Quand je cause d'un film, je fais souvent des articles plutôt longs, et pas toujours en phase avec l'actualité du moment. Dans cette page d'avis vite dits je me propose de faire exactement l'opposé : quelques mots rapides pour donner un avis sur ce que je viens de voir. Certains films feront peut-être par la suite l'objet d'articles plus complets, ou pas. Cette page
est donc mise à jour en même temps que l'encart "Vu récemment" qui pointe vers elle...
The Peripheral saison 1 : Très intéressante cette première saison d'une série qui se veut plutôt ambitieuse dans la forme comme le fond. On aborde des thèmes entre le Fantastique et la SF soft, comme le voyage dans le temps (d'une manière peu commune, vous verrez), les univers parallèles, la transposition de l'esprit dans un autre corps, futur dystopique, soldats "améliorés", programme de simulation de réalité virtuelle... Et à l'image, ça rend assez bien, du moins suffisamment pour qu'on ait l'impression que la série se donne les moyens de ses ambitions. Du fait des concepts un poil plus complexe que d'habitude à appréhender, des différentes époques temporelles couvertes par l'histoire, et de la somme des personnages impliqués, l'intrigue prend un peu de temps à correctement se mettre ne place, mais dès lors que tout est plus ou moins clair et posé, on se prend très vite au jeu et ça devient rapidement très plaisant à suivre (et encore plus quand entre en scène le vieil homme qui s'avère un tueur à gages ultra efficace, dans les derniers épisodes de la saison). J'ai été positivement surpris par Chloë Grace Moretz en héroïne principale, je craignais qu'elle ne dénote dans le contexte et au contraire je l'ai trouvée très juste, très impliquée et bien plus subtile que je n'avais déjà pu la voir auparavant. Quant à la narration, si ce n'est certains épisodes qui auraient, je pense, gagné à être plus courts (plusieurs dépassent 1 heure de durée), l'intrigue est bien dosée, on avance correctement en même temps qu'on comprend les tenants et les aboutissants, il y a quelques scènes d'action bienvenues, on gère agréablement plusieurs fils narratifs en parallèle sans se perdre ni chronologiquement parlant, ni sur le fond... Bref tout cela mis bout-à-bout donne une série un peu inattendue et de très bonne facture. Tout ce que je demanderais à ce stade-là, c'est une confirmation de la qualité proposée lors de la seconde saison !
Beau is Afraid : Quel film particulier que voilà ! Je l'ai vu sans rien en savoir au préalable, attiré uniquement par l'affiche et le titre. Parce que Joaquin Phoenix surtout faut dire. Et clairement, je n'étais pas prêt pour ce que j'ai vu. Ça commence pourtant plutôt pas trop mal, c'est intriguant, l'image est léchée, on sent que visuellement tout est très travaillé et rien n'est laissé au hasard. Et Joaquin Phoenix sait tellement bien jouer le mec borderline que forcément on se prend au jeu. Pendant au moins la première heure, j'étais happé par ce que je voyais à l'écran. Et puis doucement un doute s'insinue : où le cinéaste veut-il nous emmener ? Car plus le temps passe, plus on perd pied dans cette histoire, par ailleurs très minimaliste dans les faits. Et c'est là que j'ai commencé à décrocher. Que le sens soit flou, qu'on soit dans l'allégorie ou le conte à la limite pourquoi pas, mais encore faut-il à un moment que les choses trouvent une cohérence, qu'on devine même, à défaut d'en être sûr, un début de message transmis par le film. Mais là non, jamais, à aucun moment. Ou alors des choses tellement bateau que c'en serait triste si c'était le seul motif de ce film. Que tous les problèmes psychologiques sont liés à la mère par exemple. Bonjour le cliché, au revoir la nuance. Le film est une lente (très lente) et longue (trèèès longue) plongée dans la folie, mais intégralement selon le point de vue du fou (en tout cas, je l'ai interprété ainsi) ce qui a pour conséquence qu'en tant que spectateur "sain d'esprit" on n'a aucun repère, rien à quoi se raccrocher avec certitude. Par exemple : le quartier où vit Beau a l'air uniquement rempli de gens violents, sanguinaires et eux-mêmes complètement cinglés, au point que des cadavres jonchent la route sans que ça ne gène personne, et on ne saura jamais avec certitude s'il s'agit de la réalité ou d'un problème de perception de Beau. Personnellement j'ai décidé de pencher pour cette seconde solution, sinon le monde entier de Beau aurait sombré dans la folie et ce serait encore lui le plus "normal" de la bande... Bon, pourquoi pas, ça pourrait être un parti pris narratif à la limite que ce soit la pure réalité, mais encore une fois : quel sens cela aurait-il au final de raconter la folie d'un homme lui-même réellement prisonnier d'un monde incensé ? Et plus le film déroule ses scènes, plus le temps passe, et plus il devient long, voire pénible à regarder. À la fin je n'en pouvais plus d'attendre la conclusion, qui a fini par arriver après trois heures ! Et une fin tellement navrante et jusqu'auboutiste qu'elle n'apporte rien qu'on ne sache déjà : Beau est né, a vécu, et a fini absolument taré, au sens strict du terme. Clairement j'ai été d'abord très surpris, puis décontenancé, et au final très déçu par ce film. Et pourtant, Dieu sait que j'aime l'acteur principal. Ou alors, et je n'exclus pas d'emblée cette possibilité, peut-être ne suis-je tout simplement pas assez correctement équipé intellectuellement pour percevoir le sens et l'intérêt profond de ce long métrage. En attendant, et étant seul juge pour ma propre personne, je peux affirmer que je n'ai pas aimé ce film. Faites ce que vous voulez de cette information...
Ant-Man et la Guêpe : Quantumania : Les deux premiers films dédiés à Ant-Man avaient eu pour eux la fraîcheur et la légèreté saupoudrées d'une bonne dose d'humour qui faisait clairement lorgner les films vers la comédie encore plus que vers le film de Super-Héros. Cette troisième incartade dans l'univers de l'Homme-Fourmi (j'aime bien de temps en temps reprendre les noms francisés des héros, tels que je les avais connus en les découvrant dans les comics de ma jeunesse) a un peu perdu de cette forme d'innocence et de bonhomie qui faisaient son charme et le classait un peu à part dans le MCU. L'humour y est moins naturel, plus attendu (et donc par définition moins impactant), et si la débauche d'effets spéciaux et visuels reste de très bonne facture, j'ai presque eu l'impression qu'il s'agissait de combler le vide d'une histoire peu palpitante, et de personnages moins bien troussés que précédemment. La présence d'un Bill Murray fait plaisir, l'introduction d'un méchant charismatique de l'univers Marvel est appréciable aussi (d'ailleurs à ce sujet, il est intéressant de constater que les c'est souvent par Ant-Man, personnage insignifiant si on le compare à Thor ou Iron-Man par exemple, que sont introduits certains éléments clés qui vont bouleverser le MCU : par le passé la solution du voyage quantique pour défaire ce que Thanos a fait, et ici la découverte du nouveau antagoniste majeur aux héros du MCU). Mais le film en lui-même manque de souffle épique, pas qu'on s'ennuie mais les enjeux peinent à nous passionner. C'est dommage, après la réussite inattendue des deux premier, ce troisième opus manque un peu sa cible j'ai trouvé, ça aurait pu faire une chouette trilogie sinon. Mais l'essentiel est là cependant : Kang est dans la place !
Miracle Workers saison 3 : La seconde saison de cette série m'avait déçu car si l'originalité etait toujours de mise, le pouvoir comique avait beaucoup régressé et le résultat s'en était très largement ressenti. Mais cette troisième saison redresse bien la barre de ce point de vue-là, et à plus d'une reprise je me suis pris à pouffer sur des bêtises, une situation rocambolesque ou un dialogue bien torché. Cette fois on se retrouve dans un décor de western, ou plutôt de conquête de l'Ouest, et c'est l'occasion pour les scénaristes d'enchaîner les gags de manière assez inspirée. Encore une fois dans cette série, ce n'est pas l'intrigue principale qui est le plus important, mais bel et bien les situations et l'effet comique. Avec en tête de proue l'inénarrable Steve Buscemi qui assure à lui seul une bonne part de la réussite du spectacle. Cette série n'a rien d'un incontournable, je ne vais pas tenter de la survendre ici, mais on passe un agréable (et court) moment en la regardant, et c'est déjà pas si mal par les temps qui courent.
The Boys présentent : les Diaboliques saison 1 : Toute petite saison d'épisodes courts (moins de 15 minutes) qui plongent dans l'univers de The Boys (le comic book devenu série télévisée) et en explore les coins et recoins autour du composé-V de Vought. Différents styles graphiques, différents styles narratifs, variant entre humour et cynisme défaitiste. Tous les épisodes ne se valent pas, c'est une évidence de dire cela dans le cadre d'une série d'animation de ce type, mais l'ensemble démontre une belle qualité générale malgré tout, ce qui est notable (et plaisant). Sur certains épisodes, je dirais même qu'on se rapproche plus encore de l'esprit du Comics que la série live. Sur l'aspect délirant et outrancier surtout (je pense tout particulièrement à l'épisode consacré aux "pouvoirs de merde"). Sans que cela ne parvienne à tous les coups à égaler le matériau d'origine cela dit (je pense à l'épisode autour de la crotte vivante par exemple, fausse bonne idée selon moi). Cette petite série s'avère donc amusante et plaisante, mais reste au final assez anecdotique. Que ceux qui la rateront se rassurent, ils ne passeront pas à côté d'une pépite méconnue, ceux qui s'y essaieront quant à eux, passeront un moment agréable mais pas marquant, d'autant plus que la série est regardée en son entièreté en moins d'une heure et demi. À vous de voir donc !
The Head saison 1 : Le décor polaire est idéal pour un thriller à la sauce whodunit. Il facilite le huis-clos, limite les possibilités et oblige les scénaristes à être plus créatifs que d'habitude. Mais en contrepartie, l'exercice demande une écriture rigoureuse, une parfaite maîtrise spatio-temporelle des événements et une gestion au cordeau des personnages. L'aspect thriller de l'intrigue repose sur la confrontation des récits antagonistes des survivants de la mission Polaris VI. Or, dès le départ, je n'ai pas réussi à me départir de l'idée lancinante que quelque chose cloche. Quelque chose dans l'ossature même de l'histoire, quelque chose qui assurerait la cohérence globale, un je-ne-sais-quoi de l'ordre du ciment narratif manquait à la consolidation de l'intrigue. De fait, gêné sans parvenir à mettre le doigt sur ce qui en était la cause, je n'ai pas pu entrer pleinement dans ce que proposait le scénario. Ça coinçait. Et si les premiers épisodes parvenaient à faire le job, au fur et à mesure de l'avancée de la saison, ça coinçait de plus en plus. De fait, la révélation finale ne m'a pas eu sur moi l'effet escompté. Non pas que j'avais découvert le pot-au-roses exact, mais il était évident pour moi depuis le début que ce qu'on nous racontait était faux, ou au moins biaisé. Du coup, ce qui tient lieu de révélation, et potentiellement de twist qui remet en lumière toute l'histoire depuis le commencement, n'a pas fonctionné puisque je l'attendais tout en me disant tout le long des épisodes, "ça ne marche pas, quelque chose dont le manque est trop palpable à l'écran m'empêche de croire ce qu'on me montre". Sans arriver à définir plus clairement ce manque. Il est d'ordre narratif, plus encore que scénaristique à mon sens. Un petit quelque chose dans la façon de narrer l'histoire m'a fait tiquer dè sle départ, et cela a grandement atténué l'effet de la série sur moi. Dommage, car l'idée de départ était séduisante. Les personnages un peu trop caricaturaux (mais en 6 épisodes, difficile de faire très fouillé quand on a une dizaine de personnages à développer) sont assez prévisibles, l'action un peu lente (des épisodes plus resserrés auraient peut-être établi un rythme plus adéquat). J'avais envie d'apprécier cette série, mais à l'arrivée ça ne l'a pas fait. Peut-être ne suis-je pas la bonne cible, du moins ai-je cru comprendre que la série avait eu son petit succès critique à sa sortie. Mais elle ne m'a pas convaincu.
Better Things saison 3 : Better Things continue sur sa lancée, renforçant ses aspects plaisants, mais persévérant aussi dans ses côtés moins attractifs (à mes yeux). La petite famille poursuit son petit bonhomme de chemin, les petites ou grandes joies, les petites ou grandes peines, les questions existentielles, les colères, les énervements, les réconciliations, tout cela est plutôt bien géré, mis en musique et ponctué de traits d'humour (ou d'ironie aussi) de façon fort agréable à suivre. En revanche, certaines situations, certaines réactions, certaines idées ou discours m'ont parfois fait tiquer. Le cul entre deux chaises du personnage principal de Pamela Adlon m'a aussi souvent ennuyé. Elle se veut une femme forte qui gère tout toute seule, qui ne doit rien à personne, qui en remontre aux mecs, qui évidemment a eu un mari "toxique", qui défend des valeurs d'indépendance et de girl power aux accents très féministes, mais qui bien souvent dans son comportement démontre être aussi le contraire de tout cela. Elle se plaint beaucoup de sa vie, de ses enfants, de son rythme effréné, de courir en tout sens, de subvenir à tout, mais au final dans la série on constate qu'elle vit dans une belle et grande maison, n'a visiblement pas de problème d'argent, laisse un maximum de liberté à ses enfants qui vivent leur vie la plupart du temps sans elle, se lâche régulièrement sur l'alcool, la bouffe et le cul (et tant mieux !) et accessoirement travaille de temps en temps en tant qu'actrice (autrement dit, et sans vouloir manquer de considération pour le métier d'acteur, elle ne se tue pas à la tâche 8 heures par jours sur une chaîne d'usine quoi...). Bref, c'est un peu le côté "moi je, moi je, moi je" de la plupart des personnages (les gamines Frankie et Max ne sont pas en reste de ce point de vue là) qui ne voient les choses qu'au travers d'un prisme ultra égocentré qui me gonfle parfois quand on les compare aux discours et idées très progressistes qu'ils tiennent en parallèle. Le paradoxe de la vie certainement. Mais si on ne s'attarde pas sur ces détails, c'est assez amusant de suivre les pérégrinations de la petite famille de Sam Fox.
La Nuit sera longue saison 1 : Cette série espagnole cumule qualités et défauts, ce qui en fait une série compliquée à juger. Pour les qualités : une intrigue à la base assez simple qui recèle cependant des subtilités qu'on découvre au fur et à mesure, un environnement de prison / hôpital psychiatrique qui donne une ambiance bien spéciale à l'histoire, des dilemmes moraux et des situations inextricables qui font cogiter. Pour les défauts : une action qui a tendance à se diluer et une gestion du temps qui m'a dérangé (le temps infini qu'il faut au commando pour forcer des portes, fussent-elles blindées, ne me paraît pas très crédible), des réactions pas toujours évidentes de personnages dans des situations données, des effets de suspense qui semblent parfois extraits aux forceps, des explications techniques un peu trop lights à mon goût (les lignes téléphoniques sont coupées, ou brouillées, comme ça sans plus d'explication, faut juste l'accepter, les discussions par talkies-walkies sont parfois confidentielles, parfois captées par les adversaires en fonction des besoins du scénario on dirait, ça marche comment exactement ? Quant au générateur et à la voiture réparés en moins de deux, là aussi on certainement à faire à des génies de la mécanique). En ce qui concerne les personnages, qui sont nombreux, on côtoie le bon comme le moins bon. Il y en a de très réussis et charismatiques (je pense à Cherokee en particulier, mais aussi le glaçant tueur en série ou la cintrée Manuela) et d'autres qui manquent cruellement de personnalité convaincante (le directeur Hugo en premier lieu, la plupart des gardiens, ou la prisonnière à crâne rasé et son comparse amoureux transi, caricaturaux au possible). Le plus inquiétant dans cette série reste qu'en à peine 6 épisodes j'ai déjà l'impression qu'on essaie de beaucoup trop en faire sans pour autant que l'histoire n'avance vraiment, je crains que la seconde saison n'enfonce le clou dans cette direction. Mais je concède au twist final d'être intriguant et de donner envie d'en savoir plus. La suite déterminera très certainement de quelle côté la balance penchera, en attendant je suspends mon jugement...
