Sorti dans la foulée de la cérémonie des Oscars, porté par le vent du succès qui n’a pas lâché Jean Dujardin depuis The Artist, le film Les Infidèles, de et avec Jean Dujardin et Gilles Lelouche a aussi fait parler de lui suite à la polémique lancée au sujet de ses affiches promotionnelles. Jugées provocantes, sexistes et de très mauvais goût, certains ont même avancé qu’elles risquaient de nuire à Dujardin dans la course à l’Oscar du meilleur acteur.
Eh bien pour une fois les américains auront été moins puritains que certains français et ne lui en ont pas tenu rigueur puisqu’on sait tous ce qu’il est advenu de la cérémonie hollywoodienne. Franchement, si l’on peut à la rigueur discuter de l’aspect « mauvais goût » de ces affiches-gags (et alors dans ce cas il faudra m’expliquer qu’on puisse censurer une œuvre pour mauvais goût, autre débat…), il suffira de voir le film pour juger de son caractère sexiste et machiste, donnant soi-disant une image dégradante de la femme. Les Infidèles est une comédie, avec ses exagérations et ses débordements, mais en aucun cas le film ne véhicule de message propre à être censuré. Bref, cette polémique aura été ridicule de bout en bout et de triste augure quant à la liberté d’expression et l’humour dans nos contrées…
Moi qui suis allé voir le film, je peux donc vous rassurer, à l’image de ce qui se fait pour la défense animale : aucune femme n’a été blessée ou maltraitée au cours de ce long métrage. Enfin si, une. Mais ça compte pas, c’était une vieille.
Bon mais alors de quoi ça cause ?
Il s’agit non pas d’une histoire mais de plusieurs, de durées et de propos très divers, mais toutes centrées autour de l’infidélité des hommes. C’est une comédie, donc le sujet est traité surtout sur un ressort comique, bien qu’à l’occasion le ton humoristique cède sa place à d’autres, plus graves. Je pense en particulier à l’histoire mettant en scène Dujardin et Alexandra Lamy dans le rôle d’un couple de quinze ans qui s’avoue ses infidélités sur l’idée de départ d’un « on s’aime, on peut tout se dire » qui va vite dégénérer. Ou encore à l’histoire mise en scène par Michel Hazanavicius (ils sont sept réalisateurs à se succéder au cours du film) dans laquelle Jean Dujardin interprète un bureaucrate plutôt terne qui essaie tant bien que mal de s’encanailler au cours d’un congrès de sa boîte, qui m’a vu mal à l’aise et presque gêné de voir ce pauvre type s’enfoncer dans le pathétique.. Et celle où Gilles Lelouche est un orthodontiste qui tombe amoureux de sa jeune patiente est également à ranger parmi les sketches à fond plus sérieux.
À côté de cela, il y a les scènes où on se lâche ouvertement. Des petites « pastilles » très courtes, notamment celles mettant en scène Manu Payet (absolument hilarant) et Guillaume Canet (dont la coupe de cheveux est à la mesure du contre-emploi qu’il joue). Gilles Lelouche en footeux aux urgences vaut son pesant de cacahouètes aussi. Évidemment c’est moins fin, voire parfois même carrément gras, mais ça ne m’a pas gêné une seconde. Le clou étant le sketch des « infidèles anonymes » où plusieurs personnages (que des hommes bien sûr) se retrouvent en thérapie de groupe pour avouer et combattre leur infidélité chronique. Sandrine Kiberlain y interprète une thérapeute féministe, revancharde et peau de vache qui vaut le détour.
Quant à l’histoire principale, celle qui débute et clôt le film, qui narre les frasques de deux potes qui ne peuvent pas s’empêcher, bien qu’étant en couples, de sauter (sur) tout ce qui bouge, c’est la plus longue mais celle qui m’a le moins enthousiasmé finalement. Bon c’est sûr, Dujardin et Lelouche y jouent deux lourdaux hypocrites et cela donne quelques scènes amusantes, mais leur voyage aux States fait un peu trop dans la démesure et l’exagération, si bien que ça m’a donné l’impression d’avoir du mal à se situer clairement entre dénonciation et grand-guignol...
En tout cas, loin d’être un chef d’œuvre (ambition dont le film ne se targue pas du reste), Les Infidèles est un film distrayant, voire vraiment marrant par moment. C’est une tarte à la crème que de dire cela d’un film à sketchs tellement c’est évident : il y a des sketchs meilleurs que d’autres, en cela le film s’avère inégal sur son ensemble. Mais la sensation prédominante pour moi a été positive. Et pour revenir rapidement sur la polémique dont je faisais état en début d’article, vu, au cours de ce film, tout ce que les mecs se prennent dans la tronche question fidélité, hypocrisie, sincérité des sentiments, vu la manière dont ils passent quasiment tous pour de grands gamins parfaitement irresponsables et menés par une seule loi, celle de leur libido, je crois qu’on peut l’affirmer : le film n’est en rien machiste. Au contraire même, c’est limite sexiste dans l’autre sens, vu que les seuls torts, vices et travers dénoncés ici sont masculins, comme si les femmes en étaient elles-mêmes exemptes…
Je profite rapidement de cet article pour faire passer un message à caractère très personnel puisqu’il s’adresse à mon ami Éric, qui me lira peut-être.
Pour la petite histoire, mon meilleur ami et moi partageons comme les deux compères du film, depuis des lustres, le rêve d’un voyage tous les deux à New-York, et nous comptons bien parvenir à le réaliser un jour. Mais que ce soit clair et sans l’ombre du moindre doute : Éric, pour moi ça tient toujours mais en aucun cas, tu m’entends bien, en AUCUN cas, il ne faudra compter à ce que notre périple finisse comme dans le film. Non négociable.
Ceux qui ont vu Les Infidèles comprendront...