2005 a été l’année de deux films à grand spectacle qui ont bien plus de points communs qu’on ne pense à première vue. Les films auxquels je pense sont King Kong et La Guerre des Mondes. Je me suis amusé à faire un petit comparatif.
King Kong et La Guerre des Mondes sont deux films qui ont le même but : en mettre plein la vue du spectateur. Et l’un comme l’autre tient ses promesses. Techniquement ils sont très travaillés, truffés d’effets spéciaux parfaits en tous points : crédibles et impressionnants à la fois. Le nec plus ultra.
Dans les deux cas il s’agit de remake de vieux films mythiques, qui ont marqué l’inconscient collectif et évidemment contribué à poser certaines bases des genres qu’ils représentent. Le King Kong d’origine date de 1933 alors que La Guerre des Mondes au cinéma remonte à 1953, mais le roman de H.G. Wells de 1898 avait déjà connu une première diffusion à succès sous forme de fiction radiophonique en 1938 par Orson Welles.
À la barre de ces deux blockbusters hollywoodiens, on retrouve des réalisateurs exceptionnels. La méga-star et ultra-bankable Steven Spielberg, et le multi-oscarisé et couronné de succès pour sa monumentale trilogie tolkienne, Peter Jackson. Ils ont tous les deux déjà signé des films cultes dans leurs genres (les SDA, E.T., les Indiana Jones, Bad Taste, etc…) et ont décidé de s’attaquer à des monuments de leur jeunesse, des films qui ont modelé leur univers cinématographique.
Leurs films mettent en scène des icônes du cinéma fantastique. Le gorille géant et les tripodes destructeurs pilotés par des martiens, s’imposent comme des classiques des films de « monstres » (les tripodes, bien que mécaniques, possèdent toute la sauvagerie et la puissance d’un King Kong, et incarnent tout autant –sinon plus encore- la peur aux yeux des frêles humains).
Dans les deux histoires, les protagonistes principaux vont évoluer pour changer du tout au tout. Ann Darrow (Naomi Watts), tout d’abord victime sacrifiée et prisonnière du simien géant, va s’y attacher et finir par nouer une relation complice avec lui. Ray Ferrier (Tom Cruise), père inconstant et inconsistant va devenir pleinement responsable et adulte (au point de choisir à un moment entre ses enfants, ou encore tuer de sang froid un homme pour protéger sa fille).
Les deux longs métrages nous proposent des scènes d’anthologie : King Kong qui combat trois tyrannosaures simultanément, la sortie de terre du premier tripode géant, la fuite du troupeau de diplodocus, les plaines ensanglantées jonchées de ruines et de végétaux extra-terrestres, l’attaque de King Kong dans la salle de spectacle, la scène de cache-cache dans la cave entre l’œil mécanique et les survivants terrorisés…
Mais ils ne sont pas non plus dépourvus de défauts : la fin de La Guerre des Mondes est tout de même très décevante avec sa happy-end qui semble plus que déplacée (tout le monde est sauf, tout le monde se retrouve dans la joie, plus aucune trace des attaques extra-terrestres). Et j’ai été passablement bassiné par le ballet sur glace de Ann et Kong en plein Central Park ou encore les fameux échanges belle-bête ponctués de « c’est merveilleux » (surlignés au marqueur fluo pour qu’on comprenne bien surtout) en regardant le coucher de soleil sur l’horizon lointain (d’abord sur l’île, ensuite à Manhattan). On a connu plus fin.
Bref, beaucoup de points communs donc. Pourtant je dois avouer une nette préférence pour La Guerre des Mondes. Si les deux films se valent du point de vue spectaculaire, celui de Spielberg a éveillé en moi quelques petites choses en plus.
Quand je vois King Kong en action dans sa jungle je suis scotché. C’est très bien foutu, c’est fun et les images sont hyper-crédibles.
Mais quand je vois surgir du sous-sol et tout détruire sur son passage le premier tripode de Spielberg, je peux aussi dire que je suis scotché à mon siège tellement les images sont bluffantes, mais en plus j’ai sérieusement la trouille. Spielberg a su recréer cette même angoisse sourde que lorsque je regarde Les Dents de la Mer par exemple. Non seulement on s’en prend plein les yeux et les oreilles (d’ailleurs la bande son est extraordinaire et participe à hauteur égale avec les images à l’ambiance du film), mais ce vieux briscard de la pellicule qu’est Spielberg sait ménager ses effets et prendre le spectateur aux tripes avec tant de force qu’on est soulagé quand enfin l’action se calme à l’écran.
Voilà la différence selon moi qu’il y a entre les deux films. Là où Peter Jackson fait preuve d’une grande technicité, d’une gestion des effets spéciaux impressionnante et d’une mise en scène musclée qui sait rendre l’action avec force, Steven Spielberg cumule les mêmes qualités que son homologue néo-zélandais, avec en plus un talent de conteur hors-norme, qui fait qu’on est bien plus impliqué dans son film que « simplement spectateur ».
À qualité d’images identique, Spielberg insuffle un supplément d’âme à son métrage, et ça, ça change tout.