-il les classer ? Ni casseurs, ni militants, juste des larrons en foire. Là, on est quand même un peu loin de l'implication politique que tu dépeinds de façon, à mon sens, un peu candide. On est plutôt dans le n'importe quoi. Je ne dis pas que le mouvement anti-CPE ne repose sur rien, ce serait être autiste et irrespectueux que de dire ça, mais je trouve que tu en fais une description un peu enjolivée, même si moi aussi je serais séduit à l'idée que les jeunes se repassionnent pour le débat politique. J'aimerais toutefois entendre les lycéens et les étudiants sur d'autres sujets un peu plus complexes et moins médiatisés que le CPE, sur lequel il est plutôt facile de faire valoir des visions contradictoires.<br /> Petit apparté sur la façon dont Chirac a été élu. Je trouve qu'il est impropre de dire que Le Pen a privé la France d'un débat gauche-droite. Ce serait insulter -et ignorer- tous ceux qui, en toute démocratie, ont vôté pour Le Pen au 1er tour. Si Jospin a été absent du second tour, c'est surtout en raison de sa campagne catastrophique, et des effets pervers de sa plus belle trouvaille démagogico-électorale du siècle : la loi sur les 35 heures. Alors même si on reste bien sûr sur une impression d'élection tronquée (j'aurais moi-même largement préféré un débat gauche-droite, puisque je ne vôte pas pour l'extrême droite), elle n'est que le résultat d'un scrutin qui s'est déroulé dans les plus classique règles de la République.<br /> Quant à la légitimité des manifestations, personne ne les conteste sur le principe, le problème c'est que depuis quelques temps, il y en 10 par jour, et sur n'importe quoi. Moi je n'ai rien contre les manifs à partir du moment où elles n'empêchent pas les gens de travailler. J'essaie de me mettre à la place du gars qui prend son train de banlieue tous les matins pour aller bosser, et qui à chaque fois doit revoir toute sa journée de déplacement à cause des uns qui bloquent une voie de gare, à cause des autres qui ne font pas rouler les trains. Le droit de manifester est un droit républicain, mais le droit de travailler l'est tout autant ! Et lorsque les manifs se succèdent jour après jour, les chiffres d'affaires s'écroulent dans les commerces, le moral des gens baisse, et l'économie souffre, et cela aussi entraîne des suppressions d'emploi à moyen terme. A toute action il y a une conséquence, et ce principe ne s'embarasse guère de considération idéologiques. <br /> D'un point de vue général d'ailleurs, c'est le gros problème en France, et j'y reviendrai un peu plus loin : l'idéologie prime sur le pragmatisme, et c'est la raison principale pour laquelle la France a du mal à prendre le train de la nouvelle économie en marche<br /> Un mot sur "les gens que l'on entend pas", aussi : c'est une réalité, et je crois qu'il faut savoir les écouter aussi. Quel que soit le sujet politique, vu mon métier de commerçant, je ne pourrais jamais me permettre de fermer mon magasin pour aller manifester, car si je ferme, je ne rentre pas d'argent, donc je ne gagne pas ma vie et je ne peux payer ni mes charges, ni mes salariés. Vu le contexte économique et le poids des charges qui pèse sur une entreprise Française, je ne peux prendre le risque de rater des clients. Il y a donc effectivement toute une catégorie de gens qui n'ont pas la possibilité de faire entendre leur voix par la manif, donc forcément les gens les plus médiatisés seront ceux qui feront le plus de bruit, mais cela ne voudra pas forcément dire qu'ils représenteront une opinion majoritaire. Autour de moi, je ne connais que des gens favorables au CPE (à part toi, mon beau moustachu), et ce ne sont pas forcément des chefs d'entreprises, loin de là. <br /> Un mot cependant sur le CPE : Je partage totalement ton analyse sur la génèse de ce contrat, qui traduit bien la contradiction globale entre les déclaration de volonté de dialogue social, et la réalité : une décision unilatérale, précipitée, et surtout pas vraiment à propos. Le point d'achoppement de ce