Bon, ça fait un bail que j’ai pas causé de bouquin par ici. Pourtant j’en ai une petite quinzaine sous le coude, que j’ai lus sans encore en avoir parlé. On va tenter de rattraper un peu le retard pris…
Aujourd’hui donc, c’est au tour de Paradis Perdu, de Gudule. Du haut mon ignorance crasse, j’avoue qu’avant de tomber sur ce bouquin (qui m’a attiré par sa couverture où l’on voit trois cochons aux yeux exorbités flotter nonchalamment parmi les nuages) je n’avais jamais entendu parler de son auteur. Pourtant la quatrième de couv décrit Gudule comme « la reine des romans d’humour » ayant déjà publié 400 livres, destinés pour la plupart à la jeunesse (ceci explique peut-être cela). Toujours sur la quatrième de couv on nous promet un « roman pour adultes vraiment déjanté, politiquement pas correct et complètement délirant », la présentation se terminant par « humour, dérision, irrespect sont les maîtres mots de ce road-movie posthume, où les valeurs sacrées sont allègrement piétinées » ponctuée d’un avertissement : « Esprits chagrins s’abstenir ! ».
Moi, des accroches pareilles ça me met la salive à la bouche, forcément. D’autant que le départ de l’intrigue laisse présager des développements sympathiques.
Dans Paradis Perdu, la narratrice nous raconte la mésaventure de sa mère, Andrée Vandermeulen née Devries, fervente catholique, croyante et pratiquante, morte d’une attaque cardiaque et promise à coup sûr au paradis. Sauf qu’une malencontreuse erreur a lieu, et qu’en lieu et place du paradis catholique tant attendu, la pauvre Andrée se retrouve au mont Olympe où elle va faire la connaissance à son grand étonnement d’une partie du bestiaire mythologique grec et des Dieux hauts en couleurs qui vont avec. Polie mais décidée, elle compte bien réclamer ce qui lui est dû : un séjour éternel au paradis des chrétiens, dans la félicité et la paix, refusant tout net de rester dans ces lieux de débauche païens où elle vient d’atterrir. Au paradis d’ailleurs on a eu vent de l’erreur d’aiguillage et on envoie un ange récupérer la brebis égarée. Mais l’ange en question va découvrir que l’Olympe c’est sympa aussi, on y déconne même un chouïa plus que chez Saint Pierre…
Franchement j’ai trouvé le pitch super sympa, l’idée de départ maligne, et exposé comme ça, ça promettait beaucoup. Peut-être un peu trop d’ailleurs, question promesses. Honnêtement je cherche encore l’irrespect et les valeurs sacrées piétinées. Pour tout dire oui, je vois bien à quoi il est fait allusion, mais bon voilà quoi, à l’arrivée j’ai trouvé ça un peu fade et pas bien relevé en fin de compte. Si l’irrespect c’est de choisir de narrer les aventures de sa propre mère dans l’au-delà faisant son coming-out avec la reine des Amazones alors ok, mais pour ma part cet artifice n’a pas fait mouche, désolé. J’admets bien volontiers que pour un fervent catholique bien conservateur ce bouquin peut paraître choquant, mais pour tous les autres… bof quoi. Si vous voulez du politiquement incorrect qui touche à la religion, la morale et les valeurs sacrées lisez le Preacher de Garth Ennis et Steve Dillon, là vous en aurez pour votre argent, mais j’ai été bien peiné de constater qu’on n’en retrouve pas le dixième dans Paradis Perdu qui en promet tant pourtant.
Côté humour, là encore on va dire que ce n’est pas la cascade de poilades annoncée non plus. C’est plaisant sans plus, on sourit parfois de certaines situations ou dialogues mais rien qui ne m’ait fait m’esclaffer. Alors on a bien quelques personnages réussis comme un Ulysse complètement obsédé sexuel pas déplaisant du tout par exemple, quelques idées amusantes par-ci par-là, mais rien de vraiment retentissant.
Vous l’aurez compris, je n’ai pas été convaincu du tout par ce livre, je m’attendais certainement à autre chose, mais je n’arrive pas à me sortir de l’idée que ce qui est annoncé en quatrième de couverture est un brin exagéré et trompeur quant au contenu réel du récit. Moi qui m’attendais à tomber sur une petite perle d’humour grinçant et d’ironie, c’est à un pétard quelque peu humidifié que j’ai eu à faire. Décevant. Ou peut-être suis-je un de ces esprits chagrins mis en garde plus haut, auquel cas je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.