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Avant de lire les notes que je fais sur les films que je vois et les bd que je lis, sachez que dans mes commentaires il m'arrive parfois de dévoiler les histoires et les intrigues. Ceci dit pour les comics, je n'en parle que quelques mois après leur publication, ce qui laisse le temps de les lire avant de lire mes chroniques.
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6 octobre 2006 5 06 /10 /octobre /2006 15:38

Ce week-end se tiendront les élections municipales anticipées dans la ville de l’ancien Premier Ministre Alain Juppé, Bordeaux. Ces élections interviennent suite à la démission en bloc de la majorité municipale (UMP-UDF-DVD) fin août (à l’exception du maire et des deux premiers adjoints, restés en place pour gérer la ville jusqu’à l’élection du nouveau conseil municipal).

Le but de la manœuvre est clair, avoué et pleinement revendiqué par les concernés : permettre à Alain Juppé, redevenu éligible, de reprendre SA place de maire de Bordeaux, mandat qu’il avait été contraint d’abandonner en décembre 2004.

Petit rappel des faits : en 1998, Alain Juppé est mis en examen pour abus de confiance, recel d'abus de biens sociaux, et prise illégale d'intérêt dans le cadre de ses fonctions de secrétaire général du RPR, et maire adjoint de Paris aux finances jusqu’en 1995. En janvier 2004 il est reconnu coupable des faits et des malversations qui lui sont reprochés (à cette époque les commentaires vont bon train, en particulier ceux qui sous-entendent que Juppé est condamné en lieu et place d’autres responsables, plus hauts placés, suivez mon regard…) et condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre à une peine de 18 mois de prison avec sursis et de 10 ans d’inéligibilité. L’affaire est portée en cour d’appel, qui en décembre 2004  confirme le jugement mais réduit la peine à 14 mois de prison avec sursis et une année d’inéligibilité, jugeant que l’ancien Premier Ministre était coupable aux yeux de la loi, mais qu’il ne devait pas endosser pour autant le rôle de bouc émissaire. Soit.

Alain Juppé démissionne de ses derniers mandats et s’exile à Montréal où il enseigne à l’École Nationale d’Administration Publique, malgré la polémique dont il est à l’origine (de nombreux universitaires québécois s’étonnent qu’un homme politique condamné à une peine d’inéligibilité puisse enseigner à des futurs hauts-fonctionnaires).
Maintenant que sa peine est purgée, le voici donc qui revient, bien décidé à reconquérir son trône dans sa bonne ville de Bordeaux.

Je trouve tout cela non seulement attristant mais aussi emblématique des raisons pour lesquelles la politique déçoit autant les français. Il ne se passe pas un jour sans que des responsables politiques ou des commentateurs et autres journalistes spécialisés se plaignent du désintérêt grandissant, voire même du désamour des citoyens français pour la politique. Et pourtant tout ce qui fait que les gens se détournent de leurs élites et de leurs décideurs continue encore et encore comme si de rien n’était. Les manœuvres politiques à la mairie de Bordeaux en sont un parfait exemple.

Voilà un homme politique de premier plan qui est jugé et reconnu coupable d’avoir, je cite le tribunal correctionnel, « trompé la confiance du peuple souverain ». Il effectue sa peine (et quelle peine…), revient comme si de rien n’était, et provoque des élections anticipées dans un seul intérêt : le sien. Comme si le mandat de maire de Bordeaux lui était adjugé de droit divin.
Où est l’esprit républicain là-dedans ? et je ne parle même pas d’un quelconque sens de l’éthique ou de la morale…

Qu’une personne qui a purgé sa peine ait une seconde chance je le conçois. Par contre, dans le cas d’un homme politique, de quelque bord qu’il soit, je ne lui accorderais pour ma part plus ma confiance s’il devait se trouver coupable de malversations avec l’argent public, même après qu’il ait purgé sa peine. Mais ça n’engage que moi, légalement il a tout à fait le droit de se représenter à une élection une fois sa période d’inéligibilité passée.

En revanche, dans ce cas précis cela va bien au-delà de ces simples considérations. Alain Juppé revient et on lui déroule le tapis rouge en provoquant des élections anticipées, juste pour que monsieur puisse retrouver la place qui était la sienne avant de partir. Croyez-vous qu’il aurait pu attendre l’échéance nationale en 2008 ? Non, il faut que ce soit tout de suite bien entendu. Et tant pis si cela coûte quelques 300 000 euros aux contribuables bordelais (ce sont les estimations moyennes que j’ai pu trouver sur différents sites d’informations) pour moins de deux ans avant de recommencer en 2008 avec les élections municipales normales.

Rappelons rapidement que des élections anticipées sont évidemment possibles et prévues dans certains cas : défections d’un élu pour raison de santé ou pour condamnation pénale, voire pour convenances personnelles si l’élu en question considère ne plus être en mesure de remplir correctement sa tâche. Mais il s’agit ici ni plus ni moins d’une abdication au profit de quelqu’un qui estime que le poste lui revient de droit.

Comme s’il ne s’agissait pas d’une élection démocratique mais d’un sacre.
Comme si le résultat du vote était acquis d’avance.
Comme si… cela ne servait à rien d’aller voter !

Étonnez-vous ensuite, messieurs les politiques, que l’abstention progresse encore et encore.

 

 

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commentaires

S
PsychoRigide >> un ami bègue peut-être ?Spooky >> je ne cherche même pas à me prononcer sur son honnêteté (ou malhonnêteté), d'autres sont plus qualifiés en la matière (le tribunal correctionnel par exemple). Moi ce qui me choque c'est cette façon de revenir en souverain à qui tout est dû. En ne respectant pas les institutions de la République, il prouve son peu de respect des citoyens, et la politique de manière générale ne s'en ressort pas grandie (une fois de plus).
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S
Hélas ! Comme tu le dis, la politique est malade, et voilà l'un des signes de la maladie : la république est foulée aux pieds !<br /> Malheureusement, ce n'est pas la première fois, ni la dernière peut-être, qu'un voyou doublé d'un excroc se retrouve à la mairie de Bordeaux... Souvenons-nous de Chaban et de ses 50 ans de mandat...
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P
Moi, cela m'attriste et me révolte. Comme disait un de mes amis (enfin le seul que j'ai), ce n'est pas joli joli.
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