Titre assez accrocheur bien qu'un brin inquiétant, et qui cache un film difficile à ranger dans une case tant il aborde des thèmes et des genres très différents. En effet, Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare est un titre à prendre au premier degré, car le film débute environ trois semaines avant la fin annoncée du monde. Il n'y a rien à y faire c'est une fatalité à laquelle personne ne pourra échapper (à moins de se supprimer avant la date fatidique), le monde va disparaître quand l'astéroïde Matilda entrera en collision avec la Terre. L'impact sera destructeur et l'humanité n'y survivra pas. La dernière tentative pour empêcher cette collision a échoué, Dodge (Steve Carell) et Linda (Nancy Carell, eh oui la femme de Steve !), un couple comme tant d'autres, entendent la triste nouvelle alors qu'ils sont en voiture. Linda sort du véhicule et disparait. Dodge ne la reverra plus. Abasourdi et incapable de réagir, Dodge continue à se rendre à son boulot chaque matin, il est assureur. Autant dire qu'il est devenu totalement inutile. De retour d'une soirée « fin du monde » chez des amis, où tout le monde s'adonne à l'alcool et au sexe pour oublier le funeste sort qui les attend, Dodge repense à Olivia, le grand amour de sa vie. C'est aussi à ce moment qu'il rencontre Penny (Keira Knightley), sa voisine avec laquelle il va se lier subitement d'amitié. La question est comment occuper ces trois dernières semaines avant la fin du monde ? Dodge et Penny vont tenter d'y répondre ensemble...
Quand je disais que le film est difficile à répertorier dans un genre c'est parce qu'il pioche dans toute une série de registres différents pour finir par composer une oeuvre assez inclassable. Déjà le contexte de fin du monde et de disparition annoncée de l'humanité entière rappelle directement certaines situations de départ de scénario de SF et d'anticipation, voire de film catastrophe. Ensuite le héros principal est incarné par Steve Carell, l'incontournable Michael Scott de The Office durant sept saisons, un acteur fortement marqué par la comédie, genre dans lequel il excelle. Difficile à prendre au sérieux à 100% donc, et certaines répliques ou situations du film lorgnent ouvertement vers la comédie et l'humour. Autre sujet présent tout au long du film : l'amour. Ce film est très clairement romantique, aucun doute là-dessus. On y parle d'amour délaissé, de rupture difficile, d'amour de jeunesse et d'amour impossible : combo imparable pour tout âme un tantinet fleur-bleue. Enfin le dernier aspect, et non le moindre, que le film aborde frontalement, c'est un questionnement d'un ordre plus philosophique. La fin du monde est à nos portes, que faisons-nous ? Qu'est-ce qui a encore de l'importance quand tout est promis à disparaître ? Est-ce à ce moment-là que l'on découvre qui l'on est vraiment ou que l'on se permet d'être enfin qui l'on a toujours voulu être ? On profite des derniers instants ? On devient fou ? On perd toute inhibition ? On retourne à la sauvagerie ? On se suicide ? On vit dans l'angoisse ? On reste soi-même ou au contraire on change du tout au tout ? Autant de questions et de réponses possibles qu'esquisse plus ou moins sérieusement le film.
Dis comme ça, avouez que c'est plutôt un beau programme, qui se permet de ratisser large, et qui a le potentiel de contenter beaucoup de personnes. Sauf que... sauf que le film n'est pas exactement ce que théoriquement en se basant sur les thèmes que je viens d'énoncer, il pourrait être. Le premier reproche que je ferais, et certainement le plus important à mes yeux, c'est un certain manque de réalisme. Tout ce qui vit à la surface de la planète va se retrouver réduit en cendres dans pas longtemps, et cela en émeut un certain nombre c'est vrai, mais dans ce film on a quand même une majorité de personnes qui le prennent bien, et je dirais même avec un calme que leur envieraient le Mahatma Gandhi et le Dalaï-lama en personne. Certes on voit quelques petites émeutes et soulèvement de foules, des gens qui cassent des vitrines et foutent le feu à des bagnoles mais très peu finalement sur l'ensemble du film. La plupart se sont résignés et fêtent leurs derniers jours en picolant, baisant et bouffant comme jamais ils ne se l'étaient permis (imaginez un peu : quand tout s'arrête dans trois semaines, plus rien à foutre du sida, du régime hyper-protéiné ou du retrait de permis !). Mais ça reste bon enfant, on s'amuse, on profite de façon positive. Pour dire, il reste même des gens qui bossent encore comme dans ce resto où le personnel continue à vous servir gratuitement par exemple. Et que dire de la femme de ménage de Dodge qui persiste à venir nettoyer tous les lundis ?
