Dimanche 23 juin, Steven Van Zandt and the Disciples of Soul ont fait étape à Paris au cours de leur tournée mondiale « Summer of Sorcery Tour ». Le début de l’épisode caniculaire a débuté très exactement à 19h20 ce soir-là. L’heure à laquelle pas moins de quinze musicos sont entrés sur la scène de La Cigale et ont commencé à mettre le feu !
Celui qu’on surnomme du haut de ses 5’ 7’’ (1) Little Steven, ou encore Miami Steve, a décidé de repartir en tournée après avoir sorti un nouvel album (Summer of Sorcery), lui qui n’avait plus rien composé pour lui-même depuis 20 ans. Faut dire que ces dernières années il avait été bien occupé avec le E Street Band dont le leader, Bruce Springsteen vient lui aussi de sortir un tout nouvel album2. Little Steven a donc mis à profit son temps libre entre la dernière tournée du Boss en 2017 et celle qui se profile en 2020 pour prendre la route et défendre ses propres morceaux un peu partout autour du monde. Sans Springsteen et le E Street Band mais loin d’être seul pour autant, car comme je le disais en intro, les Disciples of Soul l’entourent, et ils sont 14 en plus de leur leader !
D’ailleurs ils étaient presque à l’étroit sur la scène de La Cigale ! Jugez plutôt : un batteur, deux claviers, un percussionniste, une basse3, un guitariste, une section de cinq cuivres (deux trompettes, deux saxos et un trombone) et trois choristes autour de Little Steven ! Pas évident d’organiser les mouvements de tous ces musiciens j’imagine, et pourtant à l’oreille il n’y paraissait rien : un son impeccable (quoique très fort) où chaque instrument était parfaitement à sa place, s’entendait très perceptiblement et enrichissait l’orchestration sans l’alourdir ni lui donner de côté trop brouillon comme on aurait pu le craindre. Ça témoigne du niveau de professionnalisme et de classe de l’ensemble. D’autant que les gus, ça se sent, prennent leur pied sur scène, s’amusent et envoient du bois ! Le percussionniste (Anthony Almonte) entre autres nous a proposé un vrai festival et les cuivres ont animé tout le concert avec une puissance et une clarté époustouflantes ! Et que dire des trois choristes, littéralement hypnotisantes, emmenées par une Jessie Wagner déchaînée4 et ébouriffante (c’est le cas de le dire!!)… elles assuraient à elles seules un spectacle d’une énergie et d’une précision folles !
Little Steven et les trois choristes des Disciples of Soul : Jessica Wagner, Tania Jones et Sara Devine © Elian Poupard
C’est du reste une remarque que je n’ai pas pu m’empêcher de me faire en voyant ces quinze artistes sur scène : voici un groupe à part entière, bien plus qu’un groupe qui accompagnerait une star. Je veux dire par là que bien qu’étant le leader et la tête d’affiche, sur scène Steven Van Zandt ne s’impose pas et ne vole pas la vedette à ceux qui l’accompagnent. Il est là en véritable chef d’orchestre, évidemment c’est sa tête qu’on voit sur les affiches de concert, mais il se fond dans un collectif de qualité. Il est un leader sans être une star. Difficile à expliquer comme ressenti du bonhomme. Pourtant on ne peut pas dire qu’il manque de charisme, loin de là ! Pas pour rien que le gars s’est illustré aussi sur le petit écran dans un des rôles récurrents de mafieux dans Les Sopranos5 (il y joue le personnage de Silvio Dante, conseiller et bras droit de Tony Soprano), et dans le premier rôle de la série Lilyhammer6 (où il incarne Frank Tagliano, parrain de la mafia repenti qui quitte les USA pour venir se terrer et se faire oublier à Lillehammer en Norvège).
Mais sur scène on sent le musicien avant tout, l’amoureux de la musique, le type qui sait de quoi il cause, et qui aime profondément ce qu’il fait.
Avec son éternel bandana sur la tête, Little Steven c’est aussi un artiste engagé, et il ne s’est pas fait prier pour donner son point de vue sur certaines questions politiques encore dimanche soir, dénonçant « les faux choix qu’essaient de nous imposer certains leaders » [vous devinerez tout seul qui par exemple] et en anglais dans le texte : « this is bullshit ! », « oui on peut avoir une économie florissante et respecter l’environnement » [vraiment vous ne voyez pas qui pourrait être concerné ?] ou encore « oui on peut être patriote et citoyen du monde » avant d’entamer le morceau I’m a Patriot fort à propos.
Je suis allé voir ce concert sur les bons conseils et en compagnie de mon ami Nono, sans connaître ce que Steven Van Zandt faisait comme musique perso en dehors du E Street Band, et j’ai sciemment évité de chercher à en écouter avant, décidant que je découvrirai ça en live. Et je ne le regrette pas une seconde. Du Blues au Rock, de la Pop au Reggae, du Soul au Funk, de tous les sons que nous ont proposés Little Steven and the Disciples of Soul, j’ai beaucoup aimé ce que j’ai entendu et ce que j’ai vu, et bien que la salle fut loin d’être pleine à craquer (le prix des places peut-être ?…) j’ai vraiment adoré l’ambiance festive et survoltée qu’il y a eu pendant près de 2h20, grâce à un groupe absolument fantastique sur scène, une prestation vraiment enthousiasmante et un public totalement conquis et en communion avec le spectacle qu’on lui proposait ce soir-là.
Ouais, du vrai bon son.
1 1m70 si vous préférez
2 Western Stars, que je recommande très chaudement !!
3 Note spéciale pour Nathan et Tom (et tous ceux qui comprendront) : le bassiste aurait pu être le papa de A.J. Styles !!
4 et déhanchées !!!
5 que j’ai l’ambition de regarder depuis longtemps sans encore avoir eu le temps de m’y mettre !!!
6 sur un mode plus proche de la comédie, je n’en ai vu que les deux premières saisons, sympathiques mais pas indispensables. À ce propos Bruce Springsteen himself y apparaît dans un épisode de la troisième et dernière saison.
L'affiche du concert