Pour ceux qui ne situent pas, Transformers c’est un véritable objet de culte pour tous les petits garçons qui avaient une dizaine d’années durant la seconde moitié de la décennie des 80’s. J’ai quelques souvenirs émus des samedis soirs où s’enchaînaient sur cette merveilleuse chaîne qu’était la toute nouvelle Canal + deux émissions cultissimes en clair et sans décodeur que pour rien au monde je ne ratais : l’hebdomadaire du Top 50 présenté par Marc « salut les p’tits clous » Toesca et le dessin animé le plus in de l’époque, les Transformers !
Le contexte ? des robots extra-terrestres scindés en deux clans, les gentils Autobots et les méchants Decepticons s’affrontent sur la Terre et ont la capacité de se transformer à volonté (dans un bruitage caractéristique mi-métallique mi-synthé) qui en voiture de sport, qui en avion de combat, qui en camion. Ne me demandez pas comment ni pourquoi un robot ultra-moderne venant d’une autre planète pouvait avoir la forme d’un combi-van Volkswagen, à 10 ans ce genre de détails vous passent loin au-dessus la tête. Toujours est-il que c’était fun, totalement nouveau comme concept et furieusement classe ! D’autant qu’à l’époque tout cela se déclinait également sous la forme d’une ligne de jouets high-tech qui ont garni bon nombre de sapins de Noël tellement ça avait de succès.
Donc Transformers a été et reste un dessin animé mythique pour toute une génération, comme l’avaient été avant eux Goldorak ou Albator. Mais de là à en faire un film live, le pari semblait risqué pour ne pas dire totalement fou. Voir un truck américain se transformer en gros robot rouge qui se met sur la gueule avec un autre qui avait la forme d’un tank cinq minutes avant, ça le faisait en dessin animé mais « en vrai » on n’y croyait pas trop…
Mais deux choses ont rendu les choses possibles et envisageables : l’arrivée sur le projet d’un certain Michael Bay (réalisateur bourrin-en-chef, mais poids lourd hollywoodien des blockbusters d’action) à la réalisation et du non moins célèbre Steven Spielberg à la production. L’un était gage de spectacle, l’autre gage de sérieux (dans cet ordre !). Et puis est arrivé un mini-événement qui a fait basculer les plus sceptiques … certaines pubs Citroën et quelques clips de fans mettant en scène des robots ultra-réalistes se transformant en voiture de façon très convaincante qui ont fait le tour du monde… Tout à coup on avait la preuve que techniquement parlant, les effets spéciaux digitaux dernier cri permettaient de voir de vrais Transformers grandeur nature et tout à fait crédibles.
D’objet de moquerie et de râtage annoncé, le film Transformers est passé à un statut de film très attendu et prometteur.
Alors qu’en est-il au bout du compte ?
Eh bien Transformers s’avère être parfaitement conforme à ce qu’on attendait du film : une réussite technique, une débauche d’effets spéciaux de grande qualité, un film pop-corn qui se revendique comme tel. C’est tout. Attention, ça peut paraître lapidaire ce que je dis, mais ne l’interprétez pas de façon trop dure, parce que lorsque je dis que du point de vue des effets spéciaux le film est magnifique, ce n’est pas peu dire et c’est vraiment une très grosse réussite. Mais voilà, pour moi l’intérêt du film commence et s’arrête là, et reste finalement assez limité.
Côté scénario, la trame générale est celle du dessin animé : les gentils robots combattent les méchants robots, l’avenir de la planète est en jeu, et l’issue de la confrontation dépendra en grande partie d’un lycéen un brin loser (Shia LaBeouf, qui a la tête de l’emploi) pris dans la bagarre robotique dont il profitera pour emballer la bombe anatomique du lycée (Megan Fox, qui a la tête –et le reste- de l’emploi aussi). Voilà pour les enjeux, c’est plutôt simple mais on ne demandait pas plus de toute façon, on sait ce qu’on va voir avant d’y aller, faut pas jouer les hypocrites non plus.
Non, ce qui m’a beaucoup plus déçu, pour ne pas dire carrément gonflé, c’est le traitement général du film. Oui je sais bien que c’est le blockbuster de l’été et qu’à ce titre ça doit être le plus spectaculaire et grand public possible mais j’ai beau faire, j’ai du mal avec l’humour, les personnages et le carcan scénaristique de ce type de films. Des passages tels que la partie de cache-cache de robots grands comme des maisons dans le jardin des parents du héros moi ça ne me fait pas rire une seconde, bien au contraire. Oui vous avez raison je ne suis qu’un vilain rabat-joie. Mais ça me gonfle une telle débauche de fric et d’effets spéciaux pour en faire un film fadasse sauce débile.
Autre gros défaut : le film est in-ter-mi-na-ble. Il dure environ 2h30 et je vous assure qu’il y a une bonne heure en trop. Au bout d’un moment ça devient plus que répétitif, les bastons de robots se suivent et se répètent au point d’ennuyer ce qui est quand même paradoxal pour un film grand spectacle qui en met plein la vue, vous en conviendrez. Surtout que malgré tout le soin apporté aux scènes d’action et aux effets spéciaux, il y a des passages si rapides, si sophistiqués qu’on n’y voit tellement de choses à l’écran qu’on n’y comprend plus rien. Encore un sacré paradoxe… c’est très beau, impressionnant, réaliste et détaillé mais à l’arrivée en lieu et place de baston entre deux robots géants, on a un amas de ferraille en mouvement à l’écran. Très beau, réaliste et détaillé mais un amas de ferraille quand même.
Bref, il paraît que le mieux est l’ennemi du bien, demandez à Michael Bay une démonstration, il se fera un plaisir. Sans compter qu’avec tout ça le réalisateur épileptique reste le maître incontesté de la multiplication frénétique des plans de coupe et des scènes clipesques, et il est hors de question pour lui d’abandonner sa « marque de fabrique »…
Alors voilà, pour résumer, Transformers en met plein la vue, et si vous aimez les robots et la belle mécanique, vous serez servis, pas de doute là-dessus. Pour ma part je n’étais pas mécontent de voir la fin du film enfin arriver, parce qu’on a beau aimer les effets spéciaux qui en jettent personne n’est à l’abri d’une overdose. En tout cas moi j’ai saturé. Ça m’a fait l’effet inverse de celui escompté. C’est un peu comme du hard-rock plan-plan à fond pendant trop longtemps : d’abord ça pète bien mais au bout d’un moment ça devient monotone et ça m’endort. Ben ouais que voulez-vous, j’arrive à me passionner pour des films tout en lenteurs comme Solaris de Soderbergh, et je suis à deux doigts de m’endormir sur du Michael Bay. Je sais, je suis bizarre.