Il se pourrait bien que prochainement ce blog prenne une coloration plus cinématographique… en effet je lis moins vite que je ne regarde des films. Certes ça fait un moment que je ne suis pas allé au cinéma, mais en ce moment ça y va à la manœuvre entre dvd, bluray, Canal+ : je vois plein de trucs, et pas mal d’intéressants en plus. Ça plus le fait que j’essaie de lire un peu plus de bd aussi, ça me donne moins de temps pour les romans. Les vases communicants quoi.
Enfin bon bref, aujourd’hui : The Losers. En plus ça fera d’un article deux thèmes puisque c’est (encore) une adaptation d’un comic de chez Vertigo (la branche indépendante / adulte de DC Comics).
J’avais entendu l’annonce de sa version ciné il y a plus d’un an, puis les premiers teasers sont apparus sur le net, et ça laissait présager d’un petit film d’action sympa. Ayant lu entre temps les deux premiers tomes sortis en Big Books chez Panini (le troisième et dernier sort en mars 2011 d’ailleurs) je me disais que ça pourrait le faire sur grand écran.
Alors j’attends la date officielle de sortie et puis rien. Je me dis « bah, ce genre de film ferait un très bon film d’action à sortir en été, c’est sûrement pour ça que les distributeurs attendent encore un peu ». L’été arrive et toujours rien. Enfin non pas exactement rien, puisque sort à cette période une autre adaptation, celle de L’Agence Tous Risques. Dont le scénario de départ est très proche de celui des Losers (du moins c’est ce que j’ai cru comprendre, n’ayant pas encore vu L’Agence Tous Risques pour l’instant). Dès lors pas de mystère : deux films au sujet très proche, l’un qui adapte une série à succès des années 80, l’autre un comic sorti confidentiellement en France. On sait d’avance lequel va s’effacer devant l’autre. C’est donc un peu dépité que j’ai attendu la sortie en Bluray des Losers pour pouvoir enfin le voir.
Le comic d’origine, écrit par Andy Diggle et dessiné par Jock est franchement réussi. Il met en scène une équipe de soldats d’élite des forces spéciales qui interviennent en sous-main pour le compte de la CIA à l’étranger. Des mercenaires oui, mais pas n’importe lesquels. Des gars qui ont une morale, un sens de l’honneur et de la jugeote. Pas des barbouzes de bas niveau. Pourtant ils vont être envoyés sur une mission qui va mal tourner, et au cours de laquelle l’agence, sous l’influence d’un énigmatique commanditaire qui répond au nom de Max, va tenter de se débarrasser d’eux. Passant pour morts, c’est en ménageant l’effet de surprise que l’équipe des Losers va partir en guerre contre son ancien employeur. Pour rétablir leur honneur et régler les comptes qui restent non-soldés…
Le film reprend en gros la même trame. Les personnages sont tous bien là. Il y a Clay (Jeffrey Dean Morgan) le chef, Roque (Idris Elba) son bras droit, Pooch (Columbus Short) expert en armes et pilote tête-brûlée, Jensen (Chris Evans) petit génie de l’informatique et de l’intrusion et Cougar (Oscar Jaenada) le tireur d’élite du groupe. Le groupe de mercenaires va trouver en la très belle et très fatale Aisha (Zoe Saldana) une alliée de charme et de choc. Et côté méchant c’est Jason Patric qui interprète un Max tout en froideur dans la folie et la mégalomanie.
C’est un certain Sylvain White qui réalise, à ma connaissance le type n’a rien de fait de bien transcendant avant ça si j’en crois sa filmographie. Pour autant le film n’est pas mal du tout. Pas trop original certes, vu qu’on sent bien les influences esthétiques et techniques du réalisateur. De belles images assez flashy dans l’ensemble, des mouvements de caméra, des ralentis, des effets qui rappellent tantôt le Watchmen de Zach Snyder tantôt le Wanted de Timur Bekmambetov… le tout servi sur un tempo assez soutenu et moult effets spéciaux et pyrotechniques. Autrement dit si c’est un film d’action bien troussé qu’on est venu voir on en a pour son argent même si il est vrai, ça ne va pas chercher non plus beaucoup plus loin. Le réalisateur ne fait pas dans la grande originalité, mais c’est efficace et plaisant à regarder.
Certaines scènes sont repiquées quasiment telles quelles sur le comic book d’origine, je pense particulièrement à celle, qui plus est très réussie d’ailleurs, où Jensen va voler en duo avec Cougar des données informatiques dans un building très surveillé. Chouette idée et chouette résultat en images, fun et original.
La scène du "pouvoir télékinésique" version comic, puis version ciné :
Les acteurs quant à eux semblent bien s’amuser et se lâchent, certains en font même des tonnes dans leurs registres respectifs : le cinglé bien cruel et propre sur lui ? Jason Patric. Le ténébreux mal rasé mais bien sapé qui emballe l’air de rien ? Jeffrey Dean Morgan (qui jouait déjà le beau gosse dans Grey’s Anatomy et le gros dur dans Watchmen). La grande gueule avec un sourire plein de dents et des bons mots toutes les deux phrases ? Chris Evans (qui a visiblement déjà commencé à prendre du muscle pour son futur rôle de Captain America). Le latino énigmatique qui ne dit jamais rien mais qui a un œil de lynx ? Oscar Jaenada (que je n’avais jamais vu ailleurs auparavant). La bombasse qui tabasse autant qu’elle aguiche ? Zoe Saldana (qu’on a pris l’habitude de voir en bleu dans Avatar, et qui est vachement mieux au naturel).
Bref, les personnages sont typés, voire archétypés même, mais dans le feu de l’action ça passe. On sait de suite à qui on a à faire dès le premier coup d’œil, pas la peine de s’attendre à des grandes analyses psychologiques des uns et des autres. C’est certainement le vrai handicap du film si on le compare au comic. Tout y a été largement simplifié, les personnages et leurs motivations (Aisha et Max en tête), et l’intrigue évidemment (développée dans le comic sur trois volumineux tomes et agrémentée de flashbacks qui aident à mieux cerner certains personnages). C’est le lot de bien des adaptations, The Losers n’y échappe pas, loin de là.
Bon, je ne vais pas jouer au bonimenteur, The Losers version cinéma, ce n’est pas le film de l’année. C’est même certainement un film de genre parmi tant d’autres, qui peine un peu à se démarquer. N’empêche que ce n’est pas un mauvais film du tout, et qu’il se regarde même avec un certain plaisir, en tout cas moi je l’ai pris comme ça. Et un film d’action efficace, ça n’est pas forcément aussi courant qu’on le croit, alors c’est déjà ça de pris.
Mais que ça ne vous empêche pas de lire le comic de Diggle et Jock, il gagne a être connu lui aussi !