L’été est propice aux films à grand spectacle, ceux qui vous en mettent plein la vue avec pour base commune un budget conséquent et des effets spéciaux dernier cri (l’un découlant souvent de l’autre). Parmi ces films appelés communément blockbusters, on a selon l’envie plusieurs sous-catégories : l’action-movie pur et dur façon L’Arme Fatale ou Die Hard, le film de super-héros qui est en vogue depuis quelques étés, et le film de catastrophes et cataclysmes en tous genres.
C’est à cette dernière famille qu’appartient Poseidon de Wolfgang Petersen, qui n’est autre que le remake du film L’Aventure du Poseidon de Ronald Neame de 1972, avec à l’époque en tête d’affiche Gene Hackman et Ernest Borgnine. A priori on serait tenté de penser que ce film ne s’imposait pas, là où le premier du nom se laisse encore très bien regarder même 30 ans après sa sortie, et surtout après que James Cameron ait réalisé le film de naufrage ultime avec son Titanic, qui s’enlise parfois dans le guimauve avec les frasques de Leonardo DiCaprio mais qui se pose en mètre-étalon absolu pour toutes les scènes d’action et les effets spéciaux mettant en scène le naufrage de « l’insubmersible ».
On peut donc légitimement se demander « à quoi bon aller voir Poseidon ? », et malgré tout à partir du moment où l’on s’installe dans son siège et que le film démarre, on se laisse emporter par ce qui se passe à l’écran et on suit les (més)aventures des héros sans déplaisir.
Le scénario de Poseidon reprend l’argument du film original : lors d’une croisière un luxueux paquebot se voit frapper en pleine nuit de la Saint Sylvestre par une gigantesque vague déferlante qui a pour effet de le retourner, si bien que le bateau se retrouve à flotter à l’envers. Parmi les survivants, un petit nombre d’entre eux entreprennent de remonter les niveaux du paquebot un à un jusqu’à atteindre la coque dans l’espoir d’y trouver une issue vers la surface. La poignée de survivants doit user d’ingéniosité et de courage pour déjouer les pièges que recèle le bateau à la dérive. S’engage alors une course contre la montre entre eux et l’eau dont le niveau monte inexorablement au fur et à mesure que le bateau s’enfonce.
Comme dans tous les films catastrophe, il y a des personnages un peu caricaturaux qui ne seront pas beaucoup plus développés que ce que le permettent les dix premières minutes de présentation pré-naufrage. Et finalement peu importe, là n’est pas l’objet d’un tel film.
Il y a donc en vrac, un playboy joueur de poker dont l’instinct de survie est plus qu’aiguisé (Josh Lucas).
Il y a le môme de service (Jimmy Bennett) et sa jolie maman (Jacinda Barrett) qui ne laisse pas de marbre le joueur de poker qui choisit bien mal son moment pour draguer…
Il y a l’ex-maire de New-York (excusez du peu) et pompier de son état qui incarne à lui tout seul l’héroïsme à l’américaine post-11 septembre à grand renfort de mâchoire carrée (Kurt Russell), ainsi que sa fille (Emmy Rossum) qu’il a du mal à voir grandir et s’afficher avec son petit ami (Mike Vogel).
Il y a un vieux-beau gay qui vient de se faire larguer par son cher et tendre et qui entrevoit le suicide comme une solution à ses problèmes (Richard Dreyfuss).
Il y a le jeune serveur (Freddy Rodriguez) et sa petite amie (Mia Maestro) qu’il fait voyager en passagère clandestine dans sa cabine.
En dehors du petit garçon malicieux et du serveur, les autres personnages n’ont plus grand chose à voir avec les héros du film de 1972. À l’époque le héros qui mène les survivants à la surface était un prêtre qui préférait l’action à la prière et qui était adepte du « Aide-toi et le Seigneur t’aidera » de circonstance. Aujourd’hui, ils sont deux à reprendre le flambeau : le héros pur et dur ex-pompier et le beau gosse individualiste mais dont le bon cœur l’amènera à aider les plus faibles à s’en tirer.
Comme dans tous les films catastrophe, il y a des dangers de plus en plus pressants et les épreuves s’enchaînent sans relâche pour les rescapés. Et comme dans tous les films catastrophe, il y a ceux qui vont s’en sortir et ceux qui vont y rester, ce qui est d’ailleurs toujours l’occasion de prendre des paris et de mesurer vos talents de prédiction à l’imprévisiblité des scénaristes.
Comme dans tous les films catastrophe, il y a des actes héroïques et de bravoure, et puis les lâches qui essaient de s’en sortir coûte que coûte, au détriment des autres s’il le faut. Et enfin, comme dans tous les films catastrophe, il y a une happy-end pour une partie du casting qui s’en sort après de titanesques efforts et sont récupérés par des secouristes qui font leur apparition toujours quelques secondes avant le générique de fin.
Bref, Poseidon est un film de genre parfaitement ancré (jeu de mots) dans sa catégorie, et si on accepte les règles qui régissent le genre, le film de Wolfgang Petersen remplit parfaitement sa mission : de l’action, de l’héroïsme, des effets spéciaux impressionnants et un peu de mélo (mais point trop n’en faut) pour enrober le tout. Le vieux réalisateur allemand démontre qu’il en a encore sous le pied et fait parler son expérience des tournages en milieu marin (il a précédemment dirigé Das Boot en 1981 et En Pleine Tempête en 1999). Il est et reste un technicien de l’image chevronné, et sait mettre en scène ce genre de film à grand spectacle.
Finalement, Poseidon ne souffre pas trop de la comparaison à son illustre prédécesseur, et le cahier des charges est correctement rempli. Il étonne même par deux fois, à travers deux scènes choc dont la présence m’a surpris dans un tel film conçu dans le carcan standardisé des grosses productions hollywoodiennes : le sacrifice violent d’un survivant emporté dans une cage d’ascenseur, et la noyade en gros plan d’un des personnages.
À voir donc pour ce qu’il est : un blockbuster de l’été, avec tous les défauts et qualités que cela suppose, mais qui se révèle être un spectacle réussi. À noter la prestation de mon acteur fétiche, Richard Dreyfuss, qui, même quand sa présence à l’écran est limitée parvient toujours à insuffler beaucoup d’humanité aux personnages qu’il incarne.
Maintenant que vous savez de quoi il s’agit, à vous de juger…