Il y a bien quelques survivalistes qui se préparent aussi à vivre enfin leur plus grand fantasme, à savoir s'enfermer dans leur bunker avec de quoi bouffer des gâteaux secs et du pâté lyophilisé pendant des années, un jeu de fléchettes et la Holy Bible pour uniques occupations, mais là encore ça reste très gentillet tout ça. Très peu réaliste, et pour cause. Je pense que si le scénariste du film avait voulu s'engager sur la voie du réalisme, le film aurait été beaucoup plus sombre et déprimant qu'il ne l'est. Et du coup il y aurait eu beaucoup moins de place (et de cohérence) pour les autres thèmes développés : l'histoire d'amour en premier lieu, le rapport de Dodge avec son père (Martin Sheen) ensuite, et bien évidemment le film aurait tout perdu de sa légèreté et de son humour un peu flegmatique. En ce sens, la perte de réalisme du film se justifie car elle permet au reste d'exister (et que justement il s'agit bien plus d'une histoire d'amour que d'une histoire de fin du monde), n'empêche que moi, cela m'a quand même grandement gêné, et m'a tenu à distance de l'histoire.
Autre chose qui a parasité mon visionnage du film, et pas qu'un peu : l'héroïne principale, à savoir Keira Knightley. Dire que j'ai eu beaucoup de mal à la supporter tient de l'euphémisme. Cette nana m'a donné envie de lui coller des baffes à longueur de temps. Aussi bien Penny pour ce qu'est son personnage que Keira pour sa façon hallucinée de la jouer. J'ai beau chercher, je dois revenir à la toute première fois où je l'ai vue pour citer un film dans lequel elle joue que j'ai aimé et où je l'ai appréciée elle. C'était The Jacket avec Adrien Brody, film datant de 2005 mine de rien ! Pas un chef d'oeuvre mais un petit film malin et plaisant. Et j'y avais trouvée Keira Knightley très belle. Depuis elle ne cesse de m'énerver de plus en plus (allez, je lui accorde une bonne prestation dans A Dangerous Method de David Cronenberg, film très moyen mais belles interprétations), et plus le temps passe plus elle se squelettise, ce qui lui fait perdre tout son charme à mes yeux. Une chose est sûre, autant la prestation de Steve Carell m'a convaincu dans Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare, autant celle de Keira Knightley m'aura agacé. Ce qui est gênant vu la place de son personnage dans l'histoire.
Quant à la fin, elle pourra déplaire à certains, pour moi elle a ceci pour elle qu'elle est cohérente et logique (donc parfaitement prévisible) si l'on prend l'ensemble du film en considération. Je n'ai été donc ni surpris ni déçu par cette fin.
Que m'est-il donc resté de ce film ? J'avoue être sorti du cinéma un peu perplexe. Pas mauvais en soi, assez original il faut bien le dire, plutôt décalé aussi. Des choses que j'ai aimées, d'autres pas du tout. Un beau brassage de thèmes, un ton assez moderne mais un peu fouillis. J'ai trouvé le mélange de genres intéressant, mais le résultat pas forcément à la hauteur de mes attentes. En fait, c'est un vrai « film à mais ». Pour chaque chose qui nous plaît on peut citer quelque chose qu'on n'a pas aimé. Bref, c'était pas mal, mais...