Bonne nouvelle pour tous les élèves de terminale qui suent sang et eau en ce moment même pour décrocher leur Bac !
En effet, un jugement plutôt insolite vient d’être rendu tout récemment par le Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand dans l’affaire qui opposait le bachelier de la session de juin 2003 Jérôme Charasse à l’État.
Le bachelier en question avait porté plainte contre l’État car il estimait que le manque de pédagogie ainsi que les absences répétées de son professeur de philosophie étaient les causes directes de sa mauvaise note à l’épreuve de philo. L’élève pourtant brillant (il a obtenu son Bac ES -économique et social- avec une moyenne générale de 16,35/20 ce qui lui a valu la mention « très bien ») n’a eu qu’un 6/20 en épreuve de philosophie, mauvaise note qui, selon lui, lui a interdit l’accès à Sciences Po Paris qu’il visait.
Son avocat a donc réclamé en tant que dommages et intérêts et réparation du préjudice à son cursus universitaire, la rondelette somme de 169 000 euros (tant qu’à faire).
Le Tribunal Administratif a jugé que « la réalité et l’importance » du préjudice n’avait pas été établie, mais que l’État était responsable de « la mauvaise organisation de l’enseignement du programme de philosophie tel que prévu dans le programme du Baccalauréat », et a donc condamné en conséquence ce dernier à verser la somme de 150 euros au plaignant.
Pour la petite histoire, précisons que le bachelier plaignant n’est autre qu’un neveu de l’ancien ministre au cigare et actuel sénateur, Michel Charasse, et qu’il est actuellement étudiant en Droit. Nul doute qu’il tirera de cette petite aventure judiciaire matière à un bon rapport de stage de fin d’année !
Alors, à tous les bacheliers de cette année qui attendent avec angoisse leurs résultats, ne vous en faites pas trop tout de même.
D’abord il y a souvent moyen de rattraper une mauvaise note à la session de rattrapage de juillet, et ensuite au pire des cas il reste le Tribunal Administratif. Avec un peu d’imagination, vous pourrez sans peine trouver des raisons valables expliquant vos mauvais résultats.
L’absence d’un professeur pour les plus fainéants ou les moins créatifs qui se contenteront de copier leur illustre prédécesseur Charasse, sinon je suis de bonne humeur alors je vous en donne comme ça, à l’arrache, c'est cadeau : mauvaise élocution du professeur qui aura entravé votre compréhension de ses cours, chaleur excessive et inattendue du mois de juin (qu’on pourrait attribuer par exemple au manque de prévoyance de Météo France) qui aura eu pour effet de contrarier vos révisions et salles surchauffées qui seront venues à bout de vos pourtant formidables puissance de travail et pouvoir de concentration, calendrier scolaire trop chargé en heures de cours et pas assez en vacances réparatrices, nourriture fade de la cantine qui aura eu pour effet de vous faire dépérir et manquer cruellement d’énergie pour tous les cours de l’après-midi, etc, etc, etc…
Bref, vous trouverez bien quelque chose. Et pourquoi pas d’ailleurs porter plainte directement contre le bagarreur de l’Assemblée Nationale, j’ai nommé le Premier Ministre Dominique de Villepin ? C’est vrai : sans sa drôle d’idée de CPE vous auriez pu avoir quelques semaines de cours supplémentaires ! M’enfin, je dis ça ; je dis rien…
En tout cas, verdict du Tribunal ou pas, on ne m’ôtera pas de l’idée que les mauvaises notes que j’ai eues dans ma vie (si, si, il y en a eu, peu, mais quand même), je les dois avant tout… à moi-même.
C’est bien d’apprendre les méandres du Droit Civil et les nuances infinies des recours de justice, mais il serait bon aussi de temps en temps de se remettre en question et d’accepter ses erreurs au lieu de toujours vouloir à tout prix trouver un autre responsable que soi-même.
Cultiver l’humilité au moins autant que l’ego.
Ça pourrait faire un bon sujet de philo ça tient !