Je regarde beaucoup la télévision. De moins en moins pour y voir les programmes que nous proposent la pléthore de chaînes qu’on capte depuis la TNT, hormis quelques séries. La majeure partie du temps, quand mon téléviseur est allumé, mon lecteur Blu-Ray l’est aussi. Je suis un gros consommateur de film et de séries sur supports Blu-Ray et dvd. Du reste mon salon commence à être envahi de dvd qui débordent de partout.
Et comme je ne suis pas du genre à sortir dans le froid le soir pour aller me louer un film, la plupart du temps je sors dans le froid en rentrant du boulot pour aller en acheter. Ouais je sais, pas logique, pas économique. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas.
D’ailleurs plus d’une fois je me suis laissé attiré par un titre intriguant ou une jaquette prometteuse qui m’auront laissé sur ma faim au visionnage avec le sentiment très net de m’être fait rouler. Mais comme le papillon de nuit qui revient sans cesse vers la lumière (merde, quel style poétique à deux balles j’ai quand je veux), je reviens vers mon dealer de films attitré à la recherche de quelque nouveauté alléchante ou vieillerie rééditée.
À ce titre, un film plus que tout autre revêt le costume de Saint Graal tant je le recherche depuis longtemps, fébrilement, sans jamais parvenir à le trouver. J’ai de ce film une antique cassette vhs chez moi, que je chéris inconditionnellement, prenant bien garde à la maintenir loin du soleil, la protéger des sources de chaleur et d’humidité, rangée bien verticalement dans le plus grand respect des règles de conservation otpimales des bandes vhs. Des années que j’attends sa réédition en format dvd. De quel film je parle ? Du Punisher* de 1989 de Mark Goldblatt bien évidemment, celui où Dolph Lundgren en personne s’est teint les cheveux en noir pour incarner Frank Castle. Ah j’en entends déjà ricaner, rire sous cape, se gausser de moi en me désignant d’un doigt moqueur et accusateur. M’en fous, je fais ce que je veux encore. Je suis fan de ciné et de comics, je n’ai jamais prétendu être détenteur du bon goût universel. Et puis d’abord laissez moi continuer mon article, oh.
J’en étais où moi ? Ah oui, je causais de ma tendance à acheter beaucoup (trop) de dvd et Blu-Rays. Passionné et dépensier certes, mais pas complètement débile non plus, je fais en sorte d’acheter au meilleur prix, ce qui élimine d’office certains magasins qui exercent une politique de prix à se demander parfois si leurs dvd sont plaqués or. La RNAC** en tête par exemple. Mais depuis quelques temps, avait ouvert tout à côté de chez moi un magasin d’une nouvelle enseigne sur la région : Neptun***. Et chez Neptun, à ma grande surprise, mais aussi à mon grand contentement, ils pratiquent des prix sympas, étant en général 5 euros moins cher que les prix moyens chez la concurrence. Et vu la quantité de films que j’achète, ce n’est pas négligeable. J’étais donc devenu un fervent client du Neptun de Wittenheim, société de consommation quand tu nous tiens…
Mais patatras ! Neptun s’est fait racheter depuis peu par Pâtissier****… et c’est non sans curiosité que je m’y suis rendu pour la première fois sous leur nouvelle enseigne la semaine dernière. Fallait s’y attendre : mêmes rayonnages, mêmes produits, mêmes dvd et Blu-Rays, mais pas les mêmes prix du tout. Hop, valse des étiquettes, hausse des tarifs. On se retrouve avec un prix qui n’a plus rien de la bonne affaire comme auparavant. Déçu, je quitte le magasin, en me disant qu’à toute chose malheur est bon : peut-être que ça m’incitera à faire des économies en achetant moins de films à l’avenir.
Ou pas.
