Un film sur la radio, déjà j’ai trouvé l’idée bonne et assez originale. Qui plus est avec Manu Payet en tête d’affiche, qui m’avait fait pleurer de rire dans Les Infidèles quelques semaines auparavant… je me suis donc laissé tenter. Et puis je ne rechigne pas à aller voir de temps en temps un film français en salles, histoire de contre-balancer avec les blockbusters et autres hollywooderies que je m’enfile régulièrement.
Dans Radiostars, on suit l’équipe d’une émission matinale à succès. Sur Blast FM, une radio de d’jeuns façon NRJ et consorts, l’émission du matin, le Breakfast-Club, cartonne. Elle est co-animée par plusieurs gugusses : le chef de meute Arnold (Clovis Cornillac), le blagueur Alex (Manu Payet) et le vieux beau qui n’assume pas son âge Cyril (Pascal Demolon). Dans leur sillage il y a leurs assistants : le toujours fringuant Smiters (Benjamin Lavernhe) et le survolté Jérémie (Côme Levin).
De retour de New-York, le jeune Ben (Douglas Attal), qui a échoué dans son projet de percer en stand-up outre-atlantique et s’est fait lourder par sa girl-friend en prime, rencontre Alex. Ce dernier accroche à son humour et le fait engager dans l’équipe du Breakfast-Club comme écrivain. Il va devoir écrire aux stars du micro des vannes et des mini-sketchs pour booster l’audience. Malheureusement pour lui, il arrive juste avant que les indices d’audience rendent un verdict sans appel : la matinale de Blast FM n’est plus numéro un, les chiffres sont en chute libre, la formule ne fait plus mouche. Le patron de la station annule tous les congés d’été de ses stars et les envoie au turbin avec une mission : tout l’été ils sillonneront les routes de France pour faire leur émission en direct et reconquérir leurs parts de marché. La porte leur est promise en cas d’échec. Pour Arnold et ses potes, parisiens indécrottables et arrogants au possible, c’est la pire des nouvelles. Devoir se taper les bouseux de province et du rab de taf alors qu’ils ont l’habitude d’être traités en stars auxquelles tout est dû, ça ne passe pas sans grincements de dents. Mais ils n’ont pas le choix : c’est dans leur bus aménagé qu’ils passeront donc un été qui les verra renaître de leurs cendres ou finir encore plus lamentablement. Le talent d’écriture et la fraîcheur de Ben vont être mis à profit pour relever le défi…
Mouais, bon. J’avoue que je m’attendais à un peu mieux. Ça n’est pas non plus catastrophique, mais j’espérais rire un peu plus que ça n’a été le cas. Le film de Romain Levy alterne le moyen et le très bon par moments. Commençons par le très bon : Manu Payet. Bien que le rôle principal soit celui tenu par Douglas Attal, c’est bien le personnage de Manu Payet qui retient le plus l’attention, surtout quand le scénario lui lâche la bride et le laisse donner sa mesure. Payet est vraiment drôle, et c’est surtout lui qui fait rire. Les conseils de drague, la séquence de boîte de nuit avec la blondasse antisémite, sont des moments où on se marre vraiment.
Le personnage de Cyril n’est pas mal non plus, moins drôle mais assez attachant, on rit plus souvent de qu’avec lui. Autre grosse réussite, le personnage secondaire de Daniel(e), chauffeur du bus et autour de qui va tourner une question tout le long du film quant à son sexe. Homme ou femme ? On pousse d’ailleurs le vice et l’interrogation jusque dans le générique de fin qui indique que le rôle est tenu par un intriguant J. Plumecocq-Mech… Les membres de l’équipe auront beau user de divers stratagèmes pour découvrir l’identité sexuelle du chauffeur, bien malin qui pourra se prononcer à la fin du film. Daniel(e) est vraiment une chouette trouvaille, un mix de Jacques Dutronc et de Françoise Hardy dans un même corps (et non, ça ne donne pas un Thomas Dutronc, désolé). Mais bon, ça ne fait pas tout un film non plus. À côté de ça il y a justement la partie bien plus moyenne du film : le personnage principal auquel on n’accroche pas vraiment et dont on se soucie finalement bien peu du sort, le personnage d’Arnold, totalement antipathique (je sais bien que c’est fait exprès…) et caricatural à l’extrême jusque dans son revirement final, et une trame générale dans la même veine c’est-à-dire très prévisible.
À l’arrivée on se retrouve un peu le cul entre deux chaises. On sent bien que l’idée était bonne et quelques traits de génie laissent entrevoir tout le potentiel comique de départ qu’avait le film, mais il y a en contre-partie des passages trop anodins pour vraiment entretenir l’intérêt sur la longueur. On peut résumer le problème que connaît ce film par le moment où les présentateurs lancent à leur écrivain-blagueur : « vas-y, fais nous marrer, sors nous une vanne ». La commande de départ biaise le résultat, et pour cause : on ne rit jamais plus que lorsqu’on ne s’y attend pas, le film confirme cette règle. Pas foncièrement mauvais, c’est une comédie avec de belles pépites à l’intérieur dont je dirais en résumé : pas mal, mais peut mieux faire.