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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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28 mars 2007 3 28 /03 /mars /2007 15:09

J’avais déjà chroniqué voici quelques mois l’excellent comic book 300 de Frank Miller, et j’attendais avec impatience la sortie de l’adaptation au cinéma.
Après le très réussi Sin City de Rodriguez et Miller, voici donc la seconde adaptation d’une œuvre de l’auteur de comics Frank Miller.

Cette fois c’est le canadien Zack Snyder qui se charge de la réalisation, en étroite collaboration avec Miller pour tout ce qui a été choix esthétiques et design. D’entrée la nomination de ce metteur en scène m’avait enthousiasmé tant j’avais été conquis par son précédent long métrage, L’Armée des Morts, qui était déjà d’une force iconique assez impressionnante.

Léonidas reçoit le messager de Xerxès mais ne compte pas une seconde se laisser impressionner...
Il fallait bien ça pour rendre hommage à la bd de Miller qui tire énormément de la puissance de ses dessins : un metteur en scène capable d’insuffler de l’énergie autant que de l’esthétisme dans ce qu’il filme. Et Snyder ne déçoit pas une seconde, bien au contraire même, puisqu’il livre là un film d’une beauté à couper le souffle. Les images sont léchées, tout jusqu’au moindre détail est parfaitement maîtrisé à l’écran, chaque scène étant bourrée jusqu’à la gueule d’effets spéciaux et graphiques somptueux. Le film entier a été tourné en fond vert (à la manière de Sin City ou encore Captain Sky et le Monde de Demain), afin de pouvoir obtenir des images extrêmement travaillées, qui rappellent le trait de Miller d’une part et donnent une identité graphique à nulle autre pareille et immédiatement identifiable au film.

Les guerriers spartiates en formation pour repousser la première vague d'assaut perse...
Au point qu’on pourrait parfois craindre que cela ne nuise au réalisme des scènes. Il faut bien dire qu’à ce point de vue la scène du loup par exemple n’est pas du tout réaliste, mais on peut légitimement penser que Snyder a voulu jouer sur la peur enfantine de l’animal, et l’aspect « légende » ou « conte » du récit (la scène illustre l’histoire relatée par un orateur de l’enfance du roi Léonidas). Mais pour tout le reste, les images bien que retravaillées à l’extrême n’entrent pas en conflit avec la crédibilité de l’histoire, c’est très beau et on s’en rend à chaque seconde compte, mais cela n’empêche absolument pas de croire à ce que l’on voit.

Léonidas montre la voie à suivre à ses hommes : la victoire est la seule option envisageable.
À ce sujet d’ailleurs on pouvait également craindre que le rendu des batailles entre deux factions à ce point disproportionnées soit peu crédible, mais chaque combat, chaque assaut est un petit chef d’œuvre de mise en scène et d’originalité à laquelle se livre le réalisateur. Les chorégraphies sont somptueuses, tout à la fois belles et crédibles, sauvages, puissantes et d’une précision impressionnante. Les héros eux-mêmes sont des incarnations de la perfection (de ce point de vue d’ailleurs, ce film pourtant réputé violent peut être considéré comme un pur film destiné à plaire aux femmes : mesdames vous pouvez mettre au rebus vos calendriers de rugbymen huilés au cache-sexe ovale, vous aurez à la place 300 guerriers spartiates qui ne feraient qu’une bouchée du premier Sébastien Chabal venu !), de magnifiques machines de guerre, nés et formés à une seule chose : se battre, et vaincre.

