Depuis maintenant bientôt quatre années que j’ai décidé de me remettre « sérieusement » à lire des romans, je tiens une moyenne de seize bouquins par an (en dehors de la BD bien évidemment). Je n’en suis pas mécontent et je bataille pour conserver voire améliorer sensiblement cette moyenne. Et donc au cours de ce petit parcours littéraire je suis tombé sur certains auteurs qui sont devenus pour moi, des valeurs sûres. Des types dont la plume me touche d’une manière ou d’une autre, à chaque coup. Laurent Chalumeau en fait partie, c’est même certainement celui dont je me suis le plus délecté ces dernières années à lire les pages. J’ai déjà eu l’occasion d’en faire parler ici, en chroniquant Un Mec Sympa, Fuck et Le Siffleur. C’était donc sans la moindre hésitation que je me suis lancé dans son dernier opus en date : Bonus. Sans hésitation au début de ma lecture, et sans regret à l’arrivée.
Dans Bonus, Laurent Chalumeau nous replonge dans ce qui est devenu sa spécialité : le roman noir aux accents du sud et à l’humour omniprésent. Encore une fois cela se passe en Côte d’Azur, encore une fois on a affaire à des gens ordinaires et quelques loufiats, et encore une fois il s’agit de savoir qui va arnaquer le mieux les autres au cours d’une intrigue à rebondissements savoureux…
Plus que dans ses précédents romans encore, l’auteur intègre à son histoire un grand nombre de personnages, tous très travaillés, hauts en couleurs et rendus avec un naturel déconcertant. Dans Bonus on croisera donc en vrac : un ancien PDG d’une chaîne de supermarchés accusé de malversations et de délit d’initié, une avocate stagiaire fille d’un prof à la retraite amoureux d’une clandestine sans-papier, une juge d’instruction intransigeante et le policier black chargé de sa protection rapprochée, un cordiste spécialiste des explosif, une esthéticienne qui rêve de devenir la nouvelle Cindy Sander, un ex-taulard gay qui rêve de se faire un pactole dans un dernier coup avec un minimum de risques, et quelques autres encore…
Toute l’histoire tourne autour du grand patron déchu, dont les millions illicites qui dorment dans différents paradis fiscaux attisent bien des convoitises… qui donc sera l’arnaqueur le plus doué, celui qui réussira à s’en sortir avec tout ce pognon bien mal acquis ? les différents fils de l’intrigue vont s’emberlificoter jusqu’à un dénouement plutôt inattendu.
Comme à chaque fois, la force de Chalumeau est dans les mots, dans la gouaille, dans les dialogues, bien plus encore que dans les situations et les coups de théâtre pourtant bien menés eux-aussi. Si j’aime le lire c’est parce que je sais à l’avance que je vais me marrer, parce que je sais à l’avance que je vais y croire, et parce que malgré tout ce que je sais à l’avance, je sais aussi que je serai surpris ! Comme à chaque fois le verbe utilisé est truculent, l’humour est noir, grinçant et vire parfois au cynisme mais garde toujours un fond de gentillesse et de bienveillance. On sent que l’auteur les aime bien ses personnages, même les plus indéfendables, et il parvient à nous les faire tous aimer aussi. Ce qui n’est pas un maigre exploit vu certains énergumènes. En ce qui me concerne j’ai eu une petite préférence pour le trio de magouilleurs composé de l’esthéticienne, son mari et son frère, qui m’ont vraiment fait rire que ce soit dans les situations rocambolesques, les caractères bien trempés ou les dialogues aux petits oignons dont les a gratifiés Laurent Chalumeau. Quelque chose me dit que sur ces trois là il s’est un peu plus lâché, d’ici qu’ils remportent sa préférence à lui aussi je n’en serais pas du tout étonné…
À chaque fois que je parle d’un roman de Laurent Chalumeau j’ai un peu l’impression de me répéter, et pour cause : à chaque fois j’en dis du bien parce que c’est toujours de la bonne came, c’est toujours extrêmement bien écrit et ça emporte à tous les coups la palme pour ce qui est de me divertir. Je suis toujours heureux d’entamer un nouvel ouvrage de cet auteur, et toujours un peu triste en tournant la dernière page de devoir quitter des personnages aussi attachants et drôles que les siens. Je ne dérogerai donc pas à mon habitude en vous recommandant très chaudement Bonus de Laurent Chalumeau. Allez-y, lisez et marrez-vous.