Mayor of Kingstown saison 1 : Après sa longue parenthèse Marvel en tant qu'Hawkeye, Jeremy Renner se reconvertit grâce à cette série dans le thriller sombre et violent et se forge une étoffe de bad guy au cuir hyper tanné qui résiste à tout et ne recule devant rien. La série met un peu de temps à bien s'ancrer sur ses nombreux personnages, mais une fois la toile quelque peu complexe tissée entre eux, tout s'emboîte à merveille et les engrenages de la fatalité réclament leur dû, menant l'intrigue vers des sommets de suspense et d'action. La partie carcérale du récit est en grande partie dépositaire de cette montée en puissance de la série d'épisode en épisode, mais le puzzle alambiqué d'interactions entre les différents clans qui s'affrontent est également très intéressant à suivre en dehors des murs de la prison. Des prisons même devrais-je dire, puisque les événements de la série ont des répercussions aussi bien dans le pénitencier pour hommes que dans la prison pour femmes voisine. Et cette montée en puissance, qui connaît son climax dans les deux derniers épisodes de la saison, augure d'une seconde saison tout aussi intéressante et prometteuse puisqu'on devine déjà certains développements de l'intrigue principale à venir. Très bonne surprise que cette série rude et violente, pas évidente d'approche au départ, mais très généreuse en émotions et en rebondissements dès sa première partie passée. À voir.
Sisu, de l'Or et du Sang : Si le terme finnois 'Sisu' a été conservé dans le titre, c'est en partie parce qu'il n'a pas d'équivalent exact en français. Il a un sens proche de 'ténacité', 'persévérance' ou 'détermination', mais avec une intensité plus forte, il désigne le fait de s'éccrocher coûte que coûte à son objectif, et ne rien abandonner à l'adversité. Et quand on sait ça, on sait à peu près tout ce qu'il y a à savoir du film. Parce que c'est exactement la définition de ce qu'il se passe à l'écran. Le personnage, un taiseux vétéran de la grande guerre, a un objectif à tenir, et rien, pas même les nazis qu'il va croiser sur son chemin, ne l'arrêtera. Faut dire que le bonhomme est doté d'une capacité de résistance physique hors normes, d'une volonté de fer, et surtout de qualités inégalées dans le domaine du combat et de la survie. Économe en parole, l'ancien combattant cause peu. Mais quelle prolixité dans l'art de faire saigner et d'occire son prochain. En tout cas quiconque essaiera de le dévier du chemin qu'il s'est fixé. Le film est à l'image de son héros : brut de décoffrage, déterminé, violent, jusqu'auboutiste. Parfois à la limite du too much et de la crédibilité, le film développe une telle énergie et une telle tension, qu'on ne peut se détourner de ce que l'on voit à l'écran. Ça ne fait pas dans la dentelle mais ça ne le revendique à aucun moment. Le film est carré, brutal, sanglant et sans pitié, mais cohérent avec lui-même de bout en bout. Si vous avez envie de beaucoup d'action et de peu de mots, si la vue du sang et des tripes éparpillées ne vous empêche pas d'apprécier un bon film, alors Sisu est fait pour vous. Les autres, passez votre chemin.
Red Light mini-série : Annoncée avec une belle réputation de série "coup de poing" sur l'univers de la prostitution dans les bas fonds du quartier rouge d'Anvers, munie d'un casting plutôt léché (Carice Van Houten en tête de gondole), Red Light, une production néerlandaise et belge promettait de belles choses. Et aussi bien sur l'ambiance que dans les images, les premiers épisodes tiennent largement la route, l'intrigue n'est pas d'une folle originalité mais a l'air solide, l'interprétation est au diapason, et on trouve un faux-rythme qui, bien que l'histoire n'avance pas à pas de géants, donne une apparence de maîtrise du sujet. Si bien que ça fonctionne plutôt pas mal pendant les trois quarts de la série. Mais quand arrive le dénouement, principalement sur les deux derniers épisodes où les choses se précipitent un peu plus, on bascule dans le n'importe quoi et les mauvais choix scénaristiques et narratifs se succèdent, laissant place à quelques clichés inattendus, et surtout à une bonne dose d'incohérence dans la gestion des personnages. L'épisode où les trois héroïnes sont isolées dans une maison de campagne sous la menace d'un groupe d'hommes de main du proxénète qui viennent pour les buter est édifiant. Il fait nuit noire, elles ont un 4x4 à disposition et l'une d'elle connaît une petite route secondaire dans les bois (puisqu'à la fin elle part par là), mais non, elles préfèrent attendre là que les gugusses arrivent. Elles sont trois, eh bien elles réussisent à faire trois groupes de "une". Bigard n'a rien inventé dans ses sketches, c'est la triste réalité. L'une d'elle prend une balle en pleine forêt, est en train de crever seule dans la nuit, essaie d'appeler à l'aide avec son téléphone portable alors qu'elle entend au loin les secours arriver mais pas de bol, ce dernier n'a plus de batterie... Alors elle rampe comme elle peut, trop faible pour crier et se faire entendre, avant de sombrer dans l'inconscience, persuadée de vivre ses derniers instants. Tout du long, elle a un revolver avec elle, pas une seconde il ne lui vient à l'idée de tirer pour se manifester aux autres... Ce sont des détails vous me direz, mais ce genre de truc, moi ça me fume pour une série qui se veut si proche de la réalité. Sur le plan morale et éthique, il y a de quoi redire aussi d'ailleurs. On comprend assez rapidement que dans cette série, les femmes sont mises au premier plan, et les hommes sont tous des enfoirés à divers degrés, qu'aucun n'est bon à sauver. Mais tout de même, ce qu'il advient de la prostituée en toute fin laisse songeur. Quant à la fliquette, outre son alcoolisme et son abandon de famille, que son premier réflexe soit, toute drapée de blanche vertue, de balancer (auprès de sa hiérarchie et même de sa femme sur son lit de mort) son coéquipier qui a toujours été là pour elle dans les pires moments quand elle découvre qu'il a été une taupe (alors qu'il l'a fait en sacrifice pour prendre soin de son épouse en phase terminale de sclérose en plaque), ben désolé, mais j'ai du mal avec le sens de la loyauté et la morale à géométrie variable de l'héroïne... Je cite là quelques exemples qui m'ont marqué, et qui j'en ai peur risquent de spoiler un poil la série, mais ils sont pour moi des marqueurs forts d'une série bien débutée mais malheureusement inaboutie scénaristiquement. C'est toujours très dommageable, une fin ratée. Car c'est de cela qu'on se souvient avant tout.
Venom : Let There Be Carnage : La franchise Venom m'a toujours inspiré une grande méfiance, depuis l'annonce fracassante d'un premier volet horrifique qui avait laissé place à un spectacle tout public. Cette fois, avec l'arrivée de Carnage dans le champs d'action, le film écope d'une interdiction aux moins de 12 ans, ce qui, vu le thème et les personnages impliqués, est un strict minimum. Et malgré cela, on sent à chaque seconde du métrage que le film a le cul entre deux chaises. Andy Serkis à la réalisation aurait certainement eu envie d'aller plus loin et plus sérieusement dans le gore et le malsain, pour coller au plus près de la psyché de ce psychopathe de Cletus Cassady, mais Venom est un personnage Marvel, qui plus est de l'univers de Spider-Man, et à ce titre doit attirer et rester accessible aux jeunes. D'où je pense cette édulcoration du personnage titre ainsi que du grand méchant Carnage. D'où également cette compensation aux quelques images un peu plus violentes que dans le premier, qui consiste à blinder le film d'humour lourdingue (les dialogues entre Eddie et Venom) censé dédramatiser l'appétit de cerveau du symbiote par exemple. On garde le principe, mais on ironise un maximum dessus (le parallèle avec les poulets et le chocolat par exemple) histoire de détourner l'attention d'un acte factuellement répugnant et malsain. À mes yeux, ce genre de choses, pas subtiles pour un sou et très répétitives à la longue, plombent le film. Si on ajoute la contrainte de "faire peur sans tomber dans l'horrifique" pour ratisser le plus large possible malgré tout, on glisse régulièrement vers le kitsch et le ridicule. J'adore Woody Harrelson, mais avec sa moumoute de rouquin et son sourire forcé de fou-furieux, il est plus pathétique qu'inquiétant. Mais ça c'était couru d'avance, ce choix d'antagoniste pour un film qui, de par son cahier des charges, ne peut pas se permettre certaines outrances, c'était se tirer une balle dans le pied dès le début. Alors que le premier opus avait su miraculeusement ne pas totalement sombrer dans les dérives que je craignais, le second s'y vautre allègrement, et je n'y ai en fin de compte rien trouvé de valable à sauver. Je ne peux même pas dire qu'il s'agisse là d'une grosse déception, tant je m'y attendais.
The Mosquito Coast saison 2 : Seconde saison de la série adaptée du roman éponyme, qui avait déjà donné lieu à une adaptation cinéma en 1986 avec Harrison Ford dans le rôle principal (sortie sur support dvd il y a quelques années, dans une version absolument affreuse). Au cours de la première saison j'avais été déboussolé par la distance assez marquée entre l’œuvre dont je me souvenais avec Harrison Ford et la série, comprenant entre les lignes que la version télévisée se permettait d'entrer beaucoup plus dans les détails et le background des personnages que le film, ce qui permettait d'en apprendre bien davantage mais en contrepartie avait pour effet de ralentir substantiellement le rythme et l'intrigue principale. Cette deuxième partie embraie sur le même modus operandi, pour vous donner une idée : la fameuse Mosquito Coast qui donne son nom au roman, au film et à la série, n'est atteinte qu'en toute fin de la seconde saison. Dans le film, c'est là que se concentre le nœud de l'intrigue, de ce personnage de scientifique un peu fou, obsédé par l'idée de sortir du système et de créer l'environnement de vie idéal pour sa famille en rupture de ban avec la société, sur le mode "grandeur et décadence" (je n'en dis pas plus pour ceux qui voudraient voir le film). C'est dire si la série prend son temps pour en arriver au cœur de l'histoire. Le hic, le gros hic, c'est qu'elle a visiblement trop traîné en route... de sorte que le diffuseur (Apple Tv) a décidé de jeter l'éponge et de ne pas renouveler la série pour une troisième saison. Ce qui explique la fin absolument précipitée, inattendue et très différente de l'histoire d'origine qui survient brusquement et sans prévenir ni s'appesantir sur ses conséquences pour les personnages, dans le tout dernier épisode de la seconde, et donc dernière, saison. Narrativement, on est à deux doigts de la catastrophe tant cette fin bricolée arrive comme un cheveu sur la soupe. Scénaristiquement c'est très dommage, car bien que la série aurait gagné à aller plus rapidement au but, cette annulation avant même que le centre du récit ne soit abordé rend le récit des deux premières saisons presque inutile, et ôte toute la profondeur de l'histoire. On se demande un peu, voire beaucoup, à quoi bon tout cela pour finir ainsi. J'imagine que cette fin ratée et précipitée faite de bric et de broc a été préférée à un cliffhanger qui ne verrait jamais de suite, mais je ne suis pas loin de penser que le remède est presque pire que le mal sur ce coup-là. En revanche, cela m'a donné l'envie de lire le roman, pour pouvoir enfin compléter la boucle, et avoir l'histoire dans sa complétude, plus large que dans le film qui l'aura certainement réduite et concentrée au maximum, et que dans la série qui l'aura amputée d'une bonne moitié par manque de temps. Gros gâchis en l'état pour ce qui aurait très certainement pu donner une excellente série voguant sur le thème de l'altermondialisme et de l'écologie responsable...
Les Galettes de Pont-Aven : De temps en temps, se faire ou se refaire un film culte, quel bonheur... Avec Les Galettes de Pont-Aven, on touche au film étendard, celui qui surnage la filmographie de son réalisateur, Joël Séria, mais aussi certainement celui qui a donné l'un des rôles les plus emblématiques et mémorables au yeux du grand public à Jean-Pierre Marielle. Il incarne Henri Serin, comme le serin, représentant de commerce en parapluies de qualité, qui souffre en silence dans sa vie de famille, dans son boulot alimentaire alors qu'il se rêve en Gauguin, en artiste peintre. Un homme mûr qui se sent incompris, engoncé dans un carcan social et familial qui l'étouffe, certains parleraient de crise de la quarantaine, d'autres de rébellion à l'ordre établi, d'autres encore de recherche de sens à son existence morne et sans relief... Ce film, qui est généralement taxé de comédie par son outrance, son langage fleuri, la légèreté avec laquelle les personnages féminins sont vêtus tout au long du récit, n'en est en fin de compte pas tellement une. J'y vois beaucoup de noirceur, de tristesse, de désespoir, dans ce film. Il est certes truculent, surtout en ce qui concerne les dialogues savoureux, mais en réalité son personnage central ne cesse de se débattre, comme il le peut, contre le sort, le système en place, la frustration, les désillusions, la fatalité... sans forcément toujours y parvenir du reste. Plutôt un constat implacable et lucide qu'une cure d'optimisme, ce film garde un aspect très sympathique par son rapport très direct au monde réel, toujours à hauteur de quidam, toujours sur un ton de sincérité, presque de naïveté, et surtout il véhicule et revendique du début à la fin une forme de tendresse inaltérable, vraie, pleine. Rien n'y est tout blanc ni tout noir, des personnages aux situations, des liens qui se font ou se défont. Si à sa sortie, le film était volontiers qualifié de provocateur et dérangeant, aujourd'hui je le perçois beaucoup plus comme un cri du cœur, d'une sincérité folle, et comme une fenêtre mélancolique sur un monde passé et perdu où l'humain prévalait encore sur tout le reste. Un mot sur Jean-Pierre Marielle : grandiose. Et je n'oublie pas non plus la qualité des seconds rôles délicieux à la pelle. Un film emblématique du cinéma français des années 1970, au même titre que Les Valseuses selon moi. À voir et revoir sans modération.
Shrinking saison 1 : J'avais eu un coup de coeur pour l'acteur Jason Segel dans la série Dispatches from Elsewhere en 2020, et bon, Harrison Ford c'est Harrison Ford quoi. Il ne m'en a donc pas fallu plus pour me lancer dans cette série que de voir la trogne de ces deux-là sur l'affiche de promo de la série. Et puis une histoire de psy qui pète une durite et sort de la déontologie et des règles habituelles pour tenter d'obtenir de meilleurs résultats avec ses patients, j'ai trouvé le pitch de départ engageant. Alors la première saison qui nous est proposée n'a rien de révolutionnaire, ce n'est pas un chamboulement ni un coup de cœur absolu comme peuvent l'être parfois certaines séries sorties de nulle part, mais ce que j'y ai vu m'a plu, m'a fait rire, m'a parfois surpris, et a su jouer sur le double tableau drame / comédie avec un certain brio. Ce qui avec moi fonctionne toujours quand c'est bien fait. Il y a en plus du duo d'acteurs principaux une brochette de seconds rôles très bien trouvés et très bien campés (je pense à Lukita Maxwell et Ted McGinley en particulier). Les quelques cas psy exposés dans la série sont surtout là pour la blague et traités sur ce ton-là, de manière assez réussie d'ailleurs, mais ce sont évidemment les psychothérapeutes eux-mêmes qui sont les premiers touchés par des blessures intimes profondes (le deuil pour Jimmy, la maladie dégénérescente pour Paul, les rapports père-fille pour les deux). C'est ce qui nourrit le côté drame du show. Ça oscille donc beaucoup entre rires et tristesse, on passe du moment émouvant au gros gag un peu trash, de la mélancolie voire du désespoir le plus noir à la répartie qui tue d'une seconde à l'autre. On navigue donc entre deux eaux sans jamais basculer complètement d'un côté ou de l'autre, et c'est plutôt bien fait et agréable à voir. En revanche, une chose m'a frappée, c'est l'incessant renvoi à la "race" des uns et des autres. Les blacks d'un côté, les blancs de l'autre, comme essentialisés dans le discours de chaque protagoniste alors même que l'histoire démontre par a+b qu'il n'y a pas de différence de ce type à faire, qu'aussi bien dans ce qui leur arrive que dans leurs réactions, ils sont très proches. La psy black, qui visiblement fait partie du haut du panier socioculturellement parlant, comme en témoignent sa Tesla flambant neuve ou l'artiste black avec qui elle est en couple et qui fait son vernissage dans une galerie d'art prestigieuse, cette psy donc fait pourtant systématiquement référence à la victimisation des afro-américains, rangeant indifféremment les "petits blancs" parmi une caste de privilégiés plein de fric (à laquelle elle ne semble pas consciente d'appartenir elle-même, nonobstant sa couleur de peau). Quand racialisation et classes sociales se confondent... ça peut vite amener à perdre le sens des réalités. C'est un discours très américain il me semble, qui tend à se généraliser, et qui s'insère insidieusement (mais pas très subtilement) jusque dans des séries qui se veulent 'disruptives' et bien-pensantes mais qui ce faisant gomment au passage toute notion de 'nuance' dans leurs discours et leur représentation de la société états-unienne. J'ai trouvé cela dommage. Mais ça reste un problème mineur quand on considère l'ensemble plutôt qualitatif de cette série, que je conseille absolument.
