Rangez les livres de poésie et sortez votre kit de badass version eighties.
On oublie les mocassins à pompons et on chausse ses rangers à crampons.
Si vous avez un tatouage c’est mieux, sinon vous pourrez toujours vous faire tatouer une tête de mort sur l’épaule en sortant de la salle.
Oh et puis avant que j’oublie, inutile de demander à madame de vous accompagner, The Expendables c’est un truc d’hommes. Ça va causer napalm et munitions de 12.7, pas de tupperwares ou de dîner presque parfait.
Merde alors, dire que je l’attendais ce film-là, c’est encore loin du compte. Depuis que Sly avait annoncé son intention de réunir un maximum de stars des films d’action, du siècle dernier comme d’aujourd’hui, pour la série B ultime, j’en avais des frissons. D’abord je n’y croyais pas trop, parce que tout cela relevait plus du fantasme d’adolescent attardé qu’autre chose. Puis Stallone a recommencé à avoir le vent en poupe avec les succès consécutifs de Rocky Balboa puis John Rambo (dans l’ordre les numéros 6 et 4 de leurs séries respectives), ce qui lui a donné des billes pour mener son projet un peu fou à bien.
Et il l’a fait.
Sylvester Stallone, le roi de l’actioner des années 80-90, a réuni plus de muscles et de testostérones que vous ne pouviez l’imaginer. Ouais d’accord, il n’y a pas si longtemps on a vu 300 spartiates plus musclés les uns que les autres se coltiner en jupettes. Mais ici on ne parle pas de chippendales. Sly lui, il vous parle de vieux de la vieille, des mecs burinés, des gueules à faire peur, des barbouzes, des durs de durs.
Jugez plutôt.
Les Expendables c’est une équipe de mercenaires ultra-pro, avec quelques années au compteur mais qui assurent encore un max. À leur tête, Barney Ross (Sylvester Stallone). Dans les rangs il y a le géant suédois Gunnar Jensen (Dolph Lundgren), le petit mais fatal Yin Yang (Jet Li), le gros bras Toll Road (Randy Couture), l’amoureux des gros calibres Hale Caesar (Terry Crews) et enfin le bras droit de Ross et virtuose du couteau Lee Christmas (Jason Statham). Et puis il y a Tool (Mickey Rourke) qui ne va plus sur le terrain mais qui endosse pêle-mêle les rôles de conseiller-confesseur-pourvoyeur de matos et de gonzesses-tatoueur de l’équipe. Rien que leurs noms, c’est déjà tout un poème.
L’équipe de Ross est contactée par un mystérieux monsieur Chapelle (Bruce Willis) pour une mission sur une petite île-nation d’Amérique centrale. D’abord mis en concurrence avec Trench (Arnold Schwarzenegger) c’est Ross qui accepte finalement le boulot. L’île en question est sous le joug du Général Garza (David Zayas), mais Ross et Christmas ne vont pas tarder à comprendre que derrière le dictateur fantoche se cache celui qui tire les ficelles, James Monroe (Eric Roberts), un ancien de la CIA qui est devenu trafiquant de drogue. Monroe est flanqué en permanence de ses deux gardes du corps personnels (Gary Daniels et « Stone Cold » Steve Austin). Sur place, Ross et Christmas vont bénéficier de l’aide de la propre fille du général Garza, Sandra (Giselle Itié) qui mène la fronde contre son père et Monroe.
Bien décidés à venir en aide à Sandra, à libérer l’île de la dictature militaire et à régler son compte au ripoux Monroe, Ross et ses Expendables vont devoir faire du ménage sur l’île…
Vous l’aurez constaté par vous-même, j’aurais très bien pu faire très court et très simple en disant : il y a du beau monde et ça va castagner. Parce que ça résume aussi parfaitement bien le film. Un scénario qui n’est rien d’autre qu’un mélange de clichés du genre qui s’enchaînent avec pour seul objectif d’être caution à de l’action à gogo, et un casting plein à craquer de gueules d’amour venus apporter leurs noms et leur petits bras musclés parce que c’est tout ce qu’on leur demande.
Parce que soyons honnêtes, l’histoire est minimaliste et on sent bien que la plupart des rôles sont là parce que Sly voulait absolument placer l’un ou l’autre de ses potes dans le film. L’exemple du personnage de Mickey Rourke est emblématique : il a un look incroyable et une présence qui en dégage, mais son personnage aurait aussi bien pu être coupé du montage final que ça n’aurait rien changé à l’histoire. Mais qu’est-ce qu’il aurait été dommage de se passer de sa gueule cassée dans ce film qui finalement ne se veut rien d’autre qu’une immense palette de personnages hauts en couleurs qui font leur numéro. Oui Rourke vient cachetonner comme quasiment tous ses collègues sur ce film, mais c’est très exactement pour ça qu’on va voir The Expendables !
