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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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22 décembre 2006 5 22 /12 /décembre /2006 15:39

Après son carton planétaire avec Million Dollar Baby, récompensé par de nombreux prix et surtout plébiscité par le public de façon quasi unanime, le nouveau projet de Clint Eastwood était attendu avec une certaine impatience. En effet l’homme a pris au fur et à mesure des films qu’il a réalisé une nouvelle dimension, qui dépasse de loin l’image qu’il avait entretenue par ses différents rôles au cours de sa longue carrière hollywoodienne. L’acteur était déjà aimé, le réalisateur est porté aux nues (et à mon humble avis, à raison).

Lorsqu’il a annoncé vouloir s’attaquer à un récit situé pendant la Seconde Guerre Mondiale pour son nouveau projet, les réactions ont cependant été mitigées. D’une part la curiosité de voir ce qu’un réalisateur de la trempe et de la maturité de Eastwood pourrait faire avec un film d’un genre aussi balisé, non sans un certain espoir d’en voir surgir le film de guerre ultime. Mais d’autre part aussi le fait que justement le film de guerre est un genre tellement visité que le thème a déjà été décliné sous toutes les coutures, et l’inquiétude que dès lors Eastwood ne pourrait éviter la redite.

Mais le vieux briscard a fait pencher la balance en sa faveur lorsqu’il a dévoilé la teneur toute particulière de son nouveau projet. En effet celui-ci est ambitieux : Clint avait dans l’idée de tourner un diptyque centré autour d’une bataille dans le Pacifique entre l’armée américaine et les troupes japonaises, la bataille pour le contrôle de l’île de Iwo Jima, point névralgique et décisif pour asseoir la suprématie militaire de l’un ou l’autre des belligérants sur toute une partie du Pacifique. Mais la vraie originalité du concept tenait dans le fait que ces deux films serait le point de vue de chacune des deux armées. Avec Flags of our Fathers, Eastwood expose donc la vision de cette bataille du côté américain, son prochain film prévu tout prochainement Lamps before the Wind étant consacré à l’interprétation japonaise du même événement.

La photo mythique qui fit de quelques soldats de véritables héros.
Pour ce faire, Clint Eastwood nous narre l’histoire vraie de trois soldats américains, ceux qui seront célébrés comme les héros de toute une nation au moment où l’Amérique commençait à manquer cruellement de motivation et de soutien populaire pour l’effort de guerre. Ces trois hommes, qui doivent leur statut de héros au fait d’être présents sur la mythique photo de la bannière étoilée hissée au sommet du mont Suribahi, photo multi-diffusée dans tous les médias américains de l’époque, vont passer de l’état de simples combattants à celui de symboles vivants de l’Amérique triomphante.

Et c’est très certainement là que Eastwood parvient à surprendre une fois de plus. Là où l’on s’attendait à un film de guerre, on se retrouve dans une toute autre thématique, celle du statut de héros. Car si le film est effectivement ancré dans un contexte militaire et que le réalisateur nous réserve quelques scènes de bataille tout à fait réussie formellement, ce n’est pas du tout le point central de son récit. Eastwood préfère s’attarder sur la démythification du fameux cliché du mont Suribahi et nous emmène avec lui dans sa réflexion sur ce qu’est un héros. Sur l’image d’un homme aux yeux des autres et la confrontation avec sa propre vision de lui-même.

Ira, le Doc et Rene sont devenus des symboles, mais leurs pensées restent avec leurs amis restés au front.
Les trois soldats, John « Doc » Bradley (Ryan Phillippe, étonnant de maturité), Rene Gagnon (Jesse Bradford, dans un rôle difficile) et l’amérindien Ira Hayes (Adam Beach, exceptionnel de justesse) vont être confrontés à la médiatisation et surtout à l’instrumentalisation dont ils vont être l’objet de la part des hommes politiques au pouvoir.
À cela chacun des trois réagit différemment, et Eastwood démontre avec tact à quel point le rôle de héros est difficile à endosser. Le fait que le film soit tiré d’événements et de personnages ayant réellement existé renforce encore un peu plus l’empathie du spectateur vis-à-vis des personnages principaux. Clint Eastwood a su ainsi parfaitement éviter le piège qui le guettait. Réaliser un film de grande envergure sur la Seconde Guerre Mondiale aurait pu s’avérer ardu. Passer après les scènes de batailles apocalyptiques de films tels que Il faut sauver le Soldat Ryan de Spielberg, ou après des films aussi réussis et définitifs que La Ligne Rouge de Terrence Malick était loin d’être évident, mais le grand Clint parvient à éviter les comparaisons dangereuses en adoptant finalement un point de vue original.

Ira Hayes, un amérindien au coeur d'une guerre qui va changer son existence.
Oui, Mémoires de nos Pères est un film de guerre, mais il est loin de n’être que ça. Son thème principal est avant tout la question du mythe du héros. Au pays où l’image est reine, et où les héros sont des légendes, il est inattendu mais réjouissant de voir un film d’une telle dimension dont l’argument central consiste justement à déconstruire ces concepts. Peut-être d’ailleurs est-ce une des raisons pour lesquelles le film n’a pas rencontré un franc succès public. Ou alors est-ce dû aussi au fait que le diptyque de Clint Eastwood a comme une saveur d’inachevé (impression qui s’évaporera peut-être à la vision du second film Lamps before the Wind).

En tout cas, Mémoires de nos Pères mérite d’être vu, et surtout considéré, comme autre chose qu’uniquement un film de guerre. C’est un long métrage ambitieux, au discours qui peut parfois paraître peu optimiste sur les hommes, bien qu’il se veuille certainement plus réaliste que réellement pessimiste. Et il y a fort à parier que le film mettant en exergue le point de vue japonais de la bataille d’Iwo Jima permettra très certainement de compléter et de mieux apprécier encore l’ensemble de l’œuvre de Clint Eastwood.


L'affiche française du film. 

 

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commentaires

S
J'avais découvert le Clin réalisateur bien avant Million Dollar Baby, et je n'ai jamais douté de son talent, même à la vue dela bluette Sur la Route de Madison...Décidément il a une capacité à surprendre son public... Impitoyable n'était pas un western, mais un film sur la fin de vie, la vieillesse ; Minuit dans le jardin du bien et du mal n'était pas un polar, mais une ode à une ville, Million Dollar Baby n'était pas un film sur la boxe, mais sur l'euthanasie... Et que dire du tellement attachant Mystic River ?Bref, même si je n'ai pas pu aller voir "mémoire sde nos pères" au cinéma, je le louerai dès sa sortie, sans faute !
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S
Stella >> les flocons sont là pour quelques jours seulement, profites-en bien ! Clint Eastwood s'affirme de plus en plus comme un réalisateur qui compte, vivement son prochain film...ChrisMic >> Merci ! pareil ! :o)
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C
Joyeux Noël Steph !
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S
boh comme c'est joli ces flocons ! ;-)<br /> j'ai le plus grand respect pour Clint Eastwood depuis "Million Dollar Baby" (oui je sais, il a fait plein de films avant) ... <br /> je suppose qu'il a donc traité ce sujet avec beaucoup d'intelligence et de finesse.
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