Sanctuary saison 1 : Plongez dans l'univers atypique du sumo avec cette série japonaise totalement inattendue et à contre courant de ce qu'on a l'habitude de voir en occident. Vieux d'au moins 1500 ans, cet art martial est pétri de tradition et suit un protocole immuable, qui en fait une fenêtre sur le passé plutôt déroutante de nos jours. Rien que pour ces rites, ses règles, son folklore et toute l'aura qu'un combattant de sumo génère aux yeux de la population, cette série est extrêmement dépaysante, et formidablement intéressante. J'ai personnellement adoré m'immerger dans ce monde à part qui est lui-même un îlot de particularités au sein de la société japonaise déjà bien éloignée de la nôtre par bien des aspects. On retrouve toute la démesure dont les japonais sont capables, mais aussi un profond respect des traditions malgré toute la modernité dans laquelle le Japon baigne. Je ne vous cache pas que le premier épisode m'a un peu laissé dubitatif, il m'a fallu un temps d'adaptation, aussi bien au contexte de l'histoire qu'au jeu des comédiens (j'ai toujours ce sentiment de décalage avec la façon de jouer la comédie dans les œuvres asiatiques au sens large). Mais dès le deuxième épisode, et encore plus ensuite, j'ai été happé par ce que je voyais à l'écran. On en apprend énormément sur ce sport ancestral resté finalement assez méconnu chez nous dès lors qu'on sort de ses aspects les plus caricaturaux, mais on plonge aussi dans la société japonaise avec tout ce que cela englobe, là encore, de dépaysement. Si je ne devais exprimer qu'un bémol, ce serait concernant la fin, qui en tant que telle peut parfaitement tenir lieu de final définitif, mais qui donne quand même furieusement envie d'en voir plus, d'en savoir plus. En huit petits épisodes, je suis donc passé de 'dubitatif' à 'convaincu', et cette série figure parmi mes coups de cœur de 2023 !
Les Gardiens de la Galaxie Vol.3 : Alors que l'avenir de ce film était bien mal engagé après l'éviction de James Gunn de l'écurie Marvel, le retour en grâce du réalisateur a permis de boucler la boucle des Gardiens de la Galaxie en gardant l'ADN de la franchise telle qu'on l'avait connue jusqu'ici. À savoir : un ton décalé, de l'action à gogo, des images impressionnantes et des effets spéciaux à l'avenant, beaucoup de second degré, et une pointe de 'je m'en fous je fais ce que je veux' ponctuée de clins d'oeil réguliers au spectateur. James Gunn a réussi à développer au sein du MCU un univers spécifique fait d'extravagance et d'originalité tout en intégrant des éléments canons de l'univers Marvel, quelque part entre respect et réinterprétation, maintenant cet équilibre fragile assez inédit avec brio tout du long. Génial pour un fan des comics de voir le chien Cosmo ou la station spatiale Knowhere si proche de ce que les comics proposent, côtoyer la version très particulière d'un Yondu par exemple, qu'un intégriste fondamentaliste de Marvel devrait rejeter avec force alors que le personnage fonctionne pourtant parfaitement bien à l'écran, et certainement bien mieux qu'une version qui aurait été plus fidèle à la version papier. Quand on parle d'adaptation au cinéma, c'est proche de l'exploit que de parvenir à un tel résultat, qui mixe avec autant de réussite la fidélité et le respect de certains personnages et l'apport de nouveaux angles d'approche pour d'autres. Le seul bémol, que je qualifierais même de faux-pas assez grossier, c'est selon moi le traitement d'Adam Warlock dans ce troisième opus. Le personnage est surtout là pour apporter un prétexte d'introduction à la trame principale du film qui l'oublie bien vite, avant de revenir faire une petite apparition en fin de métrage, mais en soi Warlock n'apporte rien. Et d'en faire un personnage aussi neuneuh qu'il est balèze, avec son air bovin et très limité intellectuellement, n'est pas la meilleure idée de Gunn, pour une fois. D'abord parce que ça fait un peu trop répétitif comme traitement de personnage (des balèzes bas du front il y en a déjà treize à la douzaine dans les Gardiens de la Galaxie), et surtout parce que ça trahit plus un manque d'idées sur la façon de s'en servir qu'autre chose. D'où mon avis qu'il ne sert à rien et qu'il aurait mieux valu se passer de sa présence. Mais c'est assez secondaire en fait. Le vrai personnage central de ce film c'est évidemment Rocket dont on apprend les origines assez dramatiques, ce qui permet d'ailleurs au film de prendre une autre envergure que ce que la franchise nous a servi jusqu'ici à base "de blagues et de bastons". On est même ému par moments par le destin de cette boule de poils jusqu'alors plutôt traitée sur un mode très premier degré dans les films précédents. Quant au grand méchant du film, soyons honnête il n'a rien de très "grand", mais il est bien "très méchant", presque de manière caricaturale d'ailleurs tant il manque de nuances lui aussi dans son traitement (ce qui est dommage quand on connaît la version papier qui a beaucoup plus de profondeur en vérité). Mais encore une fois, il s'agit presque d'un détail tant l'importance réelle du récit est portée sur Rocket. Le film a également ce léger parfum d'adieux, on sent que le réalisateur tourne une page et accorde à chacun des protagonistes de l'équipe son petit moment d'hommage à l'écran (ça se remarque tout particulièrement lors de deux scènes de baston où chaque héros est mis en avant tour à tour et fait la démonstration très visuelle de ses capacités physiques spécifiques). Il clot ce faisant toutes les mini-intrigues individuelles de chacun, et introduit en toute fin une potentielle piste d'évolution pour Peter Quill de retour sur Terre, ainsi que la nouvelle mouture des Gardiens de la Galaxie. Ça fait presque un peu chant du cygne vu de cet angle. Et en marquant le départ de James Gunn du MCU, ça laisse craindre aussi la perte d'un ton à part qui risque de manquer (surtout si on compare ce Volume 3 aux autres films récents des Studios Marvel). Espérons que le futur du MCU ne s'en verra pas de plus en plus aseptisé, il l'est déjà bien assez comme ça...
Charlie et ses deux nénettes : Avec ce second long métrage de Joël Séria, on plonge en plein cinéma franchouillard un peu fauché des années 1970, avec tout ce que cela comporte de positif comme de négatif : une image pas folichonne qu'on sent faite avec des moyens pas démesurés, même pour l'époque, un scénario très linéaire et pour autant approximatif par moments, des dialogues et des scènes gentiment naïfs et très en décalage avec le monde d'aujourd'hui, mais aussi un charme suranné qui fonctionne bien parce qu'on a aucun mal à croire à la sincérité de ce qu'on voit, un propos qui ne se cache pas et va droit au but, où une chatte est une chatte sans pour autant que cela choque ni dérange, une approche très minimaliste de l'esthétique, de la gouaille et du naturel dans l'interprétation, un rapport au réel et à la vie de tous les jours qui change de nos habitudes actuelles. Bref, ça se passe en France il y a à peine 50 ans et pourtant on est par moment totalement dépaysé, et personnellement c'est quelque chose que j'aime particulièrement dans ce genre de film : une impression de replonger dans un passé qu'on a connu (ou à peu de choses près) mais qui semble pourtant presque onirique tant il est loin émotionnellement... Côté interprètes on a en rôle principal Serge Sauvion, qui n'est rien moins que la voix française de l'inspecteur Columbo (mais pas seulement : il est aussi Paulie dans la saga des Rocky, Terry le pilote d'hélico pote de Magnum, Stacy Keach dans Mike Hammer, et tant d'autres doublures-voix au cinéma comme à la télévision), mais aussi les toutes jeunes Jeanne Goupil et Nathalie Drivet qui donnent une image de la jeunesse tellement éloignée de celle d'aujourd'hui, c'est assez troublant. Et puis un second rôle de choix en la personne de Jean-Pierre Marielle, en bonimenteur mi-charmeur mi-beauf de première catégorie. Alors bon je ne vais pas vous survendre la chose : c'est un film très mineur, on ne parle pas d'un chef d’œuvre du cinéma français, mais il reste un marqueur de l'époque, une usine à nostalgie sur bien des plans aussi, le représentant d'un cinéma qui n'existe plus depuis belle lurette et qu'on aurait même du mal à imaginer qu'il ait pu exister tant qu'on n'en a pas vu des films comme lui, et de ce point de vue le film est intéressant, dépaysant car déphasé, surprenant car insoupçonné. Outre qu'en ce moment j'apprécie de voir ou revoir des films français d'une époque révolue, j'ai pris beaucoup de plaisir avec le jeu des acteurs, tellement à mille lieues de ce qu'on voit de nos jours, et de ce fait tellement rafraîchissant même s'il nous sert un truc à ce point démodé qu'on a l'impression de regarder un vestige de la préhistoire cinématographique par moments. Ça fait du bien de se reposer pendant 1h30 en 1973. Rien que pour ça, je conseille.
Sweet Tooth saison 2 : Curieux mélange de monde enfantin avec des personnages touchoupinoux (I Love Bobby !!) et une ambiance post-apocalyptique où il ne fait pas bon être un survivant et qu'on sait l'humanité condamnée à disparaître... vous y trouverez des bons sentiments, de la cruauté, du courage, de la violence, de l'espoir, des désillusions, de l'émerveillement, la mort, de la gentillesse, des sacrifices, des gentils, des méchants, et une bonne dose d'ironie du sort aussi... Dans la droite lignée de la première saison qui m'avait très positivement surpris, je suis resté accroché du début à la fin à cette suite qui n'a rien perdu ni en fraîcheur, ni en rythme, ni en qualité narrative. Mais que l'emballage ne vous trompe pas : si à première vue on pourrait croire que la série est à destination des enfants (visuellement tous les codes du conte de fées y sont) il n'en est rien en ce qui concerne le fond, les concepts traités et le destin de certains personnages. Certes on n'est pas dans Mad Max, mais ne croyez pas pour autant vous promener dans l'île perdue de Peter Pan version Disney, et ce n'est pas parce que le grand méchant de l'histoire, le Général Abbot est aussi visuellement kitsch que le Capitaine Crochet sous acides qu'il faut les confondre... Pour ceux qui n'auraient pas encore tenté l'aventure depuis que la première saison est sortie en 2021, il n'est pas trop tard, je vous assure que vous risquez d'être surpris par le résultat. En revanche j'espère que la saison 3 sera la saison finale, ou alors que la narration opère un saut temporel, car le problème est récurrent dès lors qu'une série intègre des enfants : ils grandissent vite ! Et d'une saison à l'autre, ils ont pris un an voire parfois plus si la production prend du temps entre les saisons. Et ça c'est mortel à l'écran, pour peu qu'un des mômes soit pris d'une bonne crise de croissance entre temps, et ça vous fiche votre cohérence visuelle par terre quand dans l'histoire il est censé se passer quelques jours seulement d'une saison à l'autre... Or, si pour l'instant ça reste gérable, j'ai déjà perçu des changements chez le jeune Gus entre la découverte en saison 1 et la poursuite de l'histoire en saison 2, alors que le scénario reste dans une temporalité linéaire quasi-continue. Je crains donc la suite, faudrait pas que Gus, censé avoir 10 ans se ramène du haut de ses 1m70, le visage bouffé d'acné, ça ferait tâche... et tout de suite moins mignon aussi ! Bref, pour le bien de l'histoire, bien que je trouve cette série vraiment réussie et intéressante, mieux vaudrait qu'elle ne s'éternise pas trop. En tout cas, je conseille vivement son visionnage.
Black Panther : Wakanda Forever : Je suis un lecteur invétéré de comics depuis l'âge de 8-9 ans, et j'ai grandi avec Marvel. Aussi pour moi, même depuis tout ce temps, ça ressemble toujours et encore à un rêve éveillé de voir mes héros de papier que j'aime et que je connais depuis des lustres, prendre vie sur un écran de cinéma, en chair, en os et en effets spéciaux. Croyez-le ou non, c'est certainement très enfantin comme réaction j'en suis conscient mais je ne la contrôle pas, ça me file encore et toujours des petits frissons quand je découvre un nouveau personnage "en live", quand je vois pour la énième fois le tisseur voltiger au bout d'une toile dans le ciel de Manhattan, quand j'entends le "Snikt !" des griffes en adamantium qui sortent des avant-bras de Wolverine, quand Hulk hurle de rage avant de tout détruire, quand on fait référence à un obscur personnage connus seulement de quelques rares fans de comics dont je suis (Les Gardiens de la Galaxie quand leur premier film est sorti, ou récemment Man-Bull et El Aguila dans la série She-Hulk par exemple). Ça parle très certainement directement à quelque chose d'ancré en moi, aux vestiges de l'âme d'enfant que j'ai été, je ne sais pas exactement. Ou quelque chose d'approchant. C'est pourquoi je les regarde tous, ces films, ces séries. C'est parfois un gros kiff, parfois une énorme déception. Mais même dans les déceptions, j'arrive toujours à me raccrocher à quelque chose de positif. Et pourtant, pour la première fois je crois avec Black Panther : Wakanda Forever, je me suis ennuyé tout du long, du début à la fin, sans arriver à retrouver quoi que ce soit qui éveille la moindre étincelle du frisson que j'évoquais plus haut. Il y a un déficit d'action assez manifeste dans ce film, ça blablate sans cesse, ça tourne en rond, ça tergiverse, ça promet parfois, mais ça tient très peu. Même la famélique ration de scènes d'action qu'on nous sert dans le film oscille entre le déjà-vu et le raté. Allons-y franco en ce qui concerne les deux "nouveautés" introduites dans ce film. D'abord Shuri en Black Panther (qui apparaît en tant que telle au bout de 2 heures de film, je suis tenté d'ajouter "et pour cause") : ça ne fonctionne absolument pas. On n'y croit pas, c'est moche, elle ne dégage ni force, ni dynamisme, ni puissance ni même charisme dans le costume de Black Panther. Ses scènes d'actions sont molles, ou outrancièrement "incroyables" dans le sens premier et péjoratif du terme. Au final on a à l'écran une grande perche vaguement anorexique qui se balade déguisée en panthère, avec un casque démesurément trop gros par rapport au reste de son corps, c'est d'une tristesse absolue. Quant à l'autre personnage de premier plan inédit dans ce film, à savoir Namor, il se traîne malheureusement un handicap de taille. Un certain Aquaman avec l'ultra badass Jason Momoa dans le rôle-titre est passé avant lui, et nous aura durablement imprimé la rétine de son charisme étincelant, de sa puissance physique et de son aura magnétique. Namor a beau être historiquement le premier des deux a être apparu dans les pages de comics de super-héros, au cinéma c'est l'inverse, et pour ce pauvre Namor, la comparaison avec Aquaman cumulée à son arrivée tardive, sont fatales au personnage Marvel. Et c'est quelqu'un qui n'est pas un grand adepte de DC Comics qui vous le dit ! Marvel a beau eu de chercher à dévier le plus possible de la version DC, en ne parlant pas d'Atlantes pour désigner le peuple de Namor, en enracinant ses origines dans le peuple amérindien inca alors qu'on lit sur son physique imposant les origines hawaïennes de Momoa. D'ailleurs physiquement aussi, Tenoch Huerta Mejia qui interprète Namor, ne tient pas la comparaison. Bien que de bonne condition physique (je ne voudrais pas m'afficher en maillot de bain à côté de lui quoi), dans certaines scènes il a presque l'air grassouillet le Namor, là où Aquaman déborde de muscles et de tatouages. Forcément, tout cela joue sur le spectateur, et en ce qui me concerne, je n'ai pas réussi à voir en Namor le personnage surpuissant et extrêmement dangereux qu'il est censé être, au point que j'ai fortement tiqué quand je ne sais plus quel personnage se sent obligé, en parlant de Namor, de préciser qu'il pourrait être potentiellement aussi fort que Hulk... Désolé, mais ça ne saute pas aux yeux à l'écran. Et puis, sorti des deux antagonistes principaux du film, il y a encore largement à redire, malheureusement. Le début, ouvertement et fortement politisé ce qui est étonnant de la part de Disney / Marvel, m'a surpris. Les mercenaires présentés comme clairement français qui tentent de piller les richesses du Mali et mis à mal par les Dora Milaje... je délire où on est en train de travestir l'intervention militaire française au Mali contre les forces djihadistes du Al-Qaïda local en extorsion pure et simple de richesses naturelles ? Je n'ai pas pensé à vérifier dans le générique de fin si par hasard le film ne serait pas co-produit par le Groupe Wagner, mais à ce niveau de simplification et de déformation de la réalité, on pourrait presque se laisser aller à le supposer. Mais cela reste encore de l'ordre du détail par rapport à ce qui m'a le plus désarçonné dans ce film. L'ennui. Très clairement, et très tristement. L'ennui. Marvel ne m'y avait pas habitué, et je suis pourtant plutôt un bon spectateur, pas trop regardant quand il s'agit de film de super-héros, j'ai même d'insoupçonnées capacités de magnanimité envers ce genre précis de cinéma... mais là...