Les 300 confectionnent un mur des cadavres de leurs ennemis...
J’avais déjà abordé l’histoire dans ma chronique du comic, je vous refais rapidement un résumé du scénario. Le roi-dieu Xerxès 1er  (Rodrigo Santoro, aussi beau qu’impressionnant), souverain de Perse, est en marche avec son armée gigantesque sur la Grèce qu’il compte bien annexer à son empire. Mais Léonidas (Gerard Butler, exceptionnel de charisme dans un rôle très physique), roi de Sparte n’est pas de ceux qui se laissent impressionner et décide de se dresser contre l’envahisseur. Les mains liées par le Conseil de la Cité et l’oracle des Éphores (des mystiques sans l’accord desquels rien ne peut se faire), il ne peut cependant déclarer officiellement la guerre à Xerxès, et ne peut pas lever contre lui l’armée spartiate. Il part donc à la tête de 300 valeureux guerriers pour tenir coûte que coûte le passage obligé vers la Grèce, le fameux passage des Thermopyles, dit « les gorges chaudes ». Dans cet étroit gouffre, le nombre ne compte plus tant, et les 300 spartiates vont tenir le siège d’une armée perse qui semble sans fin. Pendant ce temps à Sparte, la reine Gorgo (Lena Headey, à la stature de reine parfaite, divinement belle et d’une classe sans égale), épouse de Léonidas va tenter de faire changer d’avis le Conseil des sages afin d’envoyer des renforts au roi dont le petit contingent fait pourtant bien mieux que résister jour après jour.

Léonidas et Xerxès en pleine négociation.
Je n’en dis pas plus sur l’issue de l’affrontement entre les perses et les spartiates, si ce n’est que la bataille des Thermopyles a bel et bien existé, bien que les faits relatés ici sont évidemment librement adaptés, romancés et très certainement assez loin de la réalité sur certains points (ne serait-ce qu’au sujet de l’armée Perse, alors que la légende parle d’un million d’hommes les historiens l’évaluent plutôt à plusieurs dizaines de milliers).

Je l’avoue volontiers, j’attendais énormément de ce film. Et je le dis tout net, j’ai eu bien plus encore à me mettre sous la dent que ce que j’espérais.

L'armée perse est vaste, et comprend de nombreux guerriers plus impressionnants les uns que les autres, ici un géant et les troupes de choc de Xerxès, les Immortels...
Ce film est un monument, à tous les niveaux. L’interprétation est fabuleuse (je n’ai qu’un regret : ne pas avoir pu voir le film en VO), les images sont sans pareil, le story-telling parfaitement maîtrisé, les scènes de batailles dégagent une puissance, une force et une émotion que j’ai rarement vues ailleurs. À titre de comparaison, elles surclassent largement à mes yeux (qui l’eut cru possible ?) celles de la trilogie du Seigneur des Anneaux.
L’adaptation est fidèle bien qu’il ait été ajouté au récit de Miller une partie concernant la reine Gorgo restée à Sparte (ajout qui s’intègre parfaitement du reste) et qui ne figure pas dans le comic d’origine. Et surtout 300 a une identité visuelle incroyablement marquée et marquante.

Léonidas et ses hommes attendent de pied ferme les troupes perses...
Zack Snyder a réussi à trouver le traitement d’image idéal pour rendre hommage au trait de Miller, la beauté des images transcende leur force. Tout particulièrement, le réalisateur a trouvé un ton de rouge assez exceptionnel, très sombre, et omniprésent tout au long du film, que ce soit avec les capes des spartiates où lors des effusions de sang des combats.
Bref, pour moi 300 est un vrai monument aussi bien de mise en scène que de beauté visuelle et de puissance des images.

J’ai cependant entendu dernièrement pas mal de critiques accusant le film d’être « facho » (un qualificatif tellement souvent employé au sujet de tout et n’importe quoi qu’on se demande parfois si ceux qui l’utilisent en connaissent l’exacte signification), d’être ouvertement offensant à l’égard des peuples arabes, voire même de justifier à mots cachés la guerre en Irak. À cela il est d’autant plus difficile de répondre que ce genre d’attaque est pour moi dénué de sens. Des grecs ont combattu des perses (pas des « arabes » d’ailleurs soit dit en passant, l’empire perse s’étalait bien au-delà des ethnies arabes). N’y cherchez aucune métaphore, il s’agit d’histoire. De l’histoire mise en scène et adaptée, oui, mais pas remaniée pour en changer le sens profond ni lui donner une portée actuelle.

Xerxès 1er, le Dieu-Roi.
Aujourd’hui, il faudrait donc soigneusement éviter d’évoquer des faits qui remontent à l’Antiquité pour ne pas froisser des sensibilités exacerbées. Si encore cela avait été fait dans le but de rabaisser ouvertement une ethnie par rapport à une autre, ce serait sujet à discussion pourquoi pas. Mais là, dans le cas très précis de 300, je ne vois honnêtement pas où se situe l’attaque raciale. On peut évidemment tout intellectualiser et interpréter à outrance, mais il y a des limites au grand n’importe quoi tout de même.

