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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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4 janvier 2007 4 04 /01 /janvier /2007 19:14

S’il est un réalisateur contemporain que j’aime tout particulièrement, c’est bien ce fou hollandais qui après une carrière sans concession à Hollywood revient tourner son nouveau film sur le vieux continent. Non bien sûr je ne veux pas parler de ce tâcheron de Jan deBont (l’homme qui par accident miraculeux a commis le pourtant très bon Speed), mais du maître incontesté : Paul Verhoeven.

Bien que ses derniers films hollywoodiens n’aient pas connu le succès qu’ils auraient mérité, il est et reste l’un des plus fascinants metteurs en scènes actuels, tant dans la forme que pour le fond des histoires qu’il porte sur grand écran. La première grosse claque qu’il m’ait envoyée en pleine gueule de jeune cinéphile pas encore averti remonte à 1985 avec son impitoyable La Chair et le Sang où il dirigeait son compatriote, l’immense Rutger Hauer.

Rachel / Ellis et Hans en mission d'approche de l'officier Müntze...
Dans la foulée le bonhomme a enchaîné avec des moyens revus à la hausse, Hollywood oblige, avec rien moins que Robocop en 1988 et Total Recall en 1990, deux films qui ont fait date dans le genre fantastique de la fin des 80’s. Après le flic-cyborg et la rébellion sur Mars d’un Schwartzy en forme olympique, Verhoeven a signé un autre monument qui est resté gravé dans la mémoire collective et qui a  révélé une bombe anatomique qui depuis n’a malheureusement plus jamais connu de tel sommet : c’est lui qui a fait croiser / décroiser les jambes de Sharon Stone dans Basic Instinct (en 1992) !

Avec ces trois méga-succès d’affilée au box-office, Verhoeven est en odeur de sainteté et les producteurs lui laissent les coudées franches pour ses nouveaux projets. En ressortent donc Showgirls en 1996  (honteusement réduit par la critique à son image libidineuse sans jamais vouloir voir plus loin dans le décorticage en bonne et due forme de la société américaine à laquelle il s’attaque directement), et l’énorme Starship Troopers en 1998 (parmi tous ses films mon préféré, et qui a eu entre autre qualité celle de révéler aux yeux du monde une autre bombe sexuelle du grand écran, la sulfureuse Denise Richards). Les deux films n’ayant pas eu le succès escompté (surtout aux States ou les charges du hollandais contre l’american way of life sont restées en travers d’un public soit trop jeune et donc trop premier degré, soit trop conservateur et donc réfractaire à toute idée un tant soit peu dérangeante et/ou subversive), Verhoeven doit redresser la barre et regagner le cœur des spectateurs. Il se lance donc dans un film plus classique dans le genre fantastique en abordant le thème ultra-rebattu de l’homme invisible avec L’Homme sans Ombre en 2000. Mais Verhoeven reste Verhoeven et il ne peut s’empêcher de donner dans le dérangeant. Il livre donc un film techniquement et esthétiquement très réussi, mais à la trame un peu bancale, entre deux eaux, celles du divertissement pur et basique et celles de la satyre teintée de quelques dérapages sadico-sexuels (oui j’invente des mots). Il en résulte un film qui laisse un goût d’inachevé, formellement abouti mais sans véritable constance dans le ton. Et un nouveau semi-échec question entrées au box-office.
L'officier Müntze, un gradé qui a du mal à se situer dans l'idéologie nazie.
S’en suivent six longues années de silence durant lesquelles quelques rumeurs persisteront sans jamais se concrétiser en vrais projets. Tout le monde espérait que Verhoeven rempile pour un second Basic Instinct, celui-ci se fera finalement dans la douleur et sans lui (avec le flop retentissant que l’on sait). L’autre gros buzz autour du réalisateur concernait un de ses vieux projets jamais mis en chantier, un film d’anthologie sur l’épopée des Croisades avec Schwartzy en tête d’affiche. Projet plus qu’alléchant, mais qui ne verra jamais le jour (trop compliqué, trop cher, trop sujet à la polémique religieuse).

Et voilà ce bon vieux Paul Verhoeven de retour dans sa Hollande natale pour y rompre sa trop longue absence sur le grand écran. Et pour se remettre un pied à l’étrier du cinéma international, il ne choisit pas forcément la facilité. Il décide de prendre pour thème la Résistance néerlandaise durant la Seconde Guerre Mondiale. Il décide de se passer de la grosse machinerie hollywoodienne histoire d’y gagner en liberté de ton quitte à y perdre en budget et en promotion internationale. Il décide enfin de construire son nouveau film comme ses premiers, en étant très impliqué dans le scénario et sans s’appuyer sur la moindre tête d’affiche.

Hans, un patriote pur et dur.
Triple pari sacrément risqué, mais sur les trois tableaux Verhoeven joue … et gagne !

Oui, les films sur la Seconde Guerre Mondiale sont légions et le risque de redite était élevé, mais le hollandais parvient à trouver un point de vue somme toute original pour son film. Il y raconte l’histoire d’une jeune juive hollandaise qui refuse de s’enfuir devant l’invasion nazie, et qui bien au contraire va infiltrer la Gestapo pour le compte de la Résistance locale. Et il s’appuie pour ce faire sur des événements ayant réellement existé et l’histoire de plusieurs résistants historiques dont il s’inspire pour créer son propre personnage et ses aventures dramatiques.

Oui, la production cinématographique néerlandaise n’a ni la renommée ni les moyens somptueux des productions des grands studios américains, mais Verhoeven nous démontre qu’aux Pays-Bas si on n’a pas la réputation et le fric d’Hollywood, on a l’ambition et le talent suffisant pour largement compenser ce handicap.