3615 Monique saison 2 : Avec cette seconde saison de 3615 Monique, j'ai replongé dans du bon franchouillard avec une gourmandise non feinte. La première saison m'avait laissé de très bons souvenirs. Aussi ai-je un poil déchanté au début de la seconde. Pas mauvais pour autant, les premiers épisodes de la seconde saison ont un peu peiné à me passionner. Ils manquent, je trouve, de liant, d'intrigue de fond, de fil rouge clairement établi. En dehors de la présence des trois personnages principaux, il n'y a que peu d'éléments qui lient les épisodes entre eux. Au début du moins, passée la première moitié on retrouve cette dynamique générale, le récit prend un peu plus d'ampleur, la toile de fond reprend un peu d'épaisseur. On se marre toujours gentiment, on retrouve avec délice l'environnement des années 1980 en France (et ça c'est d'autant plus top quand comme moi, on les a vécues en vrai), on a des clins d'oeil réguliers à l'évolution de l'informatique (car oui messieurs-dames, le minitel c'était une forme -archaïque mais révolutionnaire pour l'époque- d'informatique et de modernité sans équivalent) qui pour des geeks ou simili-geeks font toujours plaisir. C'est un peu caricatural faut bien le dire, mais dans le cadre d'une petite série humoristique sans grande ambition philosophique, ça passe bien et on pardonne volontiers ce genre de défauts minimes. En revanche à plusieurs reprises, ce qui m'a un peu dérangé, dans le sens où j'ai trouvé cela très anachronique, ne serait-ce que dans les termes utilisés, c'est l'évocation directe sans aucune forme de tentative d'adaptation à l'époque de concepts et même d'éléments de langage très actuels (par exemple l'utilisation de termes tels que "relations toxiques", "comportements problématiques", typiquement des locutions très actuelles et tout droit sorties des réseaux sociaux de ces dernières années). Ça faisait tâche et c'est dommage. Pour le reste, j'ai pris plaisir à retrouver les héros atypiques de cette petite série française sympathique, et j'espère pouvoir les revoir dans la troisième saison prévue, qui, si elle se fait, devrait clore la série avec le passage au monde d'internet.
P-Valley saison 1 : Souvent la petite chaîne américaine Starz propose des séries qui sortent de l'ordinaire. Aussi bien sur le thème que dans le ton. Ici encore, la recette Starz fonctionne : une série qui prend place au sein d'une boîte de striptease en pleine Bible-Belt des états du sud des USA, un ton adulte qui se veut provocateur mais qui laisse çà et là percer des saillies très moralisatrices et bienpensantes (aussi bien du côté réac-religieux que du son opposé progressiste-woke). Bref, si on reconnaît des choses ici et là qu'on a déjà vues cent fois, on a cependant un mélange détonnant et pas si courant que cela à l'arrivée. J'ai trouvé cette série tantôt intéressante, tantôt exaspérante, souvent même d'une scène à la suivante ! Elle est en cela, je crois, très moderne et ancrée dans son temps. Et en disant ceci, je ne suis pas sûr qu'il s'agisse vraiment ni complètement d'un compliment ou d'une critique. Vous l'aurez compris, la série a éveillé en moi des réactions parfois diamétralement opposées, variant du très positif au plus négatif. En soi, c'est déjà la marque d'une série qui sort du lot vous me direz. Au total cependant, j'ai du mal à définitivement me positionner à son sujet : ai-je aimé ou non ? Je ne saurais répondre avec conviction. Si sur le fond je ne m'étalerai pas plus que ça, sur la forme cependant je dois dire qu'il y a deux-trois choses qui m'ont imprimé la rétine. Elarica Johnson alias Automn Night / Hailey en tout premier lieu : cette fille est renversante, au bas mot. Un pur joyau de beauté, et une f###ing présence à l'écran. Shannon Thornton alias Miss Mississippi la suit de près dans la schwing-itude. Nicco Annan alias Uncle Clifford est lui aussi un monstre de charisme. On a l'impression qu'il surjoue en permanence, et pourtant certaines scènes bien spécifiques nous démontrent que le gus est en fait en plein contrôle de son jeu. Scotchant. Une scène de pole dance de Brandee Evans alias Mercedes m'a également fortement impressionné : je ne savais pas qu'il est possible de faire tout cela avec juste une barre verticale comme support, ni que des muscles fessiers puissent faire des choses aussi époustouflantes. Bref, vous l'aurez compris, visuellement et esthétiquement parlant, cette série saura vous surprendre, sur un plan sportif et anatomique aussi d'ailleurs. Pour le reste, je vous laisse juger par vous-mêmes.
The Witcher saison 1 : C'est à l'heure où existaient déjà une seconde saison et une série spin-off que j eme suis lancé dans The Witcher. Avec un certain art consommé du retard donc. D'abord parce que mille choses à voir. Ensuite parce que moi et la Fantasy, on n'a jamais été cul et chemise. Et enfin parce que je ne connaissais rien, ni des romans, ni des jeux vidéos de la franchise qui ont précédé cette adaptation télévisée, ce qui n'avait donc en rien excité ma curiosité. Mais un auteur de mes amis ayant récemment sorti un mook sur l'univers du Sorceleur (coucou Yannick), je me suis dis qu'il serait une bonne idée de me pencher sur le sujet. Mon temps de réaction légendaire et mon emploi du temps de ministre m'ont donc permis de m'y lancer enfin. Je suis donc vierge de tout a priori lié à une quelconque comparaison avec une version préalable sur un autre média de cette histoire. J'avoue avoir été surpris par le ton parfois beaucoup plus trash et bourrin que ce à quoi je m'attendais au départ (quelques récentes déconvenues sur des séries Netflix ne m'avaient pas préparé à ce que j'ai vu dans cette série). Plutôt bonne la surprise. J'ai été un peu plus frileux quant au mélange visible à l'écran d'un étalage de moyens certains et d'un aspect parfois volontairement (?) kitsch qui donne quelque chose d'un peu bâtard, un peu en équilibre instable entre le sérieux et le burlesque. Des tirades chantées par un barde assez ridicule cotoient des têtes tranchées et des full frontal plutôt aguicheurs : ça m'a un peu perturbé j'avoue. L'aspect Fantasy m'a un peu retenu mais ça c'est un problème purement personnel que j'entretiens avec le genre. La magie, les sorcières, les enchanteurs, tout ça par exemple ça n'a jamais été mon truc. Quand la sorcière se nomme Yennefer et est belle à damner un sein, pardon un saint, et pas avare d'en montrer un de temps en temps, j'ai réalisé que la magie à l'écran opère mieux et m'ennuie moins. Comme quoi, à quoi ça tient n'est-ce pas ? Sur l'intrigue de fond j'ai trouvé que la série lambinait un peu par moment et aurait gagné à avoir un rythme un poil plus soutenu (des épisodes de 45 minutes plutôt qu'une heure n'auraient fait de mal à personne à mon avis), mais vu le petit nombre d'épisodes au total cette critique est à minimiser. Disons que pour le moment si je n'ai pas trouvé la série inintéressante, voire parfois surprenante, il lui manque encore quelque chose qui tiendrait du souffle épique pour en faire un incontournable du genre. Je verrai donc ce qu'il en est dans la deuxième saison, peut-être aurai-je plus de matière à juger dans un sens ou dans l'autre.
Andor saison 1 : En tant que série consacrée à un personnage du film Rogue One, on peut qualifier cette production de spin off de spin off. Ou de déclinaison d'un dérivé. On accumule donc les strates de décalages vis-à-vis de l'oeuvre originelle, et ce faisant on augmente d'autant les risques de dillution de l'intérêt du spectateur venu à la base voir du Star Wars. Là où la série Obi-Wan Kenobi promettait un retour au sources avec l'histoire de l'un des protagonistes historiques principaux du tout premier Star Wars, on a eu pour résultat un foirage dans les grandes largeurs, d'un ennui mortel et au contenu aussi risible qu'indigent. Andor, qui propose pourtant de suivre un personnage bien moins central et beaucoup plus mineur que le maître de Luke Skywalker, parvient contre toute attente à bien plus intéresser que sa glorieuse aînée. On y retrouve l'esprit un peu plus rebelle (c'est le cas de le dire) qu'avait Rogue One, si j'étais un politique ou un pro-novlangue de bois à deux balles, je dirais même que la série est disruptive. Dans Andor on aborde plusieurs genres : on a du suspense avec une histoire de montage de bracage d'un trésor impérial, on a un passage en milieu carcéral et ses codes bien spécifiques, on a un côté très complotiste et des personnages qui se salissent les mains d'un point de vue éthique et moral (en particulier le rôle très ambigu interprété par Stellan Skarsgard), on a de l'action plus bourrine où s'affrontent frontalement rebelles et troopers... Et finalement tout cela s'articule suffisamment bien pour parvenir à l'essentiel : capter la curiosité et l'attention, raconter une histoire cohérente qui se tient tout en élargissant son propos, bref donner envie de regarder la suite épisode après épisode. Tout comme Rogue One en son temps, Andor sort du lot dans l'univers sériel de Star Wars, par son caractère inattendu et globalement plutôt qualitatif.
Euphoria saison 2 : Après une première saison plutôt réussie car décapante sur le sujet de la vie intime des ados (on va dire entre 16 et 19 ans), cette seconde fournée d'épisodes se devait de maintenir un niveau élevé de 'trashitude' pour tenir la comparaison et franchir le cap après un démarrage tonitruant. C'est donc ce que les scénaristes se sont attelés à faire, et soyons francs, ils ont réussi leur coup. Rien que la scène d'intro du premier épisode est déjà en soi une petite pépite (la rétrospective de la jeunesse de Fez élevé par sa grand-mère) qui vous met bien dans l'ambiance et pose une narration un tantinet déconstruite (pour utiliser un mot en vogue et raccord avec les thèmes progressistes de la série) que j'ai trouvée très agréable à suivre. Et puis ça embraie bien avec les intrigues des différents protagonistes dont la plus intéressante à mes yeux a été celle du couple clandestin Cassie / Nate. Cependant j'ai eu le même problème qu'en première saison : le personnage principal Rue m'a parue si fade et prévisible au début que je n'ai pas compris qu'elle soit le centre névralgique de la série. D'autant que dans les 2-3 premiers épisodes (ainsi que par moments comme une rechute dans les deux derniers), l'actrice Zendaya qui l'interprète m'a semblée totalement à côté de la plaque, naviguant avec grand mal entre trois expressions faciales uniquement, ne sachant que grimacer en lieu et place d'un sourire, soupirer les yeux mi-clos ou faire des grands "O" avec sa bouche pour marquer l'étonnement... bref, en surjouant avec un cruel manque de talent son personnage. Ce n'est qu'à partir de l'épisode où Rue se déchaîne contre sa mère et sa sœur que son jeu prend enfin de la consistance, et comme par magie, de l'intérêt pour le spectateur (à se demander : est-ce la qualité du scénario qui a tiré son jeu d'actrice vers le haut, ou est-ce en haussant son niveau d'interprétation qu'elle a su éveiller l'intérêt autour de l'intrigue de son personnage ?). Alors évidemment, je l'avais déjà exprimé sous forme de bémol lors de la première saison, avec un personnage de droguée on ne peut pas vraiment trop jouer sur le suspense de ce qui va arriver : tôt ou tard on sait qu'elle va craquer et foirer tout ce qu'elle entreprend. Cette remarque reste valable en seconde saison. Mais j'ai trouvé que c'était moins handicapant narrativement cette fois. Certainement parce que de nombreux personnages périphériques prennent de l'ampleur eux-aussi, et que les intrigues parallèles sont de qualité (personnellement, j'ai trouvé le personnage de Cal interprété par Eric Dane très intéressant, et bien plus subtil et profond que la manière dont il est présenté au premier abord dans la série). Alors j'avoue que je craignais avant visionnage d'être saoulé par une tonne de sujets progressistes ultra wokes travaillés à la truelle et au marteau-burin, et effectivement on y a droit à une belle fréquence, mais pourtant je dois concéder que cela n'a pas suffi à éroder l'attention que j'ai portée à l'histoire et à la majorité des personnages, et que j'ai été plutôt positivement et agréablement surpris par la voie empruntée par Euphoria. Une troisième saison devrait clore la série, je la suivrai donc avec curiosité et intérêt.
The Expanse saison 5 : J'avais pris un peu (euphémisme) de retard sur cette série, c'est donc avec plaisir que je retrouve James Holden, Naomi Nagata, Amos Burton, Alex Kamal et Bobbie Draper qui dans cette saison sont éparpillés à travers tout le système solaire. Cette cinquième saison est également l'adaptation de l'un de mes tomes préférés de la saga littéraire The Expanse, bien qu'elle en dévie quelque peu, en particulier à la toute fin de saison, qui voit un retournement de situation inattendu pour l'un des personnages principaux (qui n'apporte rien narrativement et arrive comme un cheveu sur la soupe, sans que l'importance de l'événement ne soit suffisamment traitée selon moi). Mais hormis cette conclusion un peu bizarre pour qui a lu les romans, toute la saison aura permis de sauter de lieux en lieux au gré des aventures solos de chaque personnage, tout en tissant une trame générale cohérente et convaincante. Visuellement c'est toujours aussi abouti pour une série télévisée, l'univers reste riche et bien que la version télé n'entre pas tant dans les détails que les romans, on en garde l'essentiel et ce qui lui donne son originalité. Je suis un peu déçu de savoir que la prochaine saison est la dernière, car la saga littéraire s'étale sur neuf tomes + un tome de nouvelles (chaque saison de la série correspond grosso-modo à un tome), ce qui laisse supposer que la dernière saison sera soit très dense en événements, soit qu'une partie de l'histoire ne sera pas du tout traitée au risque de connaître une fin différente de la version papier. Assez dommage je trouve, étant donné la fidélité globalement respectée jusqu'à cette cinquième saison au matériau d'origine. En tout cas cette saison reste dans la droite lignée des précédentes, entendez par là qu'il s'agit de SF de qualité qui sait mélanger intrigues politique, action, spectacle et personnages travaillés, ce qui vous l'admettrez, est déjà un beau cocktail en soi.