Comme je ne suis pas du genre à lâcher le morceau aussi vite, je me dis que quand même, je jetterais bien un œil au Neptun de Mulhouse, juste pour voir si là-bas aussi la hausse des prix a frappé. Je m’y rends donc fin de la semaine dernière, sans grand espoir et… pas d’enseigne Pâtissier à l’horizon. Encore Neptun. J’entre. Et je retrouve bien les prix dont j’ai l’habitude, de 5 à 10 euros (quand même !) de moins sur les Blu-Rays. Puisque je suis là-bas je fais un scan rapide des rayons, je passe en coup de vent dans les étalages de dvd, l’étiquette « bonnes affaires » trône au-dessus de l’un d’eux et là je m’arrête net. Fais demi-tour, incrédule. J’avais bien vu : le dvd du Punisher avec Lundgren est là, sous mes yeux. Seul, perdu au milieu d’infâmes bouses sans nom, en exemplaire unique, portant une pastille jaune fluo sur laquelle est inscrit le prix : 3.99€ !
Je m’en empare prestement, prêt à en découdre s’il le faut, au cas où un soudard viendrait me le disputer au dernier moment. Oui c’est bien lui, je le tiens enfin. Celui que même sur internet je n’avais jamais trouvé. Direction la caisse. Vite.
Arrivé chez moi je déballe l’animal. La pochette est noire, la jaquette ressemble à une photocopie un peu pixellisée de la jaquette originale de la cassette vidéo. Aucune trace d’éditeur, pas de nom, rien. À l’intérieur le disque avec juste le titre du film sur fond noir, aucun flyer, que dalle. Au dos c’est encore plus énigmatique : on pourrait croire qu’il s’agit d’une copie du verso de la jaquette de la vhs, mais deux des trois vignettes du bandeau supérieur laissent apparaître non pas Dolph Lundgren comme les autres, mais … Ray Stevenson, autrement dit le dernier acteur en date à avoir endossé le rôle dans le film Punisher : War Zone de Lexi Alexander en 2009 (pas mal aussi soit dit en passant). Quant au résumé de l’histoire, c’est celui du film The Punisher de Jonathan Hensleigh qui date de 2004 avec Thomas Jane dans le rôle titre et John Travolta en gros vilain méchant mal coiffé. Le mec qui a composé cette jaquette de dvd devait être sous l’emprise de stupéfiant je pense.
Je mets la galette dans le lecteur et j’attends. Oui, au cas où vous ne le sauriez pas, les lecteurs Blu-Rays des premières générations sont très longs au démarrage (je sais, c’est le genre d’info cruciale dont vous rêviez)(on est geek ou on l’est pas hein). Ça démarre : écran d’avertissement sur les droits et la diffusion en public, blabla. Le pavé de texte est truffé de fautes et en termes bizarrement mal appropriés (droits phonographiques réservés pour un film… rien sur les images, space). Et puis directement le film, zéro menu, même pas de chapitrage ou de choix des langues possible : bascule de l’écran en mode 4/3, image dégueulasse très clairement repompée à l’arrache et sans vergogne depuis la vidéo, son à l’avenant. Sur un home cinéma ça donne un truc assez improbable faut bien le dire. Mais c’est bel et bien le bon film, celui de 1989, c’est déjà ça.
Vous me direz, mais pourquoi nous raconte-t-il ça ?*****
D’abord parce que j’avais envie de causer. Ensuite parce que c’est un des trucs les plus palpitants que j’ai vécu dernièrement (on rigole pas au fond). Et puis surtout pour dire que je ne savais pas qu’on pouvait acheter légalement en magasin des films piratés, mais que rien que pour ça, Neptun c’est décidément vachement mieux que Pâtissier !
* : les plus fidèles de ce blog se souviendront peut-être que j’ai déjà plusieurs fois fais référence à ce film dans de précédents articles tout aussi passionnants que celui-ci il va sans dire.
**, *** et **** : il se peut que j’aie très légèrement modifié les noms d’enseignes de magasins cités. Mais je ne doute pas un instant de votre don de perspicacité pour retrouver les vrais noms. Bande de petits malins.
***** : je tâcherai d’aborder des sujets un peu plus intéressants pour mes prochains articles, promis.