
C’était le point de départ du premier film, La Mémoire dans la Peau à la fin duquel Bourne arrivait à disparaître en compagnie de sa compagne Marie (interprétée par l’allemande Franka Potente). Dans le second volet, La Mort dans la Peau, ils étaient repérés en Inde par des tueurs agissant secrètement pour d’obscurs dirigeants de la CIA. Après l’assassinat de Marie, Bourne s’était lancé à la poursuite de son ancien chef avant de disparaître à nouveau dans la nature. On retrouve donc dans ce troisième film Jason Bourne aux prises avec ses anciens commanditaires qui ont décidé de l’éliminer pour de bon dans le cadre du programme Blackbriar, une évolution du projet Treadstone dont il est l’un des derniers survivants et à ce titre, une menace pour ce qu’il est supposé savoir d’embarrassant… Bourne va être au centre d’une course-poursuite au cours de laquelle il sera tour à tour chasseur et chassé.

Autant dire que le scénario est assez dense, les rapports entre les personnages et leurs motivations officielles et/ou officieuses rendent bien compte de la complexité de certains enjeux, faisant de la CIA un véritable nid de vipères où hiérarchie et intérêts personnels entrent parfois en conflit… On retrouve parmi les personnages récurrents l’agent Pamela Landy (Joan Allen) qui enquête sur Bourne et Treadstone avec pour ferme intention de clarifier la situation et remettre de l’ordre dans les affaires parfois bien sombres fomentées à Langley. Il y a également Nicky (Julia Stiles), ancienne collaboratrice et informatrice de Bourne du temps du programme Treadstone. Le casting s’enrichit sur ce troisième film de l’excellent David Strathairn dans le rôle de Noah Vosen et du toujours impeccable Scott Glenn dans le rôle de Erza Kramer, les supérieurs de Pamela Landy. À noter également la prestation de Edgar Ramirez alias l’implacable tueur Paz lancé sur les traces de Bourne.

Encore une fois derrière la caméra, le réalisateur Paul Greengrass reprend son style très personnel et assez peu conventionnel pour un film hollywoodien de cette envergure. Il filme souvent caméra à l’épaule, en plans serrés, avec des mouvements de caméra parfois assez chaotiques pour insuffler encore plus de réalisme à l’action. La lumière est froide, l’image parfois granuleuse, bref Greengrass travaille sa mise en scène et reste dans l’esprit de ce qu’il avait fait dans le second volet de la trilogie. J’avoue que je ne suis pas fan de ce genre d’images, bien que je lui concède que cela donne une véritable personnalité forte au film et sert de manière générale plutôt bien le propos. Mais à trop vouloir bousculer les habitudes de spectateur de film aux images léchées et glamour telles que celles des aventures de James Bond, Greengrass tombe un peu dans l’excès inverse. Privilégier le réalisme c’est bien, que l’on ne comprenne plus ce qu’il se passe à l’écran par moment, ça l’est moins. Et c’est malheureusement une des choses qu’on peut reprocher au film. Cela étant les conditions de visionnage influent beaucoup. Avant d’aller voir La Vengeance dans la Peau j’avais regardé la veille le précédent film de la série à la télévision, pour bien me replonger dans l’histoire. Et j’avoue que de regarder le film sur un écran de télé a été bien plus agréable visuellement que cela ne l’avait été lorsque je l’avais vu au cinéma. Autrement dit l’inconfort était bien moindre, presque gommé, sur petit que sur grand écran pour La Mort dans la Peau, il en sera donc peut-être de même pour La Vengeance dans la Peau…

De façon plus générale, la trilogie Bourne reste un objet hollywoodien assez peu commun, qui casse les codes graphiques habituels des films d’espionnage et qui est d’une indéniable qualité. Bon, pas de quoi s’en relever la nuit non plus pour y repenser, mais ça fait partie de ces films bien faits, qui ne nous prennent pas pour des imbéciles et qui ont en eux une vraie authenticité. Alors je ne sais pas si j’irai voir le prochain (car Matt Damon n’exclut pas de signer à nouveau sur la franchise Jason Bourne) mais avec ce troisième film la boucle entamée lors du premier est bouclée, et laisse plutôt sur une bonne impression.