Miss Hulk saison 1 : Je me rends compte au moment d'écrire un avis sur cette série de quelque chose d'assez paradoxal : autant j'ai trouvé la série Miss Hulk très mineure dans le MCU, autant j'ai beaucoup de choses à en dire. Faut-il que j'en déduise que je ne m'intéresse jamais tant qu'à des choses futiles ? Bref, passons. Série mineure disais-je, car il ne s'y passe pas grand-chose d'intéressant ni de bouleversant pour l'univers Marvel. Dans le contexte actuel où Disney / Marvel cherche à mettre en avant autant que possible la diversité sous toutes ses formes (entendez par là : des super-héros qui ne soient pas des mâles blancs hétéros), le personnage phare de Miss Hulk s'avérait idéal. Une nana verte forte-en-gueule, on tapait ainsi dans le mille. On avait même d'emblée le thème principal tout cuit : comment exister en tant que telle dans l'ombre envahissante et paternaliste du cousin Hulk ? Et le début laissait à penser que c'est ce chemin-là qu'emprunteraient les scénaristes. Mais je suis obligé de constater que la majorité des épisodes ont été consacrés aux petites contrariétés de Jennifer Walters, à savoir comment obtenir le maximum de matchs sur Tinder, et où trouver une garde-robe qui ait de la gueule quand elle se transforme en Goliath vert (désolé, il n'existe pas de forme féminine du mot Goliath, et ne comptez pas sur moi pour ajouter bêtement un 'e' à la fin du mot). Des causes essentielles, de haut-vol quoi. Pour ce qui est du fond, j'ai donc trouvé la série un peu légère. Sur la forme, j'ai deux-trois choses à dire également. D'abord que ce soit dans la démarche, le rendu de la peau verte, voire certaines mimiques du visage, je n'ai pas pu m'empêcher de penser parfois très fort à Shrek. Ce qui n'est pas grave parce que j'aime beaucoup Shrek, mais je doute cependant que ce fut l'objectif recherché à la base. Mais ce qui m'a le plus fait tiquer, c'est la mise en abyme que j'ai trouvée assez raté de la série. J'avais bien capté la référence plus ou moins appuyée à la période la plus en vue de la version papier de Miss Hulk, à savoir le run de John Byrne qui remonte à la fin des années 1980, début des 1990's (bon sang, déjà... et dire que je me souviens parfaitement du parfum de nouveauté révolutionnaire que le comics avait quand il est sorti !!). Byrne aimait beaucoup faire démolir le quatrième mur à son héroïne (normal pour une Hulk de démolir me direz-vous), ce qui était extrêmement novateur à ce moment-là dans un comics Marvel. Je précise que c'était avant l'avènement de Deadpool qui en a depuis fait sa marque de fabrique. Aujourd'hui, on a l'habitude des pitreries du mercenaire disert, et le procédé a donc perdu en originalité, mais je vous assure qu'à l'époque c'était quelque chose, du jamais vu pour ainsi dire. Je salue donc la référence historique à John Byrne, mais je suis cependant désolé de devoir dire qu'à l'écran c'est plutôt raté. Ou malvenu, comme vous voudrez. Par petites touches encore ça passe (je n'aime pas, mais je tolère avec une certaine magnanimité) (car oui je suis magnanime), mais je désapprouve totalement le dernier épisode, complètement centré autour de l'idée du quatrième mur fracassé (car là pour le coup, il est carrément foulé aux pieds !), qui m'a complètement sorti de l'histoire, et qui ôte toute sorte d'importance (sur le plan dramatique, ou tout au moins narratif) à ce qui a été vu, fait et dit dans les épisodes précédents. C'est intéressant comme expérience certes, mais pas du tout concluant, malheureusement. Vous aurez remarqué que jusqu'à présent, j'ai été assez avare en compliments au sujet de Miss Hulk. Et encore je n'ai pas mentionné la scène post-générique de twerk, sinon j'aurais été obligé d'en dire que c'est certainement ce qu'on peut faire de plus avant-gardiste dans le domaine du mauvais goût le plus crasse et débilitant. Pourtant tout n'est pas à jeter dans cette série. Ce que je retiens et qui la sauve à mes yeux, ce ne sont ni ses tentatives d'humour, ni les traces de moraline pas fraîche dans ses intrigues caricaturales, mais tous les easter eggs qui parsèment la série dans chaque recoin d'épisode. Qui aurait cru qu'un jour un personnage aussi obscur et oublié qu'El Aguila soit incarné à l'écran ? Qui d'ailleurs l'a reconnu au premier coup d’œil avant même qu'il ne se présente ? Il faut être le dernier des geeks marvélophiles pour cela. Et c'est justement parce que je suis un de ces dinosaures qui ont bouffé du Marvel depuis tout petit (c'est-à-dire depuis quarante ans maintenant), c'est justement parce que j'ai immédiatement su que c'était El Aguila qui se fracassait avec l'Homme-Taureau chez Emil Blonsky, que je ne peux pas complètement jeter l'anathème sur la série Miss Hulk. De Daredevil à Eugène Patilio alias l'Homme-Grenouille, en passant par le Démolisseur et son pied-de-biche asgardien ou le Porc-épic qui suit une psychothérapie chez l'Abomination, toutes ces références, quelquefois de niche, ont fait mon bonheur tout au long de la série. Et je le confesse, pour le simple plaisir d'en découvrir d'autres de cet acabit, je regarderai la seconde saison de Miss Hulk si d'aventure il devait y en avoir une !
The Last Of Us saison 1 : Je précise d'entrée : je ne suis pas un gamer, je ne connaissais même pas de nom le jeu vidéo qui a servi à l'adaptation en série télé. Donc je n'ai aucun point de comparaison avec le matériau d'origine, et me contenterai donc d'en dire ce que j'en ai pensé pour ce que c'est, c'est-à-dire une série. Inévitablement, ça m'a fait penser à The Walking Dead pour ce qui est de la trame de départ (les infectés, les morsures, l'aspect post-apocalyptique, les survivants organisés en colonies ou en pillards, etc...). Arrivé parmi les premiers et avec un impact qui aura été très fort, c'est presque impossible de ne pas comparer toute nouvelle série post-apocalyptique avec The Walking Dead, à tort ou à raison. Cependant, j'ai trouvé que The Last Of Us ne se concentre pas tant sur les infectés et fait la part belle aux survivants, encore plus que The Walking Dead en son temps. Limite, j'aurais aimé en voir un peu plus finalement des infectés. C'est ce qui évite à la série à mon avis de basculer intégralement dans le gore / horreur, et je pense que ce choix est de ce point de vue judicieux. La série tient en grande partie sur le duo d'acteurs Pedro Pascal / Bella Ramsey, et force est d'admettre que ce duo fonctionne vraiment bien. L'épisode "annexe" consacré à Bill et Franck, qui si j'ai bien compris a été source de polémiques, est je trouve très réussi dans son ensemble, même si on détecte ici et là quelques marques d'idéologie un peu forcés qui m'ont fait tiquer et sortir de l'histoire le temps de s'en faire la réflexion (mais pas plus que ça, ça reste donc de l'ordre de l'anecdotique pour moi). Un très bel épisode en forme de parenthèse à l'intrigue principale (qui intervient au troisième épisode, soit un peu tôt à mon avis, mais c'est un défaut là encore très mineur), qui parle d'amour, de solitude, de compréhension, de sacrifice, et le fait avec un impact émotionnel d'une sensibilité parfaite. Quant à l'intrigue principale, elle n'a rien de révolutionnaire, ni dans son déroulement ni dans son dénouement qu'on sent un peu arriver. Mais ça n'est pas grave, pour une raison très simple : c'est bien fait, c'est équilibré du début à la fin, parfois intense parfois intimiste, ça ne surjoue pas, c'est spectaculaire sans que cela prenne le pas sur l'humain, bref, c'est exactement ce qu'une série de survie dans un monde détruit doit être. L'avantage de cette série aussi, c'est de ne pas tergiverser des heures, ça va là où ça doit aller sans tirer en longueur pour rallonger la sauce, et ça c'est très remarquable. À voir ce qu'il adviendra d'une éventuelle suite, mais le cas échéant j'en serai avec plaisir.
Parallèles mini-série : Petite série française pour le compte de Disney qui joue avec malice sur tout un tas de thématiques intéressantes, telles que le voyage dans le temps, les mondes parallèles, les super-pouvoirs... le tout en ayant pour protagonistes principaux des ados qui vont bientôt entrer au lycée, donc de 14 ans environ. Au final le résultat est contrasté car s'il y a du bon, il y a du discutable aussi. Évacuons d'abord le ton général. On est dans une série Disney, assez ostensiblement destinée si ce n'est exclusivement aux adolescents du moins à un public familial, donc forcément, l'ensemble sera policé, il n'y aura pas grand-chose qui dépasse ou qui dérange, c'est propre, c'est net. On ne peut donc pas reprocher cela à la série, on sait ce qu'on regarde, il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Comme je le disais, les thématiques abordées sont intéressantes, il y a une large couche de fantastique qui n'est pas pour me déplaire, et des concepts qui demandent un peu de rigueur qui sont maniés avec une certaine aisance, tout du moins au début, et c'est à mettre au crédit de la série. Les gamins qui jouent n'ont rien à envier à ceux qu'on peut croiser dans des séries analogues comme Stranger Things, ils sont naturels, caricaturaux mais crédibles. Et au point de vue de la narration on voit que les scénaristes savent faire : chaque épisode se conclut par un cliffhanger qui donne très envie de voir la suite, il n'y a pas de temps morts, ça avance et c'est agréable à regarder. Tout cela est très positif donc. Pour ce qui concerne le verre à moitié vide, je ne peux pas m'empêcher de parler de la résolution de l'intrigue, qui contrairement à sa mise en place, m'a paru très bâclée, les explications un peu bancales, et surtout la solution tirée d'un chapeau qui tient plus du tour de magie sorti de nulle part que d'une vraie résolution scénaristiquement bien ficelée et qui assouvirait notre envie de comprendre le pourquoi du comment. En gros, la mère d'un des gamins fait de la physique quantique, ça tombe déjà plutôt bien, mais en deux schémas, trois lignes de code en unix et dix minutes de réflexion, elle résout le problème et renvoie on ne sait comment tout le monde à sa place de départ (pardon, mais je crois bien que je viens de vous spoiler... cela dit je rappelle ma remarque précédente : on est dans une série Disney pour la famille, vous pensiez sérieusement que ça pouvait mal finir ?). En gros, la mère physicienne c'est un croisement entre Einstein et Stephen Hawking (en plus jolie quand même) mais elle ne le savait pas jusqu'ici. C'est je crois l'écueil principal de la série, cette solution de facilité pour la résolution de l'intrigue. Autre petit bémol que j'apporterai : autant j'ai aimé les différentes thématiques fantastiques incluses dans la série, autant je pense qu'il aurait fallu choisir et en laisser certaines de côté, car en l'état ça fait presque trop. Le voyage temporel + les univers parallèles pourquoi pas, mais l'ajout par-dessus cela de super-pouvoirs, j'ai trouvé ça superflu, et en l'espace de seulement 6 courts épisodes, le cumul fait qu'aucun des thèmes n'est traité à fond, et c'est dommage je trouve. Mais je loue la bonne volonté de départ cependant. Bref, vous l'aurez compris, il y a du bon mais il y a aussi à redire dans cette petite série française. Nul doute qu'un public plus jeune que moi sera moins regardant sur les détails qui m'ont chiffonné.
The English mini-série : J'avais bêtement fait l'impasse dessus en lisant son pitch de départ. Heureusement mon pote Olivier me l'a fortement conseillée et suffisamment bien vendue pour que j'y jette quand même un œil, et grand bien m'a pris de réviser mon jugement de base. Des westerns comme ça, c'est bien simple, j'en prends et en reprendrais volontiers ! Très belle image, un beau casting de gueules marquantes, une intrigue qui a l'air simple au départ mais qui se révèle dans toute sa profondeur au fur et à mesure, et tout particulièrement au cours du dernier épisode magistral... Moi qui ne suis pas fan de la pourtant sculpturale Emily Blunt, je dois avouer qu'elle m'a bluffé sur ce coup là. Quant à l'indien Pawnee qui l'accompagne, interprété par Chaske Spencer, c'est un personnage assez magnétique, tout en retenue, mais puissamment charismatique et véritablement intéressant. Autre comédien qui m'a scotché par la brutalité perverse et la sauvagerie parfois à peine contenue qu'il insuffle à son personnage, c'est Rafe Spall, qui m'était jusqu'alors un parfait inconnu mais qui bouffe littéralement l'écran à chacune de ses scènes. Alors autant le dire de suite cependant, cette série n'est pas des plus optimistes qui soient, et la dureté et la cruauté de la vie dans l'Ouest américain de cette époque y sont montrées sans prendre trop de gants. Le fait qu'elle se conclut en 6 épisodes seulement, rend cette série très agréable à regarder car pas trop diluée dans le temps, l'intrigue évoluant sans temps morts. Pour tout amateur de western donc, et même pour les autres d'ailleurs, cette mini-série mérite très largement d'être vue, et conseillée autour de vous. Dans la mouvance récente de la série 1883, on revisite grâce à The English une époque qu'on a parfois trop simplifiée, romancée et glamourisée. Je valide à 100% !
Hunters saison 2 : Je n'attendais pas forcément une suite à la première saison de Hunters, mais vu la qualité de celle-ci, je n'ai pas hésité une seconde en me voyant proposée cette seconde fournée d'épisodes qui mettent en scène les chasseurs de nazis des années 1970. Et j'ai bien fait, car on reste dans la lignée de ce qu'on a pu voir précédemment. À savoir du beau jeu d'acteur, de l'action débridée, une bonne dose de provoc, la part d'humour noir qui va avec, et puis des scénaristes qui vont vraiment au bout de leur idée, avec rien moins que Hitler en personne comme grand méchant de cette seconde saison. Seconde et dernière a priori, en tout cas est-ce ainsi que cela a été présenté, et en effet, au visionnage on a ce qu'il faut pour boucler la boucle et clore l'intrigue générale définitivement. Un petit mot tout de même au sujet du Führer : c'est ce cinglé de Udo Kier qui l'incarne et de quelle manière ! Il prête donc ses traits (et perso j'ai carrément envie de dire que c'est le contraire, c'est Adolf qui lui prête ses traits en fait !) à un Hitler du troisième âge qui n'a rien perdu de sa hargne et de son inflexibilité. Il est tout bonnement bluffant, et glaçant dans ce rôle, parvenant à allier l'exagération à une parfaite crédibilité. Rien que pour lui, cette saison mérite d'être vue. Et comme elle a bien d'autres atouts aussi, c'est du tout bénef ! Que dire par exemple de sa Eva Braun vieillissante, si ce n'est qu'elle s'avère très réussie elle également... Bref, moi qui ne m''attendais pas à une suite, j'ai été surpris et content d'apprendre son existence, et ravi du résultat après l'avoir vu. Bien entendu dans ces conditions, je ne peux que vous la conseiller.
Tulsa king saison 1 : De plus en plus, les séries prennent le pas sur le cinéma, et les stars d'Hollywood, réalisateurs comme acteurs, font de plus en plus souvent l'expérience de la série. C'est le tour de Sylvester Stallone, l'un des tauliers du box office depuis plus de 40 ans déjà, d'aller s'essayer à la série télévisée. Et pour ce faire, il s'est confectionné un rôle sur mesure, du cousu main, prévu pour qu'il se fasse plaisir, à lui comme à nous d'ailleurs ! Stallone en vieux taulard libéré de prison, membre d'une branche de la mafia italienne de New-York, un gangster à l'ancienne, avec de la gueule, des biscotos et de l'honneur qui débordent de partout. Un type qui fait sa loi, calme et droit, mais qu'il ne faut pas chercher si on ne veut pas devoir en assumer les conséquences (un direct du droit, une danse sur le rythme de sa batte de baseball ou un face-à-face avec son calibre, en fonction du préjudice subi). Jouant de sa stature naturelle, rehaussée par la dignité que lui donne l'âge, Stallone n'a même pas besoin de cabotiner, il incarne son personnage d'un simple regard, d'un simple mot de sa voix grave et rocailleuse, juste en se tenant bien droit dans son costard bien taillé, et en faisant parfois parler le poing quand les répliques bien balancées ne suffisent plus. Bref, un personnage en or pour le papy de la baston qui ne raccroche décidément pas les rôles physiques à 75 balais passés. Inutile de dire que j'ai aimé ce que j'ai vu et ce que propose cette série, certes pas révolutionnaire, certes pas d'une originalité folle, mais tellement appropriée à Sly que tout autre que lui aurait été moins bien à sa place. C'est un peu une déclaration d'amour à son interprète principale cette série, du moins est-ce ainsi que je l'ai ressentie. Et vu que perso, j'aime beaucoup Stallone, évidemment que je ne peux être qu'enthousiaste au sujet de Tulsa King. Donc je valide et je conseille, qui en doutait ?