Oui, un film avec uniquement des acteurs inconnus (hormis un second rôle tenu par un Udo Kier en très grande forme), qui plus est néerlandais, ce n’est pas objectivement ce qui attire le plus la foule, et ça ne donne pas a priori confiance en ce qu’on va voir. Mais le réalisateur capitalise sur son propre nom (l’homme a tout de même un sacré nombre d’irréductibles fidèles spectateurs cinéphiles qui lui font confiance et connaissent ses qualités) et sur une valeur par trop souvent oubliée par les studios fournisseurs de blockbusters à la chaîne : une excellente histoire. Et ça ne fait pas un pli : un bon scénario allié au talent d’un réalisateur comme Verhoeven, ça donne à l’arrivée un film plus que réussi, acclamé par la critique et au succès auprès du public finalement pas si ridicule qu’on aurait pu le craindre.

Ellis est infiltrée et use de ses talents de chanteuse pour amuser la Gestapo...
Alors Black Book c’est quoi au juste ?  C’est l’histoire de Rachel Stein (Carice van Houten, la révélation du film tant elle bouffe littéralement l’écran), une jeune juive qui perd toute sa famille alors qu’ils essaient de fuir le pays et l’oppression nazie. Sous le nom de Ellis de Vries elle décide de prêter main forte à la Résistance où elle rencontre le charismatique et patriotique Hans (Tom Hoffman, une sorte de Russell Crowe hollandais). Elle va malgré les pires dangers infiltrer la Gestapo en approchant l’officier Müntze (Sebastian Koch, parfait dans un rôle ambigu) qui succombe vite à ses charmes. Entre trahisons, amour, cruauté et mensonges, le film raconte la vie mouvementée de cette taupe dans les services de renseignements allemands jusqu’à la libération en 1945.

Franken, le nazi dans sa plus horrible incarnation !
Paul Verhoeven prouve une fois de plus avec Black Book à quel point il est pétri de talent. Sa narration est limpide, et malgré la durée conséquente du film (2h25 tout de même), on ne s’ennuie pas une minute tant il nous maintient  immergés dans l’histoire. Là où Verhoeven savait donner dans la démesure sur des films tels que Starship Troopers, il fait preuve de retenue et de la juste mesure nécessaire et suffisante pour ne pas étouffer son film par un style trop démonstratif. Il enchaîne moments intimistes et scènes choc avec brio, sans verser dans le too much ni s’empêtrer dans des temps morts. Et la plus grande réussite du réalisateur selon moi est sans conteste le casting qu’il a su réunir et sa direction d’acteurs. Les comédiens, sont aussi inconnus qu’excellents, tous autant qu’ils sont. Mention spéciale à l’actrice principale, Carice van Houten, qui sous ses faux airs de Naomi Watts se révèle une jeune comédienne au talent immense. Les deux autres rôles principaux tenus par Sebastian Koch et Tom Hoffman sont tout aussi réussis l’un que l’autre, et j’ajouterais un coup de chapeau pour Waldemar Kobus qui incarne l’ignoble mais savoureux officier véreux Franken. Typiquement le genre de personnage qu’on adore détester !

Vraiment, Black Book tient toutes ses promesses, Verhoeven est à nouveau parmi nous et il n’a pas raté son retour !! Black Book est un très grand film, à voir absolument.

 


L'affiche du film, qui n'hésite pas à mettre en avant ses acteurs, bien qu'inconnus pour le public international.
 

 

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commentaires

S
Cargaud >> coucou C@ro ! c'est gentil à toi de passer par ici ! reviens quand tu veux ;)  Et très bonne année à toi et ta petite famille également !Spooky >> je ne savais pas mais je trouve cela parfaitement mérité !Julie >> okd'acc, uhuhSpooky again >> la police vient de me rattraper on dirait ;)
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S
Dernière note le 4 janvier... Mais que fait la police ? :'((
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J
Pkoa pas, éé<br />
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S
Je ne sais pas ce qu'il en sera des récompenses internationales, mais ce film a été élu film de l'année 2006 par les rédacteurs d'Avoir-alire.com.
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C
Salut StéphMême si je me suis bcp éloignée de cet univers, j'ai pris bcp de plaisir à lire tes dernières pages !Pleins de bonnes choses à toi pour 07...a+
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S
Chelmi >> tiens c'est vrai maintenant que tu le dis ! Comme je le disais dans l'article, il a aussi un je ne sais quoi de Russell Crowe dans son jeu.Mooutche >> j'avoue que sans le nom de Verhoeven à la mise en scène je ne serais très certainement pas allé le voir non plus. Et tout à fait d'accord pour l'actrice principale : elle est vraiment sublime !
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M
Ah, oui, j'ai oublié : Carice est carrément super canon... (sans parler de ses immenses qualités d'actrices :o) )
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M
Quel film !!! Je suis vraiment contente qu'on soit allé le voir (ce qui pour ma part n'était pas gagné, étant donné que je n'avais vraiment rien entendu de ce film, ni en bien , ni en mal et que je ne savais que vaguement de quoi il parlait...), donc merci pour ça. :o)Je suis d'accord avec toi, casting exceptionnel, très belle photo et surtout une histoire passionnante (et ça, c'est assez rare en ce moment pour qu'on le souligne !)... Bref, hop, direct dans le top 10 de 2006 (avec ses petits copains "Lord of War", "Little miss sunchine"...) !
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C
Le mec au chapeau ressemble à s'y méprendre à Kevin Spacey. O_o
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