Encore une ! Ce début d’année 2012 aura été riche en sortie de comédies françaises en tous genres. J’en ai chroniquées quelques unes dernièrement, voici donc Dépression et des potes de Arnaud Lemort qui affiche un casting ma foi bien engageant, piochant dans la jeune garde de l’humour français.
Du célèbre duo télévisuel Omar et Fred, Omar a déjà triomphé en tant que vedette du phénomène de l’année dernière : Intouchables. Restait donc à Fred à se placer en tête d’affiche d’un film et à voler lui aussi de ses propres ailes. Loin de rencontrer le même succès que le film de son compère, Dépression et des potes n’est pourtant pas un mauvais film et possède même quelques qualités bien sympathiques.
Trentenaire bien ancré dans le monde moderne, Franck (Fred Testot) a tout pour être heureux. Un boulot sympa, Talla (Gyselle Soares) sa jolie fiancée brésilienne et toute la vie devant lui… et pourtant quelque chose ne va pas, il déprime. À un tel point qu’il en devient insupportable, et que la pétillante Talla décide de le quitter. Le médecin de Franck est catégorique : il est en dépression. Décidant de renouer avec sa bande de potes qu’il n’a plus vus depuis plusieurs mois, il leur annonce la nouvelle. Benoît (Arié Elmaleh), William (Jonathan Lambert) et Romain (Ary Abittan) décident de ne pas le laisser tomber et de lui venir en aide. Mais ils s’aperçoivent bien vite qu’ils sont chacun à leur façon, en proie à la dépression eux aussi. C’est tous ensemble qu’ils vont essayer de remonter la pente…
Le titre ne ment pas, on a affaire à un vrai film de potes. C’est un sous-genre assez courant pour une comédie française. Un peu moins délirant et extravagant qu’un La Vérité si je mens ! (quoique les personnages de Romain et de sa famille jouent un peu dans ce registre), avec des accents moins dramatiques et un chouïa moins réalistes que ce qu’on peut trouver dans Les Petits Mouchoirs, Dépression et des potes propose quelque chose d’intermédiaire. Des passages iconoclastes (pour la plupart centrés autour du personnage de William dans la peau duquel Jonathan Lambert fait mouche) mêlés de moments plus sérieux propices aux remises en questions des personnages (c’est en particulier le cas de Benoît par exemple), le tout mâtiné quand même dans une bonne dose de bonne humeur. Parce que de façon générale, si la dépression est le sujet principal du film, elle est traitée sur un ton léger et on reste tout du long dans le registre de la comédie. Pas de détours vers le drame et les larmes comme dans le film de Guillaume Canet. Le propos est plutôt de parler d’un mal un peu surfait, un mal de vivre qu’on se crée presque tout seul, fait de routine et d’indécision, de laisser aller et de facilité. Un mal qu’il faut savoir avant tout relativiser, l’humour restant un outil formidable pour y arriver.
Pour ma part en tout cas, je retiens surtout de ce film son côté divertissant, le discours de fond sur la dépression passant vraiment en arrière plan. C’est vrai, certaines situations, certains personnages et les questions qu’ils se posent peuvent nous amener à un peu plus de réflexion, mais le film n’est pas trop développé en ce sens. Libre à chacun d’extrapoler sur son propre cas, moi j’ai préféré m’en tenir à la partie comédie qui est plutôt pas mal réussie. En majeure partie grâce au casting qui est plutôt bien choisi. Jonathan Lambert, Arié Elmaleh et Fred Testot en tête. J’ai moins accroché à Ary Abittan, la faute certainement à son personnage beaucoup moins attachant (à mon sens) et un peu trop caricatural. En revanche j’ai adoré le personnage de sa fiancée aveugle Laura (Laurence Arné, que je trouve à la fois très belle et très drôle, ce qui n’est pas si commun comme cocktail. D’ailleurs elle explose de talent dans la récente série de Canal+ WorkinGirls que je vous recommande !), plein de second degré et qui permet au film de placer quelques vannes un peu borderline sur les aveugles qui m’ont bien fait marrer. Autre caméo que j’ai beaucoup apprécié : Joseph Malerba dans le rôle du collègue de travail de Franck, sosie français de Vic Mackey dans la série Braquo se retrouve ici en pleine détresse capillaire et en rupture complète avec son image de gros dur. C’est très con, mais ça aussi ça m’a fait marrer.
Sur la forme on a quelque chose de plutôt classique, une comédie qui fonctionne plus sur l’affect qu’on peut avoir pour les personnages que sur les rebondissements ou la surprise. En effet, on ne peut pas dire que le film déborde d’originalité, on ne sera jamais surpris, le déroulement de l’histoire se fait en suivant un chemin relativement balisé. Je crois même que je ne spoilerais rien en dévoilant la fin (mais bon, comme je suis un garçon bien élevé je ne le ferai quand même pas), à mon avis son dénouement n’est finalement qu’assez anecdotique. J’ai surtout pris plaisir au jeu des acteurs et à l’ambiance générale qui ne se prend pas trop la tête. Une comédie française qui n’a rien d’exceptionnel mais qui se laisse bien regarder au final. Dépression et des potes n’a rien de ce qui a fait de Intouchables un méga succès, mais il n’est pas à jeter aux orties pour autant, si vous avez l’occasion de le voir, jetez-y un œil.