The White Lotus saison 2 : La première saison avait lieu dans le paysage paradisiaque des îles de Hawaï, la seconde prend place dans le décor non moins somptueux d'une Sicile de carte postale, absolument magnifiée par des images et une lumière fabuleuses. On y retrouve quelques personnages de la saison précédente bien que ce qui nous est raconté ici n'a aucun rapport direct avec la précédente intrigue. La formule cependant fonctionne comme lors de la première saison (on sait dès le départ qu'un corps a été retrouvé dans la mer sans en connaître l'identité, puis retour une semaine plus tôt et on voit tout ce qu'il s'est passé depuis l'arrivée des vacanciers sept jours plus tôt), et encore une fois c'est fait avec beaucoup de malice, de sous-intrigues qui s'entremêlent juste ce qu'il faut pour mener le spectateur exactement là où les scénaristes le veulent et le laisser entre indices et fausses-pistes essayer de deviner qui sera la victime évoquée en introduction... Du coup on a plusieurs personnages qui vont s'entrecroiser et de multiples enjeux entre eux se tisser, et on ne peut pas éviter de se prendre au jeu pour deviner "qui va finir en nourriture à poissons" ? Au niveau interprétation j'ai été très impressionné par les comédiens, tous parfaits dans leurs rôles, plus vrais que nature, du papy libidineux et un peu gâteux (F. Murray Abraham) à la prostituée uber-sexy et ambitieuse (Simona Tabasco), en passant par le beau gosse plein aux as et ultra poseur (Theo James) ou la millionnaire refaite à la truelle et au burin aussi gourde et naïve qu'insupportable (Jennifer Coolidge). Une très chouette saison pour une non moins chouette petite série qui mériterait d'être plus connue.
La Meilleure version de moi-même - mini-série : Blanche Gardin n'est pas une humoriste passe-partout. Loin de là, même. Elle aime avant tout quand ça gratte, quand ça pique, quand ça moque les petits (et gros) travers de la société d'aujourd'hui. Et quand elle balance, ce n'est pas à demi-mots. Elle est plutôt du genre à tirer à boulets rouges, ce qui ne l'empêche pas de cibler avec soin et précision. Dans cette mini-série dans laquelle elle se met elle-même en scène en tant que "Blanche Gardin, humoriste un peu en galère", elle aborde pas mal de thèmes actuellement très à la mode. Mais elle ne le fait pas en suivant le discours dominant, facile et qui se veut bien-pensant, pas du tout même. Elle le fait en montrant sincèrement ce qu'elle en pense, quitte à fâcher ou vexer. Elle appuie exactement là où toutes les théories actuelles qui émergent des sciences sociales (qui selon moi n'ont que très peu à voir avec les sciences, mais bon passons, ça n'est qu'un avis qui n'engage que moi de toute façon) sont les plus sensibles, c'est-à-dire dans leurs (innombrables) failles logiques, contresens, biais, impasses, hérésies scientifiques, quand il ne s'agit pas tout bonnement d'arnaques et de mensonges patentés. Et comme je le disais, elle n'y va pas avec le dos de la cuillère. Ce qui d'ailleurs rend sa série presque plus malaisante que drôle. On ne s'esclaffe pas, ou peu, alors qu'il s'agit d'une comédie. En revanche on capte parfaitement l'ironie, la dénonciation du n'importe-quoi que certains défendent avec tant de sérieux, on sent la gravité de certaines logiques complètement pétées quand on pousse les curseurs à fond, on a même plutôt envie de hurler devant tant d'aberrations et de sacralisation de la bêtise crasse. À ce titre, le personnage de Louis C.K., (qui est le compagnon de Blanche Gardin dans la vraie vie) n'est pas anodin du tout, étant donné la polémique dont il a fait l'objet et les effets de la cancel culture qu'il a subie à sa suite. Il apparaît dans la série comme celui qui est finalement le plus bienveillant en même temps que le gardien de la raison qui ose dire quand ça va trop loin, et qui se permet même d'exprimer toute sa colère quand les choses le méritent. Alors certes, du point de vue purement comédie, cette série ne vous fera pas vous gondoler toutes les 5 minutes, elle vous gênera même plutôt aux entournures. En revanche en terme de pavé dans la mare, elle éclabousse fort et loin, et ça j'avoue, c'est jouissif.
Night Sky saison 1 : Cette série est thématiquement assez riche, et propose de parler aussi bien de la vieillesse et de ses démons (dépendance, perte d'autonomie, mémoire défaillante), que du deuil et du suicide (pour la partie la moins enjouée de l'histoire), mais aussi de portails dimensionnels qui permettent de voyager par téléportation sur Terre et dans l'univers et d'une organisation mystérieuse qui garde farouchement le secret (pour la partie la plus enthousiasmante et fantasy de la série). Surtout, son atout majeur, à mes yeux, c'est la participation dans un des rôles principaux de J.K. Simmons qui apparaît ici comme rarement je l'avais vu, c'est-à-dire en vieil homme sur une pente déclinante bien qu'il s'en défende, et qui donne ici à voir un pan très humain et attachant de sa personnalité. J'ai toujours beaucoup apprécié cet acteur qui aura surtout brillé dans des rôles de méchants voire de salopards ultimes (remember la série carcérale Oz ou le film de Damien Chazelle Whiplash), et je le découvre ici dans une fragilité que je ne lui imaginais pas mais qu'il rend à merveille à l'écran. J'ai trouvé cette série atypique et plaisante, même si par certains aspects elle a pu me frustrer (une propension à noyer le poisson et à délayer à plus tard des réponses qu'on voudrait avoir plus rapidement pour lever le voile sur le mystère général qui pèse sur l'histoire), et j'aurais aimé qu'elle avance plus vite dans son intrigue (bien que je reconnaisse volontiers que sa manière de prendre le temps de poser ses personnages est tout à son honneur). Le problème cependant réside surtout et malgré tout là : cette série ayant été malheureusement abandonnée alors que sa première saison prouve que les scénaristes ne le prévoyait visiblement pas du tout, elle laisse son lot de questions et d'intrigues en suspens, et de cliffhanger définitivement irrésolu, ce qui est rageant tant on a envie de savoir vers où cette histoire allait mener. Ne serait-ce que pour la prestation de J.K. Simmons cependant, je ne regrette pas d'avoir regardé cette première saison sans suite, mais regrette en revanche amèrement l'abandon diabolique d'une série qui promettait tant...
Russian Doll saison 2 : La première saison proposait une histoire de boucle temporelle dont l'héroïne était prisoninère, cette seconde saison opte pour un voyage dans le temps plus classique, à ceci près que les protagonistes de ces voyages peuvent aller et venir entre les époques en empruntant une rame de métro spécifique (à volonté donc), et à ceci près aussi qu'ils s'incarnent dans un autre corps que le leur quand ils vont dans le passé (ce qui est l'occasion de situation assez savoureuses puisque l'héroïne se retrouve dans la peau de sa mère enceinte d'elle-même, et que l'autre voyageur temporel, un homme, se retrouve dans le corps de sa propre grand-mère alors jeune femme). L'avantage de cette série est son format, très court et donc très rythmé du point de vue du déroulement de l'intrigue. Pas de temps mort, pas de passage de remplissage, on avance à chaque épisode dans l'histoire de façon significative, et ça c'est un vrai plus narratif à mon sens. L'autre avantage de cette série c'est la personnalité très en décalage de Natasha Lyonne qui insuffle dans son personnage autant que dans l'histoire (elle est également co-créatrice et co-scénariste de la série) une grande part d'elle-même et de son excentricité. Cette seconde saison s'essaie se démarque un peu de la première dans sa thématique tout en gardant un lien fort avec elle, et j'ai trouvé l'ensemble plutôt malin et réussi. Sans être révolutionnaire, la série propose pas mal de bonnes idées et sa manière de traiter le voyage temporel m'a plu, moi qui suis adepte de ce type d'histoire. Je conseille, chouette petite série.
The Nevers saison 1 partie 1 : Série mise en chantier à l'initiative de Joss Whedon, on replonge ici dans le Londres du XIXè siècle où un mystérieux vaisseau a laissé sur son passage des gens dotés de dons incroyables, ce qui n'est pas sans poser certains problèmes à certains des "touchés". Ou comment faire du super-héros (en l'occurrence, cela fait fort penser à la thématique des X-Men sur le fond) qui ne dit pas son nom. L'univers est riche, l'intrigue est prenante, le panel de personnages très varié permet beaucoup de déclinaisons potentielles et l'ensemble est assez agréable à suivre, même s'il s'agit d'une entremêlement de différents niveaux d'intrigues parfois touffu. Les effets spéciaux, sans être révolutionnaires, apportent leur pierre à l'édifice et sont un plus dans ce type d'histoire, ici donc ça fonctionne bien. Le casting est dense et m'a plutôt convaincu, j'ai retrouvé avec plaisir un Pip Torrens et une Olivia Williams très aristocratiques, et découvert quelques nouvelles têtes qui m'ont fait très belle impression (je pense en particulier à Ann Skelly et Tom Riley). Cette première partie permet de poser des jalons, de faire connaissance avec un univers somme toute étendu et peuplé de nombreux personnages, et d'exposer les enjeux tout en maintenant une part du mystère qui est dévoilé au fur et à mesure des épisodes. Belle photographie, belle lumière, très belles images, une reconstitution dans l'ensemble convaincante, de bonnes idées par-ci par-là, un brin d'originalité dans le reconditionnement d'idées déjà vues ailleurs, tout cela laisse augurer de choses intéressantes à venir. Malheureusement, la crise du Covid a interféré fortement dans la production de la série, d'où le découpage en deux parties de la première saison. Mais cela n'empêche pas de sentir de l'ambition dans le concept de cette série, et un savoir-faire digne de ce nom dans sa réalisation. Curieux de voir la seconde partie.
Thor : Love and Thunder : Voici déjà le quatrième film entièrement consacré à Thor, et le second confié aux bons soins de Taika Waititi. J'avais été très enthousiaste sur le précédent, Thor : Ragnarok, car j'y avais beaucoup apprécié l'humour, la fraîcheur, le ton décalé, les effets spéciaux dantesques, l'action mêlée à la farce, bref : la signature Waititi. Et clairement, dans Thor : Love and Thunder, c'est cette recette qu'on essaie d'appliquer à nouveau (et à raison : autant utiliser ce qui a déjà marché et bien marché auparavant). Mais malheureusement, cette fois l'effet de surprise n'est plus là. Et le côté poussif l'emporte un peu trop souvent sur la volonté d'être décalé. On a encore quelques belles trouvailles par-ci par-là, mais dans l'ensemble j'ai trouvé qu'on avait perdu l'équilibre fragile trouvé dans le film précédent. L'humour décapant laisse trop souvent sa place au grand-guignol et à force de cumul, cela a plutôt tendance à nuire à l'intérêt général du film. Dommage car l'intrigue principale, centrée sur Gorr le tueur de Dieu est tout droit sortie d'un arc narratif récent du comic book et qui avait été une très bonne saga papier du Dieu du Tonnerre. Mais le personnage de Gorr est vraiment sacrifié selon moi dans ce film, ce qui est d'autant plus rageant qu'il est interprété par l'immense Christian Bale. C'était presque inévitable en y repensant, car Gorr est un véritable personnage dramatique au sens le plus strict du terme, ce qui entre dès le départ en contradiction avec le ton léger et potache qu'on veut donner au film. Ce qui a pour résultat qu'on a plus envie de se moquer de Gorr que de le prendre en pitié ou le craindre, alors que c'est ce dont il est puissamment le vecteur dans le comics. En fin de compte les enjeux dramatiques sont quasiment étouffés pour ne pas dire effacés, et on ne conserve qu'une gigantesque farce à l'écran. Émaillée de quelques bonnes blagues, je ne le nie pas, mais qui donne une sensation de trop plein assez rapidement, et c'est regrettable. Taika Waititi n'aura donc pas su pleinement transformé l'essai avec sa seconde illustration de l'univers du Dieu nordique, dommage.
The Lost City of Z : Ce film m'a attiré pour deux raisons. La première et la principale, c'est le nom du réalisateur, James Gray. Ce que j'ai vu de lui jusqu'ici m'a toujours interpellé, bien que Ad Astra avait un peu déçu mes attentes en son temps. La seconde, c'était le thème même du film : l'exploration des contrées encore sauvages de l'Amazonie, dans le but de la cartographier, qui va mener à des recherches archéologiques sur un continent dont on ignorait alors encore à peu près tout du passé. Ajoutez-y l'authenticité par le fait qu'il s'agit de la vie de Percy Fawcett, explorateur ayant bel et bien existé, et vous obtenez là un cocktail qui a tous les atouts pour m'intéresser. Et patatras ! À l'arrivée, ce que j'ai vu est loin de m'avoir passionné. Pourtant comme je le disais, tous les ingrédients étaient réunis... mais en ce qui me concerne, la mayonnaise n'a pas pris, et j'en ai été le premier déçu et contrarié. Il manque à ce film quelque chose qui ressemblerait à du souffle épique, de l'entrain, de l'envie, de la passion. Je n'ai simplement pas été absorbé par ce que j'ai vu, j'ai trouvé le déroulé du film très plan-plan, très scolaire, dépassionné, et pour tout dire : plat. Non pas que le film soit entièrement dénué de bonnes choses, il y a des passages intéressants, des scènes qui méritent le coup d'oeil, et des comédiens qui paraissent plutôt investis dans leurs rôles, je ne le nie pas. Mais l'ensemble ne décolle jamais réellement, et c'est frustrant. Ce qui aurait été perçu moins gravement si je n'avais pas nourri de grandes attentes au sujet de ce film. Malheureusement de ce fait la déception étant exacerbée, je ne saurai trouver de bonnes raisons de le conseiller. Ce qui n'est visiblement pas le cas de la critique cinéma qui dans son ensemble a été plutôt élogieuse au sujet de The Lost City of Z lors de sa sortie. Je suis peut-être passé à côté de quelque chose s'en m'en apercevoir... je vous laisse donc vous faire votre propre avis !
L'Amour c'est mieux que la Vie : Ceux qui me connaissent le savent, je ne m'en cache du reste pas, j'aime beaucoup (et certains de rajouter "trop" à cette locution) les films de Claude Lelouch. Un nouveau Lelouch pour moi, c'est comme une récré bien méritée, un bon moment en perspective. D'avance je sais que je vais y prendre du plaisir, et jamais encore cela n'a raté. Avec ce film, Lelouch déroge un peu à ses habitudes en se concentrant sur une histoire intime, une histoire d'amour (là en revanche c'est plutôt en plein dans ce dont il est coutumier), et malgré un beau casting le réalisateur français ne fait cette fois pas dans le film-choral. C'est Gérard Darmon qui incarne le personnage principal masculin, Sandrine Bonnaire étant son homologue féminin. Le couple fonctionne très bien à l'écran, on sent la connexion entre ces deux-là, même si, je dois bien le dire, je trouve que c'est Gérard Darmon qui emporte le morceau, bouffe l'écran, vampirise le regard du spectateur à chaque fois qu'il est à l'image. Sa voix, son ton, son jeu, sa situation, sa personnalité, font de son personnage quelqu'un d'infiniment touchant et on ne peut rester de marbre devant ce vieux-beau déclinant mais tellement authentique et humain. J'ai particulièrement aimé les deux scènes père-fils auxquelles Lelouch nous invite dans son film. Celle où Darmon est le père, avec Kev Adams dans le rôle de son fils, est très simple, toute en non-dits, mais vise juste (sauf que Kev Adams en boxeur-star c'est plus marrant que plausible mais bon, passons ce détail), mais aussi celle où Darmon est le fils, en face d'un Robert Hossein très diminué qui joue son père, et qui dans un autre registre s'avère bouleversante d'émotions et de sincérité, toute en vérités dévoilées à demi-mots et qui laissent deviner des sentiments et une pudeur en conflit permanent. Le "Ai-je été un bon fils ?" avec lequel il interroge son père, a certainement tout autant résonné en moi que ses doutes sur ses propres qualités de père envers son fils. Deux très beaux moments du film. J'en garde également la gaieté mâtinée d'amour qui encore une fois n'ose pas trop dire son nom, et qui caractérise les relations d'amitié entre Darmon, Philippe Lellouche et Ary Abittan (qui nous gratifient d'une pure scène de comédiens quand ils se font un concours de celui qui jouera le mieux l'émotion). Et puis ce personnage principal, touchant, naviguant entre le calme et la sérénité face à ce qui l'attend (il est condamné par son cancer à plus ou moins court terme), et l'envie folle de faire durer encore le plaisir, l'amour, la vie. Darmon qui troque son habit d'homme raisonnable contre celui d'homme amoureux pour son dernier tour de piste. Malgré quelques petites faiblesses passagères, j'ai trouvé que ce cinquantième film de Claude Lelouch était plutôt un bon cru, et j'ai passé un très agréable moment à le visionner.