 300 est un film de guerre, un film de genre dans le plus pur sens du terme, une œuvre violente (d’aucuns diraient que c’est réservé aux gros bourrins) et sans grande dimension philosophique, oui. Et après ? Je ne peux franchement pas prêter à Miller ou Snyder des intentions cachées de dénigrer les nations arabes actuelles, de véhiculer des idées pro-Bush ou je ne sais quelles autres inepties de ce genre. Pour moi c’est totalement hors de propos.

La reine Gorgo ne reste pas inactive à Sparte pendant que son roi combat l'envahisseur.
D’ailleurs si le film pose effectivement comme héros le roi Léonidas (avec ce que cela comporte d’hollywoodien dans la définition : sans peur, sans reproche, incarnation de la perfection), dans sa bd Miller laissait un peu plus transparaître le fait que les plus sauvages n’étaient pas toujours ceux que l’on aurait pu penser (cf. mon article sur le comic book 300). Soulignant ainsi qu’il ne cherchait pas à imposer l’idée d’une soi-disant supériorité d’une civilisation par rapport à une autre.
Et dans le film, si l’on cherche coûte que coûte un message de cet ordre, à la limite je dirais plutôt qu’il se permet de montrer du doigt au passage les croyances et les mythes qui passent avant le bien être de l’Homme, et qui sont parfois aussi prétexte à corruption et autres jeux d’influences rémunérées… (je pense évidemment en disant cela aux Éphores qui incarnent le mysticisme et l’obscurantisme intéressé en opposition au bon sens du roi Léonidas).

Vraiment, les attaques sur les mauvaises intentions prêtées par certains au film m’étonnent, et me désespèrent également un peu je l’avoue. Si tout, même un film comme 300 est sujet à ce type de polémique, le monde n’est pas sorti de l’auberge…

This is Sparta !!!
 300 est là pour donner du plaisir au spectateur.

Un plaisir que certains trouveront barbare pourquoi pas, sans intérêt même tant qu’on y est.
Mais pour moi ce n’est rien d’autre que cela : un plaisir immense. Visuel, esthétique, émotionnel. Ne cherchez pas plus loin et laissez-vous emporter par ce qui se passe à l’écran. Vous verrez, ça pourrait peut-être même vous faire du bien.

Allez, comme aujourd’hui je ne suis pas avare en qualificatifs, je dirais en toute simplicité et en conclusion que 300 fait partie de ces rares films instantanément cultes. Et ouais, rien que ça.


L'affiche française du film. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