contrat, c'est qu'il fait d'un jeune salarié une classe à part, qui demande un traitement à part. Cela ne me gêne pas dans le principe, puisque quand on cherche un boulot, je pense qu'il est un peu puéril de mettre son égo en avant. Je crois plutôt que le CPE, même s'il peut créer bien des emplois, n'est pas la bonne solution de fond au problème du chomâge des jeunes (et des moins jeunes). En tant qu' employeur (je ne peux donc pas être plus impliqué que cela), il n'y a qu'une seule solution, et je dis bien UNE SEULE, pour créer de l'embaûche : baisser fortement, et STRUCTURELLEMENT, les charges patronales, en contrepartie d'une action réelle de création de contrats de travail. Mais cela, aucun gouvernement n'ose le faire, car les syndicats seront de toute façon contre. Mais ont-ils un jour été pour quelque chose, à part des augmentations de salaires ?<br /> Oui, si les charges patronales baissent, ce sera de l'argent en moins dans les caisses de l'Etat pour financer la sécurité sociale, mais ce sera aussi le moyen le plus sûr de diviser par deux l'astronomique coût du chomâge en France. Le jeu en vaut la chandelle, j'en suis convaincu.On parle, conjecture et devise beaucoup sur le CPE vu du côté du salarié, mais dans ce pays, on ne réfléchit jamais du du point de vue de l'employeur, or c'est bien lui, et uniquement lui qui est la clé du problème, puisque c'est lui, et que lui, qui prend l'initiative à un moment ou à un autre, de créer de l'emploi, et donc de faire baisser le chomâge.<br /> Je crois qu'il est temps dans ce pays de faire tomber les idées reçues concernant l'économie. Rien n'est possible, aucune innovation n'est permise, car la population se retranche inévitablement derrière la peur de la précarité et le maintien des sacro-saints acquis sociaux. Il serait temps dans ce pays d'accepter la mondialisation comme une règle du jeu qui peut nous apporter bien plus que nous enlever, à partir du moment où l'on accepte un minimum de flexibilité dans son travail. Bien d'autres pays l'ont compris, sans mêler des débats idéologiques d'un autre âge à la conduite économique de la nation. Mais bien sûr, cette démarche est très difficile en France, où ls syndicats les plus médiatisés sont encore, même si c'est difficile à admettre, marxistes-léninistes. Ce n'est pas Mr Bernard Thibault, alias "tête de gland" pour les intîmes, qui me contredira. Bon Dieu, comment peut-on être crédible avec une tête pareille... Mais je digresse.<br /> Un petit mot pour notre ami Belge : il est clair qu'une fois de plus le désordre qui règne n'aide pas à donner une belle image de notre pays, mais il ne faut pas oublier que tout est cyclique dans la vie. A l'époque de l'arrestation de Marc Dutroux (originaire de Bâle), je me souviens que la Belgique s'était taillée une réputation nationale peu enviable à cause du fonctionnement de ses institutions. Ce qui ne l'a pas empêchée d'évoluer et de continuer son chemin. Je pense donc que les événements actuels peuvent aboutir à du positif si cette crise politique permet de créer un électrochoc institutionnel qui amènera la classe politique à revoir tout son fonctionnement envers le peuple.<br /> Un point positif (pour moi en tout cas), et néanmoins très étonnant, c'est que l'on n'aura pas eu à se fader l'insupportable Olivier Besancenot au cours des trois dernières semaines. Curieux. Il devait être en grêve...
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P
Analyse fine et très instructive de la situation. De Belgique, on se dit que la France est tombée bien bas. Il ne se passe pas une année sans qu'une crise majeure ne se produise chez vous. La guerre des banlieues puis le problème du CPE (sans vouloir y mettre de lien, hein!). J'imagine déjà Chirac s'en remettre à l'équipe de France, espérant une nouvelle victoire de la prochaine coupe du monde, histoire de noyer le poisson et de férérer à nouveau le peuple français autour d'une baballe ... juin, c'est pour bientôt!
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