Parasite : Un autre film à la réputation élogieuse et que je voulais voir depuis longtemps ! Entre ses multiples récompenses internationales et les critiques plus que positives qui ont émaillé sa sortie sur le grand écran, j'avais presque un peu peur de m'y atteler. Peur d'être dépassé d'un côté, peur d'être éventuellement déçu de l'autre. Au final, j'ai beaucoup aimé ce que j'ai vu, impossible de le nier. Mais je reste un peu dubitatif malgré tout, sur le concert d'éloges dithyrambiques qui ont accompagné la carrière du film, ainsi que sur sa moisson exemplaire de prix cinématographiques dans à peu près tous les festivals dans lesquels il aura concouru. Le film est très bon, il n'est pas question de remettre cela en cause, mais de là à déclencher une telle unanimité en sa faveur, j'avoue que je trouve cela un poil exagéré. Notez bien que c'est certainement là le seul reproche, et encore ne peut-on pas appeler ça vraiment un reproche, disons plutôt un bémol, que je mettrais à son sujet. S'il n'avait pas eu cette réputation si positive qui le précède, je ne me serais posé aucune question et aurait juste apprécié en le voyant le très bon film qu'il est. Vous l'aurez compris, je n'en ferais personnellement pas un de mes films-cultes, mais je me vois mal lui reprocher quoi que ce soit de grave pour autant. Moi qui ai parfois (ok, souvent) des réserves sur les films ou séries d'origine coréenne parce que j'ai du mal avec le jeu régulièrement exagéré des comédiens, je n'ai pas ressenti ce désagrément avec Parasite. Je devine bien des traces de cette particularité culturelle dans le jeu d'acteur, mais je les trouve nettement moins marquées qu'ailleurs (exemple récent qui me vient en tête : Squid Games), et plus à propos également, car les situations décrites dans le film sont en elles-même rocambolesques et en savant équilibre sur le fil du croyable, lorgnant à plusieurs moment vers le vide du grand-guignol pur sans pourtant jamais y tomber. Bref, ce Parasite de très bonne facture m'aura de ce point de vue réconcilié avec le cinéma coréen !
Citizen Kane : J'avais ce film depuis bien longtemps sur mes tablettes, son statut de film-culte, de film-référence cité par tous les cinéphiles, par tous les cinéastes, acteurs et amateurs d'art en général, m'attirait depuis des années, sans que jamais je ne trouve un moment pour m'y plonger. Chose faite à présent (mieux vaut tard que jamais n'est-ce pas ?), et je dois dire que je comprends que Citizen Kane se traîne une telle aura de grand film. Car le film est marquant, impressionnant, atypique, et qu'il ne souffre pas une seconde de son âge. Le film, mine de rien, est sorti en 1941 ! Et pourtant je n'est pas été gêné par le décalage dû à l'époque, comme ça arrive souvent avec les films anciens ou très anciens. Que ce soit scénaristiquement, thématiquement ou sur le plan du rythme, le film d'Orson Welles ne fait pas son âge, ne souffre ni de lenteurs ni de rhumatismes aux articulations ! Le plus impressionnant selon moi reste avant tout la performance d'acteur de Welles qui interprète un Charles Foster Kane aux visages multiples, à des âges différents, sans jamais surjouer, sans jamais taper à côté. Il joue un personnage hors-normes, mais il parvient à garder une cohérence, une logique dans son interprétation qui donne la mesure du talent du bonhomme (qui à côté de cela se farcit aussi la mise en scène, le scénario et la production, excusez du peu). En revanche, je pense aussi que ce film m'aurait peut-être été moins accessible si je l'avais visionné beaucoup plus jeune. Citizen Kane, tout comme le personnage dont il fait du nom son titre, est exigeant, je n'aurais certainement pas eu le bagage nécessaire pour correctement l'apprécier si je l'avais vu à vingt ans par exemple. Finalement, c'est peut-être une très bonne chose d'avoir attendu aussi longtemps avant de le voir. Maintenant que je l'ai vu, je comprends que tant de personnes le considèrent comme une véritable leçon de cinéma. Si le septième art en tant que média et pas uniquement en tant que vecteur de divertissement vous intéresse, n'hésitez pas à vous pencher dessus vous aussi...
Outrage : Voilà bien longtemps que je ne m'étais pas mis sous la rétine un film de et/ou avec Takeshi Kitano, et j'ai pallié à ce manque avec cet Outrage, film de yakuzas d'assez bonne facture où il promène sa dégaine nonchalante et son regard inquiétant sans pour autant être le seul et unique centre d'intérêt du film. Comme souvent dans ses films, Kitano l'acteur de cinéma prend à contre-pied Kitano le clown de la télévision, en composant un rôle très sombre, très violent, et plutôt glaçant de tueur sans pitié voire avec un léger penchant psychopathe pour la chose. Ici ça ne manque pas, c'est très certainement l'une des versions de Kitano au cinéma que j'ai trouvé la plus désagréable, la plus antipathique de tout ce qu'il a déjà pu faire auparavant. Évidemment ce genre de film est très codé, il y a des passages quasi-obligés (un yakuza qui se coupe le doigt pour laver une offense par exemple) ou qui pourraient presque faire penser à des clichés (à ceci près qu'on reste surpris de la tournure des événements), mais je ne serai pas de ceux qui s'en plaignent, bien au contraire. Certainement même, aurais-je été déçu si des scènes de cet acabit avaient été absentes du métrage. En revanche on sait ce qu'on va voir en regardant ce film, il est clair que Kitano ne sort pas des sentiers battus de ce genre de films. Là où réside son petit plus, sa touche très personnelle, c'est sans doute dans l'interprétation, puisque le personnage qu'il incarne ici est clairement dérangé au-delà de toute ambition ou désir de traîtrise propres à ce genre d'histoires. Cela étant, Outrage n'est pas le meilleur de ce que j'ai pu voir de Kitano, mais fait bien le job, et surtout en ce qui me concerne, m'aura permis de renouer avec cet acteur-réalisateur que j'apprécie mais que j'avais un peu délaissé ces dernières années (par manque de temps et d'occasions, pas par manque d'envie).
Calmos : J'ai pour Jean-Pierre Marielle une tendresse toute particulière. Les personnages qu'il compose ont toujours un je-ne-sais-quoi d'irrésistible qui fonctionne à tous les coups sur moi. Un mélange de simplicité, de sincérité, de franchouillardise, de poésie, de truculence, de tenue, d'authenticité, d'hédonisme, de pince-sans-rire, de verbe haut, de culture, et à sa manière très personnelle, de classe pure. Le tout, porté par une voix à nulle autre pareille, au timbre chaud, qui a du corps et du coeur, forte et douce à la fois, profondément honnête. Et que dire du duo qu'il forme ici avec un autre géant du cinéma français, Jean Rochefort, qui partage avec lui bon nombre des qualités énumérées plus haut ? C'est évidemment un duo gagnant, un couple parfait, qu'ils forment là. Car en amitié comme en amour, je crois qu'il ne faut pas s'interdire de parler de couple dans de telles circonstances. Ces deux-là, dans ce film-là, sont un couple d'amis plus vrais que nature. Et ça fait un bien fou de les suivre dans leurs pérégrinations insensées tout au long de Calmos, emmené par un Bertrand Blier toujours aussi irrévérencieux, provocateur et faussement timide. Avec qui plus est son paternel, l'inénarrable Bernard Blier en cureton à la morale souple et qui a définitivement rayé la gourmandise de la liste des sept péchés capitaux. Quel plaisir également de retrouver, ému, le temps d'une belle tirade, la voix extraordinairement reconnaissable de Claude Piéplu ! Si l'idée de départ de ce film est absolument géniale (deux hommes qui n'en peuvent plus décident de s'enfuir loin des femmes) et donne lieu à des dialogues savoureux et des scènes d'anthologie (la scène d'ouverture du gynécologue qui casse la croûte dans son cabinet devant une patiente qui l'attend les quatre fers en l'air donne d'entrée le ton !), le dénouement vire de plus en plus dans le surréalisme (la guerre civile entre les hommes et les femmes) jusqu'à la scène finale où les deux compères se retrouvent miniaturisés au fond d'une vulve, tels deux Robinson Crusoé échoués là. Inutile de préciser qu'un tel film n'aurait pas le début de l'ombre d'une chance d'être produit de nos jours, ce qui le rend d'autant plus précieux encore à mon sens. Mais même hors contexte, pour son casting royal et ses dialogues rabelaisiens, ce film doit être vu et revu. Croyez-moi, il vous fera un bien fou !
Carter : J'aime autant vous prévenir de suite : vous n'êtes pas prêts pour ce que vous allez voir. Comment résumer ce film ?... Ça flingue, ça cogne, ça découpe, ça gicle, ça explose, ça démonte, ça castagne, ça saute, ça écrase, ça dézingue, ça tatane, ça court, ça défrise, ça électrise, ça crame, ça défonce, ça bastonne, ça fracasse, ça délire... et surtout, ça ne s'arrête jamais. La caméra est quasiment en permanence en mouvement, c'est d'ailleurs assez déstabilisant pour le spectateur qui aimerait bien de temps en temps reprendre son souffle et parvenir à identifier clairement un cadre fixe pour tenter de se sortir du vertige incessant dans lequel ce film le plonge. J'aime les films de baston, j'aime les films d'action, mais là on est loin, très loin au-delà. On est dans une espèce de jeu vidéo survitaminé pour épileptique parkinsonien. La caméra virevolte sans arrêt dans tous les sens et souvent dans des mouvements qu'on n'aurait même pas imaginés (bonjour les plans séquences bourrés ras la gueule de raccords numériques pour faire croire à des mouvement de caméra impossibles), ce qui sur un film entier est presque malaisant (je déconseille fortement quiconque viendrait de se bâfrer d'une bonne choucroute ou d'un cassoulet roboratif de se lancer dans le visionnage de ce film, il risquerait de mettre son estomac sous trop forte pression pour vraiment l'apprécier). Tant et si bien que certaines scènes à l'évidence très chorégraphiées deviennent pourtant complètement illisibles, tant on ne comprend pas où on se situe en tant que spectateur (vu que la caméra ne tient pas en place 2 secondes) ni comment se déplace le personnage principal (car on manque de référentiel stable). La scène de baston / gunfight en chute libre à 5 000 mètres d'altitude est à ce titre un exemple parfait. Le héros utilise à peu près tout ce qui permet de se déplacer et qui possède un moteur : bagnole, moto, camion, train, avion, hélicoptère, tout y passe. L'avantage de ces engins c'est que si ça a un moteur, ça peut exploser, et croyez-moi, le réalisateur ne va pas s'en priver. du point de vue du scénario, comment dire... c'est blindé de clichés et pourtant ça parvient à ne pas être très clair, ce qui est en soi un paradoxe remarquable. Vous y trouverez une pandémie mondiale, des simili-zombies très hargneux, des espions, des gens qui manipulent des gens qui manipulent d'autres gens qui croient manipuler les premiers, des méchants très méchants et sadiques, une enfant à sauver, un héros amnésique, un docteur qui a un antidote miracle, des traitres en veux-tu en voilà, la CIA, les chinois du FBI, des sud-coréens qui en veulent à mort à des nord-coréens qui en veulent à mort à des américains, des mafieux tatoués dans un sauna, et beaucoup, beaucoup de décès par mort violente dans le sillage du héros inarrêtable. J'en oublie très certainement au passage. Honnêtement je ne peux pas dire que ce film était à faire, en revanche maintenant qu'il est fait, il vaut le coup d'être vu, ne serait-ce que pour savoir qu'on peut faire ce genre de chose au cinéma. Et peut-être aussi pour se persuader que ce n'est pas une si bonne idée que ça finalement. Je vous laisse juger.
1899 mini-série : 1899 est une série devenue une mini-série en n'étant pas renouvelée par Netflix. Cependant l'histoire se tient bien en une saison unique, et s'il y avait matière à développer par la suite, qu'on en reste là ne lui est pas pour autant préjudiciable. La série est plutôt classieuse, visuellement très travaillée, à l'ambiance plombante, à l'univers très particulier et dont on ne doute pas de la cohérence. Bref, on a là un bel écrin. Côté scénario, c'est un peu plus flou, volontairement je pense, histoire de bien balader le spectateur et le laisser en permanence dans une sensation de malaise, d'incompréhension, d'angoisse également. Du point de vue du casting c'est solide, il n'y a pas de tête d'affiche qui tire la couverture à elle, c'est cohérent, ça fait le job très honorablement. Sur le fond cependant, trop de mystère tue un peu le mystère au bout d'un moment, du moins c'est mon avis de spectateur anciennement traumatisé par des démarrages en trombe qui auront fini droit dans le ravin (remember Lost ?). Heureusement toutefois, l'explication et la résolution des mystères intervient en fin de saison, de manière un peu rapide et brutale en comparaison avec tout le temps passé à se poser des questions, mais au moins en a-t-on une. J'avoue cependant ne pas avoir été retourné par la révélation, par manque d'implication peut-être, je ne saurais pas dire exactement. Pour moi 1899 reste donc avant tout un produit à l'image bien travaillée, un bel objet vaguement mystique, mais avec peut-être comme un arrière goût de surcote qui ne donne pas forcément l'envie irrépressible de reviens-y...
Love Death and Robots saison 3 : 9 épisodes seulement composent cette troisième saison, et comme lors des précédentes, on a forcément des préférences pour l'une ou l'autre, bien que tout l'ensemble soit de bonne qualité. Les graphismes varient selon les histoires présentées, certains plus percutants que d'autres, mais tous plutôt bien inspirés. Chaque épisode est l'équivalent d'une courte nouvelle mise en images, l'exercice est donc un peu répétitif sur la forme, mais la courte durée de chaque épisode rend l'ensemble tout à fait digeste. Le style et les thèmes abordés restent pour leur part dans le domaine du Fantastique et de la SF, ce qui personnellement est plutôt pour me plaire, mais c'est un détail qu'il vaut mieux connaître avant de s'y lancer. Cette série se regarde comme on mange une sucrerie : l'effet est immédiat et le goût assez marqué, mais ça ne dure pas bien longtemps et ne reste pas forcément longtemps en mémoire. Ce qui est finalement normal et logique pour une série de mini-épisodes anthologiques. Divertissant.
Servant saison 3 : Servant est vraiment une série déconcertante à plus d'un titre. Capable du pire comme du meilleur. Au cours de cette troisième saison, l'histoire prend un nouveau virage, modifiant l'équilibre et le pouvoir entre les personnages. L'intrigue se ressert un peu autour des personnages principaux, et certains choses se précipitent un peu (surtout la fin qui est une fin-choc), et pourtant on a toujours cette impression de lenteur, de non-dits persistants, ce qui est assez paradoxal. L'angoisse habite cette histoire du début à la fin, et ce qui m'a gêné cependant, c'est l'irréalité de certaines réactions des personnages face aux événements, ce qui m'a d'ailleurs laissé à distance d'eux, m'empêchant de m'identifier et donc de m'impliquer pleinement dans ce qu'on me raconte. Je remarque les effets, je note les avancées, les astuces scénaristiques parfois très bien trouvées, mais en restant trop extérieur, ils me touchent moins, et je constate que l'intrigue fonctionne de moins en moins bien sur moi. Quelques passages cependant restent très marquants et réussis, mais trop peu sur l'ensemble d'une saison à mon goût. Le cliffhanger de fin de saison va peut-être rebattre les cartes et précipiter les choses, mais le recette actuelle de cette série continue de me laisser sur ma faim alors qu'on sent bien que le potentiel est là.