S
Chrismic >> content que ça t'ait plu ! et le comics aussi t'a plu finalement ?
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C
Et bien voilà... au ciné, allez je suis... voici en vrac mes impressions :Beaucoup de tablette de chocolat à l'écran... normal, c'est Le roi Léonidas... Des champs de blés bien propres... il n'y avait donc pas seulement des soldats...Des couleurs, des images incroyables...Des matières, des gueules, des costumes magnifiques...Quelques réponses spartiates à mourir... de rire.Je ne regrette pas mes 8 euros... 8 euros ?  Aaaaarggg... Shower ! vite, mon casque...
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S
Chrismic >> si tu veux te faire une idée de l'histoire je peux te prêter le comic !Pierig >> c'est vrai que j'ai été tellement enthousiasmé par 300 que j'imagine mal qu'il puisse avoir autant d'avis aussi négatifs que ceux que tu as entendus. Mais bon, tu te feras ton opinion. Et puis non non, je ne me lasse pas, c'est toujours très agréable à entendre les compliments ;o). Mais c'est surtout de susciter des commentaires qui me fait plaisir aussi !Mooutche >> ah la première vague d'assaut perse est effectivement une scène qui m'a marqué moi aussi, la séance d'embrochage c'est quelque chose ! Et pour Rico, je crois que son long commentaire perdu l'a totalement démotivé...Patate  >> Monsieur Patate en personne ? The Patate ?! bienvenue ! "on devine la tendresse"... oui, mais on voit surtout la dureté et la force de caractère qui consiste à ne rien dire ou laisser paraître. L'amour visible, sensible, semble vraiment une faiblesse bannie par les spartiates (et a fortiori par le couple royal, exemple pour tous). Pour la repompe... certes ça y ressemble, mais... pour moi Gladiator et 300 sont tellement éloignés l'un de l'autre que bon, à vrai dire je n'avais même pas fait le rapprochement avant que tu en parles. Et pour la scène de sexe, moi je retiens surtout la plastique de la reine, tout sauf risible !! :o)
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P
J'oubliais : mention spéciale à la scène d'amour entre Léonidas et sa reine ! La salle entière a hurlé de rire avec l'enchaînement des positions, et c'était là ma première levrette grand public ! :'D
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P
Visuellement rien à redire, c'est superbe. Et très nettement plus réussi que le Seigneur des anneaux au niveau de l'incrustation d'images (les éclairages dans le SdA sont trop souvent une catastrophe...). Pour les pinailleurs, regardez certaines scènes de bataille, le sang gicle de partout, mais sur le sol... rien. :)Mention spéciale à la scène de l'oracle. La jeune fille a (sans aucun doute) été filmée sous l'eau, et l'intégration de la scène est vraiment parfaite !J'aurais cependant aimé que le film soit encore plus jusqu'auboutiste : les spartiates sont présentés comme insurpassablement durs, pourtant on devine beaucoup de tendresse en eux, Léonidas et sa reine incarnant bien ce "défaut".Un vrai défaut par contre est la repompe éhontée de la scène de Gladiator : le champ de blé, la femme qui attend son mari, ça m'a vraiment fait hurler. -_-'Quant au racisme... Les oeuvres de Frank Miller sont dures, mais trouver ce film rasciste, euh... c'est de la connerie pure et dure. Attaquons-nous d'abord aux blagues sur les belges, dont le racisme est autrement plus insoutenable...
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M
Ben, écoute, on peut aller le revoir sans problème si tu veux !!! Ce film est une merveille : images, lumières, acteurs, déroulement de l'histoire, et surtout, surtout, les scènes de bastons !!! Je ne me suis toujours pas remise de cette scène où les Spartes repoussent les Perses pour mieux les embrocher, le tout en rythme et presque en rigolant... La "puissance" du guerrier est surement une des choses qui est le mieux transmise au spectateur et qui personnellement m'a comme plongée en transe pendant tout le film !Voilà, culte tout de suite (il ne manque plus que la VO pour que ce soit méga culte).<br /> PS : Jamais vu une concentration si élevée d'abdo au m2 :oDPS2 : Alors, Rico, on attend ton commentaire avec impatience !!! ;o)
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P
Les échos que j'en ai eu sont plutôt négatifs (excepté les tiens et ceux de quelques habitués de BDT). J'ai aussi entendu le rapprochement avec le racisme. La critique portait également sur les images ... je pense que cela résulte de l'ignorance de la plupart des gens que ce film est tiré d'une bd et qu'il compte recréer l'atmosphère de cette dernière (avec toute la complexité que cela comporte). Bref, je suis bien tenté d'aller le voir ... mais je lirai la bd avant! :)<br /> Ah oui et bravo pour cette note (ça te lasse peut être d'entendre cela à chacune de tes notes mais c'est pas notre faute si tu as un tel don pour faire passer ta passion à travers tant d'émotions!) ;)
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C
... les photos ne me donnent pas une folle envie d'aller le voir... mais... mais... vu (entendu plutôt) comment tu en parles... et bien j'irai certainement et assez rapidement faire un tour au cinoche...
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S
Spooky >> merci pour la correction, j'ai fait la modif ! Oui, oui, trois fois oui, il faut aller le voir ! tiens, d'ailleurs je vais même aller le revoir du coup. Et paf.  ;o)
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S
Ouaaaah ! Bon, il va falloir que j'aille le voir, celui-là...<br /> Excellente critique en tout cas, Steph, mais je me permettrais de pinailler un peu, puisque'il ne faut pas d'"s" à la fin de Sparte :)
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