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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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21 février 2006 2 21 /02 /février /2006 18:48

Ça faisait un petit moment que je l’avais enregistré sur Canal+, hier soir j’ai enfin pris le temps de le voir : Land of Plenty (en VF Terre d’Abondance) de Wim Wenders.
Wim Wenders est loin d’être un inconnu, et surtout loin d’être manchot ! Le réalisateur d’origine allemande a déjà signé des monuments du cinéma tels que Paris-Texas (1984), Les Ailes du Désir (1987) ou Buena Vista Social Club (1999) entre autres.
Avec Land of Plenty, il filme l’Amérique d’après le 11 Septembre 2001. Sans juger ou dénoncer qui que ce soit, il se contente d’exposer l’état dans lequel se trouvent les habitants du pays de la liberté depuis le traumatisme des Twin Towers. Il le dit lui-même, au départ il songeait à réaliser un documentaire, et finalement il a préféré recourir à une fiction.

L’histoire débute exactement deux ans après l’attentat de New-York, et suit deux personnages à l’opposé l’un de l’autre, et pourtant pas si éloignés que ça.
Lana
est une jeune américaine de 20 ans, expatriée depuis l’enfance, qui revient du Moyen-Orient aux USA et s’engage dans une mission protestante qui vient en aide aux SDF du downtown de Los Angeles.
L’autre personnage est le sergent Paul Jeffries, vétéran du Vietnam, qui a été exposé à l’agent orange à cette époque. Depuis l’attentat des Twin Towers, le sergent sillonne la ville à bord de son vieux van équipé de micros, de caméras et de tout un bric-à-brac para-militaire. Parano au dernier degré, Paul surveille tous ceux qu’il juge suspects (comprenez tous ceux de type moyen-oriental) et vit dans un univers confus où il se prend pour un agent anti-terroriste freelance. Paul est aussi l’oncle de Lana, et celle-ci cherche à le retrouver pour lui remettre une lettre de sa mère (la sœur de Paul donc) morte peu de temps auparavant.

Paul Jeffries, il consigne scrupuleusement sur cassette audio toute ses enquêtes
Au cours de ses pathétiques filatures, Paul va épier Hassan, un SDF d’origine palestinienne qui fréquente la mission où travaille Lana. Un soir, Paul assiste au meurtre de Hassan par des inconnus dans la rue. Persuadé qu’il s’agit d’une affaire mettant en scène des cellules terroristes arabes, Paul enquête pour remonter la piste des malfaiteurs. Lana lui apporte son aide mais dans un tout autre objectif : retrouver la famille de Hassan afin de lui remettre sa dépouille.

Wenders filme avec amour ses personnages, et ça se ressent : jamais il n’est complaisant envers eux, mais jamais non plus il ne les condamne. Il se contente de montrer en quoi ils sont tous très humains, dans leurs forces comme dans leurs faiblesses. Aucun jugement à l’emporte-pièce, seulement un regard juste et objectif sur l’Amérique d’aujourd’hui. Wim Wenders filme l’Amérique ( la Terre d’Abondance du titre) qu’il aime tant pour ses valeurs profondes, sa démesure, sa beauté et sa richesse, sans hésiter à montrer aussi l’envers du décor : la pauvreté, la déchéance de toute une partie de la population laissée à l’abandon.
L’Amérique de Wenders n’est pas un paysage de carte postale, la dualité l’habite.
Pays riche, mais avec une multitude de pauvres et de laissés pour compte. Pays puissant, mais qui se sent désespérément démuni face au terrorisme intérieur. Pays de la liberté, mais qui foule au pied son idéal au nom de la quête de la sécurité absolue. Pays croyant qui prône l’amour de Dieu et de son prochain, mais qui se méfie de tout ce qui n’est pas chrétien.

Lana, jeune femme fragile et forte à la fois
La force de Wim Wenders, c’est de filmer avec sincérité des personnages eux aussi sincères. Même les plus perdus d’entre eux, les plus meurtris, les plus apeurés conservent une humanité touchante.
Et il faut dire que ses personnages sont interprétés de façon magistrale par des acteurs convaincus et convaincants. Dans le rôle de Lana, on retrouve une Michelle Williams méconnaissable, qui n’a plus rien à voir avec la bimbo blonde qu’elle jouait dans la série pour ados Dawson. Dans le film de Wenders elle est touchante de simplicité et de gentillesse, se sortant remarquablement du personnage stéréotypé qu’elle s’est forgé à la télévision.
Paul Jeffries est interprété par l’excellent John Diehl (qu’on a pu voir en ripoux détestable au cours des deux premières saisons de The Shield, ou encore en colonel hyper-patriote dans Fail Safe), véritablement habité par son rôle. Le duo fonctionne à merveille, l’histoire est touchante et permet enfin un autre regard sur les américains. (on retrouve même dans un rôle  mineur l’inénarrable Paulie, beau-frère de l’icône Rocky en personne, j’ai nommé Burt Young)

Et c’est sur la voix grave du génial Leonard Cohen que le film se termine sur une conclusion qui laisse sur l’idée que si l’avenir s’annonce difficile, il n’est pas écrit à l’avance. Que se remettre en question est dur, mais pas impossible.

Un très beau film, définitivement.

L'affiche du film
(Pour ceux qui veulent en savoir plus, vous pouvez télécharger le dossier de presse complet en français en suivant ce lien)

 

 

 

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commentaires

S
Pierig >> Très intéressant je te confirme. J'ai vu également Lord of War, qui est très bon comme tu le dis sur ton blog. Mais il me fait beaucoup moins penser à un docu-fiction que Land of Plenty. En tout cas, ce sont 2 excellents films !Mooutche >> moins d'un mois ? je ne savais pas. La scène dont tu parles est d'autant plus forte qu'elle oscille entre comique (pour le spectateur) et tragique (pour Paul qui voit enfin son erreur). Une authentique "ironie du sort" pour lui...  Lord of War meilleur film de 2006 ? Mmmm... attendons janvier 2007 pour dire ça veux-tu ? ;o)
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M
Il m'a beaucoup plu ce film... J'ai été particulièrement touchée par la légereté de la caméra, on a l'impression de planer, de survoler les évenements, d'être completement "dilué" dans l'environnement, le ciel, les murs, d'appartenir à l'histoire tellement les personnages nous paraissent attachants et émouvants, chacun d'une manière différente.J'ai adoré la scène où Paul semble perdre pieds, après sa méprise dans la maison de Trona. Elle est très simple, très épurée et pourtant, tant de choses passent dans ce regard, mi incrédule, mi hagard...Les deux acteurs sont d'autant plus formidables que le film a été tourné en moins d'un mois...Epatant, tout simplement. Aucune prétention, leçon de morale, tout est concentré sur deux parcours humains qui finissent par se rejoindre sur Ground Zero. Rien à jeter, tout à garder.<br /> Et sinon, ma première pensée en sortant de "Lord of War" a été : "waouh, on est le 6 janvier et j'ai deja vu le meilleur film de l'année 2006 !" ;o)
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P
Pas vu mais ça a l'air intéressant en effet. Un autre film "docu-fiction" à voir est "Lord of War" avec Nicolas Cage qui dénonce le trafique d'arme dans le monde. C'est très instructif et ... effrayant!
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