Les Papillons Noirs, mini-série : Troublant et excellente mini-série que celle-ci ! J'ai été bluffé à tous les niveaux. Scénaristiquement parlant c'est très bien écrit, très bien mené et on nous promène tout du long par le bout du nez d'une façon magistrale. Alors que dès le départ on croit déjà savoir à quoi s'attendre. Mais non, l'histoire nous réserve quelques tours à sa manière et ça fonctionne plus que bien. La mise en scène n'est pas en reste, du montage à la mise en lumière c'est vraiment léché, un petit bijou de précision. Et surtout, l'interprétation est très réussie. Qu'il s'agisse de Nicolas Duvauchelle qui est d'une implication sans borne, de Niels Arestrup qui assoit son talent avec un naturel impressionnant, de Sami Bouajila lui aussi complètement habité et qui se sort avec brio d'un rôle difficile, mais surtout du duo de jeunes acteurs Axel Granberger (qui joue Albert jeune) et Alyzée Costes (qui joue Solange jeune) qui sont tous les deux hypnotiques, rien de moins, et qui vampirisent l'image à chaque apparition de leur couple. J'ai été scotché par la ressemblance physique mais aussi dans les mimiques, les gestes, la façon de parler entre Axel Granberger et Niels Arestrup qui jouent le même personnages à 50 ans d'écart. Choc un peu atténué par l'information que le second est le père du premier dans la vie réelle, d'où l'évidence de la ressemblance physique. Mais le travail de mimétisme n'en reste pas moins troublante. Quand à Alyzée Costes, c'est un diamant brut, ou plutôt devrais-je dire un rubis brut, en rapport avec sa rousseur naturelle mystifiante. Elle est totalement irréelle de beauté, de candeur, de pureté. Impossible de rester insensible à ce qu'elle dégage. Cette série est vraiment le tout haut du panier des productions françaises de qualité, et j'ai pris une claque monumentale en la regardant. Je conseille vivement, je recommande chaudement, j'applaudis des deux mains, enfin bref, je crois que vous avez compris l'idée : il faut voir cette série.
Gaston Lagaffe : Oulala... m'enfin ! Me v'là bien. Gaston Lagaffe c'est un des premiers héros fétiches de ma jeunesse, quand je découvrais la BD franco-belge. Autant dire que je l'aime tout particulièrement et qu'il est cher à mon coeur, comme tout le petit univers qui gravite autour. Le génie de Franquin a toujours opéré sur moi. Alors une adaptation cinéma c'était forcément casse-gueule, et osons le dire, raté d'avance. Car qu'on le veuille ou non, un amoureux de Gaston aura toujours tel ou tel aspect du film qui le décevra car pas assez proche de la version papier. Et pour cause, la BD est tellement particulière, le trait de Franquin tellement génial, qu'aucune transposition "live" ne pourra lui rendre hommage et encore moins tenir la comparaison. On est donc quasiment condamné à sortir déçu du film. Sauf si on est un gamin et qu'on n'a pas forcément 30 ou 40 ans de "vie commune" avec Gaston Lagaffe. Là on se contente de ce que le film propose, et dès lors ça fonctionne mieux. Je l'ai constaté avec mes gamins, qui connaissent les BD parce qu'elles sont dans la bibliothèque familiale et qu'ils en lisent régulièrement, mais qui n'ont pas le même attachement presque sacré au personnage. Le film leur a plu, les a fait rire, malgré ses outrances, malgré ses délires, malgré ses approximations. Exactement comme la BD m'a fait rire moi à leur âge, malgré ses outrances et ses délires. Pour ma part j'ai apprécié les efforts ostensibles qui ont été faits pour coller au plus près à l'aspect graphique si spécial de Gaston, et j'ai évidemment reconnu tousles clins d'oeil et références aux scènes incontournables de la BD. Et pourtant la magie n'a pas opéré. Serais-je devenu trop vieux ? Pourtant je suis persuadé que le film s'adresse tout spécialement aux amoureux de Gaston, aux enfants qui l'ont lu et sont devenus des adultes depuis. Mais comme je le disais, en live, malgré les efforts des comédiens et de la mise en scène, la mayonnaise n'a que très peu pris sur moi. Impossible pour moi de défoncer ce film car je vois tout l'amour du personnage qui en transpire, mais le résultat n'est malheureusement pas à la hauteur de la BD. Et il n'avait aucune chance de l'être, voilà certainement sa malédiction originelle.
Vikings Valhalla saison 2 : Suite des héritiers de la série-mère Vikings, dans cette seconde saison les personnages principaux se voient dispersés géographiquement, chacun menant sa petite affaire de son côté, avec le lot d'intrigues et de sous-intrigues qui vont avec. Du coup il y a des hauts et des bas en fonction de l'intérêt que l'on porte aux uns et aux autres. Autrement dit encore, c'est assez inégal d'un épisode à l'autre, bien que l'ensemble se tienne plutôt correctement. Mais pour le moment la série parvient toujours à me garder éveillé, ce qui est quand même assez bon signe. Je garde toujours les mêmes réserves évoquées dans mon commentaire sur la première saison, à savoir le ripolinage de réalités historiques passées à la moulinette d'une idéologie ultra-progressiste un peu trop voyante, mais bon, j'essaie de profiter du reste du spectacle en faisant autant que possible abstraction de certaines énormités. Pour l'instant la balance continue de peser en faveur de la qualité générale de la série, je m'en contente donc, sans être dupe. Sur la fin de cette saison, il semble que les enjeux se resserrent un peu et que les itinéraires de certains personnages dispatchés autour de l'Europe se mettent enfin à converger, ce qui annonce un regain d'intérêt pour la troisième saison. En revanche il faut rester honnête, on reste clairement un cran au-dessous de la qualité proposée dans la série Vikings. Ça laisse cependant encore une certaine marge, et tant mieux.
See saison 3 : Conclusion de la série post-apocalyptique de Jason Momoa avec cette troisième saison. Et la fin est à l'image de l'ensemble de la série, assez inattendue et plutôt couillue. Dès le départ, le concept avait ce goût mêlé de curiosité mais aussi d'une pointe d'incrédulité de la part du spectateur. Un monde, une civilisation d'aveugles dans un environnement moyenâgeux, c'est clairement original et intrigant. Mais ça comporte aussi son lot d'invraisemblances qu'il faut parvenir à dépasser pour accepter l'histoire qu'on nous raconte. Et tout le talent de cette série aura été de réussir à marcher sur ce fil ténu en évitant de basculer dans le n'importe quoi tout en conservant l'intérêt qui est à la base de l'intrigue. J'avoue avoir été sceptique, mais je dois concéder à la série qu'elle a plutôt réussi à atteindre son but, en tout cas la majorité du temps. Cette fin est une vraie fin qui plus est, qui aura pris le temps de se mettre en place, et qui donne une cohérence globale à l'ensemble des trois saisons. Le produit fini se tient bien, c'est indéniable. Il y a eu un vrai travail de fond sur la création de cet univers très particulier et jusqu'ici inédit. Et puis l'une des très grandes forces de la série réside surtout dans l'interprétation, avec des rôles forts mais aussi et surtout avec des comédiens investis qui donnent le change. Jason Momoa en tête.
Les Minions 2 : Voici le deuxième film consacré aux cacahouètes jaunes qui parlent une sorte d'esperanto à base d'onomatopées mais ne vous y trompez pas, c'est avant tout le personnage de Gru enfant qui est au centre de l'histoire. D'où le sous-titre du film. L'univers développé depuis Moi, Moche et Méchant ne s'essouffle toujours pas et conserve, film après film, un attrait et une fraîcheur inattendus pour un produit dérivé d'une licence qu'on commence à bien connaître. C'est toujours aussi inventif, toujours aussi drôle, toujours aussi innovant. Mais surtout, toujours aussi délirant. Et je crois qu'il faut également souligner l'emballage musical et sonore, qui revêt une grande importance et s'avère parfaitement réussi. Je ne me lasse donc toujours pas devant le spectacle des aventures iconoclastes de Gru qui déjà tout petit rêvait de devenir un super méchant, ni devant les exubérances et les pitreries de ses compagnons en forme de patates à pattes. Ça plaît qui plus est aux grands comme aux petits, et cela non plus, n'est pas donné à tout le monde. Je ne peux donc que conseiller ce petit film d'animation hyper dynamique et poilant.
The Time Traveler's Wife saison 1 : Voilà une série sur laquelle je suis venue un peu à l'aveuglette. Uniquement parce que le thème abordé fait partie de mes thèmes favoris, à savoir le voyage dans le temps. J'ai cependant douté que l'histoire de l'épouse d'un voyageur temporel puisse être passionnante, soupçonnant avec certes une dose non négligeable d'idées préconçues que l'histoire du voyageur temporel lui-même serait certainement plus pertinente à développer. Mais je me suis trompé, et je dois avouer que l'angle trouvé et adopté pour raconter cette histoire est vraiment excellent et parfaitement adapté pour qu'on se sente à la fois curieux, puis franchement intrigué, avant d'être juste happé et embarqué pour de bon par ce qu'on nous raconte à l'écran. Comme je le disais, les histoires de voyages temporels m'ont toujours beaucoup plu, mais à la double condition que cela soit bien fait et avec une cohérence sans faille. Et c'est le cas ici. En tout cas, dans ce que j'ai pu en voir. Car je me dois de le préciser de suite : cette série a été annulée au terme de sa première saison et ne connaîtra donc pas de fin à l'écran. La fin de la première saison n'est pas décevante en tant que telle, mais il est clair que l'histoire appelait une véritable suite et qu'on reste sur notre faim du point de vue narratif global. Heureusement, cette série étant l'adaptation d'un roman, il reste la possibilité de se plonger dans le bouquin pour connaître le fin mot de l'histoire (ce que je prévois de faire). Mais cette première et unique saison reste cependant très séduisante et plutôt réussie dans son genre, en abordant le thème du voyage dans le temps d'une manière un peu innovante. Car en effet, on n'assiste pas à une histoire continue mais racontée un peu dans le désordre (façon de parler ceci dit : il y a de l'ordre narratif dans le désordre temporel de cette histoire !!). On a des sauts dans le passé, des retours au présent, des visions du futur, et surtout des personnages à différents moments de leurs vies, qui bien qu'étant les mêmes personnes, ont des enjeux et des motivations différentes selon leurs âges. Et c'est très malin, d'autant plus malin que ces personnages d'âges différents sont appelés à se rencontrer et à interagir entre eux. Dit comme ça je vous le concède, ça peut faire peur et donner un a priori d 'imbroglio à base de nœuds dans le temps, mais je vous assure que rien, jamais, n'est incompréhensible pour le spectateur. En ce sens la narration est vraiment très maîtrisée et les scénaristes ont fait montre d'un talent indéniable pour rendre leur histoire à la fois claire et captivante malgré sa complexité apparente. Une fois n'est donc pas coutume, mais bien que la série ait été annulée au bout de sa première saison, j'en conseille malgré tout très fortement le visionnage.
J'ai 2 Amours mini-série : Mini-série en trois épisodes qui pose la question : peut-on aimer deux personnes en même temps ? Deux personnes de sexes différents qui plus est ? Je l'avoue, ce n'est pas pour son thème que j'ai regardé cette série mais avant tout pour son interprète principal, François Vincentelli, comédien que j'ai découvert et surkiffé dans la série Hard où il tenait le rôle de Roy Lapoutre. D'ailleurs sur ce point il n'y a pas photo, le bonhomme assure et est parfaitement crédible dans son double rôle, à la fois en tant qu'hétéro et en tant qu'homo. Sur le fond en revanche, j'ai trouvé l'intrigue bourrée de clichés à tous les niveaux, mais ça encore, si c'est bien fait pourquoi pas. Un cliché n'est pas forcément faux en soi, c'est même souvent plutôt l'expression d'une réalité générale qu'une erreur. Là où l'histoire m'a perdu c'est dans son dénouement, et grosso-modo l'ensemble du troisième et dernier épisode. Perdu pas dans le sens que je n'y comprenais rien, mais plutôt perdu dans le sens que je n'arrivais pas à croire à ce qu'on me racontait à l'écran. Sans vouloir divulguer la manière dont l'intrigue se résout, ce que je peux en dire c'est que cela ne m'a paru en rien crédible. Trop gros, trop naïf, trop ravi de la crèche. Déjà que la situation de base est quand même assez iconoclaste, mais son évolution et surtout sa conclusion partent vraiment dans le grand n'importe quoi. C'est le seul vrai reproche que je pourrais faire à cette série, mais il est de taille. Pour le reste, les comédiens sont bons voire très bons, le rythme est soutenu, j'ai aimé reconnaître certains coins de Strasbourg où la série a été tournée, le thème est audacieux mais pique la curiosité. Dommage que la fin m'ait laissé sur le bord du chemin. Mais en tout cas, ce François Vincentelli, quel beau gosse ! (et je plaide pour un retour de Roy Lapoutre !!)
House of Dragon saison 1 : Voici le spin-off de Game of Thrones que nous a concocté HBO. Comme Daenerys a été un des personnages phares de la série mère, on s'est dit que de garder un personnage qui lui ressemble peu ou prou serait un bon plan, d'autant plus si cela permet de voir des dragons en pagaille ce faisant. Bien vu pour les dragons, ça apporte un vrai plus à la série, c'est indéniable. En revanche pour la simili-Daenerys et toute sa famille d'albinos l'effet est moins convaincant. Sincèrement, ils m'ont plus fait penser à une famille de dégénérés qui s'accouplent entre frères et sœurs, cousines et tontons, qu'autre chose. Mais c'est le concept qui veut ça, alors admettons. Sur le fond quoi dire de cette série : je pense qu'elle nourrissait tellement d'attentes qu'elle ne pouvait que décevoir, ce qui je l'avoue a été le cas en ce qui me concerne. Ce n'est pas foncièrement mauvais et on voit que les moyens sont là, mais c'est un peu la montagne qui accouche d'une souris. Et d'une souris très prévisible qui plus est. Dans le genre caricatural et pas très nuancé, pour une série qui lambine et prend son temps au point parfois de donner l'envie d'une petite sieste tellement il ne se passe rien de palpitant, House of Dragon se pose là. Quand je parle de caricatures, je pense surtout aux personnages principaux qui sont plus des archétypes que des personnages travaillés auxquels on aurait donné un minimum de profondeur. Je crois bien qu'aucun d'entre eux n'y échappe, les scénaristes les ont à peu près tous façonnés à la truelle. Quant aux enjeux de l'intrigue principale... non seulement ils sont longs à se mettre en place alors qu'on les voit venir depuis le début, mais ils prennent enfin l'envergure qu'on attendait quand la saison se termine. Alors ok, le cliffhanger est soigné, mais on n'en aurait voulu à personne s'il s'était passé un peu plus de choses intéressantes avant ! D'autant que le truc paraît cousu de fil blanc : comme Daenerys dans Game of Thrones, c'est la nana aux cheveux blancs et qui en a gros sur la patate qui va gagner à la fin, qui en doute vraiment ? (j'ai dû vérifier - et c'est je crois plutôt mauvais signe de ne pas l'avoir retenu - la blonde platine perpétuellement vénère s'appelle Rhaenyra)
Rogue Heroes saison 1 : Grosse et heureuse surprise que cette série débarquée un peu incognito et sans faire de vagues, mais qui s'avère une pure pépite d'originalité et d'inattendu au visionnage. Nous voilà replongés en pleine seconde guerre mondiale en Afrique du Nord ou la confrontation entre les troupes alliées et les allemands va être décisive pour le contrôle de la Méditerranée et la poursuite du conflit. Malgré les enjeux immenses, une petite bande de pieds nickelés réfractaires aux ordres et à l'autorité vont se voir donner carte blanche par le haut commandement britannique pour attaquer et saboter les bases aériennes allemandes, le tout dans un joyeux foutoir et une organisation plus proche de la blague que de la rigueur militaire. Et contre toute attente, ce nouveau commando surnommé SAS va rencontrer succès sur succès et devenir une véritable légende. Les personnages sont tous plus haut en couleur les uns que les autres, et visiblement comédiens comme scénaristes se sont fait plaisir à appuyer sur l'aspect outrancier de l'histoire et des héros, tout en respectant malgré tout la véracité des faits historiques. Car rappelons-le, il s'agit d'une unité qui a bel et bien existé. Action, humour, suspense et audace sont les maîtres-mots qui résument l'esprit de cette série un peu foutraque, un peu folle, un peu too much par moment, mais follement séduisante et addictive une fois qu'on en a pris la mesure. Vivement la suite !