J’aime faire le grand écart.
Je veux dire par là, m’intéresser à des choses très différentes, voire opposées parfois. (Sinon, oui je travaille aussi ma souplesse articulaire –l’âge fait des ravages-, merci de vous inquiéter.)
C’est pourquoi sur mon blog dans la catégorie cinéma, je ne vois aucun inconvénient à aligner à la suite des articles sur Intouchables, Shame, Take Shelter et La Vérité si je mens ! 3. Même pas peur. Même pas honte. D’autant que ça risque de pas s’arranger prochainement…*
Donc je suis allé voir la suite tant attendue (si, moi je l’attendais) des aventures de nos vendeurs préférés (si, moi je les aime) de fringues à pas cher. J’avais adoré le premier volet en 1997, beaucoup ri sur la suite de 2000, il n’y avait donc aucune raison de bouder ce troisième, bien que tardif, opus. Et je n’ai pas adoré comme le premier. Je n’ai pas autant ri que pour le second. Mais je ne me suis pas non plus ennuyé.
Dans La vérité si je mens ! 3 de Thomas Gilou, on retrouve donc Eddie (Richard Anconina), Serge (José Garcia), Yvan (Bruno Solo), Dov (Vincent Elbaz reprend son rôle après l’avoir laissé à Gad Elmaleh dans le second volet) et Patrick (Gilbert Melki) à peu de choses près là où on les avait laissés douze ans plus tôt. Toujours dans le business, toujours dans une ambiance de bons potes qui rigolent bien, magouillent un peu et prennent la vie avec le sourire. Bon, il y a quelques mômes en plus, Karine (Aure Atika) a quitté Dov et sort avec Yvan, Serge truande bosse pour beau-papa (Enrico Macias), les affaires ne se font plus dans le Sentier mais dans la banlieue d’Aubervilliers, mais dans l’ensemble tout ce petit monde vivote dans la bonne humeur.
Le commerce reste bon, malgré la concurrence devenue plus féroce de la part des chinois qui s’installent dans les affaires. Jusqu’au jour où la société de Eddie, Yvan et Dov fait l’objet d’un contrôle judiciaire visiblement téléguidé par quelqu’un… pour se sortir de ce mauvais pas il va peut-être falloir s’en remettre à Simon (Marc Andreoni) pour contrecarrer les chinois. Serge pour sa part n’a jamais été plus irresponsable que depuis qu’il gère les affaires de son beau-père, ce qui n’arrange pas sa relation avec Chochona (Elisa Tovati). Quant à Patrick, rien ne va plus pour lui non plus : les impôts s’intéressent de très près à lui et c’est étonnamment… réciproque ! En effet la sérieuse Mlle Salomon (Léa Drucker) ne le laisse pas de marbre, et pour un millionnaire qui ne déclare rien au fisc, tomber amoureux de son contrôleur des impôts n’est pas la meilleure des idées à avoir…
Un vent de panique souffle entre les membres de la petite bande d’amis, la zizanie et la discorde les guettent…
Évidemment, il serait de bon ton de cracher sur le film, de le trouver raté, répétitif, poussif et comme je l’ai pas mal lu sur la toile, « trop commercial ». Mais ce ne serait pas honnête. Tout comme il ne serait pas honnête non plus de le porter aux nues et d’en faire la nouvelle comédie française inratable de ce début d’année. Non, en fait, il s’agit tout simplement d’un film moyen. D’une comédie pas franchement mauvaise, mais rien d’exceptionnel non plus.
Pas bon, parce que évidemment le scénario est cousu de fil blanc (la vérité je fais des jeux de mots !), que l’on sent à peu près tout venir et de loin. Parce que la surprise et l’originalité n’y sont plus, qu’on est beaucoup plus dans une logique de mécanique bien huilée que dans un joyeux foutoir comme au début. Parce que ce qui passait pour de la nouveauté et du grand guignol drôlatique au début ressemble parfois plus à de la caricature de caricature. Ben oui, on a aimé Serge Benamou, ou nous donne du Serge Benamou ! dans toute sa démesure, mythomane au dernier degré. Mais en même temps de quoi se plaint-on ? c’est la définition même de ce personnage si on y réfléchit un peu. Cela étant dit, c’est très certainement toutes les scènes traitant de la relation entre Serge et son beau-père que j’ai trouvées les plus outrancières, exagérées et au bout du compte ratées et pas drôles du tout.
Pas mauvais, parce que tout ça fleure bon le parfum de nostalgie des premiers films. Parce que les personnages sont les mêmes qu’au départ et qu’on les a aimés ainsi. Parce que tout cela est fait avec une bonne humeur communicative, qu’on ressent l’ambiance de potes qui règne dans le jeu des acteurs. Parce qu’on voulait du cabotinage, de l’accent pied-noir, des vannes pourries et de l’exagération dans le jeu et qu’on en a à revendre !
Cette franchise de films a ceci de particulier qu’elle bénéficie d’un statut spécial, que de nombreuses comédies aimeraient obtenir mais qui peut aussi s’avérer à double-tranchant. Le premier volet est un film générationnel à mon sens. Comme Les Bronzés avant lui, le premier La vérité si je mens ! a marqué positivement et durablement à sa sortie, et a connu un franc succès en particuliers auprès d’un public jeune (de l’époque). Le deuxième est sorti quasi dans la foulée, bénéficiant de la vague de succès du premier. Puis plus rien pendant douze ans… et en douze ans les choses changent, les gens changent, les modes passent, et les générations d’hier ne sont plus celles d’aujourd’hui. Les « anciens » jeunes ont évolué et les « nouveaux » jeunes sont différents des anciens… Mais les personnages, les histoires, les intrigues elles n’ayant pas évolué, elles n’ont plus le même impact, et on a parfois l’impression de « réchauffé » c’est vrai.
Cela dit, je refuse catégoriquement de classer cette Vérité si je mens ! 3 sur le même plan qu’un Bronzés 3 pour reprendre l’exemple précédent. Avec ce film on est très loin du ratage abyssal qui nous a été proposé par la bande du Splendid en 2005. Au moins dans le film de Thomas Gilou, on sent que le cœur y est encore, l’envie reste là, l’esprit demeure, bien que la mayonnaise prenne moins bien. On réalise juste, non sans une pointe de nostalgie, que le temps a passé et que les anciennes recettes n’ont plus la fraîcheur d’hier.
Alors La vérité si je mens ! 3 est loin d’être une franche réussite, mais ce genre de film me fait toujours plus marrer et m’apporte plus de plaisir (régressif très certainement) qu’un Bienvenue chez les Ch’tis dont je ne comprends toujours pas le succès phénoménal.
Remarquez j’ai peut-être tout faux, un goût de chiotte et l’indécence de l’afficher avec ça, mais ce n’est pas moi qui vous déconseillerai de voir La vérité si je mens ! 3. Simplement je vous aurais prévenu quant à ce que vous verrez.
* J’ai en projet différents articles jonglant pêle-mêle avec quelques films de baston bien bourrins, des super-héros en goguette, les œuvres de Takeshi Kitano, du film oscarisé, du Richard Dreyfus à gogo et du Nicolas Cage en détresse capillaire.