Ah le sport !
À l’heure où tout le monde parle sans cesse de Football et des affaires de gros sous qui y sont associées, où les Jeux Olympiques sont devenus une source d’enjeux financiers énormes, et où les droits de retransmissions télévisées explosent records sur records, j’ai décidé de me pencher sur des sports un peu moins … académiques dirons-nous ! Et plus confidentiels à coup sûr.
Et j’en ai trouvé quelques-uns pas piqués des hannetons dont je vais essayer de parler de temps à autres…
Laissez-moi donc vous entretenir un peu de Chessboxing.
Il s’agit d’un sport hybride qui fusionne jeu d’échecs et boxe anglaise !
Si.
Si, si.
Le Chessboxing ou l'association du roque et de l'uppercut !
Au tout départ, le concept a émergé de l’esprit tordu de Enki Bilal, dans sa bande dessinée Froid Équateur (parue en 1992 aux éditions Casterman), et c’était aux dires de l’auteur franco-yougoslave, une invention plus amusante que sérieuse. On en conviendra.
Sauf qu’il y en a un quelque part aux Pays-Bas, un certain Iepe Rubingh, également artiste de son état, qui ne l’a pas pris à la rigolade. Et il a commencé à organiser des combats au début des années 2000, allant jusqu’à fonder la WCBO (World Chess Boxing Organisation) qui régit officiellement ce sport.
Aujourd’hui il existe à travers le monde plusieurs clubs (il y a environ 3 500 combattants licenciés), ainsi que des championnats d’Europe et du Monde (le dernier en date a eu lieu à Calcutta en juillet 2018).
Froid Équateur de Enki Bilal
Alors comment ça marche ?
Les règles sont celles cumulées de la boxe anglaise et des échecs. Les sportifs s’affrontent sur un ring muni également d’un plateau de jeu d’échecs. Le match se compose au maximum de 6 rounds de quatre minutes aux échecs et de 5 rounds de trois minutes de boxe, se succédant l’un l’autre en commençant par un round d’échecs. La partie d’échecs se joue sous la forme d’un blitz avec un maximum de temps (12 minutes par joueur).
Comment on gagne ?
- par un échec et mat,
- par K.O.,
- par dépassement de temps aux échecs,
- par décision de l’arbitre sur le ring,
- par abandon de l’adversaire (aux échecs ou en boxe).
Deux stratégies principales existent : privilégier l’impact physique en boxe afin de fatiguer et perturber l’adversaire suffisamment pour que ses performances aux échecs en pâtissent, ou être très fort et surtout très rapide aux échecs tout en parant au mieux les coups en boxe pour parvenir à gagner au temps ou par échec et mat.*
Des combattants qui se rendent coup pour coup !
Au début, quand j’en ai entendu parler, j’avoue : j’ai ri.
Et puis en y repensant, puis en ayant vu des extraits de matchs (on peut trouver ça sur internet évidemment), j’ai été fasciné par le mélange de ces deux arts, par la confrontation pure entre puissance cérébrale et puissance physique qui se succèdent tour à tour, par l’aspect stratégique qui prend vite toute son importance au cours d’un match. C’est totalement inédit, hautement improbable, conceptuellement iconoclaste, mais carrément bluffant en fin de compte.
Alors c’est sûr que ça ne fera pas le primetime de TF1 à court terme, mais si une chaîne du genre de L’Équipe 21 avait dans l’idée de varier ses retransmissions de Pétanque et de Biathlon, je suis certains que les droits télé du Chessboxing devraient pouvoir se négocier à prix d’ami. Et sûr que je jetterai un œil dessus plutôt que de me perdre dans les méandres des programmes sans intérêt de la majorité des chaînes TNT...
* Petite statistique intéressante : il semblerait que les échecs soient plus payants au chessboxing, puisque environ 60 % des matchs se gagnent aux échecs contre 40 % à la boxe seulement !