Le réchauffement planétaire fait polémiquer, et alors qu’il y a tout juste quelques années on nous soutenait encore que la preuve indiscutable de la responsabilité de l’homme dans la modification du climat n’était pas faite, aujourd’hui c’est tout l’inverse, puisqu’il ne se passe pas un mois sans qu’une prévision alarmiste ne tombe (plus de poissons dans les océans d’ici 50 ans, la calotte glaciaire qui disparaît comme peau de chagrin, la montée du niveau des mers qui menace à moyen terme de nombreuses îles, des étés caniculaires tous les 3 à 5 ans, le paludisme généralisé en Europe, j’en passe et des meilleures…).
À un tout autre niveau, l’avenir semble également bien morose si l’on se place du point de vue du simple citoyen français. On nous prévient depuis longtemps que pour survivre le pays va devoir procéder à de profondes réformes sociales, économiques et politiques. Ça fait un moment déjà que j’ai fait mon deuil d’une éventuelle retraite à 60 ans, même en ayant commencé à bosser à 21 ans avec une année de service militaire au préalable… De la même manière je ne donne pas cher de la peau de la Sécurité Sociale, du Contrat à Durée Indéterminé, de la Fonction Publique, du pouvoir d’achat… le tout au nom de la sacro-sainte économie de marché, de la rentabilité et des bénéfices des actionnaires.
Bref, tout ça pour dire que rien dans ce qu’on nous promet ne permet de s’extasier objectivement sur les perspectives d’avenir à moyen et long terme.
Mais finalement, tout ça, ce n’est pas grand chose quand on sait ce qui nous attend le 13 avril 2036. Car ce jour là, 2004 NM4, un astéroïde récemment découvert (en juin 2004) et rebaptisé Apophis (du nom du dieu égyptien Apep, dit le Destructeur…) pourrait bien nous expliquer par le menu ce qu’est une réelle catastrophe d’ordre planétaire digne de ce nom.
Que je vous explique…
Apophis donc, est un astéroïde d’un diamètre moyen de 320 mètres, dont l’exacte composition n’est pas encore bien déterminée mais dont la trajectoire va croiser celle de notre planète dans les années qui viennent. Enfin quand je dis « croiser » il faut prendre cela à l’échelle cosmique hein, c’est-à-dire à quelques kilomètres près quand même…
Fin décembre 2004, les astronomes évaluaient à 1 chance sur 20 le risque d’impact avec la Terre le 13 avril 2029. Un vendredi 13 qui plus est, qui comme chacun le sait (sauf les publicitaires de la Française des Jeux) n’est pas connu comme le jour le plus synonyme de coup de bol. Une chance sur vingt quand même, ce n’est pas négligeable… Depuis, de nouvelles observations et études ont permis de déterminer avec quasi-certitude (le risque zéro n’existant jamais) que la trajectoire de l’astéroïde croiserait notre planète à un peu moins de 30 000 km, c’est à dire tout de même à l’intérieur de l’orbite de nos satellites géostationnaires.
En conséquence, vous pourrez faire comme si de rien n’était le vendredi 13 avril 2029 et jouer selon vos habitudes à l’Euro-Millions du vendredi soir. D’ailleurs j’ose espérer qu’à cette date ce jeu ne sera plus présenté par Sophie Favier, ou alors juste comme ça, pour déconner.
Mais ne vous considérez pas tirés d’affaire pour autant. Loin de là.
Car ce jour là, Apophis passera si près de notre planète que sa trajectoire va s’en trouver modifiée du fait de l’attraction terrestre sur l’astéroïde, au point d’infléchir sa trajectoire de près de vingt degrés et jouer sensiblement sur son orbite. En fait, selon la modification de trajectoire qu’Apophis va subir ce jour-là, on pourrait bien le voir revenir beaucoup plus près 7 années plus tard, le 13 avril 2036 pour être précis. Les scientifiques estiment à 610 mètres la largeur du couloir virtuel que l’astéroïde devra emprunter s’il a décidé de revenir nous percuter en 2036. Autrement dit, en 2029, selon la distance précise de son point le plus rapproché à la Terre (à une marge d’erreur de 610 mètres donc), sa trajectoire pourrait être déviée juste ce qu’il faut pour que sept années plus tard il nous rentre en plein dans le lard.
Pour l’heure il est impossible de prévoir avec une telle précision à quelle distance exacte de la Terre passera Apophis en 2029. Les astronomes en sauront plus après 2011, quand son observation sera rendue plus précise (pour l’instant Apophis est trop proche du Soleil pour cela). Si d’aventure le risque était avéré, plusieurs solutions ont déjà été discutées par les scientifiques.
Bruce Willis s’est proposé pour aller forer quelques trous et balancer de la dynamite sur le dit caillou, le tout sponsorisé par la 20th Century Fox et produit par Joel Silver.
Mais pour l’instant la solution qui retient le plus l’intérêt de la communauté scientifique est celle Stanley Love (docteur Love, c’est pas classe comme nom ça ?) et Edward Lu (rien à voir avec les petits écoliers). Ils proposent de positionner et maintenir à proximité immédiate d’Apophis un vaisseau spatial de taille raisonnable et muni de moteurs ioniques fonctionnant à l’énergie solaire (ben oui, tant qu’à faire l’énergie solaire c’est écolo et tout et tout…). D’après leurs calculs, la seule force d’attraction entre les deux objets (l’astéroïde et le vaisseau spatial, suivez un peu bordel) devrait suffire à dévier des quelques centaines de mètres nécessaires la trajectoire d’Apophis, histoire de le faire rater le couloir fatal de 610 mètres qui l’amènerait à nous revoir en 2036.
Dit comme ça, ça a l’air facile.
Mais tout de même, si dans le pire des cas, Apophis revenait nous visiter le 13 avril 2036, attendez vous à un vrai cataclysme. Du genre violent quoi. Si l’astéroïde tombait sur la terre ferme, avec ses 320 mètres et 20 Millions de tonnes, la déflagration (l’équivalent de 58 000 fois Hiroshima quand même) serait d’ampleur à rayer de la carte un pays tel que la France, rien de moins. Sans parler du nuage de poussière qui recouvrirait la planète pendant quelques années, faisant tomber dramatiquement la température en surface (soit dit en passant, problème de réchauffement de la planète résolu), détruisant quasiment toute vie animale et végétale. Si l’astéroïde tombe en mer, le tsunami engendré ne serait même pas imaginable, ravageant tout sur son passage et faisant plus de morts encore que la déflagration sur terre ferme. Avec toute une série de graves dérèglements climatiques, aussi dévastateurs pour la vie sur notre planète que le nuage de poussière.
Bref, ça serait chaud quoi… Et évidemment, tout ça, juste la veille de mon anniversaire. Alors j’avais déjà fait une croix sur ma retraite à 60 ans, là il faudra aussi que je fasse une croix sur mon gâteau d’anniversaire pour mes 61 ans…
Ah oui, j’oubliais. Une dernière chose… au jour d’aujourd’hui (j’aime bien employer cette expression, tant pis si ça fait vieux)(vous me direz, j’ai déjà 32 ans demain…) on estime à 1 chance sur 48 000 le risque de collision en 2036. Mouais, ça va. M’enfin ça fait toujours beaucoup plus de chances de se prendre Apophis sur le coin de la gueule que de gagner 113 millions d’euros à l’Euro-Millions hein.
Enfin, je dis ça, je dis rien.
(crédit image : Manu de www.lagrenouilleblue.com)