Quand il y a à peine une demi-douzaine d’années des « experts » mettaient encore en doute le lien entre la pollution atmosphérique due à l’homme et le réchauffement de la planète, on assiste aujourd’hui à un revirement de situation espérons-le salvateur, tout au moins la prise de conscience semble-t-elle se généraliser.
Cette tendance à remettre l’écologie en avant se manifeste entre autres par la production de films documentaires par l’intermédiaire desquels l’humanité est mise face à ses responsabilités. C’est clairement l’objectif de films tels que Une Vérité qui Dérange de Al Gore par exemple. Plus contemplatif, un peu moins alarmiste dans le discours, Un Jour sur Terre de Alastair Fothergill et Mark Linfield est un documentaire germano-britannique d’une qualité rare qui aura nécessité 5 années de production avant d’arriver sur les écrans.
Le concept en est assez simple : le film débute au Pôle Nord et entraîne le spectateur au cours d’un voyage qui va le faire traverser les latitudes du Nord au Sud, découvrant ainsi toute une variété de climats, de territoires, de végétations, d’environnements et d’animaux, et formant un tableau magnifique de notre planète. Car c’est la très grande force de ce film : les images sont tout bonnement superbes, réellement exceptionnelles de beauté. La nature y est montrée dans toute sa simplicité mais également dans toute sa majesté, tour à tour touchante, drôle, cruelle, étonnante, impressionnante…
Tourné en caméra Haute Définition, on en prend plein les yeux et vues sur grand écran les images n’en sont que plus fortes encore… depuis l’ours polaire qui peine à trouver sa pitance jusqu’à l’éléphanteau qui combat de toutes ses forces pour survivre au soleil et aux tempêtes de sable en passant par la parade amoureuse de l’oiseau de paradis, le ballet majestueux des espadons qui se font un festin de poissons, la migration de la baleine et de son baleineau ou encore le survol de l’Himalaya par les oies sauvages… Le film regorge d’images toutes plus sublimes les unes que les autres, certaines dures d’autres plus tendres, mais toutes marquantes.
Le spectacle est au rendez-vous de chaque séquence et on ressort de ce film avec la démonstration magistrale que notre planète abrite un nombre incroyable de merveilles. Et c’est là qu’est le paradoxe du film : j’en suis personnellement ressorti heureux d’avoir vu d’aussi somptueuses images mais aussi assez déprimé par l’envers de la médaille, cette impression affreuse que tout ceci n’en a plus pour longtemps. Et le commentaire des réalisateurs au cours d’une interview qu’ils ont donnée est éloquent, s’ils sont très fiers de ces images qu’ils ont mis des années à tourner, ils disent également que d’ici quelques années (et ils entendent par là « entre 10 et 20 ans ») ils n’auraient tout bonnement plus pu faire un tel film. Qu’à très courte échéance des scènes complètes montrées dans leur documentaires ne pourront plus être filmées car elles auront simplement cessé d’exister. Le constat est amer mais indiscutable : notre planète est aussi belle qu’elle est fragile.
La voix-off du film (en français les commentaires sont dits par la chanteuse Anggun en VO par Patrick Stewart) n’est jamais défaitiste ou exagérément grave, mais je n’ai pas pu m’empêcher de me dire que pour la plupart des espèces ou des paysages montrés au cours du documentaire la fin était proche, et que c’était déjà cuit, que l’on fasse ce genre de films de mise en garde ou non. Et ça, tout somptueux que le film soit, ça fout un peu le bourdon faut bien le dire…