En tout cas en ce qui me concerne, dès le départ j’y allais pour ça. Pour voir ensemble tous ces mecs qui ont à un moment ou un autre été des symboles de virilité à l’ancienne, qui pour la plupart ont été des stars de zèderies sans nom, et qui auront titillé mes bas instincts d’adolescent mâle en manque d’images fortes à l’époque où mes héros se nommaient John McLane ou Ivan Drago. D’ailleurs imaginez-vous que Stallone avait encore d’autres noms sur sa liste de stars à intégrer dans son film : Jean-Claude Van Damme, Kurt Russell, Steven Seagle ou encore Wesley Snipes ont aussi été approchés mais n’ont pour l’une ou l’autre raisons pas pu collaborer à l’entreprise… Que le film soit simpliste, bourrin, à l’image des meilleurs films d’action à l’heure de leur apogée à la fin des années 80 (souvenez-vous des épiques Commando avec Schwarzy, Scorpion Rouge avec Lundgren en spetsnatz rebelle, du survolté et suicidaire Martin Riggs dans le premier Arme Fatale ou encore Hans Gruber qui se fait défoncer la gueule par un flic pieds-nus dans Piège de Cristal…) c’est non seulement assumé et revendiqué comme tel par le scénariste-réalisateur-acteur Stallone, mais c’est aussi très exactement ce que j’en attendais moi en tant que spectateur à chromosome Y qui me tapais tous les films de Van Damme au ciné quand j’avais 14 ans.
Stallone essaie tout de même de dépasser par moments le statut de pur film d’action en saupoudrant ça et là dans son long métrage quelques répliques dignes des meilleures punch-lines du genre, la scène du trio Stallone-Willis-Schwarzenegger n’est d’ailleurs qu’un immense prétexte à voir 3 méga-stars s’envoyer des vannes et des clins d’œil à leurs carrières respectives. Stallone flirte avec l’auto-parodie et s’en sort plutôt bien, puisqu’il évite le ridicule tout en en faisant faire des caisses à ses acteurs.
Pour ce qui est de l’approche un peu plus psychologique (si, si) des personnages, Sly s’y essaie également, mais on le sent moins à l’aise qu’il a pu l’être dans son dernier Rocky par exemple. En gros dans The Expendables on a droit à Ross qui se remet en question et pour qui sauver la fille du général c’est aussi sauver son âme de mercenaire (oui je sais c’est gros, non je sais c’est pas hyper-crédible, oui je suis d’accord ça m’a fait sourire aussi), et à Christmas qui a des soucis de couple avec sa nénette (Charisma Carpenter qui tient le rôle de la bombasse parce qu’il en faut bien une dans un film de mecs) et qui les règle en démontant la tête du péteux qui essaie de lui souffler sa brune. Voilà pour la caution psychologique du film, et on est bien d’accord Stallone aurait pu s’en passer. N’empêche que c’est peut-être très con mais ça reste bien jouissif de voir Jason Statham se fritter avec quelques basketteurs pour l’honneur de sa belle.
Bon allez, je plaide coupable : je sais que The Expendables n’est pas ce qu’on pourrait appeler un « bon film », mais franchement, je m’en fiche comme de l’an quarante. Revoir sur grand écran Dolph Lundgren (habitué depuis belle lurette aux séries Z sorties en direct-to-video) savater un blaireau qui lui manque de respect tout en conduisant un 4x4 en pleine course-poursuite, c’est pour moi un petit morceau de bonheur brut. Brut, adjectif à comprendre dans tous ses sens. Et je ne vous parle même pas de sa façon bien à lui de se tataner avec le poids léger de l’équipe Jet Li (dont les talents d’artiste martial ont été un peu sous-exploités à mon goût) : le géant suédois tient le chinois à bout de bras, tentant de l’assommer en le fracassant au plafond !
Si Lundgren est mon « petit » préféré (on ne peut pas dire qu’il ait une tronche de porte-bonheur mais il reste mon péché-mignon), les autres ne sont pas en reste. Terry Crews et sa sulfateuse de dingue (ah… souvenirs émus de Blain et sa pétoire qui rase une parcelle de forêt amazonienne dans Prédator !!!) ; Stallone et Steve Austin qui se mettent sur la gueule dans un combat homérique ; Éric Roberts en salaud impérial qui a toujours laissé le statut de star hollywoodienne à sa frangine Julia pour se garder tous les rôles de méchants bien pourris (et il a le physique de l’emploi le gaillard) dans des films plus nazes les uns que les autres ; Gary Daniels qui en souvenir de tous ces films d’arts martiaux à petit budget dont il était la star, donne bien du fil à retordre aux Expendables qui doivent s’y prendre à plusieurs pour en venir à bout. Un petit regrets pour David Zayas (que j’avais vu pour la première fois dans la monumentale série carcérale Oz en leader charismatique du clan hispanique, et qui depuis ces dernières années incarne un flic bourrin mais intègre dans la série Dexter), qui est sous-exploité dans son rôle et se contente de faire les gros yeux à sa fille et sa tête de méchant constipé face à Éric Roberts qui pour sa part exulte en salopard ultime.
Ajoutez à cette palette de durs à cuire une palanquée d’explosions en tous genres, des cascades à l’ancienne (entendez par là très peu d’effets spéciaux numériques), quelques bons mots par-ci par-là, une ou deux décapitations, des armes à feu qui laissent des trous béants dans les cibles, et vous obtiendrez The Expendables, un film des années 80 tourné en 2010, juste pour le plaisir coupable de quelques types comme moi qui assument de prendre leur pied devant un truc aussi con, violent, et … incontournable.
Euh… ça s’est senti que ça m’a plu ?